PROTÉGER LES TECHNOLOGIES PROPRES EUROPÉENNES CONTRE LA CONCURRENCE DÉLOYALE

Grain de sel : La compétition internationale ressemble parfois à un choc des titans. Entre l’Union européenne et la Chine, le champ de bataille porte sur l’automobile ou les panneaux solaires, secteurs dans lesquels la Commission dénonce la concurrence déloyale par les subventions chinoises. En matière d’éoliennes, l’Europe monte au créneau pour protéger son industrie !

La Commission européenne a décidé d’ouvrir une enquête sur les parcs éoliens européens dont les technologies vertes sont fournies par l’industrie chinoise. La Chine est notamment accusée par l’UE de subventionner des fabricants d’éoliennes chinois, et donc de fausser la concurrence sur le marché européen, comme l’a annoncé Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence. En effet, selon elle, Pékin se permet injustement d’exporter ses éoliennes “à bas prix”, provoquant une concurrence déloyale dans l’ensemble de l’UE. Le lobby européen du secteur des éoliennes, WindEurope, déclare que “les éoliennes chinoises sont vendues à des prix jusqu’à 50% inférieurs à ceux des concurrents européens”. La Commission n’a cependant pas précisé quels étaient les projets concernés par l’enquête. 

Cette dernière s’inscrit dans le cadre des nouvelles règles européennes entrées en vigueur en 2023 contre la concurrence déloyale pratiquée par des pays tiers dans le cadre d’appels d’offres. Une série d’autres accusations émises par la Commission contre le géant asiatique, et ce notamment vis-à-vis de l’industrie automobile, du ferroviaire et des panneaux solaires pour lesquels l’Europe était à l’origine très compétitive. Aujourd’hui, les fabricants européens doivent lutter contre les technologies solaires photovoltaïques chinoises qui inondent le marché à des prix bas. 

Pour ne pas laisser mourir son industrie, l’UE a prévu de créer des critères internationaux de “fiabilité” concernant les technologies permettant la production d’énergie décarbonée en ajoutant par exemple l’empreinte environnementale d’un produit, le respect des droits du travail, ou les questions de cybersécurité. L’objectif de la Commission est de généraliser ces critères comme fondement des échanges entre partenaires commerciaux afin de soutenir les industries des technologies vertes respectueuses du climat. La Chine, quant à elle, compte sur ces exportations à forte valeur ajoutée pour relancer son économie dont l’activité est ralentie, profitant des objectifs d’énergies renouvelables fixés en Europe dans un contexte de réchauffement climatique. 

La lutte de l’UE contre les distorsions de concurrence va de pair avec sa volonté de réindustrialiser le continent, en se concentrant notamment sur l’industrie des technologies vertes. Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, a d’ailleurs fait part de son engagement envers les producteurs nationaux de panneaux solaires en affirmant que l’Union signera la Charte solaire.

CONSEIL DU COMMERCE ET DES TECHNOLOGIES : COLLABORATION ENTRE L’UE ET LES USA 

L’Union européenne et les États-Unis se sont réunis début avril à Louvain en Belgique pour la sixième édition du Conseil du Commerce et des Technologies. Ce conseil a été pensé pour approfondir la coopération transatlantique en définissant des approches communes relatives aux questions commerciales, techniques et sécuritaires. La collaboration entre l’UE et les États-Unis se fonde notamment sur un partage de leurs travaux respectifs. Parmi les sujets sensibles abordés lors de cette réunion, on retrouve l’Intelligence Artificielle, les semi-conducteurs, les technologies quantiques, la 6G ou encore les PFAS. 

Le CCT UE-États-Unis a en effet insisté sur le besoin d’identifier et de gérer les risques liés à l’Intelligence Artificielle, privilégiant les technologies jugées “sûres” et mettant l’accent sur la nécessité d’une gestion responsable et transparente. Margrethe Vestager, co-présidente du Conseil, affirme que cette collaboration : ne concerne pas uniquement les tests, mais aussi tout ce qui en découle : les références, les méthodologies, et la compréhension de l’interprétation des approches réglementaires dans les deux juridictions”. Un partage approfondi d’informations sera amorcé entre les deux puissances occidentales, concernant les indices de référence et les tendances futures du secteur. L’objectif de cette coopération repose également sur l’utilisation de l’IA comme un appui dans différents domaines tels que l’agriculture, la santé, ou la reconstruction. Elle aura aussi pour mission, selon le Conseil de Commerce et des Technologies, d’aider à affronter le changement climatique et à soutenir le développement durable. 

Concernant les semi-conducteurs, l’UE et les États-Unis ont mis l’accent sur l’importance d’assurer la sécurité de leur approvisionnement, ces puces étant à la fois essentielles à l’économie mondiale mais aussi au cœur des tensions entre puissances commerciales. Cette discussion marque alors un prolongement de 3 ans des accords précédemment signés concernant le système d’alerte en cas de perturbation de la chaîne d’approvisionnement et la transparence mutuelle quant au soutien public du secteur. La collaboration transatlantique entend partager les études européennes et américaines au regard des éventuelles distorsions de ce marché, notamment en lien avec les puces en provenance de Chine. 

Or, l’avenir du Conseil du Commerce et des Technologies est fortement remis en question. Si les acteurs des secteurs concernés se plaignent de la faiblesse des avancées permises par ce Conseil, le possible retour de Donald Trump au pouvoir pourrait encore davantage freiner la collaboration entre l’UE et les États-Unis comme son ancien mandat à la Présidence américaine l’avait démontré.