Concentrations : la Commission autorise l’acquisition de Lagardère par Vivendi sous certaines conditions

La Commission européenne a autorisé, en vertu du règlement de l’UE sur les concentrations, le projet d’acquisition de Lagardère par Vivendi. La décision de la Commission est subordonnée au respect intégral des engagements proposés par Vivendi.

La décision d’aujourd’hui fait suite à une enquête approfondie sur l’acquisition envisagée. Vivendi et Lagardère sont deux grands groupes multimédias français. Vivendi (via Editis) et Lagardère (via Hachette) sont notamment des acteurs de premier plan du secteur de l’édition de livres dans les pays francophones de l’Union européenne. Les deux entreprises sont actives tout au long de la chaîne de valeur du livre, de l’acquisition des droits d’édition à la commercialisation, la distribution et la vente de livres aux détaillants. Les deux groupes participent également à d’autres activités liées aux médias, telles que la presse et les spectacles vivants en France. Lagardère est également présente dans le secteur de la radio et Vivendi dans celui de la production audiovisuelle.

L’enquête de la Commission

Au cours de son enquête approfondie, la Commission a recueilli bon nombre d’informations et de retours d’information auprès de nombreux acteurs du marché, dont des auteurs, des éditeurs, des vendeurs de livres au détail et des lecteurs.

À la suite de son enquête sur le marché, la Commission craignait que l’opération, telle que notifiée initialement, nuise à la concurrence dans le secteur de l’édition de livres, en particulier sur les marchés de l’achat de droits d’auteur pour des livres en langue française et de la distribution, de la commercialisation et de la vente de livres en langue française aux détaillants. La Commission craignait également que l’opération, telle que notifiée initialement, nuise à la concurrence dans le secteur des magazines de presse. En particulier, la Commission a constaté ce qui suit:  

  • Editis et Hachette sont les acteurs du marché numéros un et deux à la plupart des niveaux de la chaîne de valeur du livre, où ils sont en concurrence étroite. Leur présence intégrée à différents niveaux de la chaîne de valeur du livre renforce encore leur position sur divers marchés de l’édition de livres.
  • Il n’existe qu’un nombre limité d’acteurs crédibles actifs tout au long de la chaîne de valeur du livre et capables de concurrencer l’entité issue de la concentration. En conséquence, l’opération aurait considérablement réduit la concurrence sur les marchés de l’édition de livres, ce qui aurait eu des répercussions négatives sur les auteurs, les petits éditeurs, les vendeurs de livres au détail et, en définitive, les consommateurs.
  • L’opération aurait réduit le choix et augmenté les prix des magazines «people» en France, dont Paris Match de Lagardère et Gala de Vivendi, qui sont en concurrence très étroite.

Les mesures correctives

Afin de répondre aux préoccupations de la Commission en matière de concurrence, Vivendi a proposé un ensemble de mesures correctives substantielles, consistant à céder intégralement:

  • les activités d’édition de Vivendi, à savoir Editis et ses entités, y compris des éditeurs connus tels que Robert Laffont, Nathan, Le Robert et Pocket; ainsi que
  • le magazine «people» Gala de Vivendi, publié en France.

Ces engagements répondent intégralement aux problèmes de concurrence relevés par la Commission. Les commentaires reçus des clients et des concurrents lors de la consultation des acteurs du marché sur les engagements proposés ont confirmé le point de vue de la Commission selon lequel les actifs cédés constituent une activité viable qui permettrait à un acheteur potentiel de concurrencer de manière effective l’entité issue de la concentration.

La Commission est donc parvenue à la conclusion que l’opération, telle que modifiée par les engagements, ne poserait plus de problème de concurrence. La décision de la Commission est subordonnée au respect intégral des engagements contractés. Un mandataire indépendant contrôlera leur mise en œuvre sous la supervision de la Commission.

La Commission évaluera l’adéquation des acheteurs proposés par Vivendi dans le cadre d’une procédure d’approbation distincte de l’acheteur. En vertu des engagements, Vivendi ne peut réaliser l’acquisition de Lagardère qu’après l’approbation d’un acquéreur approprié par la Commission.

Au cours de son enquête approfondie, la Commission a travaillé en étroite coopération avec les autorités de concurrence et de régulation, notamment l’autorité française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique («ARCOM») et l’autorité française des marchés financiers («AMF»).

Les sociétés et leurs produits

Vivendi est un groupe mondial français de médias et de divertissement présent principalement sur différents marchés par l’intermédiaire de ses filiales: télévision et cinéma (groupe Canal+), édition de livres (Editis), magazines (Prisma Media), jeux vidéo (Gameloft) et publicité (groupe Havas). Vivendi est contrôlée par le groupe Bolloré, une entreprise mondiale active dans trois domaines principaux: transports et logistique, médias et communications, stockage de l’électricité. 

Lagardère est un groupe mondial français de médias et de divertissement présent sur différents marchés par l’intermédiaire de ses filiales: édition de livres (Hachette), «travel retail» (Lagardère Travel Retail), presse et radio (Europe 1) et spectacles vivants (Lagardère Live Entertainment).

Contrôle et procédures en matière de concentrations

L’opération a été notifiée à la Commission le 24 octobre 2022 et celle-ci a ouvert une enquête approfondie le 30 novembre 2022.

La Commission a pour mission d’apprécier les fusions et les acquisitions entre entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse certains seuils (voir l’article 1er du règlement sur les concentrations) et d’empêcher les concentrations qui entraveraient de manière significative l’exercice d’une concurrence effective dans l’EEE ou une partie substantielle de celui-ci.

La grande majorité des concentrations notifiées ne posent pas de problème de concurrence et sont autorisées après un examen de routine. À partir de la date de notification d’une opération, la Commission dispose en général d’un délai de 25 jours ouvrables pour décider d’autoriser cette opération (phase I) ou d’ouvrir une enquête approfondie (phase II).

Quatre autres enquêtes de phase II sur des concentrations sont actuellement en cours: i) le projet d’acquisition d’eTraveli par Booking; ii) le projet d’acquisition de VMware par Broadcom; iii) le projet d’acquisition d’Asiana par Korean Air: et iv) le projet de création d’une entreprise commune par Orange et MasMovil.

Des informations plus détaillées seront disponibles sur le site web de la DG Concurrence, dans le registre public des affaires de concurrence de la Commission, sous le numéro M.10433.

Citation(s)

Vivendi et Lagardère sont des éditeurs de livres et de magazines de langue française de premier plan. Nous devons veiller à ce que les marchés de l’édition de livres et de la presse restent concurrentiels et diversifiés, afin de favoriser une pluralité d’idées et d’opinions. Les mesures correctives proposées par Vivendi permettront de préserver la concurrence existante sur ces marchés, au bénéfice des consommateurs.Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence – 09/06/2023

Concentrations (europa.eu)