Ingérence étrangère : protéger les élections 2024

BREAKNEWS : Menace russe sur les élections européennes (avril 2024à
Un cas de l’ingérence venant de Moscou a été révélé: les services secrets tchèques et polonais ont dévoilé l’existence d’un réseau prorusse diffusant la propagande du Kremlin sur internet. Basé à Prague, un site d’information: “Voice of Europe” a interviewé plusieurs responsables politiques de l’extrême droite européenne. Vendredi, le Premier ministre belge Alexander De Croo a affirmé que ce réseau a approché des eurodéputés et les a payés “pour promouvoir la propagande russe”. Si le site a été désactivé, le compte X de la plateforme est toujours alimenté.

Alerte. Dans la foulée de ces révélations, les groupes des Verts et Renew Europe au Parlement européen ont réclamé l’ouverture d’une enquête interne auprès de la présidente de l’institution Roberta Metsola. “Si des députés européens […] ont reçu de l’argent ou ont été corrompus par le gouvernement russe ou leurs mandataires, ils doivent être dénoncés”, écrit la cheffe des libéraux et tête de liste “Besoin d’Europe” en France, Valérie Hayer. Les socialistes européens se sont joints à leurs collègues, appelant à la tenue d’un débat en session plénière.

Les institutions européennes comme les Etats membres ne sont pas démunis face à cette menace, depuis que le Parlement européen a revu ses règles internes: les eurodéputés doivent publier leurs rendez-vous avec des lobbyistes ou des représentants d’Etats tiers.

Le Parlement européen a en efet approuvé le 1er juin 2023 un rapport sur la lutte contre l’ingérence étrangère et la manipulation de l’information préparé par la Commission spéciale du Parlement européen : ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’UE (ING2). Le texte a été adopté lors de la session plénière du Parlement par 469 voix pour, 71 contre et 75 abstentions.

Une approche fondée sur l’analyse des risques

Le rapport préconise notamment l’abandon des approches qui ne tiennent pas compte des caractéristiques nationales dans la lutte contre l’ingérence étrangère et la manipulation de l’information, une approche actuellement pratiquée par la Commission et le Service européen pour l’action extérieure (SEAE), l’organe diplomatique de l’UE.

Il recommande :

  • une approche « fondée sur l’analyse des risques », basée sur des critères objectifs, dans laquelle les autorités sont disposées à identifier et à nommer les pays qui ont tenté d’interférer dans les affaires d’un pays.
  • la mise en place d’une stratégie globale de lutte et de prévention contre les activités de manipulation de l’information et d’ingérence menées depuis l’étranger, notamment par le renforcement de l’application des mesures existantes et la mise en œuvre d’actions de renforcement des capacités.
  • une attention et une communication accrues avec les pays tiers dans le voisinage immédiat de l’UE et au-delà
  • la nécessité de renforcer les capacités européennes et nationales en matière de prévention et de démystification de la désinformation, ainsi que d’améliorer les compétences cyber, la culture numérique et l’éducation civique.
  • la création d’une structure européenne chargée d’analyser les données, de coordonner la recherche et de produire des rapports afin d’améliorer la connaissance de la situation, le partage des renseignements sur les menaces et les contre-mesures.
  • la mise en place d’un système d’alerte rapide pour les eurodéputés et les membres des parlements nationaux afin de lutter contre la désinformation, ainsi qu’une formation spécifique pour toute personne travaillant dans les institutions publiques.

Le rapport critique la réponse des grandes plateformes en ligne à la désinformation, regrettant que des acteurs tels que Meta, Google, YouTube, TikTok et Twitter n’en fassent toujours pas assez pour la contrer.

Dans le document, les eurodéputés mettent en garde contre la dépendance de l’UE dans des secteurs stratégiques, notamment celui de l’énergie, des technologies numériques et des infrastructures critiques, et s’inquiètent de la vulnérabilité des câbles sous-marins et mettent en garde contre l’influence par l’intermédiaire d’institutions universitaires et culturelles, ainsi que contre l’accaparement des ressources par les élites et le financement opaque d’activités politiques par des donateurs étrangers.

Les députés avertissent que l'ingérence dans les processus démocratiques augmentera à l'approche des élections de 2024 ©Roibu/Adobe Stock
Les députés avertissent que l’ingérence dans les processus démocratiques augmentera à l’approche des élections de 2024 ©Roibu/Adobe Stock 


Retrouvez les principales conclusions du rapport en cliquant ici.


Le rapport fait suite à la mise en œuvre de la résolution sur l’ingérence étrangère adoptée en mars 2022. Au cours de la préparation de ce nouveau rapport, les députés ont rencontré des décideurs politiques nationaux, européens et internationaux, des services de renseignement des États membres, ainsi que le centre StratCom de l’OTAN à Riga et le Centre d’excellence européen pour la lutte contre les menaces hybrides (Hybrid CoE) à Helsinki. Ils ont également échangé avec le gouvernement et les autorités australiennes, avec les organes respectifs de l’ONU à New York, ainsi qu’avec les entités et autorités compétentes à Kiev, en Ukraine.

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Les eurodéputés soutiennent un rapport appelant à agir contre l’ingérence étrangère – EURACTIV.fr