#COVID-19 dans l’UE par la Fondation Robert Schuman

En AUTRICHE

https://www.robert-schuman.eu/fr/doc/divers/FRS_Vu_de_lAutriche.pdf

Propagation du coronavirus au #Tyrol, le gouvernement autrichien « vert-turquoise » de l’ÖVP (Parti populaire) et des Verts (Die Grünen a pris des mesures de confinement et de distanciation sociale pour l’ensemble du pays.

  • Renforcement de l’Exécutif et retrait de l’opposition du jeu politique. Des sondages confirment une large approbation des mesures gouvernementales par la population et un accroissement de la popularité des deux partis au pouvoir

Les effets économiques et sociaux du confinement seront immenses, […] Chômage augmenté ; tourisme et restauration touchés. Dans services, ce sont les femmes qui ont perdu leur emploi et les hommes dans le domaine de la construction.  Afin d’amortir le choc, le gouvernement a adopté un paquet de 38 milliards € pour soutenir l’économie ( la 1/2 du budget national).

-Aide d’urgence de 15 milliards € (soutien au chômage partiel et financement de protection et masques respiratoires fournis à la population à un stade précoce);

– « fonds de secours » (aide d’urgence aux micro-entrepreneurs, garanties de prêts et échelonnement des dettes, reports d’impôts et réduction des paiements anticipés d’impôts

Prof. Dr. Birgit Sauer, Professeure de sciences politiques à l’Université de Vienne 

En GRÈCE

https://www.robert-schuman.eu/fr/doc/divers/FRS_Vu_de_Grece.pdf

Ces 10 ans de crise économique (2008-2018) ont coûté au pays la perte de 25% de son Produit intérieur brut , soit 1/4 de sa richesse. Ajoutons, les coupes imposées par les créanciers du pays (FMI, UE, BCE), qui ont laissé des hôpitaux publics dans un état de grande fragilité! La Grèce surprend, ne comptant à que + ou- 100 victimes, pour 10,5 millions. L‘électrochoc de l’Italie voisine a mené Kyriakos Mitsotakis, Premier ministre, a prendre des mesures drastiques : fermetures des écoles, crèches, universités, musées, sites archéologiques et certains commerces. (Tout contrevenant à pouvait écoper jusqu’à 5000 € d’amendes. Les frontières ont aété fermées, avec une mise en quatorzaine obligatoire, dans des hôtels réquisitionnés, pour toute personne arrivant en Grèce.  Dès le 1er décès, le 12 mars, ces mesures, considérées sont montées en puissance, avec un confinement général le 23 mars accompagné d’une communication de messages de prévention à 18h. Ces efforts ont un prix: 10 à 15% du PIB. Le tourisme, deuxième pilier de l’économie, derrière la marine marchande, est menacé! Mais le fait d’avoir réussi à contenir la propagation du Covid-19 pourrait bien aider les Grecs à relever la tête. 

The Dark face: Ile de Lesbos, centre d’accueil pour migrants où s’entassent 20 000 personnes, pour une capacité de 4 500 places. Une honte, européenne, symbole d’un manque de solidarité entre les Etats membres dont certains refusent d’accueillir des demandeurs d’asile. Si aucun cas de Covid-19 n’a été recensé à Moria pour le moment, le pire peut survenir. La Commission européenne et la Cour européenne de Justice ont sommé le gouvernement de désengorger les îles face à la Turquie, dont les centres d’accueil de réfugiés sont surpeuplés. L’un des défis de l’Union européenne sera, dans les prochaines semaines, de mettre les bases d’une politique migratoire humaine et équitable!

Alexia Kefalas, journaliste 

En RÉPUBLIQUE TCHÈQUE

https://www.robert-schuman.eu/fr/doc/divers/FRS_Vu_de_Prague.pdf

La République tchèque semble gérer la pandémie COVID-19 avec un succès relatif: 63,87 cas déclarés pour 100 000 habitants et 188 victimes. Les hôpitaux du pays ne sont pas débordés, le nombre de tests est de 8 000 par jour et après que le gouvernement a annoncé l’obligation de se couvrir le visage en public, les masques « faits maison » sont de vigueur. Le 1er mars, les autorités ont présenté un plan de déconfinement progressif . 

Toutefois, ces mesures louables sont intervenues dans un environnement de mesures populistes, de luttes entre responsables politiques pour se voler la vedette, de pratiques commerciales douteuses et de forte dépendance à l’égard de la société civile. […]

La communication a été problématique. Des conférences de presse gouvernementales ont eu lieu le Premier ministre en était la voix prédominante, tandis que les ministres compétents en étaient exclus. « Il s’agit aujourd’hui d’organiser la « déquarantaine » dans un contexte où le gouvernement ne semble pas tres uni »

Zuzana Stuchlíková, Responsable du bureau de Bruxelles d’Europeum 

En SUÈDE

https://www.robert-schuman.eu/fr/doc/divers/FRS_Vu_de_Suede.pdf

La Suède fait figure d’exception dans sa façon d’affronter la pandémie de Covid-19. Écoles primaires et secondaires ouvertes, télétravail recommandé, cafés et restaurants ouverts. Dans une Europe confinée, la vie quotidienne en Suède se poursuit de manière à peu près normale. L’argument principal est l’idée que nous effectuons un marathon, et non un sprint. Il va donc falloir résister sur le long terme pour développer une immunité collective. Cette stratégie a été critiquée depuis l’étranger. Pourtant ce jugement devrait être nuancé : l es Suédois ont reçu les mêmes recommandations qu’ailleurs et plutôt que de recourir à la contrainte, les autorités ont fait appel au civisme des citoyens. 

L’Agence de santé publique indépendant bénéficie d’ un haut niveau de confiance du public.

Sur 10 millions d’habitants, 13 822 cas confirmés et 1 511 décès, dont 897 à Stockholm. Contrairement aux autres États membres, les décès dans les maisons de retraite sont comptabilisés et on y recense la moitié des décès. Même s’il est prématuré de faire des estimations, depuis Pâques on observe une légère tendance de stabilisation de la courbe de mortalité et une baisse significative des cas nécessitant des soins intensifs. 

Néanmoins l’épidémie a dévoilé quelques failles dans l’intégration des immigrés. Parmi les cas de Covid-19, les personnes nées à l’étranger sont surreprésentées. Une grande partie des personnes qui ont bénéficié de l’asile (plus de 400 000 personnes entre 2010 et 2019), ne maîtrisent pas la langue et n’ont pas compris les consignes des autorités. Comme dans beaucoup d’autres pays, la crise a également révélé un manque de préparation, notamment dans le secteur de l’équipement médical. […]

Le gouvernement Löfven (soutenu par une coalition de centre gauche entre le Parti social-démocrate suédois des travailleurs (SAP) et le Parti de l’environnement Les Verts (MP)) a choisi un discours réaliste concernant les conséquences économiques de la crise. Le gouvernement a pris plusieurs mesures, au profit des communes et des régions et la prise en charge des indemnités de congés maladie et des charges liés au licenciement temporaire d’une valeur de 300 milliards de couronnes (environ 28 milliards €). […] Le pourcentage de Suédois faisant confiance à l’exécutif a augmenté, de 26% à 47% en un mois.

Hjalmar Haglund, rédacteur de la Lettre du lundi (suédois) du Grand Continent. 

En ITALIE

https://www.robert-schuman.eu/fr/doc/divers/FRS_Italie.pdf

L’Italie détient le triste record d’avoir en Europe le nombre le plus élevé de décès liés au Covid-19. Plus de 27.000 morts depuis le début de la propagation du virus dans la péninsule au début du mois de février.

C’est surtout le Nord de l’Italie qui a été touchée : les quatre régions du nord de l’Italie les plus affectées (la Lombardie, le Piémont, la Vénétie et l’Emilie Romagne) comptent pour les quatre-cinquièmes, avec plus de 21.000 morts, de tous les décès italiens. 

Ce déséquilibre met une nouvelle fois en lumière la fracture entre le Nord et le Sud de l’Italie. Mais cette fois en sens inverse : le Nord, riche et considéré comme le moteur économique du pays se trouve bien plus touché par le virus que le Sud qui pourtant jouit d’une réputation d’inefficacité, voire d’indolence, et de corruption.

La mauvaise nouvelle pour l’Italie est que le système de santé publique a été la cible de coupes budgétaires profondes, au nom du credo néo-libéral de l’efficacité du secteur privé. Entre 2010 et 2017, le budget de la santé publique en Italie a été réduit de 37 milliards €. Les recrutements de personnels de santé, le nombre de lits d’hôpitaux, les unités de réanimation ont été drastiquement réduits et l’Italie se trouve à présent à un niveau bien inférieur aux moyennes européennes. Ce n’est pas un simple détail technique, puisque ce chiffre doit servir de base pour mesurer la capacité d’une communauté à gérer le virus ; il s’agit, en réalité, d’un facteur sanitaire et politique décisif. Plus le système de santé a la capacité d’admettre des patients en grandes difficultés respiratoires, plus le pays concerné est disposé à prendre des mesures de réouverture des activités sociales et économiques. 

Jacques Charmelot, journaliste 

En ALLEMAGNE

https://www.robert-schuman.eu/fr/doc/divers/FRS_Vu_dAllemagne.pdf

Bien que l’Allemagne soit l’un des pays d’Europe les plus touchés par le Covid-19, le déroulement de la crise a jusqu’à présent été relativement supportable, avec un nombre de décès enregistrés nettement inférieur et sans surcharge du système de santé. 

L’évolution moins virulente de la maladie en Allemagne a pu être expliquée par différents arguments : des tests ont été réalisés à grande échelle et à un stade relativement précoce permettant d’identifier de nombreux cas asymptomatiques et de les isoler ; l’âge moyen des personnes testées positives s’est avéré moins élevé que dans d’autres pays expliquant le faible taux de mortalité ; enfin la répartition des lits de soins intensifs dans le pays a certainement eu un effet positif (l’Allemagne compte environ 3 fois plus de lits que d’autres pays européens).

La gestion politique de la crise est fortement marquée par le fédéralisme allemand : dans un premier temps la mise en place des restrictions a varié d’un Land à l’autre. La multiplicité potentiellement préjudiciable qui en a résulté impliquant des lourdeurs et des incertitudes, a rapidement fait place à une réglementation nationale après que le gouvernement fédéral ait fait pression pour obtenir une ligne uniforme.

Les premières réactions de l’Allemagne à la crise du covid-19 ont été nationales et peu européennes. Les fermetures unilatérales des frontières avec des voisins comme la France ont irrité, tout comme l’interdiction temporaire d’exporter des fournitures médicales et des masques. En attendant, Berlin s’efforce de limiter les dégâts et soutient les autres Etats membres en fournissant des équipements ou en admettant des patients atteints du Covid- 19. 

Récemment, l’Allemagne a souligné à plusieurs reprises la solidarité comme principe de base pour surmonter la crise au niveau européen. Cependant, la discussion sur la conception de l’aide financière aux autres États membres est caractérisée par les réflexes induits par la dernière crise de l’euro. En conséquence, les « coronabonds » demandés par la France, l’Italie et l’Espagne sont rejetés.

La cohésion de l’Union européenne est au centre des préoccupations de l’Allemagne, ce qui rend d’autant plus dévastateur le manque de signaux européens du pays, surtout au début de la crise. 

Julie Hamann, Chargée du Dialogue Franco-Allemand, German Council on Foreign Relation 

En POLOGNE

https://www.robert-schuman.eu/fr/doc/divers/FRS_Vu_de_Pologne.pdf

Jusqu’à présent, la Pologne semble avoir été moins touchée par le coronavirus que certains pays d’Europe occidentale, mais l’épidémie a accéléré l’érosion de la démocratie. Pour la première fois depuis l’effondrement du communisme, de nombreux citoyens se demandent s’il faut boycotter une élection. 

En Pologne, l’épidémie est arrivée dans un contexte électoral avec la préparation du scrutin présidentiel prévu les 10 et 24 mai. 

Le président sortant, Andrzej Duda, était clairement en tête dans les sondages avant l’épidémie, mais sa réélection pour un second mandat de cinq ans n’était pas garantie. La réduction des droits civils due au coronavirus, avec de fortes restrictions sur les sorties du domicile, entrave sérieusement la concurrence loyale pendant la campagne électorale. Dans sa tentative de réélection, A. Duda profite des ressources de l’État – par exemple, la faculté de voyager du fait de sa fonction – alors que ses rivaux sont indéniablement désavantagés par les contraintes induites par la mise en œuvre des règles de confinement. 

Ces problèmes n’étant pas surprenants dans les situations d’urgence, la Constitution polonaise est assez habilement conçue pour éviter ce type de menaces pour le fonctionnement de la démocratie et permet de déclarer un « état de catastrophe naturelle » (qui inclut, selon la loi, une épidémie), suspendant ainsi les préparatifs de tout type d’élection. Le vote ne peut alors se dérouler que trois mois après la fin de l’état d’urgence, notamment pour laisser suffisamment de temps à l’organisation d’une campagne électorale équitable. 

Tomasz Bielecki, expert, In.Europa