Réunis à Bruxelles jeudi 8 février, les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres de l’Union européenne ont approuvé une aide de 50 milliards d’euros à destination de l’Ukraine. Après s’y être opposée en décembre, la Hongrie a fini par lever son veto.
Fumée blanche au Conseil européen. Réunis à Bruxelles ce jeudi 1er février, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne sont parvenus à débloquer l’aide financière à long terme de 50 milliards d’euros destinée à l’Ukraine. Depuis le sommet européen de décembre, la Hongrie bloquait ce financement. Le Premier ministre Viktor Orbán réclamait en premier lieu la possibilité de procéder à une révision annuelle de ce soutien. Une concession qui inquiétait le reste des Etats membres, craignant que cela offre à Budapest de nouvelles occasions d’opposer son veto sur ce dossier important.
Les dirigeants européens s’étaient alors préparés à un nouveau bras de fer musclé avec leur homologue hongrois pour parvenir à un terrain d’entente. Mais contre toute attente, le suspense fut de courte durée. Une demi-heure à peine après le début de cette réunion au sommet, Charles Michel, le président du Conseil européen, a annoncé sur X qu’un accord avait été trouvé avec tous les Etats membres. “L’ensemble des 27 dirigeants se sont mis d’accord sur une enveloppe supplémentaire de 50 milliards d’euros pour soutenir l’Ukraine dans le cadre du budget de l’UE. Cet accord garantit un financement stable, prévisible et à long terme pour l’Ukraine”, a écrit Charles Michel.
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Des concessions de part et d’autre
En amont du Conseil européen, ce jeudi matin, Viktor Orbán a eu des discussions, notamment avec ses dirigeants allemand (Olaf Scholz), français (Emmanuel Macron) ou italien (Giorgia Meloni), ainsi qu’avec Charles Michel et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Ces derniers se sont attelés à préparer le terrain en vue du sommet qui a débuté en début d’après-midi. Chaque partie a finalement consenti à lâcher du lest sur sa position initiale pour parvenir à trouver un compromis.
Celui-ci prévoit que la Commission européenne rédige chaque année un rapport sur l’utilisation des fonds européens à destination de l’Ukraine. Il prévoit également la possibilité pour les dirigeants européens de demander, si besoin et à l’unanimité, un réexamen de l’aide dans deux ans. Des concessions qui apparaissent comme mineures pour Bruxelles, ayant évité un scénario dans lequel Viktor Orbán aurait pu bénéficier d’un veto annuel sur l’aide financière à l’Ukraine, comme il le réclamait initialement.
Une aide cruciale
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a rapidement salué cette décision, faisant part de sa “reconnaissance” envers Charles Michel et les dirigeants européens. “Il est très important que la décision ait été prise par l’ensemble des 27 dirigeants, ce qui prouve une fois de plus la forte unité de l’UE”, a-t-il écrit dans un post sur X.
Cette aide financière à destination de l’Ukraine, composée de 33 milliards d’euros de prêts et de 17 milliards d’euros de dons sur quatre ans, fait partie d’une rallonge au budget de l’Union jusqu’en 2027. Ce soutien financier est crucial pour permettre à Kiev de maintenir à flots son économie, alors que l’enveloppe d’aide américaine est bloqué au Congrès à Washington. Prochaine étape pour la révision du budget européen et l’aide financière à l’Ukraine : leur adoption prochaine par le Parlement européen.
Les aides à l’Ukraine
Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022, l’Union européenne a toujours affiché son soutien au pays. Financières, humanitaires et militaires, les différentes aides comptent pour 85 milliards d’euros.
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GUERRE EN UKRAINE : JOSEP BORRELL POUSSE POUR UNE AUGMENTATION DE L’AIDE DES 27
Lundi, le HR/VP Josep Borrell a appelé les États membres à suspendre temporairement leurs exportations d’armes vers des pays autres que l’Ukraine, exhortant les gouvernements à prendre une « décision politique » et à intensifier les livraisons de munitions. À Varsovie, le chef de la diplomatie de l’UE a lancé un appel : « Nous devons soutenir l’Ukraine non seulement dans la durée, mais aussi dans l’ampleur et la qualité de nos fournitures.Pour mieux aider l’Ukraine, nous devons rediriger la production vers elle en demandant à d’autres clients d’attendre quelques mois, étant donné qu’ils ne sont pas en guerre. »
En mars dernier, l’Union européenne a approuvé un plan de 2 milliards d’euros pour accroître ses livraisons de munitions à Kyiv. Malgré cela, à la fin de l’année 2023, seuls 330 000 obus avaient été fournis sur les un million promis. Selon M. Borrell, ce qui entrave les livraisons à l’Ukraine n’est pas la capacité industrielle, mais le fait que les entreprises européennes exportent des armes vers des clients non impliqués dans un conflit.
Le soutien de l’UE est d’autant plus important dans un contexte de blocage politique à Washington où le président Joe Biden est endigué dans des négociations avec les républicains pour débloquer 60 milliards de dollars d’aide pour Kyiv. Récemment, Borrell a proposé d’augmenter de 5 milliards d’euros les fonds de la Facilité européenne pour la paix, un système hors budget de l’UE qui compense partiellement les États membres pour les armes qu’ils ont fournies. Cette proposition est actuellement en cours de négociation et devrait être finalisée dans les semaines à venir.
Cette intervention du Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité intervient quelques jours après le Conseil européen. Lors de celui-ci, les dirigeants européens ont présenté un front uni en débloquant une aide exceptionnelle de 50 milliards d’euros sur quatre ans pour l’Ukraine. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, est rentré dans le rang, permettant ainsi cette décision historique. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a salué l’accord européen, soulignant l’importance de l’unanimité des 27 dirigeants européens. Il a déclaré : « Cela prouve une fois encore la forte unité de l’UE. Il s’agit d’un message clair à Moscou, l’Europe va résister et l’Europe ne sera pas brisée. »
L’UE adopte une loi ouvrant la voie à l’utilisation des bénéfices générés par les actifs russes gelés
L’Union européenne a adopté ce lundi (12 février) une loi qui lui permettra d’utiliser les bénéfices provenant des actifs gelés de la Banque centrale de Russie pour financer la reconstruction de l’Ukraine après la guerre.
Cette mesure, qui s’inscrit dans la lignée des mesures prises par le G7 à ce sujet, établit une base législative grâce à laquelle les bénéfices générés par les actifs russes gelés dans des circonstances spécifiques pourraient finalement être versés à l’Ukraine par l’intermédiaire du budget de l’UE.
L’UE et le G7 ont gelé quelque 300 milliards d’euros d’actifs de la Banque centrale russe à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais ont tergiversé sur la possibilité ou non d’utiliser ces fonds et, le cas échéant, sur la manière dont ils pourraient être utilisés.
Les deux tiers de ces fonds se trouvent dans l’UE, la majorité étant détenue par Euroclear, une société de services financiers basée en Belgique. Jusqu’à présent, seules les taxes sur les actifs en Belgique ont été affectées à un fonds dédié à l’Ukraine géré par le gouvernement belge.
Les Vingt-Sept avaient fait un premier pas vers une telle mesure le mois dernier, et la législation adoptée ce lundi interdit à présent aux dépositaires centraux de titres (DCT), tels qu’Euroclear, d’utiliser les bénéfices nets des actifs russes. Elle les contraint à conserver séparément ces bénéfices jusqu’à ce que les États membres décident à l’unanimité de mettre en place un mécanisme permettant de les utiliser.
La Commission européenne serait alors chargée de transférer l’argent au budget de l’UE, puis à l’Ukraine. À ce jour, aucun calendrier précis n’a été donné pour ces opérations.
Il est également à noter que cette proposition ne vise que les bénéfices futurs et ne s’appliquera pas rétroactivement et qu’elle concerne les institutions détenant plus d’un million d’euros d’actifs de la Banque centrale de Russie.
« La décision prise aujourd’hui, conformément à la position du G7, clarifie […] le statut juridique des revenus générés par les dépositaires centraux de titres dans le cadre de la détention d’actifs russes gelés et fixe des règles claires pour les entités qui les détiennent », a déclaré le Conseil dans un communiqué.
« Cette décision ouvre la voie à une décision du Conseil sur l’établissement éventuel d’une contribution financière au budget de l’UE prélevée sur ces bénéfices nets pour soutenir l’Ukraine, son redressement et sa reconstruction à un stade ultérieur », a ajouté l’institution de l’UE.
Des responsables de l’UE ont déclaré que cette mesure pourrait générer un montant estimé entre 15 et 17 milliards d’euros sur quatre ans, qui pourrait ensuite être transféré à l’Ukraine.
L’Ukraine salue la décision, mais en demande davantage
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, s’est félicité de cette décision, déclarant que Kiev « encouragerait la prise de mesures supplémentaires pour permettre l’utilisation pratique [des bénéfices générés par les actifs russes] au profit de l’Ukraine ».
« Ces mesures doivent être ambitieuses et rapides », a-t-il poursuivi. « L’Ukraine est prête à continuer à travailler avec ses partenaires pour atteindre notre objectif ultime : mettre les actifs russes à la disposition de l’Ukraine. L’agresseur doit payer. »
L’UE a gelé environ 200 milliards d’euros d’actifs russes peu après que Moscou a lancé son invasion de l’Ukraine en février 2022.
Au-delà des bénéfices générés par les actifs gelés, les États-Unis ont également évoqué l’idée de confisquer purement et simplement ces actifs, mais les responsables de l’UE considèrent jusqu’à présent que cette solution est trop risquée sur le plan juridique.
L’initiative des États-Unis visant à confisquer tous les actifs de la Russie, et pas seulement les bénéfices, soutenue par le Royaume-Uni, le Japon et le Canada, se heurte toutefois à la résistance des membres européens du G7, en particulier l’Allemagne, l’Italie et la France.
Les responsables de l’UE et les États membres les plus critiques au sujet de cette proposition ont exprimé leur inquiétude non seulement quant à la légalité d’une telle confiscation d’actifs souverains — une mesure sans précédent — mais aussi en raison des préoccupations de la Banque centrale européenne quant aux conséquences potentielles pour l’euro.
Les investisseurs pourraient en effet se retirer des actifs en euros de crainte que leur argent ne soit un jour saisi.
La Russie met en garde l’Occident
La Russie a averti l’Occident mardi (13 février) qu’elle réagirait si les États-Unis et l’Union européenne saisissaient les centaines de milliards d’actifs russes.
« C’est du vol : c’est l’appropriation de quelque chose qui ne vous appartient pas », a fustigé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, sur la station radio Sputnik, rapporte l’agence TASS.
Mme Zakharova a déclaré que la réponse de Moscou serait « extrêmement dure », la Russie estimant qu’il s’agissait essentiellement d’un vol.
« Étant donné que notre pays a qualifié cela comme du vol, notre attitude sera de traiter cette affaire comme nous traiterions des voleurs », a déclaré la porte-parole.
Le Kremlin a promis que la Russie riposterait en confisquant les actifs occidentaux en Russie, que certains évaluent à 288 milliards de dollars.