Les fermiers du cacao vivent dans une extrême pauvreté. Pixabay
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À quelques jours de Pâques, l’ONG américaine Mighty Earth publie son classement annuel des entreprises du secteur chocolatier, s’agissant de leurs pratiques en matière de déforestation, de transparence, de salaires et de travail des enfants. Cette année, c’est le chocolatier belge Godiva qui est pointé du doigt, alors que l’entreprise néerlandaise Tony’s Chocolonely est saluée pour ses efforts.
« Équipés de ce classement, les consommateurs peuvent acheter leurs chocolats de Pâques en sachant si leur confiserie est mêlée à la déforestation et à des abus de droits humains », affirme Mighty Earth. Cette ONG environnementale américaine a publié le 7 avril 2020 un classement de treize entreprises chocolatières et huit fournisseurs de cacao.
« Oeuf pourri » pour Godiva
Cette année, elle a travaillé en partenariat avec Green America et Be Slavery Free afin d’évaluer les pratiques des entreprises sur le revenu et le travail des enfants. Le classement couvre ainsi six des problématiques les plus cruciales en termes de durabilité, avec le devoir de diligence, la transparence et traçabilité, la déforestation et le changement climatique, et l’agroforesterie.
Le chocolatier belge Godiva se voit gratifier de « l’œuf pourri », avec un « manque de responsabilité dans tous les domaines où il considère avoir les meilleures pratiques (protection de l’environnement, travail des enfants et revenu pour les fermiers) », alors que ses profits sont importants. Alors qu’elle partage le même fournisseur, l’entreprise néerlandaise Tony’s Chocolonely a « montré qu’un modèle éthique était possible dans l’industrie du chocolat ». Elle remporte elle « l’œuf d’or » pour « ses améliorations et ses efforts positifs pour changer le secteur ».
Ferrero, Mars, Nestlé à la traîne
Parmi les mieux notés, on retrouve les marques françaises AlterEco, Cémoi et Valrhona, la marque néo-zélandaise Whittakers, et les Suisses Lindt et Chocolats Halba. Les pires sont le Japonais Morinaga, qui produit le chocolat Dars, et la société française de négoce, Sucres et Denrées. Tous les fournisseurs de cacao, comme Cargill, Olam, Barry Callebaut sont plutôt mal notés, à part Cémoi. Ferrero, Mars, Nestlé et Mondelez sont considérés « à la traîne ». Nestlé est néanmoins celle d’entre ces marques qui marque le plus de points, avec une bonne note notamment sur le travail des enfants.
« Deux décennies depuis la signature du protocole Harkin-Engel (protocole sur la culture et le traitement des fèves de cacao pour prévenir le travail des enfants) par les fabricants de chocolat, peu de choses ont changé », déplore Green America. « Néanmoins, l’industrie reconnaît que les initiatives volontaires ne fonctionnent pas et de plus en plus d’entreprises appellent à une réglementation des gouvernements. »
« Environ 2,1 millions d’enfants travaillent dans le secteur du cacao, selon l’université américaine de Tulane. Les recherches du WRI montrent aussi qu’il y a eu une augmentation de la déforestation dans les principaux pays producteurs de cacao, le Ghana et la Côte d’Ivoire », rapportent les ONG. « Les fermiers du cacao vivent dans une extrême pauvreté, alors que les entreprises du chocolat amassent des milliards chaque année. Si des progrès sont réalisés dans les chaînes d’approvisionnement directes, il y a toujours préoccupations liées aux impacts indirects de ces chaînes sur l’environnement et les populations. Il est urgent de pousser les efforts pour permettre une transition vers une industrie plus durable. »