Pour la France, le sauvetage de l’aéronautique passe par l’aviation zéro carbone – novethic.fr

https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/pour-la-france-le-sauvetage-de-l-aeronautique-passe-par-l-avion-zero-carbone-148656.html

Marina Fabre

Le gouvernement vient de débloquer 15 milliards d’euros pour sauver et transformer l’industrie aéronautique française. L’enjeu est que la France devienne le leader de l’aviation zéro carbone avec un passage à l’hydrogène pour 2035. Pour cela, l’exécutif mise sur des investissements massifs en recherche et développement afin de développer de nouvelles technologies. Une déception pour les associations écologistes qui veulent une réduction du trafic aérien. 

C’est un plan de sauvetage à 15 milliards d’euros que vient de dévoiler le gouvernement ce 9 juin. « Nous voulons décréter ce matin l’état d’urgence pour sauver notre industrie aéronautique et lui permettre d’être plus compétitive et plus décarbonée au XXIe siècle », a défendu le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. La priorité est la sauvegarde des emplois. Airbus, Safran, Thales, Dassault et leurs sous-traitants se sont engagés à « préserver au maximum les emplois en France » mais « soyons lucides, il y aura des ajustements nécessaires », a prévenu Bruno Le Maire. Le ministre espère limiter les suppressions de postes en assurant des garanties à l’export de plusieurs milliards d’euros.

Ensuite le gouvernement veut moderniser la filière dans ses process et ses produits. L’objectif est que la France devienne le leader de l’aviation zéro carbone. « La France peut être dans les années à venir le pays d’Europe où se concevront et où se produiront les avions de demain », croit Bruno Le Maire. Pour cela la France va investir 1,5 milliards d’euros d’ici fin 2022 pour soutenir la recherche et développement. 

« Face aux difficultés économiques immédiates, il y a un risque de baisse des dépenses de R&D d’innovation et d’ingénierie. Ce serait une erreur pour l’avenir économique de la filière(…) et une erreur bien sûr pour la lutte contre le dérèglement climatique. C’est bien maintenant qu’il faut investir pour avoir des modèles d’avions ultra-sobres en énergie et en émissions de gaz à effet de serre et répondre ainsi aux exigences de l’Accord de Paris », a défendu la ministre de la Transition écologique et solidaire Élisabeth Borne.

Pas de réduction du trafic 

Le but est de préparer le successeur de l’A320, « l’avion commercial le plus vendu dans le monde » en développant un avion court et moyen-courrier avec un objectif de -30 % de consommation de carburant d’ici le début de la décennie 2030. Cela permettra de passer, dès 2035, à l’hydrogène pour un avion « zéro émission ». Le gouvernement défend une philosophie qu’il assure avoir appliquée pour l’automobile avec un plan à huit milliards d’euros et la sauvegarde d’Air France : sauver et transformer en accélérant la transition écologique des secteurs en question. 

L’État a fait le choix de miser exclusivement sur les nouvelles technologies pour faire baisser les émissions du secteur arien. Dans un récent rapport, le think tank The Shift Project assure pourtant que pour réduire les émissions du secteur, il faudra aussi limiter le trafic aérien en constante augmentation. Un constat partagé par 550 étudiants du secteur de l’aéronautique qui, dans une tribune parue le 29 mai dans Le Monde, écrivent : « Le progrès technique ne peut, à lui seul, permettre la réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur aérien, indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique, et donc au maintien des conditions d’habitabilité de la Terre. Les efforts technologiques doivent être menés de concert avec des choix politiques et économiques en faveur d’une réduction globale du trafic. »

Une des contreparties du plan de soutien de sept milliards d’euros accordée à Air France était pourtant que la compagnie aérienne limite drastiquement les vols domestiques dès lors qu’une alternative ferroviaire de moins de 2h30 existe. Une condition pas assez ambitieuse notait le Réseau Action Climat. L’ONG estime que seulement 0,5 % à 6,6 % des émissions de CO2 du secteur seraient réduites avec cette mesure.