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Alors que la nouvelle Commission européenne s’engage à remanier la garantie européenne pour la jeunesse, afin de lutter plus efficacement contre le chômage des jeunes, Euractiv a interrogé des experts sur la forme que ce mécanisme devrait prendre à l’avenir.
Au lendemain de la crise financière, le chômage avait atteint des taux alarmants en Europe. La situation était particulièrement difficile pour les jeunes. Afin de les aider à trouver leur place sur le marché du travail, l’UE a lancé en 2013 la garantie européenne pour la jeunesse, qui comprend l’Initiative sur le chômage des jeunes.
Alors que la période budgétaire 2014-2020 touche à sa fin, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a chargé Nicolas Schmit, chargé de l’emploi et des droits sociaux au sein de son cabinet, d’adapter l’instrument aux circonstances actuelles.
« Nous devons faire davantage pour donner aux enfants et aux jeunes les soins, l’éducation et les opportunités dont ils ont besoin », a écrit Ursula von der Leyen dans sa lettre de mission à Nicolas Schmit.
« Ce mécanisme a été très utile en temps de crise et il a contribué à réduire, dans de nombreux pays, le chômage des jeunes. Il a également permis d’accélérer l’accès au marché du travail pour de nombreux jeunes », avait déclaré le Commissaire à l’emploi et aux droits sociaux à la fin de l’année dernière. « Mais je pense que nous sommes maintenant dans une situation différente », avait-il ajouté.
Bien qu’il faille remédier au chômage des jeunes, qui demeure extrêmement élevé dans certaines régions d’Europe, Nicolas Schmit souligne que le déficit de compétences constitue le principal problème auquel les jeunes travailleurs sont confrontés.
« A mon sens, tout jeune arrivant aujourd’hui sur le marché du travail devrait pouvoir se prévaloir d’un niveau minimum de compétences numériques ou informatiques. L’accès à ces connaissances doit être aussi large que possible », martèle le commissaire luxembourgeois.
Nicolas Schmit devrait dévoiler sa feuille de route pour une Europe sociale mardi 14 janvier, tandis qu’un nouvel agenda des compétences est attendu plus tard dans l’année.
Ce que disent les experts
Les acteurs sociaux, les organisations pour la jeunesse et les experts s’accordent sur l’importance de la garantie jeunesse pour soutenir les jeunes Européens, mais aussi sur la nécessité de l’améliorer à l’avenir.
« La garantie européenne pour la jeunesse vise à placer les jeunes au centre de l’élaboration des politiques d’emploi, conformément à ce que réclament les syndicats depuis de nombreuses années », fait valoir Ludovic Voet, secrétaire confédéral de la Confédération européenne des syndicats.
« De nombreux jeunes n’en ont cependant pas bénéficié sur le terrain », déplore-t-il.
Les organisations de travailleurs « continuent à soutenir » l’instrument et demandent à la Commission de l’améliorer « en appliquant les critères de qualité, en augmentant son financement et en impliquant les syndicats afin que les jeunes y trouvent un réel avantage et qu’ils puissent accéder à des emplois de qualité et bien rémunérés », plaide Ludovic Voet.
La fracture numérique, la polarisation du marché de l’emploi, la révolution technologique et les nouvelles formes de travail ont façonné le marché du travail actuel. Les jeunes doivent affronter ces défis et la garantie jeunesse devrait les y aider, note Claire Dhéret, cheffe de programme au European Policy Centre.
Elle souligne la nécessité de « remanier le mécanisme » afin que la garantie « reflète également les changements technologiques et les transformations en cours ». Une réforme « impérative », selon la chercheuse, qui prône parallèlement la promotion « de l’adaptabilité, de l’autogestion et des compétences entrepreneuriales ».
« Garantir une offre de qualité, en contrôler l’impact, diversifier les offres et s’assurer qu’elles soient adaptées à chaque individu sont quelques-uns des objectifs qui nécessiteront des efforts continus », soutient-elle.
Selon Claire Dhéret, la coordination avec d’autres instruments de l’UE et l’implication des acteurs locaux dans la conception et la mise en œuvre du mécanisme, afin de s’assurer qu’il soit adapté au lieu où il est déployé, constituent la clé du succès.
Les organisations pour la jeunesse, telles que le Forum européen de la Jeunesse, affirment que la garantie doit adopter une approche plus large. Au-delà de la promotion de l’emploi, elle doit également favoriser l’inclusion sociale.
« La garantie pour la jeunesse ne peut être, en soi, la solution au chômage ou à l’exclusion sociale des jeunes en Europe. Elle doit donc s’inscrire dans une approche plus large et plus complète, qui s’attaque aux causes profondes de l’exclusion économique et sociale », plaide le Forum européen de la Jeunesse.
C’est pourquoi il demande à l’UE d’établir une définition commune du terme NEET (ni étudiant, ni employé, ni stagiaire), et de collecter des données qui aideraient à répondre à leurs besoins spécifiques.
Depuis 2017, la garantie européenne pour la jeunesse a mis un accent particulier sur cette catégorie de personnes.
Alors que l’UE négocie son budget à long terme, les organisations pour la jeunesse enjoignent les dirigeants à financer suffisamment le mécanisme et en particulier l’initiative pour l’emploi des jeunes.
Quelques chiffres
L’amélioration de la situation économique en Europe, ainsi que les efforts déployés par l’UE et les gouvernements nationaux pour soutenir la jeunesse, ont permis de réduire de 2,4 millions le nombre de jeunes chômeurs dans l’UE et de 1,9 million le nombre de NEET depuis 2013.
Le chômage des jeunes est passé d’un niveau record de 24 % en 2013 à 14,6 % en février 2019, une baisse « plus prompte que celle du chômage global et plus rapide que ce que la tendance macroéconomique aurait pu prévoir », a souligné la Commission.
La part des NEET en Europe a également diminué, passant de 13,2 % en 2012 à 10,3 % au troisième trimestre 2018.
Selon la Commission européenne, depuis 2014, plus de 5 millions de personnes se sont inscrites chaque année à des programmes dans le cadre de la garantie pour la jeunesse et plus de 3,5 millions ont accepté des offres d’emploi, d’éducation, de stage ou d’apprentissage grâce à celle-ci.
L’initiative pour l’emploi des jeunes, qui accorde une aide financière aux régions ayant un taux de chômage des jeunes particulièrement élevé — plus de 25 % — disposait d’un budget de 6,4 milliards d’euros pour la période budgétaire 2014-2020. L’enveloppe a finalement été portée à 8,8 milliards d’euros, ce qui a permis d’apporter une aide directe à plus de 2,4 millions de jeunes dans toute l’Union européenne.
Un récent rapport de la Cour des comptes européenne brosse toutefois un tableau différent, affirmant que le programme n’a pas répondu aux attentes et n’a pas permis de résoudre un problème qui demeure aigu en Europe.
Dans le cadre du prochain budget à long terme de l’UE, la Commission européenne a proposé que l’initiative pour l’emploi des jeunes émarge au Fonds social européen (FSE) Plus. Celui-ci dépend de la politique de cohésion de l’UE, dont le budget s’élève à 101,2 milliards d’euros, suivant la proposition de l’exécutif européen.
D’après le règlement présenté par la Commission, les États membres dont le taux de NEET est supérieur à la moyenne de l’UE en 2019 devront consacrer au moins 10 % de leur part du FSE+ à des mesures de soutien de l’emploi des jeunes.
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