Stratégie militaire : l’UE, complémentaire de l’OTAN ? – EURACTIV.fr

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Après deux ans d’élaboration, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l’UE ont approuvé le projet de la future stratégie militaire de l’UE, qui prévoit de renforcer la sécurité et la défense de l’Union d’ici à 2030.

« Les menaces augmentent et le coût de l’inaction est évident. La Boussole stratégique constitue un guide pour passer à l’action », a déclaré le diplomate en chef de l’UE, Josep Borrell.

« L’adoption de ce document envoie un signal fort d’unité et de détermination. Et elle intervient à un moment très important, car nous devons absolument renforcer nos capacités en matière de sécurité et de défense », a-t-il ajouté.

Les dirigeants européens devraient donner leur approbation finale dans le courant de la semaine lors de leur sommet de jeudi et vendredi, auquel participera également le président américain Joe Biden.

Pour la France, qui réclame depuis longtemps une « autonomie stratégique » de l’UE, le document est une pièce maîtresse de la présidence française de l’UE, mais a été éclipsé par la guerre en Ukraine.

La première version avait été présentée aux ministres des Affaires étrangères de l’UE à la mi-novembre, l’objectif étant que le document « définisse une vision stratégique commune de la sécurité et de la défense de l’UE pour les cinq à dix prochaines années ».

La Russie était déjà en tête de la section consacrée à l’analyse des menaces, mais le texte du projet, qui a déjà été révisé six fois par les États membres, contient des termes qui auraient été considérés comme parfaitement inconcevables il y a deux ans à peine.

L’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine a entraîné une réécriture importante du document, la menace sécuritaire de l’agression de Moscou devenant le fil conducteur des dernières versions du document.

« Bien entendu, il [le document] n’est pas une réponse à la guerre d’Ukraine — nous avons commencé à y travailler il y a deux ans », a déclaré M. Borrell aux journalistes.

« Mais il est très opportun que nous approuvions cette Boussole stratégique à un moment où chaque citoyen européen peut comprendre l’objectif d’un document qui veut accroître la force de l’UE en tant que garant de la sécurité », a-t-il ajouté.

La version finale indique que « l’environnement sécuritaire plus hostile nous oblige à faire un bond en avant, en renforçant notre volonté et notre capacité d’action ».

Toutefois, pour l’UE, cela signifie surtout qu’elle se cantonnera à des opérations de crise limitées par le biais de la nouvelle force de déploiement rapide de l’UE, une unité permanente de 5 000 hommes qui pourrait être déployée « dans des environnements non permissifs ».

Cette force serait axée sur les « opérations de sauvetage et d’évacuation » et sur la « phase initiale des opérations de stabilisation », mais les experts doutent qu’une évacuation comme celle qui a eu lieu en Afghanistan l’année dernière soit possible.

Elle est censée se fonder sur les capacités nationales et sur des « groupements tactiques de l’UE substantiellement remaniés », qui n’existent que sur le papier depuis 2009 et n’ont jamais été utilisés.

Au cours du processus de rédaction, les États membres d’Europe de l’Est ont insisté pour que soit ajoutée, au début du document, une référence obligatoire au fait que l’OTAN « reste le socle de la défense collective de ses membres », répétée plusieurs fois, afin de fixer une limite aux ambitions futures de l’Union.

Les États membres ont ainsi défini pour la première fois une répartition des tâches entre les deux organisations, qui, soulignent-ils, est complémentaire de l’OTAN.

« Il ne s’agit pas de créer une armée européenne », a déclaré M. Borrell aux journalistes, précisant qu’il s’agirait d’exercices conjoints, par exemple dans le domaine de la cyberdéfense, mais pas d’un équivalent du devoir de défense mutuelle de l’OTAN.

« Nous ne pouvons pas agir seuls, et nous désirons agir de manière plus coordonnée entre nous, et nous souhaitons agir de manière plus intégrée avec nos partenaires », a-t-il déclaré lorsqu’on l’a interrogé sur une éventuelle duplication des efforts.

« Nous agirons en complémentarité avec l’OTAN, qui reste certainement la pierre angulaire de la défense territoriale de l’Europe, mais nous, Européens, avec ce document, avons affirmé notre ferme volonté d’être un pourvoyeur de sécurité plus fort pour nos citoyens », a-t-il ajouté.

Alors que 21 États membres de l’UE appartiennent à l’OTAN, la Suède et la Finlande ont veillé à ce que la Boussole stratégique comprenne un engagement relatif à la clause de défense mutuelle du traité de l’UE, à savoir l’article 42, paragraphe 7.

Avec la guerre en Ukraine, l’UE a brisé certains de ses tabous de longue date, l’un des plus notables étant qu’elle ne peut utiliser ses ressources pour fournir des armes à un pays tiers, même s’il est en détresse.

« Ce n’est que le début (…) Nous devons évaluer nos lacunes en matière de défense, nous devons combler ces lacunes. Nous devons être efficaces et coordonnés. Nous devons accroître notre capacité de résistance », a déclaré M. Borrell aux journalistes.

Si l’ambition de certains États membres influents de l’UE, comme la France, était que l’UE s’émancipe de l’OTAN en poursuivant son propre projet de défense, la guerre de M. Poutine en Ukraine a certainement bouleversé ces plans.

Avec la guerre aux frontières de l’UE, la confiance dans l’alliance transatlantique n’a jamais été aussi forte au sein des pays de l’UE et de l’OTAN.

En revanche, de nombreux autres pays de l’UE, notamment de l’Est, qui ont prôné la « complémentarité » entre l’OTAN et la défense de l’UE, semblent être sur le point de voir leurs objectifs se réaliser.

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