PFUE : la France discrète sur la question des accords commerciaux – EURACTIV.fr

Grain de sel GB : Lancée devant le PE par le Président français, la PFUE n’a pas établi les accords commerciaux parmi ses priorités. Loin d’être anodin, il n’est pas déraisonnable que ce choix s’explique par l’état de l’opinion français sur le sujet et par des raisons de politique intérieure à l’approche de la présidentielle.

Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, qui est chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, a été critiqué au Parlement européen lundi (24 janvier) pour le « silence élégant » de la présidence française du Conseil de l’UE (PFUE) en matière d’accords de libre-échange.

La semaine dernière, lorsque le président français Emmanuel Macron a présenté au Parlement européen les priorités de la France pour sa présidence de six mois du Conseil de l’UE, il n’a mentionné aucun des accords de libre-échange (ALE) en suspens de l’UE comme étant des priorités.

De même, son ministre du Commerce, Franck Riester, n’a fait qu’une brève allusion aux ALE lorsqu’il a expliqué les priorités de la PFUE en matière de commerce devant la commission du commerce du Parlement européen (INTA) lundi 24 janvier.

Il a plutôt insisté sur l’importance d’une politique commerciale à la fois plus durable et plus affirmée.

Les avancées en matière d’accords commerciaux de l’UE sont au point mort depuis quelques mois. Si les négociations relatives aux accords de libre-échange révisés avec la Nouvelle-Zélande, le Chili et le Mexique sont terminées, ces accords n’ont pas encore été signés. Dans le même temps, un accord avec le bloc commercial sud-américain Mercosur est, lui aussi, gelé depuis 2019 en raison des préoccupations de certains États membres, dont la France, concernant la durabilité.

Cette hésitation de la présidence française de l’UE sur les accords commerciaux a suscité les critiques de plusieurs membres du Parlement européen.

« Je tiens à exprimer mon étonnement et mon mécontentement quant au silence élégant de la présidence française lors de la présentation de ses priorités en ce qui concerne la ratification de l’accord [du Mercosur] et d’autres négociations menées dans cette région », a commenté Gabriel Mato, un eurodéputé espagnol du Parti populaire européen (PPE) de centre droit.

S’exprimant au nom des Socialistes et Démocrates (S&D) de centre gauche, l’eurodéputée espagnole Inmaculada Rodríguez-Piñeiro a également déploré le manque d’attention accordée à l’Amérique latine dans les priorités de la présidence française.

« Rien n’a été mentionné au sujet de l’Amérique latine dans les priorités, et cela me semble préoccupant. Je pense que le poids de cette relation fait qu’elle mérite une mention explicite », a-t-elle expliqué.

Le député PPE Christophe Hansen (Luxembourg) a notamment attiré l’attention sur l’accord commercial entre l’UE et le Chili.

« L’ALE avec le Chili est quelque chose dont l’UE a urgemment besoin, surtout si nous voulons mettre en œuvre notre transition écologique », a-t-il déclaré, faisant référence aux importants gisements de lithium et de cuivre du pays sud-américain, deux ressources cruciales pour l’électrification des industries qui dépendent actuellement des combustibles fossiles.

La durabilité au cœur des préoccupations

M. Riester a rétorqué que l’accord commercial avec le Chili ne pourrait être signé avant l’entrée en fonction du nouveau gouvernement chilien en mars, laissant entendre que l’accord pourrait encore subir des modifications.

« Pour nous, ce qui est important, c’est avant tout la substance, qui prime sur la rapidité. L’ambition du développement durable et la protection d’un certain nombre de secteurs sensibles restent pour nous des éléments qui doivent être pris en compte », a-t-il expliqué aux parlementaires.

Concernant le Mercosur, M. Riester a déclaré qu’il appartenait à la Commission européenne d’obtenir davantage de garanties de la part de ces pays sur des questions telles que la déforestation, le changement climatique, ainsi que les normes sanitaires et phytosanitaires.

Si de nombreux législateurs européens ont apprécié l’orientation écologique de la France en matière de commerce, certains ont également soupçonné que les préoccupations en matière de durabilité étaient utilisées comme une excuse par Paris pour mettre les négociations commerciales de l’UE en suspens durant la campagne présidentielle française.

En effet, les agriculteurs français s’opposent traditionnellement aux accords commerciaux, et, comme la campagne présidentielle prend de l’ampleur, le président Emmanuel Macron n’a aucun intérêt à nourrir les contestations des agriculteurs à la veille des élections d’avril.

Au lieu d’avancer sur les accords commerciaux, le gouvernement français devrait donc faire pression pour faire avancer l’instrument anti-coercition que la Commission a proposé en décembre 2021 pour promouvoir une politique commerciale européenne plus affirmée. En outre, la présidence française entend approfondir les relations avec les pays d’Afrique au cours d’un sommet UE-Afrique qui se tiendra à la mi-février.

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