Politique économique extérieure – une approche plus stratégique

Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont engagés le 30 juin à « réduire leur dépendance vis-à-vis de Pékin, sans pour autant couper les ponts »

L’Union européenne continuera de réduire ses dépendances et vulnérabilités, y compris dans ses chaînes d’approvisionnement, réduira les risques et se diversifiera si nécessaire et approprié”,

CHINA (extraits – European Council meeting (29 and 30 June 2023) – Conclusions

  • 30.The European Council continued its strategic discussion on the EU’s relations with China and reaffirmed the EU’s multifaceted policy approach towards China, where it is simultaneously a partner, a competitor and a systemic rival. Despite their different political and economic systems, the European Union and China have a shared interest in pursuing constructive and stable relations, anchored in respect for the rules-based international order, balanced engagement and reciprocity.
  • 31. The European Union will continue to engage with China to tackle global challenges and encourages China to take more ambitious action on climate change and biodiversity, health and pandemic preparedness, food security, disaster reduction, debt relief, and humanitarian assistance.
  • 32. The European Union and China continue to be important trade and economic partners. The European Union will seek to ensure a level playing field, so that the trade and economic relationship is balanced, reciprocal and mutually beneficial. In line with the Versailles agenda, the European Union will continue to reduce critical dependencies and vulnerabilities, including in its supply chains, and will de-risk and diversify where necessary and appropriate. The European Union does not intend to decouple or to turn inwards. Conclusions – 29 and 30 June 2023 EUCO 7/23 10 EN
  • 33. As a permanent member of the UN Security Council, China has a special responsibility in upholding the rules-based international order, the United Nations Charter and international law. Hence, the European Council calls on China to press Russia to stop its war of aggression, and immediately, completely and unconditionally withdraw its troops from Ukraine.
  • 34. The East and South China Seas are of strategic importance for regional and global prosperity and security. The European Union is concerned about growing tensions in the Taiwan Strait. The European Council opposes any unilateral attempts to change the status quo by force or coercion. It reconfirms the EU’s consistent ‘One China policy’.
  • 35. The European Union remains firmly committed to the promotion of respect for human rights and fundamental freedoms. The European Council welcomes the resumption of the Human Rights Dialogue with China. It reiterates its concerns regarding forced labour, the treatment of human rights defenders and persons belonging to minorities, the situation in Tibet and Xinjiang, as well as the honouring of China’s previous commitments related to Hong Kong.

Cette approche est prônée par la Commission de l’UE depuis quelques mois

Le régime de filtrage des investissements étrangers déjà existant pourrait enfin être utilisé afin de limiter la fuite des avoir-faire dans les « secteurs sensibles »… Bruxelles lance le débat sur la « sécurité économique » de l’UE !

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. (Virginia Mayo/Ap/SIPA)

Par Fabienne Schmitt publié le 20 juin 2023 LES ECHOS Extraits

https://www.lesechos.fr/monde/europe/lue-blinde-sa-politique-economique-face-a-la-menace-chinoise-1954145

Surveillance des technologies critiques, contrôle des exportations, filtrage des investissements sortants … Une vrai nouvelle posture enfin, affirmée après la prise de conscience des risques sur les chaînes d’approvisionnement globales (covid, Ukraine, tensions avec la Chine, etc) et notre dépendance  en matières premières critiques dont le gaz russe mais pas seulement.

Bruxelles lance le débat sur la « sécurité économique » de l’UE

. « L’Union doit réduire ses vulnérabilités sans cesser de rester économiquement ouverte, y compris à son rival et partenaire chinois, sans lequel l’indispensable co-construction d’un ordre mondial stable et décarboné est vouée à l’échec« 

que faire ?

  • revoir le filtrage des investissements étrangers sur son territoire, pour aller un cran plus loin.
  • limiter les sorties d’argent,
  • contrôler les transferts de savoir-faire, dans des secteurs sensibles, susceptibles d’être exploités à des fins militairespar un contrôle des exportations des armes à des pays hostiles. Mais aussi les « technologies avancées », comme l’intelligence artificielle ou l’informatique quantique.

Sujet du Sommet européen du 29 juin qui risque d’être complexe entre les Etats inquiets de leur souveraineté et sécurité nationale et ceux qui ne veulent pas compromette des accords commerciaux avec des puissances comme la Chine et d’autres…


À LIRE Filtrage des investissements étrangers : à quoi sert le “système d’alerte” de l’UE ?
La Commission mise ​sur des ​instruments ​légaux ​existants, mais ​peu ou pas utilisés​ ​dont le règlement de filtrage ​ ​des ​ investissements étrangers

La volonté de relocaliser les industries stratégiques

Au cours des années 2000, de nombreuses entreprises ont fait le choix, principalement pour des raisons de coût, de transférer leur production à des fournisseurs étrangers. Mais les différentes crises liées au Covid, à la guerre en Ukraine et à l’inflation ont changé la donne.

Les industriels ont pris conscience que faire fabriquer ses produits à des milliers de kilomètres pouvait poser toutes sortes de problèmes tant du point de vue de la qualité, de la sécurité que de la planification et de la gestion des priorités.

Certaines problématiques de fond prennent également de l’importance dans la stratégie des entreprises. L’impact écologique, les modes de production éthiques et les émissions de carbone sont désormais au cœur des préoccupations.

Dans ce contexte, de plus en plus de sociétés décident finalement de réindustrialiser, c’est à dire de rapatrier leur production en France ou près de nos frontières.

Ainsi, actuellement, environ 80% des produits de grande distribution sont issus d’une industrie qui a été relocalisée. De même dans l’automobile, des usines d’assemblage reviennent en France, alors qu’elles étaient encore il y a peu, implantées en Chine.

Pourquoi les entreprises réindustrialisent-elles ?

Après plusieurs décennies de délocalisations, les industries ne considèrent plus que le futur est de disposer de toujours plus d’usines à travers le monde et de sous-traiter. Elles semblent désormais faire machine arrière.

Plusieurs raisons expliquent ce choix :

La maîtrise du risque

L’un des enjeux majeurs de la relocalisation est de réduire l’exposition de l’entreprise aux risques. Notamment, au risque de rupture d’approvisionnement et de pénurie. Relocaliser la production permet de réduire ce risque.

Le savoir-faire et la qualité

Relocaliser, c’est garder la main sur son savoir-faire. Un point crucial, au cœur des valeurs de l’entreprise. En relocalisant, l’entreprise limite considérablement les problèmes de non-qualité. De plus, elle court beaucoup moins de risques de se faire copier ses produits originaux !

La maîtrise des délais

La délocalisation implique des délais de livraison longs et mal maîtrisés. La relocalisation réduit ces délais et permet à l’entreprise de gagner en agilité, tout en évitant les risques de ruptures de stock.

La réduction des coûts

Contrairement aux idées reçues, délocaliser n’est plus forcément synonyme de réduction des coûts.

Rapatriement des activités de production : quels enjeux et conséquences pour la Supply Chain ?

Il y a aujourd’hui beaucoup d’exemples encourageants de relocalisations réussies. Cependant, il faut garder à l’esprit qu’une relocalisation est toujours synonyme de changements majeurs pour l’entreprise. Avec l’arrivée – ou le retour – du volet production, certaines entreprises vont devoir repartir quasiment de zéro !

Les entreprises qui relocalisent doivent passer par une phase d’adaptation, où le fonctionnement global est totalement remis en question. Progressive, cette phase plus ou moins longue passe par différentes incertitudes, tâtonnements, notamment à propos des capacités de production. Durant cette phase transitoire, l’entreprise reprend la main sur la production et réalise en parallèle des approvisionnements complémentaires pour les produits qu’elle n’est pas encore en mesure de fabriquer.

La Supply Chain doit par ailleurs se réadapter à des délais et des tailles de lots radicalement différents. Plus besoin désormais de disposer de plusieurs mois de stocks d’avance alors que l’usine relocalisée peut produire en seulement 15 jours, par exemple.

En définitive, la réindustrialisation doit nécessairement passer par la conduite de changement. Ce processus permet notamment de réapprendre à l’entreprise le métier de la production et l’aide à changer des habitudes souvent ancrées depuis de nombreuses années. La réorganisation en matière de personnes et d’outils autour de la planification industrielle à long terme demande également de tout repenser de A à Z. Or, c’est un point très critique de la Supply Chain.

Pour que la conduite de ce changement soit totalement réussie, certains piliers fondamentaux doivent être respectés. L’un des challenges majeurs consiste à aligner les fonctions de Supply Chain et de stratégie, de faire monter en compétences certains collaborateurs au moyen de formations adaptées et de recruter pour la fabrication.

Enfin, il est nécessaire de mettre en place un système collaboratif ou chacun communique et où aussi bien les services commerciaux que financiers interviennent pour ajouter leurs connaissances métier à la planification. Dans ce contexte, une bonne option consiste à opter pour un outil S&OP. La réindustrialisation est un processus ultra stratégique.

Attention donc à prendre les bonnes décisions et à s’appuyer sur des processus, outils et dispositifs structurés pour mener à bien son projet et aligner le stratégique à l’opérationnel.

Par Nicolas Commare chez Colibri

Rapatriement des activités de production en France et en Europe : un enjeu d’actualité ? (gpomag.fr)

Relocaliser les industries de l’UE dans le cadre de la réindustrialisation

Conférence sur « Relocaliser les industries de l’UE dans le cadre de la réindustrialisation »

Il convient de revitaliser l’industrie, et plus particulièrement l’industrie manufacturière.  Le plan de la Commission devrait être transformé en un « pacte social européen pour une nouvelle industrie durable et compétitive ». Des politiques favorisant le rapatriement de la production peuvent contribuer à la réalisation des objectifs proposés.

Le CESE se félicite qu’Eurofound ait été chargé de rassembler un ensemble de données nécessaires pour comprendre l’ampleur du phénomène de rapatriement et trouver des solutions possibles.

La politique industrielle intégrée de l’UE devrait être axée sur la chaîne de valeur globale et englober les activités de recherche, d’innovation et de développement.

Parmi les recommandations du CESE figurent les mesures suivantes:

• créer de nouvelles zones et installations industrielles ou revitaliser du point de vue des technologies modernes celles qui ont réduit leurs activités à la suite de la délocalisation de l’industrie manufacturière;
• moderniser ou rénover les outils et processus de production afin de les mettre en conformité avec les nouvelles exigences en matière de développement durable;


• définir des politiques visant à accélérer l’innovation et la productivité afin de créer un avantage compétitif;
• définir de nouveaux instruments bancaires afin de faciliter l’accès aux financements et accélérer les investissements requis;
• promouvoir des actions visant à garantir la participation des industries manufacturières européennes à toutes les étapes de la chaîne de valeur;


• prévoir un système de taxation plus équilibré et stable afin de promouvoir la consommation domestique et d’attirer les investissements directs étrangers (IDE);
• intégrer la réindustrialisation et le rapatriement dans une politique industrielle européenne durable axée sur les investissements, les technologies, l’entrepreneuriat, l’éducation, l’innovation, la recherche, les prix de l’énergie, les infrastructures, le commerce, etc.;
• mettre en place des centres d’information spécifiques concernant les opérations de délocalisation et de rapatriement;


• répondre au besoin d’une réglementation cohérente, stable et sûre;
• garantir le fonctionnement effectif du marché intérieur;
• adopter une législation en matière d’environnement cohérente avec les cycles de compétitivité et d’investissement de l’industrie européenne;
• moderniser les infrastructures;
• financer les besoins des entreprises;
• soutenir la politique énergétique européenne;
• garantir des emplois qualifiés sur le marché européen;


• lutter contre le manque de capacités et la pénurie de compétences dans l’industrie manufacturière;
• élaborer un système de gestion efficace des ressources humaines, qui stimule l’activité et les compétences professionnelles ainsi que l’esprit d’innovation et exploite en particulier le potentiel créatif d’acteurs de la société civile tels que les associations nationales et européennes réunissant les cadres du domaine de l’ingénierie et des sciences.

Relocaliser les industries de l’UE dans le cadre de la réindustrialisation | European Economic and Social Committee (europa.eu)

Le contexte de la rivalité sino-américaine

En 2019 on se demandait encore si les Etats-Unis voulaient « réformer l’Organisation mondiale du commerce, s’en affranchir ou le démanteler ? »[1] alors qu’ils bloquaient le renouvellement des juges et le fonctionnement de l’organe d’appel de l’OMC. Désormais, la réponse est plus claire.

Les distorsions de concurrence du capitalisme d’Etat chinois provoquent de tels déséquilibres systémiques au sein du système libéral d’économie de marché que les États-Unis ont décidé de s’ affranchir de certaines règles multilatérales au nom de la sécurité nationale. À leur tour, ils adoptent des mesures coercitives et une stratégie industrielle aux caractéristiques chinoises qui s’appuie sur des subventions massives et des clauses de contenu local. Les annonces agressives se multiplient du côté de Washington et de Pékin

La course au leadership technologique s’accélère en même temps qu’une réorganisation de la mondialisation qui peut aussi bien conduire à la coexistence de blocs rivaux qu’à une escalade de mesures de rétorsion et une fragmentation des chaînes de valeur mondiales.

Le reste du monde doit s’adapter à ce contexte plus conflictuel. Certaines initiatives américaines qui visent la Chine impactent aussi les pays tiers, comme le plan massif d’aides d’État adopté à Washington en août 2022, Inflation Reduction Act (IRA). Il doit permettre d’accélérer l’innovation et la production des technologies vertes aux Etats-Unis pour atteindre l’objectif de neutralité carbone, tout en réduisant la dépendance à la technologie chinoise et en coupant la Chine de l’accès aux technologies américaines pour freiner son économie.

Les aides d’État dépasseront sans doute à terme les 369 milliards de dollars (345 milliards d’euros) prévus sur dix ans car les projets de financements ne sont pas tous plafonnés. L’inquiétude que suscite cette aide publique est d’autant plus massive que le dollar offre aux États-Unis une capacité de subvention illimitée. Elle est renforcée par les clauses de contenu local, qui créent une distorsion de concurrence entre les entreprises implantées aux Etats-Unis et les autres[2].

Les Européens doivent répondre afin d’éviter un détournement de l’investissement européen vers les États-Unis alors que le coût de l’énergie y est déjà bien moins élevé qu’en Europe, sans susciter une course aux subventions entre Etats membres de l’UE qui fragiliserait les règles de concurrence équitable sur lesquelles est bâti le Marché unique.

L’enjeu est cependant plus vaste que la seule réponse à l’IRA et concerne plus largement l’accès à des technologies qui vont transformer en profondeur nos économies et nos sociétés. Ce sont des secteurs en expansion très prometteurs sur lesquels les Européens auraient tort de ne pas se positionner en développant leurs propres capacités d’innovation et de production.

Surtout pour accéder à ces technologies, on ne pourra plus reposer sur la confiance dans un marché mondial ouvert, alors qu’il devient plus difficile de naviguer entre des restrictions aux exportations obéissant à des considérations géopolitiques. Les Européens entreprennent de réduire plus activement leurs dépendances stratégiques, en particulier à des importations de biens pour lesquels il y a une forte concentration de la production en Chine.

Mais ils doivent aussi anticiper un nouveau risque de concentration de l’innovation technologique et de la production et donc de nouvelles dépendances aux deux pays engagés dans cette course technologique.

Ce papier n’entre pas dans le détail de l’IRA et du Plan industriel vert de la Commission européenne proposé le 1er février 2023[3] ; mais évalue les enjeux de la mutation de la mondialisation pour situer le débat européen au bon niveau stratégique. L’impact de la priorité américaine accordée à la sécurité nationale (I) et le risque d’engrenage des restrictions aux exportations (II) appellent à calibrer une réponse européenne qui ne se limite pas à l’IRA (III).

Les Européens doivent adapter leur Marché intérieur à cette nouvelle ère pour en faire un levier d’autonomie stratégique en alliant, d’une part, une stratégie de diversification des approvisionnements et de l’accès à la demande extérieure et, d’autre part, un renforcement de l’innovation et production qui passe par une « mutualisation équitable » des capacités bénéfiques à tous les États membres.

https://europe.vivianedebeaufort.fr/europe-rivalite-sino-americaine/

La prise de conscience allemande sur notre sécurité

L’Allemagne a pris conscience des risques militaires, économiques et sociaux croissants auxquels elle est confrontée. C’est ce qu’a déclaré le gouvernement en dévoilant sa toute première stratégie de sécurité intégrée, un fait sans précédent dans l’histoire du pays depuis la Seconde Guerre mondiale. 

Cette approche a été proposée pour la première fois par la coalition au pouvoir il y a deux ans, mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie lui a donné un nouvel élan.

L’Allemagne cible Moscou, « la plus grande menace pour la paix » et Pékin, « rival systémique », dans sa Stratégie nationale de sécurité, selon le document inédit de 80 pages dévoilé ce mercredi.

Après des mois de discussions et de tensions au sein de la coalition, le gouvernement d’Olaf Scholz a présenté cette synthèse définissant les enjeux de sécurité auxquels est confrontée la première puissance économique européenne :

« Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, nous avons élaboré une stratégie de sécurité nationale ». (…)« Cette suit le principe directeur de la sécurité intégrée. Il ne s’agit pas seulement de la défense et de la Bundeswehr, mais de l’ensemble de notre sécurité – de la diplomatie à la police, aux pompiers et aux organisations d’aide technique, en passant par la coopération au développement, la cybersécurité et la résilience des chaînes d’approvisionnement. »

Maintes fois annoncé et reporté, ce document voit enfin le jour au sein d’une coalition en baisse dans les sondages et marquée par des tensions entre écologistes et libéraux sur le budget et la lutte contre le réchauffement climatique.

Ce document, moins ambitieux qu’initialement prévu par le contrat de coalition conclu fin 2021, dresse un panorama des enjeux de sécurité, des relations avec Moscou et Pékin à la cybersécurité, en passant par les menaces climatiques.

« La sécurité au XXIe siècle, c’est obtenir de manière fiable des médicaments vitaux à la pharmacie. La sécurité, c’est ne pas être espionné par la Chine lorsque l’on discute avec des amis ou ne pas être manipulé par des robots russes lorsque l’on navigue sur les réseaux sociaux », a résumé la cheffe de la diplomatie allemande, l’écologiste Annalena Baerbock, lors de la présentation du document.

Sans surprise, la Russie est hissée au rang de « plus grande menace pour la paix et la sécurité dans la région euro-atlantique dans un avenir prévisible ». 

L’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022 a marqué un « changement d’époque » pour la politique étrangère et de défense allemande, qui doit entraîner un réarmement du pays, a expliqué Olaf Scholz.

La commission budgétaire du Bundestag a d’ailleurs donné son feu vert mercredi à une première tranche de financement pour acquérir un système israélien de défense antimissiles balistiques Arrow, d’un coût total de 4 milliards d’euros.

Berlin confirme sa volonté de consacrer 2% de son PIB à la défense, bien que la trajectoire financière reste encore floue.

La Chine, à la fois « partenaire, concurrente et rivale systémique »

« La Chine tente par différents moyens de remodeler l’ordre international existant basé sur des règles, revendique de plus en plus offensivement une suprématie régionale et agit sans cesse en contradiction avec nos intérêts et nos valeurs », estime le gouvernement allemand.

« Nous constatons que les éléments de rivalité et de concurrence ont augmenté ces dernières années », note le document.

Une délégation de responsables chinois menée par le Premier ministre Li Qiang est attendue à Berlin la semaine prochaine pour des consultations gouvernementales germano-chinoises.

Pour Berlin, avec l’action de Pékin, « la stabilité régionale et la sécurité internationale sont de plus en plus sous pression » et « les droits de l’homme ne sont pas respectés ».

Malgré tout, « la Chine reste un partenaire sans lequel de nombreux défis et crises mondiaux ne peuvent être résolus », souligne le document.

Pour Olaf Scholz, « il s’agit de faire en sorte que la Chine continue à croître économiquement, que l’intégration de la Chine dans le commerce mondial et dans les relations économiques mondiales ne soient pas entravée ». « Mais il faut en même temps tenir compte des questions de sécurité qui se posent à nous », a-t-il expliqué à la presse.

Premier partenaire économique de l’Allemagne et marché vital pour son puissant secteur automobile, la Chine a longtemps été ménagée par Berlin, qui a toutefois durci le ton depuis plus d’un an face aux menaces visant Taïwan et les persécutions contre les Ouïghours.

L’Allemagne s’aligne sur la doctrine de l’Union européenne qui ne cherche pas à se « couper » (« decoupling ») complètement de la Chine, mais à réduire les risques (« de-risking »).

Cette Stratégie n’a pas convaincu l’opposition, le chef du parti conservateur CDU en particulier. 

Le document est « exsangue en termes de contenu, stratégiquement non pertinent et sans conséquences en termes de politique étrangère », a fustigé Friedrich Merz (CDU). Il critique notamment l’abandon de l’idée, un temps évoquée, de créer un Conseil national de la sécurité, sur le modèle américain.

https://fr.euronews.com/2023/06/14/la-nouvelle-strategie-de-securite-integree-de-berlin-un-document-de-80-pages-devoile