Weimar : France, Pologne et Allemagne relancent le “triangle” face à la Russie et aux menaces de Donald Trump 

Ce lundi 12 février, les ministres des Affaires étrangères français, polonais et allemand se sont rencontrés au château de La Celle Saint-Cloud. Au programme du “triangle de Weimar” : le soutien à l’Ukraine, le Proche-Orient ou encore la désinformation russe.

De gauche à droite : Annalena Baerbock, Stéphane Séjourné et Radosław Sikorski, ministres des Affaires étrangères d'Allemagne, de France et de Pologne, se sont retrouvés ce lundi

Dans le contexte international actuel, il devenait nécessaire que le groupe du ‘triangle de Weimar’ donne un second souffle à la solidarité de l’UE”, ont récemment déclaré à Euractiv des diplomates français.

C’est pourquoi lundi 12 février, le “chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné a convié ses homologues allemande Annalena Baerbock et polonais Radosław Sikorski” au château de La Celle-Saint-Cloud (Yvelines), poursuit Le Parisien. L’occasion de relancer le “triangle de Weimar”, cette “plateforme d’échanges réguliers entre trois des pays les [plus] influents en Europe” : la France, la Pologne et l’Allemagne, explique L’Express.

Les discussions ont porté sur des sujets variés : “lutte contre la désinformation russe, soutien réitéré à l’Ukraine”, “guerre à Gaza” ou encore “menaces proférées par Donald Trump” à l’encontre des pays de l’Otan, liste La Nouvelle République.

Un triangle de Weimar renouvelé

Le triangle de Weimar est un format de discussions trinationales “né à la fin de la guerre froide en 1991 mais peu utilisé”, rappelle L’Humanité. Lors de sa création, il a servi “à faciliter la réconciliation germano-polonaise et à rapprocher la Pologne de l’Otan”, poursuit le journal. Polyvalent, il a aussi permis de “soutenir la Pologne dans son processus d’intégration […] à l’Union européenne”, “développer une vision commune de l’Europe et […] rapprocher les sociétés des trois pays”, ajoute Ouest-France.

Or ces dernières années, l’organisation informelle avait pâti de l’arrivée au pouvoir du PiS en Pologne, un “parti souverainiste ultra-conservateur” élu en 2015 [Les Echos]. La coopération a donc “perdu de son élan durant […] huit années”, estime le quotidien.

Mais depuis l’an dernier, l’arrivée au pouvoir d’un “gouvernement pro-UE”, dirigé par Donald Tusk, “pourrait donner à cette coalition un ‘nouvel élan’ “, estiment des diplomates français interrogés par Euractiv. Le Premier ministre polonais s’est d’ailleurs rendu lundi à Paris et à Berlin pour une tournée de “revitalisation des relations entre la Pologne et nos principaux partenaires en Europe”, selon ses propres termes [Les Echos].

Cette coopération renouvelée “permet d’avoir une dynamique d’entraînement en Europe très forte”, résumait ce samedi Stéphane Séjourné dans un entretien accordé à Ouest-France. Ces trois pays représentent “200 millions d’habitants, soit près de la moitié de la population de l’UE” et “plus d’un quart” de ses dépenses militaires, remarque Le Parisien.

Trump et la Russie en ligne de mire

Pour la France, le triangle de Weimar permet aussi de “contrebalancer le ‘groupe de Visegrad’ (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) dont certains membres, considérés comme pro-russes, entravent la constitution de l’Europe en bloc géopolitique contre Moscou” [L’Humanité].

Ce lundi, les trois gouvernements se sont donc “engagés à faire de l’Europe une puissance de sécurité et de défense dotée d’une plus grande capacité à soutenir l’Ukraine”, note Euronews. Pour le ministre polonais des Affaires étrangères, Vladimir Poutine “ne doit pas être autorisé à gagner cette guerre. Nous devons remplir nos obligations envers l’Ukraine” [France 24].

Les trois ministres ont également “dévoilé une nouvelle coopération contre les opérations étrangères de désinformation, venant notamment de Russie”, fait savoir Le Devoir. Des annonces d’ailleurs concomitantes avec l’identification, dévoilée lundi par la France, d’un réseau “structuré et coordonné de propagande russe” ciblant des pays européens et les Etats-Unis [Le Devoir].

Cette avancée diplomatique est [aussi] intervenue après que Trump a choqué de nombreuses personnes en Europe”, remarque Euronews. Le candidat à la présidentielle américaine a beaucoup fait réagir “en suggérant qu’il soutiendrait la Russie dans ses attaques contre tout pays de l’Otan qui ne respecterait pas ses engagements financiers” vis-à-vis de l’alliance, indique le Kyiv Post. Le chancelier allemand Olaf Scholz a notamment condamné ces propos, qualifiés d’ ”irresponsables et dangereux”, rapporte le journal ukrainien.

Lundi matin, ce dernier a d’ailleurs inauguré “une nouvelle usine de munitions, soulignant les efforts de l’Europe pour accroître la production d’armes” [France 24]. De son côté, le Premier ministre polonais Donald Tusk a “exhorté les pays européens à investir davantage dans des projets militaires” [Euronews].

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