Que pensent les citoyens du futur de l’Europe ?

Chaque année depuis 1974, la Commission européenne publie un Eurobaromètre, réalisé par TNS qui donne l’état de l’opinion de 1 000 répondants des pays de l’UE sur la situation de l’Europe, la citoyenneté européenne, et les interroge sur leurs préoccupations. La Commission Européenne commande également ponctuellement des Eurobaromètres sur des sujets précis, en lien avec l’actualité européenne.

L’eurobaromètre spécial n°451, publié en septembre 2016, porte  sur « Le futur de l’Europe », à une période où la montée des partis eurosceptiques, l’incertitude née du Brexit et la crise des flux migratoires amenaient certains à prédire la fin prochaine de l’Union Européenne

Le rapport étudie l’opinion des citoyens européens en permettant de saisir les spécificités nationales, mais aussi démographiques ou sociales des répondants.

3  Thèmes majeurs : l’état de l’Union Européenne, la vie économique et sociale Européenne, et le futur  de l’EUROPE

Dans l’ensemble, ce rapport indique qu’en dépit des alarmes récentes sur l’avenir de l’Union Européenne et sur le désamour des citoyens à son égard, les répondants ont dans l’ensemble une bonne opinion de l’Union Européenne et de ses politiques.

1/ Lorsque l’on s’intéresse à l’état de l’Europe, les principaux atouts  sont les bonnes relations entre Etats Membres ( 24% ), le respect de la démocratie et des droits de l’homme (33%), l’Etat de droit (33%) et enfin le niveau de vie(22%). A l’inverse, les principaux défis perçus pour l’avenir sont le niveau de chômage (45% ), les inégalités sociales, et les phénomènes migratoires (36%).

Près de 6 répondants sur 10 considèrent que l’UE est la région du monde  qui incarne le mieux la paix, la liberté d’opinion, l’égalité sociale et la solidarité. En dépit des dangers pour le futur,  66% des répondants considèrent que l’UE est  un havre de stabilité dans un monde instable.

Fig 1 – Pourcentage d’européens, par pays, qui juge vrai que l’UE est un havre de stabilité dans un monde instable. (Source : Eurobaromètre n°451)

En revanche, l’influence politique de l’UE à l’échelle mondiale fait  débat. La plupart des répondants accordent à l’UE une influence supérieure au Brésil, à l’Inde et au Japon. En revanche, la majorité ne pensent pas que son influence soit plus importante que celle de la Russie, de la Chine et des USA.

Dans sa seconde partie, l’étude évoque les sujets au cœur des préoccupations collectives au sein de l’EUROPE. Les pays les plus anciens, ou ceux ayant été plus touchés par la crise sont les  plus sceptiques. De même parmi les CSP, les cadres semblent plus confiants en l’avenir  que les classes ouvrières qui  ne semblent pas craindre l’arrivée de partis « antisystèmes »: Podemos en Espagne,  Mouvement 5 étoiles en Italie, Front National en France Le sondage met en avant un  scepticisme à l’égard des autorités qui les gouvernent.

Fig. 2- Pour chaque pays, quelle part de la population considère que ses intérêts ne sont pas pris en compte par son propre gouvernement (en %). (Source : Eurobaromètre n°451)

Dans sa dernière partie, le rapport met en avant le rapport des « jeunes » face  à l’EUROPE. Les européens pensent que la vie des enfants des pays de l’UE sera moins facile que la leur, mais avec  un clivage Est-Ouest marqué et des différences liées au genre, l’âge, la catégorie socio-professionnelle, le niveau d’éducation…

 L’égalité sociale et la solidarité sont cités chaque fois comme moyen de faire face aux  défis de l’avenir afin d’assurer une  convergence de la qualité de vie.

Fig. 3  – Part des répondants par pays considérant qu’un niveau de vie ou un niveau d’éducation homogène au niveau européen sont le plus important pour le futur de l’Europe. (Source : Eurobaromètre n°451)

La question des frontières est également devenue primordiale depuis le dernier sondage sur le sujet, réalisé en 2012, illustrant  les préoccupations nées des migrations en provenance du Sud. Enfin, face au manque de confiance des répondants dans la fiabilité de leurs  gouvernements, il a été demandé aux sondés pour un ensemble de thématique de choisir si les décisions devraient être prises au niveau européen ou au niveau national. Sur des sujets comme la lutte contre le terrorisme, les problèmes migratoires, la sécurité sociale, l’égalité de sexe ou encore le renforcement de la démocratie, plus de six répondants sur dix souhaitent que les décisions soient prises au niveau communautaire.

Fig. 4 – Pourcentage d’européens favorables à des décisions prises au niveau communautaire. (Source : Eurobaromètre n°451)

Il semble bien que  la division « Pro Européen /Eurosceptiques » soit obsolète, la réalité etant plus complexe et dépendant de sensibilités politiques et culturelles diverses.

Pour actualiser, lire aussi ce nouveau Baromètre :  le soutien à la construction européenne est renforcé : 57% des personnes interrogées estiment que l’adhésion à l’UE est une bonne chose pour leur pays –  un quasi retour au niveau d’avant crise. 

Et alors que les prochaines élections européennes se profilent déjà  en mai 2019, comme à chaque mandature elles tiendront lieu de verdict sur la confiance à l’égard de la construction de l’Europe.

Le sujet est d’ores et déjà suivi de près au Parlement européen, via un indicateur qui complète l’Eurobaromètre et qui est mis à jour  régulièrement : le Parlemètre.

Une interrogation particulière pour ces élections est liée à la possibilite de listes transnationales 

Un EDITO d’Humbert CANOT, Victoria DAMIDOT, Rami DAOUDI, Rafik DERICHI, Houssam FADIL, étudiants à l’ESSEC Cours de Droit et politique européennes novembre 2017.

Pour en savoir plus : vidéo de Viviane de Beaufort « Créer une citoyennete européenne »