LES GÉANTS DU NUMÉRIQUE : UN FREIN À L’INNOVATION ?

Les pratiques anticoncurrentielles des Big Tech montrent que ces entreprises n’hésitent plus à s’appuyer sur leurs positions dominantes pour évincer leurs concurrents, bloquer l’entrée de jeunes firmes innovantes et asseoir ainsi leur hégémonie aux dépens du reste de la société.

Un cercle vicieux manifeste s’engage : leurs immenses réserves financières étudiées dans la première partie de cette note croissent à proportion de ces entraves concurrentielles en même temps qu’elles les facilitent.

Derrière cet inquiétant tableau se révèle en creux l’incapacité chronique des autorités antitrust à agir dans un secteur où les modèles économiques défient leurs grilles d’analyse habituelles. Afin de recréer les conditions d’un environnement propice à l’innovation, un durcissement et une adaptation de la politique de concurrence sont nécessaires. Cette transformation doit s’accompagner d’un renforcement des moyens et des compétences des autorités administratives, trop souvent dépassées par des pratiques anticoncurrentielles dont la technicité et la complexité ne font que croître. Enfin, des politiques proactives comme des mesures d’interopérabilité et d’ouverture des droits de propriété industrielle compléteraient utilement la démarche souvent réactive de l’antitrust.

Trouver le juste équilibre entre rémunération des innovateurs d’hier et soutien aux innovateurs de demain demeure un exercice extrêmement délicat. Mais il est clair que le laxisme des autorités antitrust et la passivité des régulateurs mettent en péril l’entrée sur le marché de jeunes entreprises prometteuses. Il est urgent d’agir, afin de ne pas laisser les anciens champions empêcher l’émergence des champions de demain.

 

Une étude rédigée par Paul-Adrien Hyppolite et Antoine Michon pour la Fondation pour l’innovation politique.

 

La Fondation pour l’innovation politique est un lieu d’expertise, de réflexion, de débat, et s’attache à décrire et à comprendre la société française et européenne en devenir. La Fondation s’attache à faire des propositions et des recommandations innovantes à l’adresse des acteurs politiques, économiques et sociaux, tant publics que privés, français et européens. La Fondation partage de nombreuses valeurs communes avec Involved in #Europe et nous nous plaçons dans la même perspective libérale, progressiste et européenne. Cette communauté de pensée se reflète notamment par la participation de Lambert Volpi aux travaux de notre blog et ses précédentes activités auprès de la Fondapol.