Harcèlement et violence contre les femmes : quelle action européenne ?

En cette journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, le Taurillon, en partenariat avec Voix d’Europe, fait le point sur les initiatives et les mesures adoptées par les institutions européennes dans ce combat quotidien. La lutte contre le harcèlement et les violences doit être portée à toute échelle : locale, régionale, nationale, européenne et mondiale.

Le 15 novembre dernier, Voix d’Europe a publié un article sur la mobilisation de l’Union européenne dans la lutte contre toutes les formes de violence sexuelles. En voici un large extrait :

L’Europe veut rompre le silence

« Face à l’ampleur de ce mouvement contestataire, le Parlement européen s’est lui aussi emparé du sujet afin de demander à la Commission « de proposer une stratégie à l’échelle européenne, incluant un projet législatif contenant des instruments contraignants pour protéger les femmes contre la violence, notamment le harcèlement et les abus sexuels à l’encontre des femmes et des filles ». Il a également demandé au pouvoir exécutif de l’Union de se pencher sur les cas d’abus sexuels survenus au sein même du Parlement. Pour ce faire, les eurodéputés, qui condamnent fermement ces violences, ont appelé à créer un comité d’experts indépendants pour examiner la situation dans les locaux de l’institution.

De nouvelles mesures au sein des institutions européennes mais aussi nationales

En outre, les parlementaires européens ont déploré le manque de réaction face à ces actes inacceptables et souhaitent mettre en œuvre des mesures afin de lutter contre le faible taux de signalement. Une tolérance zéro sera donc de rigueur et la poursuite systématique des auteurs des faits sera encourue. Les membres du Parlement se sont aussi mis d’accord sur le lancement de campagnes de sensibilisation pour lutter contre le harcèlement sexuel et libérer la parole des victimes. La résolution a accueilli une très large approbation de l’hémicycle : elle a été adoptée par 580 voix pour, 10 voix contre et 27 abstentions. Les cas de harcèlement sexuel qui se sont produits au Parlement européen vont être sérieusement examinés et des « formations obligatoires pour le personnel et les députés sur le respect et la dignité au travail » doivent bientôt être mises en place. Après un état des lieux au niveau européen, les États membres devront très probablement eux aussi faire la lumière sur les affaires d’abus sexuels au sein des parlements nationaux. Il conviendra alors aux pays de prendre des mesures pour que de tels agissements ne se reproduisent plus. »

L’UE, signataire de la Convention d’Istanbul

En juin 2017, l’Union européenne a – enfin – officiellement signé et adhéré à la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul, adoptée le 7 avril 2011, entrée en vigueur le 1er août 2014). Cette signature n’est pas seulement symbolique [1] ; elle envoie un message fort aux Etats membres de l’Union européenne (seulement 14 d’entre eux ont ratifié la Convention, les 14 autres ayant uniquement signé la Convention pour l’instant), et à la communauté internationale, en reconnaissant le cadre juridique paneuropéen inscrit dans cette Convention.

Mais évidemment, beaucoup reste à faire dans la lutte contre le harcèlement et les violences faites aux femmes et aux filles, ainsi que dans la perception de ces violences. Une enquête d’Eurobaromètre de novembre 2016 révélait la perception de ces violences par les citoyens européens : « 27% des sondés pensent ainsi que le viol peut se justifier dans certaines circonstances (être ivre ou porter une tenue légère, par exemple). », « 22% considèrent que les femmes exagèrent ou même inventent les accusations de viol ou de mauvais traitement, ce chiffre allant de 8% en Suède à 47% à Malte. » [2]

La lutte contre toutes les formes de violence faites aux femmes et aux filles ne se résume pas aux mesures entreprises par les institutions européennes et les Etats membres de l’Union européenne, loin de là. Il est impossible de recenser ici et d’informer sur toutes les initiatives qui sont portées quotidiennement à l’échelle locale. C’est l’action de nombreuses ONG, d’associations, de collectifs, de médias, qui permet de briser le silence et de donner à la parole des femmes et des filles, une résonance mondiale. A chacune et chacun d’entre nous de transformer cette parole en actes, car la lutte pour l’élimination des violences à l’égard des femmes n’est pas le combat d’un jour – du 25 novembre – mais un combat quotidien dans lequel nous devons toutes et tous nous engager.

Un article publié par Le Taurillon.