Défense : une stratégie industrielle pour accroitre la production militaire européenne

Face à la menace russe et pour réduire la dépendance vis-à-vis des Etats-Unis en matière d’armement, l’exécutif de l’UE a présenté mardi 5 mars un plan pour inciter les Etats membres à effectuer des achats communs.

Conclusions de la réunion hebdomadaire de la Commission von der Leyen de Margrethe Vestager, vice-prŽsidente exŽcutive, Josep Borrell Fontelles, vice-prŽsident, et Thierry Breton, commissaire, sur la stratŽgie industrielle europŽenne de dŽfense et le programme européen industriel de défense
“Après des décennies de sous-utilisation, nous devons investir davantage dans la défense, mais nous devons le faire mieux et ensemble”, a indiqué le haut représentant de l’Union européenne Josep Borrell – Crédits : Commission européenne

Présentée mardi 5 mars par les commissaires Margrethe Vestager (vice-présidente exécutive), Josep Borrell (Affaires étrangères) et Thierry Breton (Défense), la nouvelle stratégie de défense industrielle de l’Union européenne vise un objectif : “accroître l’état de préparation de l’industrie européenne dans le domaine de la défense”. “Avec le retour d’un conflit de grande intensité sur notre continent, l’Europe ne peut plus attendre pour renforcer la capacité technologique et industrielle de défense européenne à produire plus et plus rapidement”, a notamment précisé le commissaire français Thierry Breton.

Les Etats membres sont ainsi encouragés à “investir davantage, mieux, ensemble et européen”. De quoi renforcer leur capacité à se défendre en dépendant moins des Etats-Unis, qui comptent aujourd’hui pour 68 % des achats d’armement réalisés dans l’UE au profit de l’Ukraine, selon la vice-présidente de la Commission Margrethe Vestager.

L’actuel blocage au Congrès américain de l’aide financière à Kiev et la perspective d’un retour de Donald Trump au pouvoir outre-Atlantique pousse les Européens à compter davantage sur eux-mêmes pour défendre le continent, notamment face aux positions agressives de la Russie. D’autant que l’industrie de défense européenne peine actuellement à assurer une production suffisante pour l’Ukraine.

Acheter européen

Afin d’encourager les Etats membres à accroître la part européenne de leurs dépenses de défense et les inciter à effectuer des achats en commun, la stratégie fixe des objectifs chiffrés. D’ici 2030 notamment, les pays sont invités à acquérir 40 % des équipements de défense de manière collaborative et à commander la moitié de leurs équipements militaires auprès de l’industrie européenne.

La Commission souhaite également créer des conditions plus favorables pour ces achats conjoints. Par exemple, en encourageant la coopération lors de la phase d’acquisition de produits de défense fabriqués par les industriels européens. Certains projets pourraient également être exonérés de règles de concurrence européenne à travers les projets européens d’intérêt commun, ou de TVA.

Financements de long terme de La Défense

En outre, l’industrie de défense de l’UE serait soutenue à partir de 2025 par un programme européen (EDIP). Bien que les budgets nationaux représentent l’essentiel des dépenses en matière de défense, l’EDIP mobiliserait 1,5 milliards d’euros sur 3 ans afin d’inciter les Etats à investir en commun.

La stratégie envisage également une réorientation de certains prêts de la (BEI) vers le renforcement de l’industrie de défense. Les bénéfices tirés des actifs russes confisqués par l’Union européenne lors du déclenchement de la guerre pourraient également être utilisés pour financer l’achat d’armements.

Aide militaire

Dans le cadre de la guerre en Ukraine, l’UE a, pour la première fois de son histoire, financé l’envoi d’armes à un pays en guerre. Une mesure qui lui était juridiquement impossible avant qu’elle se dote en mars 2021 de la Facilité européenne pour la paix, mécanisme de financement des actions opérationnelles de la (PESC) en matière de défense.

Dès le 27 février 2022, soit trois jours seulement après l’invasion russe, l’Union a décidé de financer l’envoi d’armes létales, de matériel de protection et de carburant à hauteur de 500 millions d’euros. Une contribution plusieurs fois rehaussée et qui atteint maintenant 5,6 milliards d’euros. Concrètement, ce sont les Etats membres qui puisent des armes dans leurs stocks militaires et l’UE leur rembourse ensuite la valeur de leurs envois.

Les Etats membres consacrent par ailleurs 21,4 milliards d’euros à ces livraisons d’armes et de matériel militaire sur leurs fonds propres, selon la .

L’UE aide également l’armée ukrainienne par le biais d’une mission de formation militaire. Lancée en novembre 2022, celle-ci a déjà permis de former 32 000 soldats ukrainiens sur le territoire de l’Union.