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Les ministres de dix États européens ont demandé à la Commission de mettre en place une stratégie « crédible et détaillée » pour une Europe carboneutre d’ici 2050.
Les ministres de l’Énergie et de l’Environnement du Danemark, de la Finlande, de la France, de l’Italie, du Luxembourg, des Pays-Bas, du Portugal, de la Slovénie, de l’Espagne et de la Suède ont signé une lettre commune adressée au commissaire au climat, Miguel Arias Cañete, exigeants des « directives claires » pour la neutralité carbone.
Selon les nouvelles règles sur l’énergie et les conclusions du Conseil datant de mars, la Commission doit présenter une stratégie climatique d’ici la fin de l’année, afin d’indiquer comment les États membres pourront respecter les engagements de l’accord de Paris.
Le 28 novembre, l’exécutif européen devrait donc dévoiler sa vision pour 2050, qui inclura huit options possibles pour mettre l’UE sur la voie de la neutralité carbone. Les États membres devront ensuite en choisir une.
La loi européenne sur la gouvernance énergétique oblige la Commission à inclure au moins une voie vers des émissions nettes nulles de gaz à effet de serre, ainsi qu’un scénario conforme à l’objectif principal de l’accord de Paris de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré d’ici la fin du siècle.
Dans leur lettre commune, obtenue par Euractiv et datée du 14 novembre, les dix États membres, qui représentent 51 % de la population de l’UE, « encouragent la Commission à fixer une orientation claire vers des émissions nettes de zéro GES dans l’UE d’ici 2050 » et insistent pour que les différentes options soient présentées de manière « crédible et détaillée ».
Selon nos informations, Miguel Arias Cañete serait convaincu que les options menant à la neutralité carbone doivent rester dans la stratégie, malgré le lobbying important de pays comme la Pologne, qui accueille la prochaine COP, à Katowice, en Pologne.
L’équipe du commissaire espagnol serait en contact quotidien avec le secrétaire d’État polonais à l’Environnement, Michał Kurtyka, responsable du bon déroulement du sommet de l’ONU sur le climat, qui s’inquiète de l’ambition de la Commission.
Reste à savoir si la Commission recommandera explicitement l’une de ses options aux États membres ou si elle laissera la question à l’entière discrétion du Conseil. Son président, Jean-Claude Juncker, pourrait toutefois peser de tout son poids en faveur du choix le plus ambitieux, afin de laisser le souvenir d’un succès avant la fin de son mandat.
Urgence climatique
La lettre des dix capitales renforce l’élan proclimat lancé en octobre par un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU, le GIEC, qui appelait à l’action pour limiter le réchauffement à 1,5°C.
Ce rapport a été suivi d’une résolution du Parlement européen incitant la Commission à garantir que sa stratégie comporte une option de neutralité carbone en 2050. La résolution a même été soutenue par les élus de centre droit du PPE.
Lors de l’élaboration de la stratégie, des sources avaient en effet laissé entendre que la Commission pourrait éviter de mettre un objectif pour 2050, mentionnant plutôt « le milieu du siècle », voire élimine tout bonnement d’inclure une modélisation zéro carbone.
Les eurodéputés ont aussi voté pour une révision à la hausse de l’objectif de réduction des émissions pour 2030, fixé à 40 %. En réaction au rapport du GIEC, ils estiment que cet objectif devrait être de 55 %.
Dans leur lettre, les 11 ministres (en France ils sont deux à avoir signé, François de Rugy et Brune Poirson) insistent pour que la proposition de la Commission se penche sur la « cohérence » d’une réduction de 40 % des émissions d’ici 2030 par rapport aux options proposées pour 2050. Selon les informations obtenues par Euractiv, la Commission se serait en réalité fondée sur une réduction de 45 % pour toutes ses modélisations.
En juin, le commissaire au climat a indiqué que les nouvelles lois sur l’efficacité énergétique et les renouvelables pousseraient « de facto » l’Europe à une réduction de 45 % d’ici 2030, sans qu’il soit nécessaire de changer la législation. Les spécialistes assurent cependant que cela ne suffira pas à atteindre l’objectif de l’accord de Paris, qui vise un réchauffement maximum de 2°C.
Tous les signataires de l’accord devront finaliser ou mettre à jour leurs engagements de réduction des émissions d’ici 2020. Selon les observateurs de la politique climatique, la question principale de l’année prochaine sera de savoir dans quelle mesure l’UE devrait relever son objectif global.
La stratégie de la Commission ne se penche pas sur ce qui se passera entre 2030 et 2050. Selon les informations obtenues par Euractiv, La Commission prévoyait au départ une feuille de route détaillée étape par étape. Cette approche a été abandonnée en cours de route, étant donné que la Pologne avait déjà opposé son veto à ce type de planification à long terme en 2011 et en 2012.
Cela signifie que lorsque les dirigeants se réuniront pour discuter de la stratégie, peut-être lors du Conseil européen de décembre, ils n’auront qu’à débattre de l’objectif final, pour 2050, plutôt que de toutes les étapes pour y parvenir.
Les fonctionnaires européens doivent procéder cette semaine à l’examen final de la stratégie, qui devrait ensuite être approuvée par le collège des commissaires dans la matinée du 28 novembre.