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La France veut miser sur les start-ups européennes pour reconquérir la souveraineté numérique du continent et a annoncé mardi (8 février) avoir rassemblé plus de 3,5 milliards d’euros à investir dans l’écosystème.
La deuxième journée de la conférence sur la souveraineté numérique en Europe, organisée à Paris par la France en sa qualité de présidente du Conseil de l’UE au premier semestre 2022, était consacrée à l’initiative « Scale-up Europe ».
Lancée en mars 2021 par le secrétaire d’État au Numérique, Cédric O, et la commissaire européenne à l’Innovation, Mariya Gabriel, cette initiative rassemble près de 300 start-ups et scales-up (ces start-ups plus avancées dans leur développement), investisseurs et experts dont l’objectif est de réfléchir aux façons de développer les champions technologiques de demain.
En juin dernier, le collectif avait remis à Emmanuel Macron un rapport qui comprenait une série de 21 recommandations. Le président de la République avait souscrit à l’objectif d’arriver à « 10 entreprises à 100 milliards d’euros pour 2030 ».
C’est fort de ce travail et à la lumière de stratégies déjà déployées au niveau national que la France, dans le cadre de la PFUE, a annoncé plusieurs initiatives pour faire de l’écosystème des start-ups européennes de la tech, dopé par de très bons résultats ces derniers mois, un levier de reconquête de la souveraineté numérique de l’Europe.
« En 2021, l’Europe a créé plus de licornes que la Chine », s’est félicité Cédric O, dénombrant 321 licornes européennes — ces start-ups valorisées à plus d’un milliard d’euros — et 26 décacornes — start-ups valorisées à plus de 10 milliards d’euros — en Europe fin 2021.
« Dans la course de vitesse lancée avec les US et le Chine, le bon échelon, c’est l’échelon européen », a-t-il ajouté.
« L’Europe ne doit pas avoir peur de sa puissance. Nous sommes le premier marché mondial », a déclaré le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire au côté de son homologue allemand, Christian Lindner.
Un nouveau « fonds de fonds »
M. Le Maire a dévoilé le lancement d’un nouveau « fonds de fonds ». Géré par le Fonds européen d’investissement (FEI), filiale de la Banque européenne d’investissement (BEI), il aura vocation à abonder les fonds de capital risque existants et d’améliorer leur capacité de financement.
L’objectif est de faire émerger 10 à 20 fonds européens dotés au moins d’un milliard d’euros chacun, alors que le continent n’en compte pour l’heure que deux, a ajouté le ministre.
« Il n’y a pas de pénuries de moyens financiers, mais les moyens financiers proprement européens sont plutôt orientés vers les premières phases de développement des start-ups » explique Philippe Huberdeau, secrétaire général de Scale Up Europe, à EURACTIV.
Ce sont justement sur ces dernières phases, le late stage, que l’attention doit désormais se porter, selon lui, alors qu’elles nécessitent de mobiliser facilement de grands montants, ce que les fonds américains, par exemple, peuvent se permettre.
Le ministre de l’Économie a indiqué qu’une première enveloppe de 3,5 milliards d’euros sera injectée dans ce nouveau fonds. Dans le détail, 2 milliards sont mis sur la table par Berlin et Paris — pour moitié dans le cadre du plan massif d’investissements « France 2030 » du côté français, a précisé le cabinet de Cédric O à EURACTIV — 500 millions d’euros par la BEI ou encore 500 millions par la Banque publique d’investissement française (BPI).
L’objectif est de rapidement atteindre 10 milliards d’euros avec la participation d’autres pays européens dans les prochaines semaines, a précisé le ministre.
À l’instar de l’« initiative Tibi » en France, l’idée derrière ces investissements publics est de créer un effet de levier, à destination des acteurs du privé afin qu’ils abondent, à leur tour, les fonds sélectionnés.
Attirer les talents
Cette deuxième journée de conférence était également consacrée à l’attractivité des talents, alors que la très forte croissance des startups européennes donne lieu à un besoin grandissant de recruter, et surtout de recruter les bonnes compétences.
« C’est la rançon du succès. Quand l’écosystème atteint un certain degré de maturité, il faut trouver tous ces collaborateurs avec les compétences nécessaires », observe M. Huberdeau, notant que « les très bons talents sont mobiles » et qu’« il faut leur offrir le meilleur écosystème ».
Afin d’attirer les talents, et les faire rester, la France a lancé en janvier 2017 le « French Tech Visa », une procédure simplifiée pour les investisseurs, fondateurs et collaborateurs de startups non-européens qui veulent s’installer en France. Le dispositif n’est pas isolé en Europe.
Aussi, un « guichet unique européen » doit voir le jour d’ici à la fin de l’année afin donner de la visibilité à tous les dispositifs similaires à l’échelle de l’UE pour les talents souhaitant s’expatrier sur le continent et pour renforcer la coopération entre États à ce sujet.
16 États membres vont prendre part à cette plateforme, a indiqué Pascal Cagni, président de Business France, l’agence française chargée du développement à l’internationale des entreprises.
Technologie de rupture
Enfin, le Conseil européen de l’innovation (CEI) se penchera particulièrement sur les technologies de rupture (la deep tech) au travers d’un nouveau programme de travail.
Inauguré en mars 2021, le CEI s’intéresse à la recherche sur des technologies émergentes et dispose d’un projet pilote d’accélérateur ainsi que d’un fonds d’investissement dédié. Pour la période 2021-2017, son budget est de 10 milliards d’euros qui pourront être injectés sous forme de subvention ou par des prises de participation, pouvant aller jusqu’à 15 millions d’euros.
Le CEI pilotera également le programme « Scale Up 100 » qui réunira les 100 scale-ups de la deep tech les plus prometteurs en leur proposant un accompagnement et un soutien pour leur développement – à l’image de ce que fait la France au sein de son label Next40/120.
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