Initiative Farm : le monde au chevet du continent africain – EURACTIV.fr

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A l’occasion des sommets (OTAN, Conseil européen) en fin de semaine dernière, Emmanuel Macron a annoncé la mise en œuvre de l’initiative Farm pour Food on Agriculture Résilience Mission. Une mission qui vise en substance à venir en aide aux pays les plus affectés par la crise ukrainienne, notamment par les difficultés d’approvisionnement en blé.

« Vous avez un certain nombre de pays, notamment au Maghreb, qui sont incroyablement dépendants des importations ukrainienne et russe, expliquait le ministre de l’Agriculture Julien de Normandie sur La Chaîne parlementaire le 28 mars dernier. Pour l’Egypte c’est plus 80% de la consommation en blé. »

Aujourd’hui, sur le continent africain, un tiers du blé est fourni par les pays riverains de la mer Noire. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), entre 2018 et 2020, 32% du blé provenait de Russie et 12% d’Ukraine. Ils se partagent à eux deux la moitié des importations ! « Pas moins de 25 pays africains, dont de nombreux pays peu développés, importent plus du tiers de leur blé des deux pays, et 15 d’entre eux importent plus de la moitié » précise l’organisme dans un communiqué.

Cet or jaune est pourtant une ressource capitale dans ces régions. En Afrique subsaharienne, la consommation de pain a explosé ces dernières années avec les changements d’habitudes alimentaires liés à l’urbanisation et le développement des classes moyennes. Le pain remplace progressivement le riz. Dans les pays d’Afrique du Nord, du Proche et Moyen-Orient, il est depuis longtemps un aliment phare : « pain » et « vie » se disent de la même façon en arabe rappelle le ministre Julien de Normandie.

Le spectre de la famine

Les conséquences sociales de ces perturbations se font déjà ressentir. A l’inflation des denrées alimentaires comme le pain, s’ajoute la flambée des prix de l’énergie, des pesticides et des engrais. Il faut ajouter à cela la sècheresse exceptionnelle qui s’abat en ce moment même en Afrique du Nord affectant sérieusement les productions locales. Le Maroc notamment fait face à sa pire sècheresse depuis 40 ans. Idem en Somalie et dans toute la Corne de l’Afrique.

Dans ces pays, « la guerre en Ukraine rend impossible pour le moment de semer comme il se devrait » précise le ministre de l’Agriculture. Selon lui, la tendance devrait s’aggraver significativement d’ici 12 à 18 mois : « Cette situation va créer une crise alimentaire, des situations sanitaires gravissimes dans plusieurs pays, et à coup sûr des conséquences politiques massives. » Début mars, l’ONU mettait même en garde sur la possibilité d’un « ouragan de famine ».

Conséquence, pour la FAO : « le nombre mondial de personnes sous-alimentées pourrait augmenter de 8 à 13 millions de personnes en 2022/23 […] Si la guerre dure, les impacts iront bien au-delà. »

Initiative Farm

« Nous sommes en train d’entrer dans une crise alimentaire sans précédent » avait de son côté déclaré le présent français Emmanuel Macron. Après le sommet de l’OTAN jeudi (24 mars), celui-ci a donc présenté l’initiative Farm, dont l’objectif est de libérer les stocks de blé et de céréales dans les pays producteurs, notamment en exportant davantage, et de stimuler la production. Il a insisté sur la nécessité de produire plus en Europe, mais aussi sur le sol des pays les plus dépendants.

Si ce choc de production était déjà au cœur des annonces de la France et des institutions européennes, le président de la République a apporté une nouveauté concernant ces aides aux pays d’Afrique, du Proche et du Moyen-Orient les plus touchés. Les détails sur leur mise en application seront apportés prochainement. Par ailleurs, Emmanuel Macron a ajouté que ces mesures se feront « en restant vigilant sur les engagements climatiques et sur la biodiversité ».

Malgré cette précision destinée à anticiper les critiques sur l’abandon des ambitions environnementales, l’ONG française CCFD-Terre Solidaire et ses partenaires s’inquiètent du « trop peu de détails [qui] sont donnés pour mesurer réellement l’orientation et l’impact d’investissements dans l’agriculture durable ».

Solidarité mondiale

Lors des sommets de l’OTAN et du Conseil européen, l’UE et les États-Unis, deux des principaux donateurs en matière d’aides alimentaires dans le monde, se sont engagés financièrement à aider les pays en difficultés.

Les Etats-Unis ont annoncé vouloir fournir plus de 11 milliards de dollars (soit 10 milliards d’euros) au cours des cinq prochaines années tandis que l’UE s’est dite prête à consacrer au moins 2,5 milliards d’euros à la coopération internationale en matière de nutrition pour la période 2021-2024.

Emmanuel Macron a également insisté sur l’implication des pays africains notamment, après avoir échangé avec le président de l’Union africaine (UA), Macky Sall.

Au niveau des instances internationales, l’Organisation des Nations Unis (ONU) a répondu présent via son Programme alimentaire mondial (PAM) qui entend débloquer 595 millions de dollars pour faire face à l’urgence. Enfin le Fond monétaire international (FMI) « se tient prêt à aider les pays africains à remédier aux répercussions de la guerre, et à les accompagner dans la conception et la mise en œuvre de réformes en leur prodiguant des conseils, en contribuant au développement de leurs capacités et en leur accordant des prêts » déclare sa Directrice générale Kristalina Georgieva.

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