Global Gateway et routes de la soie : l’heure des doutes – EURACTIV.fr

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Dans le cadre de l’initiative Global Gateway, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé jeudi 10 février 2022 à Dakar que l’Europe comptait mobiliser plus de 150 milliards d’euros d’investissements en Afrique dans les prochaines années.

« Aujourd’hui, je suis fière d’annoncer plus de 150 milliards d’euros par le programme Afrique-Europe ; c’est le tout premier plan régional sous Global Gateway », a-t-elle dit devant la presse, en référence à l’initiative européenne lancée en décembre.

Global Gateway est censée mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros de fonds publics et privés d’ici à 2027 dans des projets d’infrastructures à travers le monde. Sa déclinaison pour l’Afrique fixe plutôt l’horizon à 2030, indique un document rendu public par la Commission européenne.

L’argent ira aux énergies renouvelables, à la réduction des risques de catastrophe naturelle, à l’accès des Africains aux réseaux internet, aux transports, à la production de vaccins ou à l’éducation, dit le document.

« Pour tout cela, nous avons bien sûr besoin du secteur privé, de son expertise et de son fort investissement, nous avons aussi besoin de volontarisme politique au plus haut niveau », a déclaré Mme von der Leyen au côté du président sénégalais Macky Sall.

Global Gateway est perçue comme une riposte aux « Nouvelles routes de la soie » tracées par la Chine. En Afrique aussi, la Chine étend rapidement sa présence économique et politique.

La visite de Mme von der Leyen précède de quelques jours le sommet Union européenne-Union africaine des 17 et 18 février à Bruxelles. Le chef de l’Etat sénégalais assume depuis peu la présidence de l’Union africaine.

« Les investissements seront au coeur des discussions » de ce sommet, a souligné Mme von der Leyen. « Dans ce domaine, l’Europe est le partenaire le plus fiable pour l’Afrique et de loin le plus important », a-t-elle ajouté.

Mme von der Leyen a redit que Global Gateway était ancrée dans « les valeurs auxquelles l’Europe et l’Afrique sont attachées, comme la transparence, la durabilité, la bonne gouvernance et le souci du bien-être des populations ».

Les concurrents chinois ou russes des Européens en Afrique sont communément accusés d’être moins exigeants quant à la protection de l’environnement ou des droits humains.

Mme von der Leyen avait indiqué dans un entretien accordé à l’AFP avant son déplacement que les investissements étrangers en Afrique avaient « trop souvent des coûts cachés, des coûts financiers, politiques, environnementaux et sociaux, parfois très lourds ». Elle avait déploré les liens de « dépendance » qu’ils pouvaient établir, possible allusion à la dette contractée auprès des bailleurs chinois.

Le président sénégalais a dit attendre du sommet UE-UA « un partenariat rénové, modernisé et davantage orienté vers l’action ».

« L’Europe et l’Afrique ont intérêt à travailler ensemble », du fait de leur proximité et des répercussions sur la sécurité, et des opportunités offertes à l’Europe par l’Afrique, « avec ses ressources humaines et naturelles et ses besoins de développement », a-t-il dit.

Il a exprimé son « attachement à la lutte contre le réchauffement climatique, mais également notre plaidoyer pour le maintien du financement sur le gaz pour soutenir l’industrialisation de l’Afrique et l’accès universel à l’électricité, puisque plus de 600 millions d’Africains restent encore privés d’électricité ».

Le Sénégal, pays pauvre, place beaucoup d’espoir dans l’exploitation future des champs de gaz et de pétrole découverts dans l’Atlantique. Il prévoit de produire ses premiers barils fin 2023 ou en 2024.

Le président sénégalais s’alarme de l’engagement annoncé en 2021 pendant la conférence sur le climat COP26 par une vingtaine d’Etats, dont les Etats-Unis et la France. Ils comptent mettre un terme d’ici fin 2022 au financement à l’étranger de projets d’énergies fossiles sans techniques de capture du carbone.

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https://www.euractiv.fr/section/monde/news/lue-promet-a-lafrique-plus-de-150-milliards-deuros-dinvestissements/

Un temps divisé entre partisans et détracteurs d’une intégration aux nouvelles routes de la soie, les États membres de l’Union européenne ressentent dorénavant une désillusion profonde à l’égard de la Belt and Road Initiative.

Depuis l’annonce du projet des Routes de la Soie en 2013 par Xi Jinping, l’Union européenne s’est inquiétée, méfiée, des investissements chinois. On peut citer comme exemple l’entreprise chinoise de transport maritime Cosco qui prend le contrôle du port du Pirée en Grèce en janvier 2016. Le pays, essoré par des années d’austérité, accueille à bras ouverts les investissements chinois, qui dès lors se multiplient au sud et à l’est du continent. La Chine s’appuie notamment sur le forum 16 + 1 créé en 2011 rassemblant les anciens pays d’Europe de l’Est.

Au fil des années, les investissements chinois deviennent sources de divisions au sein de l’UE, certains États comme la Hongrie ne se privant pas de s’en servir comme levier de négociation. Tandis qu’à Bruxelles, on craint les effets d’une concurrence qui serait défavorable aux entreprises européennes. Depuis, plusieurs États affichent leur déception : l’Italie, qui avait adhéré en 2019, s’apprête à sortir officiellement du programme des Routes de la Soie et les investissements chinois ne s’avèrent pas aussi importants qu’auraient pu espérer les pays d’Europe centrale et orientale.

Peut-on dire que la Belt and Road Initiative est en train de marquer un coup d’arrêt en Europe ou bien est-ce juste un ralentissement temporaire ? Les craintes des Européens sont-elles d’ordre économique, technologique et sécuritaire ou bien géopolitique ? Quid des pays qui veulent sortir de la BRI ?

Pour répondre à ces questions, Julie Gacon reçoit Alice Ekman, analyste responsable de l’Asie à l’Institut des études de sécurité de l’Union européenne (EUISS) et auteure de Dernier vol pour Pékin (Éditions de l’Observatoire, 2022) et Abigaël Vasselier — directrice de recherche du programme sur la politique étrangère de la Chine à MERICS (Mercator Institute for China Studies), think tank européen basé à Berlin. Coautrice de La Chine à nos portes. Une stratégie pour l’Europe avec François Godement (éd. Odile Jacob, 2018).

Focus : Global Gateway : la réplique européenne aux routes de la soie

Avec Eric Mottet – Professeur à l’Université catholique de Lille, directeur de recherche à l’IRIS et codirecteur de l’Observatoire géopolitique de l’Indo-Pacifique. Codirecteur de À la croisée des nouvelles routes de la soie. Coopérations et frictions, avec Frédéric Lasserre et Barthélémy Courmont (éd. Presses de l’Université du Québec, 2022)

Le 1er décembre 2021, Ursula von der Leyen lance le projet Global Gateway, un programme d’investissement de l’UE envers les pays en voie de développement de 300 milliards d’euros visant clairement à concurrencer la BRI. Ce projet, censé être une alternative européenne aux nouvelles routes de la soie, investira des projets d’infrastructures, mais il n’est pas présenté comme un contre-projet des Routes de la Soie.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/cultures-monde/de-l-italie-a-la-grece-la-desillusion-des-europeens-1730310