Projets 2025 pour une défense commune européenne

Grain de sel : Tout ça pour ça ?

L’éventualité de la fin de la guerre en Ukraine renforce la nécessité d’une véritable défense commune européenne ? Comment me direz vous , mais si l’Ukraine est stabilisée (quelque soit le prix à payer et il sera lourd), il n’y a guère plus de danger? En êtes vous sur? Poutine est un ancien du KGB et il a la mémoire longue. La relation entre l’UE et Poutine est très brouillée depuis la Crimée, même si chacun tentait de limiter les grimaces officielles, la confiance n’est plus au rendez vous depuis longtemps. Avec l’invasion de l’Ukraine, on est évidemment passé à une étape supérieure ; l’UE a condamné sans hésitation (au moins le verbe on l’a 🙂 mais aussi multiplié les sanctions contre la Russie, plan après plan. Elle a mobilisé des milliards d’euros, envoyé des armes, formé des soldats ukrainiens… et maintenant ? L’UE sera-t-elle mise de côté dans l’après-guerre, reléguée au rôle de financeur passif, sans réelle influence sur l’avenir de la région ? C’est bien ce que Trump tente de faire dans un revirement spectaculaire à l’égard de son nouvel « copain » Poutine

Regretter notre implication ?

Non, car le respect des valeurs européennes impliquent une réaction à l’agression russe. Non, car cet engagement doit nous pousser à tirer des leçons et à accélérer sur le chantier de la défense commune européenne, pour ne plus dépendre d’autres puissances, dont les présidents changent et avec eux leur volonté d’alliance. Non, car nous pouvons aussi tirer profit de la reconstruction de l’Ukraine, à condition de structurer une véritable stratégie commune et de ne pas rester de simples payeurs. L’adhésion future de l’Ukraine à l’UE pourrait être un moteur de consolidation politique et industrielle. Sinon, nous risquons de nous retrouver, aux côtés des victimes ukrainiennes, les dindons de la farce.

Extraits d’un article d’Elsa Bernard du 17 décembre 2024, complété d’éléments liés au programme de la présidence polonaise du Conseil , des éléments du rapport Draghi sur la défense (p 25-35), des declarations d’Ursula von der Leyen, et de la boussole pour la compétitivité présenté par la Commission début février.

Alors que l’exécutif européen, sous l’impulsion d’Ursula von der Leyen, et plusieurs États membres déclarent l’urgence en matière de défense, le législatif, lui, traîne des pieds :

  • Le Parlement européen peine à avancer.
  • Certains blocages persistent au niveau budgétaire.

Le Parlement européen mis à l’écart du nouveau plan de réarmement de l’Europe | Euronews

Dans un contexte international sous tension, l’Europe parviendra-t-elle à faire décoller sa politique de défense ? La question est-elle si pressante ? Non, si l’on considère que le plan Rearm Europe – et notamment l’option d’un emprunt – ne verra pas immédiatement le jour. Oui, si l’objectif est d’affirmer une volonté politique forte face aux déclarations tonitruantes de Donald Trump.

1. La paix en Ukraine sans l’UE, ni l’Ukraine vraiment ?

Rappel : au sommet des instances de l’UE, tant Antonio Costa (président du Conseil européen), qu’ Ursula von der Leyen (présidente de la commission), le commissaire à la défense et à l’espace, et le 1er ministre polonais D. Tusk ont, lors du lancement de la présidence de la Pologne, insisté sur  » l’impérieuse nécessité de renforcer la défense au sein de l’Union européenne », dans un contexte sécuritaire dégradé, marqué par la guerre qui persiste en Ukraine (et d’autres zones de voisinage très déstabilisées) et l’arrivée au pouvoir de D. Trump à la présidence des États-Unis décidé à couper le cordon de l’OTAN, sauf à ce que chaque Etat « prenne sa part des dépenses ».

Breaking News
Le conflit en Ukraine marque officiellement son troisième anniversaire, rappelant l’invasion russe débutée il y a trois ans. Dans un revirement significatif, les États-Unis ont officiellement changé de position, non seulement dans leurs discours, mais également dans une enceinte internationale. Ils se retrouvent désormais alignés avec des pays comme la Corée du Nord et la Russie sur cette question.
Ce tournant soulève de sérieuses inquiétudes pour la démocratie, tandis que les préoccupations sécuritaires exprimées par la présidence polonaise apparaissent justifiées. Pendant ce temps, les États membres de l’Union européenne semblent encore hésitants, restant « le cul entre deux chaises ».

Cartographier les réactions à l’invasion de l’Ukraine : trois ans après, les États-Unis de Donald Trump votent aux côtés de la Russie et de la Corée du Nord | Le Grand Continent

Donald Trump et Vladimir Poutine ont annoncé le 12 février, d’entamer des pourparlers pour mettre fin au conflit en Ukraine « lors d’un spectaculaire échange [téléphonique] qui rebat les cartes après trois années de guerre » [Libération]. L’Ukraine et les dirigeants européens, mis à l’écart du processus de négociation? « la soudaineté et l’ampleur du plan de paix de Trump ont laissé les alliés de l’Ukraine sous le choc« , observe Politico. Le président ukrainien, , avait pourtant été proactif proposant un « échange » de territoires lors d’un entretien au quotidien britannique The Guardian. Trump « a dit au dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky d’abandonner l’espoir de reprendre toutes les terres dont la Russie s’est emparée« , Politico.

De leur coté, dans un communiqué commun, les ministres de l’UE ainsi que le Service européen pour l’action extérieure et la Commission européenne « ont insisté sur la participation de Kiev et de l’Europe aux négociations de paix avec la Russie envisagées par Trump« . Mais, le président américain ne semble pas prévoir la moindre place pour les Européens dans les négociations. Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, prévient de son côté que « toutes les discussions incluront l’ Ukraine  » [El Mundo]. La rupture est sérieuse avec le principe cardinal de l’administration Biden : « rien au sujet de l’Ukraine sans l’Ukraine » [Le Monde].

Breaking News
Trump aborde la politique comme il aborde les affaires, à la hache !
Après Gaza en startup cotée, l’Ukraine devient une mine d’or sous tutelle US. Un « deal » ou la ruine ? Washington impose un chantage économique XXL à Kiev. Mais si l’Ukraine refuse et se retrouve livrée à la Russie, que fera l’Europe (Suisse et Royaume-Uni inclus) ? 
Comme Poutine, Trump veut imposer un changement de régime à l’Ukraine et menace directement Zelensky.
Désinformation et propos outranciers, rien n’arrêtera Trump. Sauf peut-être la détermination de l’Europe ! Sera-t-elle au rendez-vous ?

Volodymyr Zelensky seul ?

Il s’est dit ouvert à un « échange » de territoires avec la Russie puis attaqué par Trump a offert de renoncer au mandat de président en échange d’une adhésion à l’OTAN pour protéger son pays. Le président ukrainien envisageait une transaction en renonçant aux terres que Kiev détient dans la région russe de Koursk où l’Ukraine a fait une percée sur le sol russe en août 2024.

Macron appelle l’Europe à un sursaut stratégique sur la défense

Emmanuel Macron considère le retour de Trump comme un « électrochoc » qui doit pousser l’Europe à renforcer son autonomie, tant sur le plan de la défense que de l’économie. Dans une interview depuis l’Élysée, le président français a souligné l’urgence pour l’UE d’accélérer son intégration économique et militaire, rompant avec un cadre budgétaire européen qu’il juge « obsolète ». Il plaide pour une consolidation de l’industrie de défense européenne et une réduction de la dépendance aux armes américaines. Il préconise également un financement plus innovant des investissements militaires, notamment via une dette commune européenne.

Mais malgré nombre de discussions au sommet, la majorité des pays européens reste opposés à l’envoi de troupes en Ukraine. Et si tous s’accordent sur l’augmentation des dépenses militaires, il y a encore débat sur l’exclusion de ces dépenses du calcul du déficit public. Pourtant ces troupes éventuelles auraient pour mission de « garantir le respect total de l’accord de paix une fois signé »dans la plus pure tradition des missions de Petersberg. Selon des responsables britanniques, une vingtaine de pays seraient prêts à rejoindre une « coalition des volontaires » pour soutenir l’Ukraine, dont la Suède, la Belgique, le Danemark, le Royaume-Uni, et même l’Australie. Les États-Unis ont indiqué qu’ils n’avaient aucune intention d’envoyer des soldats en Ukraine, comme l’a rappelé le secrétaire à la Défense Pete Hegseth, et Moscou reste opposée à toute présence militaire occidentale en Ukraine. 

Et puis il y a eu la Résolution à l’ONU … Les Européens l’emportent face aux États-Unis dans l’affrontement sur les résolutions concernant l’Ukraine

NATIONS UNIES, 24 février (Reuters) – L’Assemblée générale de l’ONU a rejeté la tentative US d’adoucir le langage concernant la guerre en Ukraine, offrant une victoire diplomatique aux alliés européens et à Kyiv. Cette situation reflète des tensions croissantes entre l’administration Trump et ses alliés européens, exacerbées par l’initiative américaine de négociation de paix qui inquiète Kyiv et les Européens. Deux résolutions ont été adoptées : une version amendée du texte américain et une résolution distincte rédigée par l’Ukraine et les Européens, toutes deux obtenant un soutien similaire. Ce vote souligne le fossé grandissant entre la position américaine et celle de ses partenaires historiques.

A lire aussi : La fin de la guerre en Ukraine ? – Chronologie des évènements

2. Ukraine / États-Unis : dessous des cartes

L’accord de l’administration Trump : Proposition inique et méthode illégale

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a poursuivi l’approvisionnement de l’armée ukrainienne en équipements et munitions, malgré ses promesses de campagne. Bien que les livraisons aient temporairement été suspendues début février, elles continuent, en grande partie en raison des engagements pris sous l’administration Biden et pourraient se prolonger jusqu’à l’été 2025, permettant de maintenir le front ukrainien et d’ouvrir la voie à l’exploitation des ressources naturelles du pays par des entreprises américaines.

L’objectif déclaré est de transformer l’aide en prêt. Selon le sénateur Lindsey Graham, proche de Trump, ce prêt serait remboursé par les ressources naturelles ukrainiennes, évaluées entre 10 000 et 12 000 milliards de dollars. Cette proposition est soutenue par un « plan de victoire » adopté à l’automne 2024, qui inclut la mise en œuvre d’accords spéciaux pour la protection et l’exploitation conjointe des ressources critiques ukrainiennes. Trump espère ainsi réduire la dépendance américaine vis-à-vis de la Chine, qui raffine 90 % des terres rares mondiales.

Cependant, la dernière version du traité en négociation depuis le 12 février, qualifiée de « plus dure », impose des conditions extrêmement lourdes à l’Ukraine :

  • L’Ukraine devrait céder 50 % de ses revenus issus des ressources naturelles, y compris des territoires occupés par la Russie, avec 66 % des revenus en cas de libération.
  • Ces fonds seraient versés dans un fonds contrôlé à 100 % par les États-Unis, jusqu’à concurrence de 500 milliards de dollars, soit plus du double du PIB ukrainien avant-guerre.
  • Ce montant dépasse largement l’aide déjà fournie par Washington, qui s’élève à 114 milliards d’euros (119 milliards de dollars), constituée majoritairement de prêts.

Cette somme ne garantit pas les fonds nécessaires à la reconstruction ni des garanties de sécurité, contrairement aux attentes de Zelensky. Trump et son administration affirment que la présence d’intérêts économiques américains en Ukraine constituerait une garantie en soi. Les pressions incluent même la menace de couper l’accès aux satellites d’Elon Musk en Ukraine, mettant ainsi en péril le rapport de force militaire sur le front.

Selon l’article 92 de la Constitution ukrainienne, le président Zelensky n’a pas le pouvoir de négocier sur les ressources naturelles du pays : seul le Parlement peut s’engager sur ce sujet. Malgré cela, Trump intensifie les pressions, qualifiant Zelensky de « dictateur non élu » et cherchant à imposer un accord sans passer par les institutions démocratiques ukrainiennes.

Le traité proposé est par ailleurs en infraction avec les engagements américains pris dans le cadre du Mémorandum de Budapest de 1994, qui interdit explicitement toute coercition économique contre l’Ukraine. L’article 3 de ce mémorandum stipule qu’aucune puissance signataire ne peut « recourir à la coercition économique pour subordonner à leur propre intérêt l’exercice par l’Ukraine de ses droits inhérents à sa souveraineté. »

Un fiasco de la rencontre à la maison blanche prémédité ?

Invité à Washington pour conclure un accord de fin de guerre, Zelensky a précipitamment quitté la Maison Blanche après un échange extrêmement tendu avec Trump devant la presse. Ce dernier a publiquement humilié Zelensky et rejeté tout engagement envers l’Ukraine. Bien que ce spectacle ait choqué le monde, il s’inscrit dans la continuité d’une relation particulière entre Trump et Poutine. Depuis son premier mandat, Trump a toujours cultivé une proximité idéologique et stratégique avec Moscou. Dès 2016, les soupçons d’interférences russes dans l’élection présidentielle américaine avaient soulevé des interrogations sur l’influence de Poutine sur Trump. Ce dernier, tout au long de son mandat, n’a cessé de remettre en question les condamnations internationales contre la Russie, allant jusqu’à justifier l’annexion de la Crimée et à minimiser les crimes du Kremlin. Dans son échange avec le président ukrainien, Trump a balayé d’un revers de main la possibilité d’une violation du cessez-le-feu par la Russie en affirmant que « Poutine me respecte ». Cette déclaration en dit long : pour Trump, la relation personnelle qu’il entretient avec le maître du Kremlin prime sur toute autre considération géopolitique ou morale.

Plus encore, l’alignement progressif des États-Unis sur la position russe lors des votes à l’ONU, notamment sur la résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine, marque une rupture historique avec la politique étrangère américaine. Trump et ses alliés républicains cherchent désormais à justifier cet abandon en blâmant Zelensky, comme l’ont montré les réactions conservatrices après la rencontre : il aurait été trop agressif, il aurait dû porter un costume, il n’était pas prêt pour la paix. Tout cela ressemble à une mise en scène destinée à justifier une décision prise bien avant la rencontre.

L’Europe a tiré les leçons de la confrontation dans le bureau ovale entre les présidents américain et ukrainien : elle doit nourrir l’ego de Donald Trump pour parvenir à ses fins, sous peine d’être humiliée publiquement.

A lire aussi : US/UE : les dés sont jetés, rien ne va plus face à l’Empire TRUMP

Breaking News : L’Ukraine accepte la proposition des Eats-Unis de cessez-le-feu immédiat

Aujourd’hui à Djeddah, en Arabie saoudite, les États-Unis et l’Ukraine ont franchi des étapes importantes vers le rétablissement d’une paix durable pour l’Ukraine.
Les représentants des deux nations ont salué le courage du peuple ukrainien dans la défense de son pays et ont convenu qu’il était temps d’entamer un processus en vue d’une paix durable…
L’Ukraine a exprimé sa volonté d’accepter la proposition américaine de mettre en place un cessez-le-feu immédiat et provisoire de 30 jours, qui pourrait être prolongé d’un commun accord entre les parties conditionné à son acceptation et sa mise en œuvre simultanée par la Fédération de Russie…
Les États-Unis lèveront immédiatement la suspension du partage de renseignements et reprendront leur assistance sécuritaire à l’Ukraine.
Les délégations ont également discuté de l’importance des efforts de secours humanitaire dans le cadre du processus de paix, en particulier durant le cessez-le-feu , incluant l’échange de prisonniers de guerre, la libération des détenus civils et le retour des enfants ukrainiens transférés de force.
Les deux délégations ont convenu de désigner leurs équipes de négociation et d’entamer immédiatement des pourparlers en vue d’une paix durable garantissant la sécurité à long terme de l’Ukraine. Les États-Unis se sont engagés à discuter de ces propositions spécifiques avec des représentants de la Russie. La délégation ukrainienne a réaffirmé que les partenaires européens devront être impliqués dans le processus de paix.

Enfin, les présidents des deux pays ont convenu de conclure, dès que possible, un accord global pour le développement des ressources critiques stratégiques de l’Ukraine, afin de croître son économie, de compenser le coût de l’aide américaine et de garantir la prospérité et la sécurité de l’Ukraine sur le long terme.

Proposition de cessez-le-feu immédiat en Ukraine : le texte intégral de la déclaration commune avec les États-Unis | Le Grand Continent

Organisation du cessez-le-feu en Ukraine : quid de la Russie

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a déclaré que, si la Russie refuse le cessez le feu , «alors nous saurons malheureusement quel est l’obstacle à la paix». Depuis l’annonce, la position russe est restée ambiguë. La Russie conserve ses demandes maximalistes pour envisager un arrêt des combats. Le Premier ministre britannique Starmer a déclaré que «Poutine ne prend pas la paix au sérieux». Accusée de vouloir s’assurer de la meilleure position sur le front au moment de négocier, l’armée russe a encore progressé dans la région de Koursk et menace l’oblast ukrainien de Soumy – à la frontière avec l’oblast russe de Koursk. 

Les pressions des Occidentaux s’accumulent pour que Moscou se dirige vers «une paix juste et durable», selon la présidente de la Commission.

Poutine prend-il les négociations au sérieux ? Peut-il, ou veut il contrarier Trump ?

Breaking News : Poutine mène la danse !

Puisque les US ont affirmé que les frontières antérieures à l agression ne pourraient être là reference des négociation, Poutine gagne du temps en poussant les troupes sur le terrain afin de pouvoir revendiquer le maximum de périmètre géographique.

Guerre en Ukraine : Vladimir Poutine et Donald Trump conviennent d’un cessez-le-feu limité aux seules infrastructures énergétiques

Et la Chine dans tout ça ?

Le silence de la Chine se prolonge depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Mais ce retrait de la scène diplomatique n’est qu’apparent. Premier rival des Etats-Unis et première menace pour Trump, La Chine se prépare, comme à son habitude, discrètement. Le 31 mars, le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi est à Moscou, à l’invitation de son homologue russe Sergueï Lavrov, pour parler notamment de l’Ukraine. L’annonce de la rencontre a été faite vendredi, par des communiqués succincts. Le ministère des Affaires étrangères chinois y voit «l’occasion de travailler avec la Russie pour promouvoir la mise en œuvre de l’important consensus atteint par les deux chefs d’État», tandis que le ministère russe évoque des discussions «incluant des perspectives de résolution de la crise autour de l’Ukraine». Un voyage de Poutine en Chine est toujours prévu pour fin août et Xi Jinping se rendra à Moscou le 9 mai pour le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. 

Mais quel est le rôle de la Chine ? Pékin n’a jamais condamné la guerre russe en Ukraine et tient une position officielle de neutralité, tout en fournissant à Moscou du matériel, dont des biens à double usage. Elle a salué en février les efforts russes pour «désamorcer la crise». Les Occidentaux font pression sur la Chine pour qu’elle pousse la Russie vers un consensus le plus favorable possible à l’Ukraine, pour l’instant avec peu de succès.

3. L’urgence d’une politique commune de défense UE

Paris et Londres ont mis sur la table une trêve d’un mois « dans les airs, sur les mers et les infrastructures énergétiques », selon Emmanuel Macron

Dix-neuf des principaux dirigeants européens se sont réunis au Royaume-Uni, en présence du président ukrainien, deux jours après l’altercation avec Trump à la Maison Blanche.

les personnalités présentes au sommet de Londres pour la sécurité de l’Ukraine : le premier ministre britannique Keir Starmer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le chancelier allemand Olaf Scholz, le premier ministre norvégien Jonas Gahr Store, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen Antonio Costa, le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Justin Trudeau, le premier ministre tchèque Petr Fiala, le premier ministre néerlandais Dick Schoof, le président intérimaire de la Roumanie Ilie Bolojan, le ministre turc des affaires étrangères Hakan Fidan, la première ministre danoise Mette Frederiksen, le premier ministre suédois Ulf Kristersson, le président finlandais Alexander Stubb, la première ministre italienne Giorgia Meloni, le premier ministre espagnol Pedro Sanchez, le premier ministre polonais Donald Tusk et le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte.

Le besoin d’une politique de défense commune européenne se fait de plus en plus concrètement ressentir.

La défense : Priorité européenne mais en commun  ?

Avec l’échec de la CED en 1954, la défense n’était pas une compétence originaire des communautés européennes et si le Traité sur l’Union européenne l’intègre, elle demeure une politique intergouvernementale (« Politique de sécurité et de défense commune » ou PSDC), soumise aux décisions unanimes des États membres, ce qui est source d’immobilisme.

Sources CIA En gras, les pays de l’UE membres de l’Otan.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie, a fait prendre conscience du coût des « dividendes de la paix » sur leurs capacités et sur leurs industries de défense, mais aussi de la nécessité de faire commun afin de favoriser l’interopérabilité des équipements et limiter la fragmentation des marchés. Les États européens ont ainsi augmenté leurs budgets de dépenses de 30%.

BUT … Ils se sont essentiellement approvisionnés en produits de défense auprès d’États tiers, en particulier des États-Unis, ce qui accroit leur dépendance et limite leur autonomie stratégique.

Notons que la capacité de défense d’un pays peut s’évaluer selon plusieurs critères. Outre le budget qui y est consacré ou les technologies militaires à sa disposition, les effectifs de son armée sont à prendre en compte.

Voir les chiffres : Etat des lieux chiffré sur la défense européenne

Dès lors, renforcer la défense européenne est « THE » Priorité pour 2024-2029.

La défense européenne, telle qu’elle est conçue aujourd’hui au sein de l’Union, ne vise pas la mise en place d’une armée européenne mais plutôt la capacité des États membres à faire davantage de commun en matière de défense, y compris hors PSDC, dans le cadre des politiques « communautaires » de l’Union, régies par le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, à l’instar de l’industrie, de la recherche, des transports ou du marché intérieur. 

Le renforcement de la base industrielle et technologique de la défense européenne (BITDE) est un élément essentiel de cette défense. Or, si le budget européen ne peut pas financer « les dépenses afférentes à des opérations ayant des implications militaires ou dans le domaine de la défense » (article 41 TUE), il peut être utilisé pour soutenir les acquisitions conjointes, par plusieurs États membres, d’équipement militaire ou la recherche en matière de défense, par exemple.

La Stratégie industrielle de défense (EDIS) et le nouveau programme pour l’industrie de la défense (EDIP) proposés par la Commission en mars 2024 visent ainsi à renforcer la base industrielle de la défense européenne, en incitant les États membres à investir « davantage, mieux, ensemble et européen ». Toutefois, les sommes mobilisées à ce jour ne sont que de 1,5 milliard d’euros alors que 500 milliards d’euros sur dix ans seraient nécessaires, selon la présidente de la Commission et selon le commissaire Kubilius, pour permettre à l’Union de soutenir l’Ukraine et, au-delà, d’assurer sa propre sécurité.

L’exigence de Donald Trump d’augmenter les dépenses de défense européennes à 5 % du PIB, bien au-delà du seuil de 2 % de l’OTAN, ravive les inquiétudes sur l’autonomie stratégique de l’Europe. Alors que l’UE dépend historiquement du bouclier américain, le faible intérêt de Trump pour la sécurité européenne et sa volonté de négocier avec Poutine sans l’Ukraine imposent un changement d’approche urgent.

Face à cette menace, l’UE a renforcé ses outils communs : la Facilité pour la paix (17 milliards d’euros) rembourse les aides militaires à Kiev, tandis que des mécanismes comme EDIRPA (300 millions) et ASAP (500 millions) encouragent l’acquisition et la production de matériel. Si les budgets nationaux augmentent – la Pologne prévoyant 4,7 % de son PIB en 2025 –, cet effort reste insuffisant pour répondre à trois scénarios : une guerre prolongée en Ukraine, un cessez-le-feu nécessitant des forces de maintien de la paix, ou une attaque russe contre un État de l’UE.

Les financements manquent. Les options discutées – saisie des avoirs russes gelés et euro-obligations – sont bloquées par des réticences économiques et politiques. Selon Olivier Schmitt, l’Europe doit doubler son effort de défense à 4 % du PIB d’ici cinq ans, une exigence proche de celle de Trump. Mais cette hausse pourrait fragiliser les économies européennes, déjà menacées par une potentielle guerre commerciale avec les États-Unis.

L’Europe doit désormais choisir : renforcer massivement sa défense ou risquer un déclassement stratégique et économique majeur.

A lire aussi : Pologne à la présidence – la défense au centre des ambitions

4. Quelles réalisations et quelles perspectives ?

Élaborer une défense européenne collective et suffisante 

Parmi les principales réalisations, peut être évoquée la « Facilité européenne pour la paix », qui ne relève pas du budget européen, adopté par le Conseil en 2021 pour financer les coûts communs des opérations militaires de l’Union ainsi que les mesures d’assistance en faveur de pays partenaires. Sous l’effet de la guerre en Ukraine, le budget est passé de 5,69 milliards d’euros à 17  pour 2021-2027. En matière d’industrie deux instruments de court terme ont été adoptés en 2023, afin d’aider l’Ukraine, tout en renforçant la BITDE. Ces instruments permettent de soutenir, sur le budget de l’Union, les acquisitions conjointes de produits de défense par les États membres (règlement EDIRPA) et leur production de munitions (règlement ASAP). Parce qu’ils arrivent à terme en 2025, il s’agit désormais de pérenniser ces instruments et d’étendre leur champ d’application. Tel est l’objectif de la proposition de règlement EDIP en négociation qui vise à garantir la disponibilité des produits de défense nécessaires à la sécurité de l’Union (tout en tenant compte des besoins de l’Ukraine) mais aussi à réduire les dépendances des États membres dans ce domaine hautement stratégique.

Deux problèmes se posent :

  • Le financement de ces ambitions : 500 milliards d’euros sont donc nécessaires!

Les États sont divisés quant au recours aux 300 milliards d’euros d’avoirs russes gelés en Europe. C ertains d’entre eux soutiennent un emprunt européen commun mais l’Allemagne s’y oppose. Des pistes complémentaires sont explorées, à l’instar d’un financement par la Banque européenne d’investissement

VDB : a été énoncée l’idée d’utiliser une partie des fonds empruntés pour relancer la croissance après le Covid (jusqu’à 712 milliards d’euros sur une enveloppe maximale du programme de 806,9 milliards d’euros en prix courants jusqu’en 2026 pour NextGenerationEU). Mais les dotations totales du cadre financier pluriannuel 2021-2027 et de NextGenerationEU sont réparties dans des enveloppes dédiées comme le veulent les règles du budget de l’UE.

 Sécurité et défense14,9 milliards d’euros

et la destination annoncée auprès des investisseurs ne peut être unilatéralement refléché

  • Les désaccords entre États quant au financement par le budget de l’Union de produits de défense non européens car réduire les dépendances et renforcer l’industrie de défense européenne est l’ambition, donc financer l’achat de matériel de pays tiers parait peu compatible. Eternel problème de ce qui peut être fait à court terme versus a moyen long terme.

« Achetez européen »

La présidente de la Commission a de nouveau fait valoir que l’UE devait se réarmer et reconstruire ses capacités militaires, et a adressé une réprimande voilée aux États membres de l’UE qui ont permis « une ou deux décennies de sous-investissement ». En tant qu’ancienne ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen a présenté en début de semaine dernière les options possibles pour les dépenses de défense européennes. L’une des options proposées, à savoir une injection de 150 milliards d’euros dans l’industrie de la défense de l’UE, a suscité la controverse quant à savoir si l’effort de réarmement de l’UE devrait inclure l’utilisation des fonds de l’UE pour que les États membres achètent des équipements à des pays extérieurs au bloc.

La France et l’Allemagne, en particulier, sont en désaccord sur la question, Paris s’étant fermement opposé à l’achat de matériel militaire à des pays tiers tels que les États-Unis. Ursula von der Leyen a reconnu que le processus consisterait en « une augmentation progressive » des achats d’armes produites dans l’UE plutôt qu’en un abandon immédiat des produits provenant de pays tiers. « Pour l’instant, nous dépensons 80 % en dehors [du bloc] parce que nous avons un besoin urgent et que nous ne les avons pas ici », a-t-elle déclaré. Mais elle a souligné qu’il faudrait réfléchir à la manière d’inclure des « partenaires partageant les mêmes idées » tels que la Norvège et le Royaume-Uni dans tout futur programme.

Des compromis doivent être trouvés pour consolider une Union européenne de la défense, qui dépend donc largement de la volonté politique des États membres et la présidence polonaise aura fort à faire mais est très déterminée.

Breaking News – L’UE s’organise face à une possible coupure de Starlink en Ukraine

Face aux incertitudes sur la disponibilité de Starlink en Ukraine, l’Union européenne accélère la recherche d’alternatives pour garantir la connectivité des forces ukrainiennes. Selon un projet de la Commission, l’UE financera l’accès à des services spatiaux européens, avec notamment Eutelsat en première ligne.
La société française prévoit de déployer des milliers de nouveaux terminaux, mais fait face à des défis de production. D’autres acteurs européens, comme Hispasat et SES, pourraient aussi assurer la connectivité civile.
Alors que la menace russe plane sur les infrastructures numériques, Bruxelles veut renforcer sa coopération avec Kiev pour sécuriser les communications stratégiques.

L’UE doit financer des alternatives à Starlink pour l’Ukraine, selon un projet de la Commission – Euractiv FR

L’avenir du parapluie nucléaire européen

Face au désengagement croissant des États-Unis, les dirigeants européens cherchent à renforcer leur propre dissuasion nucléaire en s’appuyant sur la France et le Royaume-Uni. Emmanuel Macron a reconnu en 2020 une « dimension européenne » dans la doctrine nucléaire française, bien que son application concrète reste floue.

Des discussions entre Paris et ses partenaires européens se sont intensifiées, explorant plusieurs options : dialogues stratégiques, exercices militaires conjoints et éventuellement le stationnement d’ogives françaises dans d’autres pays. Toutefois, la souveraineté française sur son arsenal nucléaire demeure intransigeante, excluant tout financement extérieur.

Le principal défi réside dans le manque de capacités militaires conventionnelles en Europe, essentielles pour crédibiliser la dissuasion. L’UE doit renforcer ses infrastructures militaires, notamment le ravitaillement aérien et les missiles de portée intermédiaire. Le plan « Réarmer l’Europe » de la Commission, en stimulant les dépenses de défense, pourrait jouer un rôle clé dans cette complémentarité stratégique.

Si la France et le Royaume-Uni disposent d’arsenaux nucléaires suffisants pour dissuader toute agression, leur efficacité repose sur une coopération accrue et un renforcement global des moyens militaires européens.

« Rearm Europe » – Un projet sans précédent

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dévoilé un plan en cinq points intitulé « Réarmer l’Europe », visant à renforcer les dépenses de défense du continent.

« Les États membres sont prêts à investir dans leur propre sécurité s’ils disposent de la marge budgétaire nécessaire […] S’ils augmentaient leurs dépenses de défense de 1,5 % du PIB en moyenne, cela pourrait créer une marge budgétaire de près de 650 milliards d’euros sur une période de quatre ans »expose la présidente de la Commission. Cette annonce intervient juste après que Donald Trump a gelé l’aide militaire à l’Ukraine, alors que la France envisage de basculer en mode « économie de guerre », selon les mots du ministre de l’Économie Éric Lombard, intensifiant ainsi la pression sur l’Europe pour qu’elle assume davantage sa sécurité.

Vous l’avez compris, les États membres de l’UE devront davantage mettre la main au portefeuille. Pour accompagner cet effort, Ursula von der Leyen propose d’alléger les règles financières sans déclencher la procédure de déficit excessif. Le plan prévoit une mobilisation de 800 milliards d’euros, soit bien plus que l’estimation initiale de 500 milliards nécessaires à la modernisation de l’armement en UE et en Ukraine. Ursula von der Leyen insiste sur l’urgence d’une réponse forte et rapide face aux menaces sécuritaires croissantes.

Les cinq mesures clés du plan :

  1. Assouplissement du Pacte de stabilité et de croissance pour permettre une hausse des budgets de défense sans sanctions pour déficit excessif.
  2. 150 milliards d’euros de prêts européens pour financer des achats communs d’équipements stratégiques (défense aérienne, drones, cyberdéfense, etc.).
  3. Incitations financières aux États membres pour intégrer les dépenses de défense dans leurs programmes de cohésion.
  4. Mobilisation de capitaux privés via l’UE de l’épargne et de l’investissement.
  5. Intervention de la Banque européenne d’investissement (BEI) pour financer des projets de défense.

Selon la présidente de la Commission, les dépenses de défense dans les années à venir devaient être « massives ». Elle a appelé à une coordination plus étroite entre les États membres.

  • Selon un calcul conservateur, les 27 auront besoin d’augmenter leurs dépenses de défense de 250 milliards d’euros à court terme afin d’être en mesure de dissuader la Russie 1.
  • Moscou devrait dépenser autour de 145 milliards de dollars (137,8 milliards d’euros) pour la défense en 2024. En 2023, les 27 avaient dépensé ensemble 279 milliards d’euros pour la défense 2.

Ces propositions ont été envoyées aux 27 dans une lettre officielle qui a constitué la base des discussions du jeudi 7 mars à Bruxelles. Deux sujets principaux ont été abordés : la défense européenne et l’assistance à l’Ukraine. Les dirigeants ont approuvé une enveloppe de 150 milliards d’euros pour renforcer la défense. Cependant, Viktor Orbán a bloqué une déclaration de soutien à l’Ukraine, laissant les 26 autres États membres adopter un texte séparé. La Slovaquie, dirigée par le pro-russe Robert Fico, a soutenu la déclaration après une concession sur l’approvisionnement en gaz. De son côté, Giorgia Meloni a obtenu une mention sur les efforts de paix, y compris ceux de Donald Trump, tout en excluant l’envoi de troupes italiennes en Ukraine.

Ursula von der Leyen a promis un texte juridique détaillé pour le prochain sommet. L’option d’emprunts communs (euro-obligations) n’est pas encore sur la table, mais Emmanuel Macron s’est dit prêt à y réfléchir. Olaf Scholz souhaite quant à lui exempter durablement les dépenses de défense des règles budgétaires européennes. Le président du Conseil européen, António Costa, plaide pour de la flexibilité dans l’application des règles, sans aller jusqu’à soutenir la refonte demandée par Berlin.

Sur l’Ukraine, les 26 États ont soutenu une aide renforcée pour 2025. Emmanuel Macron a évoqué la nécessité de discussions futures avec Vladimir Poutine, en coordination avec Volodymyr Zelensky et les alliés européens. Malgré l’isolement de la Hongrie, António Costa rejette l’idée d’une division européenne. Mette Frederiksen, Première ministre danoise, s’est félicitée de l’unité des 26, déclarant : « Nous pouvons être fiers du vieux continent aujourd’hui. »

Ce Conseil européen spécial pourrait permettre aux États membres de s’accorder sur une position commune sur l’Ukraine.

Voir les chiffres : Etat des lieux chiffré sur la défense européenne

Pour aller plus loin :

Zoom sur le soutien à l’Ukraine

Ébranlés par l’annonce de négociations entre les États-Unis et la Russie, une dizaine de dirigeants européens se sont réunis en urgence à Paris le 17 février. Divisés sur l’envoi de troupes en Ukraine, ils cherchent une réponse commune face à l’incertitude du soutien américain.

L’Ukraine plaide pour une force européenne de maintien de la paix afin de dissuader Moscou. Plutôt qu’un déploiement sur la ligne de front, Kiev propose de stationner ces forces dans des zones stratégiques pour sécuriser ports et infrastructures, évitant ainsi un affrontement direct. Une protection aérienne et maritime accrue est aussi envisagée, notamment via des technologies avancées et un renforcement des défenses anti-aériennes.

Par ailleurs, l’accélération de l’adhésion de l’Ukraine à l’UE est perçue comme une garantie supplémentaire. Ursula von der Leyen estime possible une intégration avant 2030 si les réformes se poursuivent, mais l’opposition de la Hongrie et d’autres États freine le processus. Pour contourner ces blocages, la Commission envisage des décisions à la majorité qualifiée plutôt qu’à l’unanimité. Une adhésion offrirait à Kiev des avantages économiques et politiques, tout en envoyant un signal fort à la Russie.

Le 17 mars, un Conseil des affaires étrangères à Bruxelles a examiné un nouveau fonds européen d’aide militaire à l’Ukraine. Initialement prévu à 20 milliards d’euros pour 2025, il pourrait atteindre 40 milliards selon un non-paper circulant récemment.

Voir les chiffres : Etat des lieux chiffré sur la défense européenne

Breaking News

Une nouvelle Allemagne – changement de situation face à la menace Trump – qui s’aprête à engager 1000 milliards d’euros dans la prochaine décennie pour la défense et les infrastructures, ce qui constitue un revirement stupéfiant. Ce montant annoncé dépasse très largement la limite de déficit inscrite dans la constitution allemande, mais Merz se dit prêt à la réformer.

(Germany poised to commit €1 trillion for defence and infrastructure in stunning reversal – Euractiv)

A Paris, les alliés se lancent dans la « planification » de garanties de sécurité pour l’Ukraine.
La feuille de route visant à renforcer les défenses de l’Ukraine, indépendamment des fluctuations diplomatiques). Ces garanties pourraient inclure des livraisons d’armes accrues et une coopération militaire renforcée avec les pays européens.

L’accumulation de sanctions qui pèsent lourdement sur la Russie

Depuis le début de la guerre, la Russie compense son déficit budgétaire en puisant massivement dans son fonds souverain, affaibli par les sanctions et la baisse des revenus pétroliers. Selon Mikhaïl Zadornov, ses liquidités sont passées de 7,4 % à moins de 2 % du PIB en janvier 2025. La Banque centrale russe prévient d’un possible épuisement des réserves d’ici fin 2025 en cas de chute du pétrole.

Avec une inflation élevée et des taux d’intérêt à 21 %, la pression économique s’ajoute aux défis militaires. Bien que les recettes hors hydrocarbures aient augmenté en janvier 2025, la dépendance au pétrole reste critique. L’UE continue d’intensifier ses sanctions, mais leur efficacité dépendra du soutien américain, clé de la pression financière sur Moscou.

Le 19 février, l’UE a approuvé une nouvelle vague de sanctions, alors que Donald Trump prône des négociations sur l’Ukraine. Paradoxalement, depuis son investiture le 20 janvier 2025, le rouble s’est apprécié de 13 % face au dollar, porté par les anticipations d’un assouplissement des sanctions. Près de 150 milliards de dollars d’actifs étrangers restent gelés en Russie depuis 2022, et certains investisseurs envisagent un retour progressif.

En parallèle, l’Ukraine, dont la reconstruction est estimée à 500 milliards d’euros sur la prochaine décennie, attire déjà l’attention des grands créanciers internationaux. En février, seize représentants de fonds et entreprises, dont Lazard, TCW Funds et Siemens, se sont rendus à Kiev, signe d’un potentiel boom des investissements post-conflit.

Voir les chiffres : Etat des lieux chiffré sur la défense européenne

Source : Le Grand Continent – Article complet sur abonnement. Retrouvez plus d’information sur le sujet dans les analyses du Grand Continent.

Breaking News : L’Union européenne a approuvé mercredi 19 février d’imposer une nouvelle série de sanctions contre la Russie, alors que Donald Trump prône des négociations sur le sort de l’Ukraine.

A lire aussi : Après l’Ukraine, la Russie prépare la guerre d’Europe.

2025 : une année charnière

Euractiv a publié le draft du programme général 2025 de la Commission européenne qui demeure à valider. Parmi les mesures concernant défense, sécurité et géopolitique

Security

  • 20 Roadmap towards ending Russian energy imports (non-legislative, Q1 2025)
  • 22 White Paper on the Future of European Defence (non-legislative, Q1 2025)
  • 25 New European Internal Security Strategy (non-legislative, Q1 2025)
  • 26 Firearms Trafficking Directive (legislative, incl. impact assessment,
    Article 83 TFEU, Q4 2025)
  • 27 Action plan on the cybersecurity of hospitals and healthcare providers (non-legislative, Q1 2025)Geopolitics
  • 42 Pact for the Mediterranean (non-legislative, Q3 2025)
  • 43 EU strategic approach to the Black Sea / Black Sea Strategy (nonlegislative, Q2 2025)
  • 44 Joint Communication on a new Strategic EU-India Agenda (nonlegislative, Q2 2025)

2025 permettra d’identifier jusqu’où les Etats membres sont disposés à se coordonner pour mettre en oeuvre une véritable politique de défense commune et investir dans des productions et des acquisitions conjointes. Les négociations sur l’EDIP (lien ), le programme de défense de l’Union européenne (lien ) devraient s’achever cette année, préparant le terrain au renouveau industriel du continent.

La révision du Fonds européen de la défense (FED), le bras armé de l’UE pour cofinancer la recherche et le développement d’équipements militaires, comme la production de drones kamikazes, interviendra au cours du premier semestre. La Commission avait souligné sa volonté de réformer le mode d’attribution des fonds, afin de se concentrer sur un nombre plus restreint de projets. Cette révision est très attendue par les industriels du continent, qui demandent de la visibilité sur le long terme.

Le très attendu Livre blanc de l’UE sur la défense, qui doit faire le point sur les lacunes capacitaires de l’Union, détailler les potentiels outils de financement à mobiliser et définir un plan de production industriel, est prévu pour le 19 mars.

Une nouvelle stratégie de sécurité intérieure est également attendue au cours du premier trimestre, succédant à celle mise en place entre 2020 et 2025.

La stratégie de la Commission visant à renforcer la résilience de l’Union et à se préparer à des catastrophes ou à des guerres, est attendue lors du premier ou du second trimestre de l’année. Elle s’appuiera sur le rapport publié en octobre par l’ancien président finlandais Sauli Niinistö, qui préconise une approche « globale de la société » en matière de défense et de sécurité.

Le programme comprend également une « feuille de route sur l’arrêt des importations d’énergie russe », qui sera publiée dans les prochains mois.

Un acte législatif sur l’espace est prévu pour l’été, après que le commissaire à la Défense et à l’Espace, Andrius Kubilius, ait mentionné son intention de créer un marché unique de l’espace. L’objectif est de renforcer l’indépendance de l’UE dans ce domaine stratégique, y compris pour les questions militaires.

Une stratégie pour le mer Noire est attendue en juin. La définition d’un nouvel agenda stratégique entre l’UE et l’Inde est aussi prévue pour l’été.

La Commission révisera sa directive 2020-2025 sur le trafic d’armes à feu à la fin de l’année.

Pour aller plus loin

Sources :

Guerre en Ukraine : l’Union européenne et Kiev redoutent d’être exclus des négociations de paix lancées par Donald Trump et Vladimir Poutine – Touteleurope.eu

Volodymyr Zelensky se dit ouvert à un « échange » de territoires avec la Russie – Touteleurope.eu

Europe must respond to Trump ‘electroshock’, says Macron

Ce que l’on sait du traité inégal que Donald Trump veut imposer pour dépouiller l’Ukraine | Le Grand Continent

Pourquoi Trump continue-t-il d’armer l’Ukraine ? | Le Grand Continent

The Real Reason Trump Berated Zelensky – The Atlantic

Alors que le soutien américain est remis en question, l’Ukraine se tourne vers l’Europe – Euractiv FR

En direct, guerre en Ukraine : « Nous avons basculé dans un autre monde », prévient François Bayrou à l’Assemblée nationale

L’UE se rapproche d’une série de mesures de 150 milliards d’euros pour la défense – Euractiv FR

« Réarmer l’Europe » : Ursula von der Leyen annonce un plan de 800 milliards d’euros pour financer la défense  – Euractiv FR

EU help key to French and British nukes keeping Russia at bay – Euractiv

Ursula von der Leyen appelle à des discussions régulières sur la sécurité avec les commissaires européens – Euractiv FR

Économie russe : les investisseurs internationaux attendent une levée des sanctions  | Le Grand Continent

: LA LETTRE DU LUNDI31 MARS 2025