Hongrie : le Parlement européen monte au front contre le dégel des fonds

Les députés européens sont vent debout contre la décision de la Commission de dégeler une partie des fonds européens promis à la Hongrie. Ceux-ci avaient été précédemment suspendus en raison des nombreuses atteintes à l’état de droit dans ce pays. Ces dernières ont mené à des mesures européennes et à un fort malaise lors de la présidence hongroise. Alors qu’Orban a mobilisé son véto pour l’octroi d’aides à l’Ukraine, le réunion du 1er février sera cruciale.

Lors du Conseil européen de décembre, Viktor Orbán avait bloqué l'aide financière de 50 milliards d'euros à destination de l'Ukraine - Crédits : Union européenne

Journée sous haute tension jeudi au Parlement européen”, préviennent Les Echos. Ce 18 janvier, les députés européens, “fâchés du dégel […] de fonds pour la Hongrie, [sont appelés à] voter une résolution ‘anti-Orbán’ “, du nom du Premier ministre hongrois. En décembre dernier, la Commission avait décidé de débloquer 10,2 milliards d’euros en faveur de Budapest, sur les plus de 30 milliards qu’elle avait auparavant suspendus en raison des manquements à l’état de droit dans le pays.

Lors d’un débat organisé mercredi matin en session plénière du Parlement européen, à Strasbourg, [les eurodéputés] ont appelé les Etats membres et la Commission à agir avec davantage de fermeté vis-à-vis du pouvoir hongrois, qui mène, depuis 2010, un travail de sape de l’état de droit”, poursuit La Libre.

Une résolution allant dans ce sens est mise aux voix jeudi midi. Le texte prévoit d’une part “de maintenir le gel de 20 milliards d’euros de fonds du plan de relance et du budget européen destinés à la Hongrie – aussi longtemps qu’elle continue à bafouer l’état de droit et les valeurs fondamentales de l’Union européenne” [La Libre], d’autre part de “faire examiner la légalité de la décision de la Commission par la Cour de justice de l’UE” [Le Soir].

De son côté, Ursula von der Leyen a rappelé mercredi “que la Commission avait pris cette décision après des réformes entreprises par Budapest améliorant l’indépendance du système judiciaire hongrois”, précisent Les Echos.

Chantage d’Orbán

A la mi-décembre, 24 heures après que la Commission a dégelé 10 milliards de fonds de cohésion auxquels [Budapest] peut prétendre” [Le Soir], le sommet réunissant les 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE “avait finalement pu déboucher sur l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Ukraine malgré l’opposition de Viktor Orbán qui avait quitté la salle de réunion au moment de la décision” [Mediapart/AFP].

Dénonçant un “chantage d’Orbán” [Politico], des eurodéputés de tous bords politiques soupçonnent ce dernier “de monnayer son soutien (conditionnel) à l’Ukraine en milliards de fonds européens”, poursuit Le Soir. Ils veulent également “empêcher l’exécutif de débloquer davantage de fonds pour la Hongrie en échange du soutien de [celle-ci] à une aide financière supplémentaire pour Kiev” [Euractiv].

Priver la Hongrie de son droit de vote

Certains parlementaires comptent aller plus loin. “Une pétition circule parmi les eurodéputés pour réclamer à l’encontre de Budapest que le Conseil européen ou la Commission déclenche la privation des droits de vote de la Hongrie, selon la procédure de l’article 7-2 du traité sur l’Union européenne”, indique Le Point. Pour Les Echos, il s’agit là d’une “arme nucléaire”, même si “les chances que la Hongrie perde son droit de vote restent très faibles”.

Cette sanction avait déjà été réclamée par le Parlement en 2018, sans aboutir puisque “pour sanctionner un Etat membre en le privant des droits spécifiques de son adhésion, après une phase de dialogue et de suivi, l’unanimité est, in fine, requise. Or, la Pologne et la Hongrie se protégeaient mutuellement”, rappelle Le Point. “Depuis que le PiS a perdu le pouvoir en Pologne, l’opportunité de relancer la procédure de l’article 7 s’ouvre à nouveau”, même si la Slovaquie a désormais “pris le relais de Varsovie” [Le Monde].

Un accord à 26 comme plan B

Le Parlement européen vient accroître la pression sur la Hongrie. Et plus largement sur l’ensemble des dirigeants européens, qui “doivent se réunir le 1er février pour un sommet extraordinaire afin de tenter de valider” le soutien financier de 50 milliards d’euros jusqu’en 2027 à destination de l’Ukraine [Euronews]. “Les négociations se poursuivent actuellement au niveau diplomatique pour lever le véto de Budapest”, indique La Libre.

La Commission comme les Etats membres préparent toutefois un plan B : approuver l’aide financière à l’Ukraine sans la Hongrie. “Ma priorité personnelle est d’obtenir un accord à 27. Et si ce n’est pas possible, nous sommes prêts à un accord à 26″, a déclaré Ursula von der Leyen en marge du Forum économique mondial de Davos [Euronews].

Trop peu pour rassurer les députés européens. Certes, la résolution ne brandit pas “la menace d’une motion de censure contre Ursula von der Leyen, une ligne rouge pour le PPE dont est issue l’ex-ministre d’Angela Merkel”, note Le Monde. “Mais parmi les autres groupes signataires, certains y étaient favorables et n’excluent pas d’y recourir à l’avenir”, poursuit le quotidien du soir.

https://www.touteleurope.eu/fonctionnement-de-l-ue/le-parlement-europeen-monte-au-front-contre-le-degel-des-fonds-destines-a-la-hongrie/