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L’Union européenne doit travailler sur autre chose que la migration avec l’Afrique, a mis en garde Federica Mogherini. Sous peine d’envenimer davantage les relations internationales.
Pour Federica Mogherini, le monde est actuellement confronté à une compréhension dangereuse de la politique internationale, a-t-elle prévenu le 7 novembre lors de la « Semaine africaine » organisée par le groupe d’eurodéputés socialistes S&D, au Parlement. Elle déplore une « interprétation des relations internationales non pas basée sur la coopération ni le partenariat, mais plutôt vue comme un jeu de pouvoir à somme nulle ».
La Haute Représentante de l’UE estime que l’Afrique a sa part de responsabilité dans la forme actuelle de ses relations internationales. « Et ce n’est pas seulement parce que la plus grande croissance démographique mondiale a lieu en Afrique. Regardez la richesse du continent, ses ressources, sa population », ajoute-t-elle. « C’est un grand acteur mondial et, ensemble, l’Europe et l’Afrique peuvent façonner les relations internationales d’une manière tout à fait révolutionnaire, »
Le responsable de la politique étrangère de l’UE a appelé à une gouvernance plus coopérative des affaires mondiales, seul moyen efficace de relever les défis de notre époque, selon elle.
« L’Afrique voit ses organisations régionales et sous-régionales se renforcer chaque jour, ce qui inspire beaucoup d’entre nous. Elle se fonde en grande partie de ce que nous avons fait en Europe, mais il s’agit d’un processus d’apprentissage continu dans lequel nous échangeons nos expériences, donc une gouvernance basée sur la coopération au sein des régions et entre les régions. »
« Nous devons travailler avec l’Afrique sur autre chose que la migration. C’est exactement le genre de message dont l’Europe a besoin », a-t-elle jugé.
Les inégalités, cause profonde de la migration
Évoquant la migration, Federica Mogherini note qu’il y a de nombreuses causes profondes, mais que l’Europe a le devoir d’affronter la réalité et de reconnaître que l’inégalité en est la principale.
« Ce que j’entends par causes profondes de la migration, c’est la répartition inégale des richesses et des ressources dans le monde. Et aussi les conflits et les crises, dont beaucoup sont causés exactement par ces inégalités et la distribution inégale des ressources. »
« Je pense que l’Histoire nous a appris, tant en Afrique qu’en Europe, que si mon voisin a un problème, j’en ai aussi un. Et la meilleure façon d’investir dans ma force, c’est d’investir dans celle de mon voisin », déclare l’Italienne.
« C’est le type de coopération que nous avons commencé à établir avec l’Afrique ces dernières années. Au-delà de la relation donateur-bénéficiaire, nous sommes passés de l’idée d’avoir des projets pour l’Afrique, qui est certes une bonne chose et que nous continuerons à faire, à l’idée de travailler avec l’Afrique vers nos intérêts communs. »
Federica Mogherini reconnaît que la migration a dominé l’agenda UE-Afrique ces dernières années, mais estime que la situation évolue progressivement.
« Nous avons enfin réalisé que la gestion des flux migratoires ne constituait pas une fracture sud-nord, mais l’intérêt commun. C’est un défi complexe, d’autant plus que la plupart des pays africains sont à la fois des pays d’origine, de transit et de destination. »
Pour Bullman, c’est à l’Europe de changer
Udo Bullmann, président des socialistes et démocrates (S&D) au Parlement européen, réitère quant à lui que la discussion en cours avec l’Afrique doit aller au-delà des migrations, mais que l’Europe doit d’abord changer ses politiques.
« La leçon à tirer est que l’Europe doit changer ses politiques commerciales, agricoles et étrangères. Si nous ne changeons pas et ne devenons pas des partenaires durables, comment pouvons-nous attendre des autres qu’ils organisent le changement dans leur pays ? C’est la condition préalable de notre nouveau partenariat », conclut-il.
Concernant la question migratoire, il estime qu’il ne faut pas l’ignorer, et que ceux qui fuient leur pays doivent trouver un endroit sûr dans les pays de l’UE : des voies légales de migration, qui ne mettent pas leur vie en danger.
« Nous devons vous aider à développer les ressources de vos pays non pas en les exploitant, mais en étant des partenaires honnêtes et c’est là que l’Europe doit changer », poursuit-il. « La petite agriculture et l’agriculture familiale doivent être promues et non plus l’énorme politique d’industrialisation de l’agriculture. »
Le président du S&D a insisté sur la nécessité d’impliquer davantage les jeunes générations dans la prise de décision des deux côtés, car c’est à elles qu’il appartient de façonner l’avenir des deux continents.
« Nous ne parlons plus seulement de l’Afrique ou de ce que nous pouvons faire pour elle. Nous parlons de ce que nous pouvons faire avec l’Afrique », insiste-t-il. « C’est contre la volonté des nationalistes et des populistes en Europe, mais leurs idées pour une Europe forteresse sont injustes, immorales et erronées. »