Viktor Orban, le maître d’une Hongrie « illibérale » – EURACTIV.fr

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Autocrate pour les uns, défenseur de la nation pour les autres, Viktor Orban dirige et divise depuis douze ans la Hongrie, un pays que le dirigeant souverainiste a profondément transformé.

À 58 ans, le Premier ministre sortant, dont le parti est arrivé en tête des législatives dimanche (3 avril), semble inamovible malgré une opposition cette fois unie et un isolement en Europe exacerbé par la guerre en Ukraine.

Plus ancien dirigeant en exercice dans l’Union européenne, il est devenu un modèle des droites dures en Europe et outre-Atlantique. L’ancien président américain Donald Trump voit en lui « un grand leader » qui « protège la Hongrie et freine l’immigration illégale ».

Ancien espoir du camp libéral

C’est pourtant en jeune libéral qu’à 26 ans, il se fait un nom quand, cheveux au vent et chemise blanche, il défie le régime communiste à Budapest avec un discours enflammé, en juin 1989, pour la liberté, lors d’un hommage aux victimes du Soulèvement de 1956.

Cofondateur un an plus tôt de l’Alliance des jeunes démocrates (Fidesz), il devient le symbole des aspirations de la Hongrie à se libérer du totalitarisme et à adopter les valeurs occidentales.

Premier ministre en 1998, à seulement 35 ans, il doit cependant abandonner le pouvoir quatre ans plus tard après sa défaite de justesse face au Parti socialiste, héritier des anciens communistes. Une humiliation qu’il n’oubliera jamais.

Revenu au pouvoir en 2010, alors que le pays est profondément ébranlé par la crise économique et par des scandales liés au précédent gouvernement de gauche libérale, il entreprend de cimenter l’emprise de son parti sur les médias et toutes les institutions du pays au nom du salut de la « nation hongroise ».

« Révolution conservatrice »

Confortablement réélu en 2014, puis en 2018, ce père de cinq enfants revendique désormais l’exercice d’une « démocratie illibérale » — assumant un certain autoritarisme et relativisant le primat des droits de l’Homme.

Au nom de la protection d’une « Europe chrétienne », le dirigeant récuse le droit d’asile des migrants originaires d’Afrique ou du Moyen-Orient, qu’il assimile régulièrement à des « terroristes » en puissance. Et a fait ériger à partir de 2015 une clôture de plusieurs centaines de kilomètres aux frontières sud de la Hongrie.

Chantre d’une « révolution conservatrice », M. Orban vante les valeurs familiales traditionnelles et adopte un arsenal de mesures anti-LGBT+.

Aux critiques de Bruxelles sur la corruption présumée dans les cercles du gouvernement et les atteintes répétées à l’État de droit, le Premier ministre oppose les intérêts hongrois et fustige « l’élite technocratique », tout en bénéficiant des fonds européens.

La Commission a toutefois durci le ton et privé, pour le moment, la Hongrie des fonds du plan de relance post-Covid.

Cimenter le pouvoir

Viktor Orban a aussi rompu avec ses partenaires conservateurs européens. Son parti, le Fidesz, a claqué la porte du groupe PPE au Parlement européen et entamé des tractations pour se rapprocher de l’extrême droite.

Son alliance avec Varsovie a par ailleurs été récemment ébranlée par sa proximité avec le président russe Vladimir Poutine, qu’il a pris garde de ne pas condamner nommément même s’il a dénoncé l’invasion de l’Ukraine.

Né le 31 mai 1963, ce passionné de football, qui a lancé en 2010 un ambitieux programme national de construction et rénovation des stades, a grandi dans une famille modeste, près de Budapest.

Il a su attirer les électeurs des zones rurales, qui lui sont gré d’un chômage au plus bas (3,8 %), d’une croissance dynamique (7,1 % en 2021) et d’une active politique nataliste.

Avec ce nouveau mandat, Viktor Orban va poursuivre son édification d’« un régime qu’il sera difficile de remplacer, de renverser dans les urnes », commente pour l’AFP Gabor Gyori, analyste de l’institut Policy Solutions.

Pour asseoir son pouvoir, il ambitionne de « renforcer son influence dans toutes les sphères de la vie, l’économie, la culture, l’éducation », décrypte l’expert.

« Il veut laisser durablement sa marque ».

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