Grain de SEL : Après les élections européennes du 9 juin, Ursula Von Der Leyen est réélue pour un 2eme mandat à la tête de la Commission européenne. Le Parlement européen l’a intronisé plus largement que la dernière fois avec 401 voix pour et 284 contre. Le vote est à bulletin secret, mais il est possible de reconstituer le scrutin salué par le Parti populaire européen , les sociaux-démocrates et les libéraux : partis centristes de l’hémicycle qui ont négocié cette reconduction et chacun estime que ses priorités sont représentées dans le nouveau programme de la responsable allemande. Les Verts se félicitent de voir le Pacte vert toujours sur les rails. Leur soutien eu un impact décisif : une quarantaine de voix apportées peremt de dépasser t le seuil des 360 votes pour une majorité. Cet apport étend la coalition davantage vers la gauche et non vers l’extrême droite.
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Dans son discours intervenu préfigurent largement les orientations de son programme .
Ursula von der Leyen : un bilan très honorable
L’élection formelle, par le Parlement européen, le 18 juillet dernier, d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission pour un second mandat marque le véritable terme de la législature et de ses cinq premières années à la tête de l’exécutif communautaire. Au cours de l’été et à l’automne, la dirigeante allemande aura la charge de constituer son Collège et de le faire approuver par les députés, tandis que s’engageront des réflexions sur les priorités ciblées des Commissaires et la cohérence du programme qu’elle a énoncé. L’heure est donc venue de prendre du recul sur un premier mandat marqué par les crises, par l’ambition de la présidente de rendre la Commission plus « géopolitique » et par le souci, plus discret, de répondre politiquement aux aspirations et attentes des citoyens. Quelle analyse peut-on faire de l’action d’Ursula von der Leyen ?
La Commission a très bien réagi à trois crises inédites
L’arrivée en juillet 2019 d’Ursula von der Leyen à la tête du Berlaymont, le siège bruxellois de la Commission européenne, était inattendue. Le choix de l’ancienne ministre de la Défense et de la Famille allemande, membre de la CDU, a en effet été la surprenante résultante d’un accord franco-allemand portant également sur la présidence de la Banque centrale européenne (BCE), attribuée, elle, à la française Christine Lagarde. Le profil authentiquement européen que présentait « VDL » semblait de bon augure pour raviver l’ambition communautaire et se positionner plus discrètement dans l’orbite du Conseil européen que n’avait pu le faire son prédécesseur. Les temps paraissaient plus calmes : l’Union avait colmaté les fractures de la « polycrise » qui avait marqué le mandat de Jean-Claude Juncker et renouait avec la croissance, la convergence économique et une forme de cohésion politique.
Une série de chocs extérieurs est cependant venue à nouveau troubler l’horizon. La pandémie de Covid-19 a été le premier. La propagation du nouveau virus a fait peser un risque de santé publique majeur et plongé les économies européennes dans des récessions inédites depuis les années 1930. Elle a constitué également un moment de vérité pour l’Europe : sans une action franche et résolue, l’Union courait le risque d’être à nouveau affaiblie. Cependant, la réaction de la Commission a été en tout point excellente. Au plan sanitaire, sa mesure la plus notable a été l’achat groupé de vaccins, bien que ce dernier ait fait l’objet de controverses. Au plan économique, elle a participé à une réponse très innovante des États et des institutions, en particulier avec le plan de relance « Next Generation EU » (NGEU), financé par un endettement commun inédit, mais aussi avec le mécanisme de refinancement des assurances chômage nationales, « SURE ».
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a constitué le deuxième choc. En réaction à cet évènement majeur, qui a mis en cause la sécurité et les valeurs européennes, la Commission von der Leyen a adopté une ligne résolument ferme vis-à-vis de Moscou et proposé, puis mis en œuvre treize trains de sanctions économiques, financières et individuelles particulièrement rudes. Elle a mis en musique la directive sur la protection temporaire et facilité ainsi un accueil digne à plus de quatre millions de réfugiés. En matière de défense, la Commission a coordonné des livraisons d’armes et des financements issus de la Facilité européenne pour la paix (FEP) et des États membres comptant pour un tiers du volume d’aide total de l’UE à Kyiv, estimé à 88 milliards. De façon plus controversée, Ursula von der Leyen a ancré la perspective d’une adhésion de l’Ukraine à l’UE, matérialisée depuis par l’ouverture de négociations.
La crise énergétique et du « coût de la vie » a été le troisième choc notable. Le chantage aux livraisons de gaz et de pétrole pratiqué par la Russie avait fait naître un risque de coupures d’électricité et d’aggravation des récessions. La Commission n’a pas été déstabilisée et a proposé sans attendre le programme « RePowerEU » visant à réduire la dépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis de Moscou et à accélérer le déploiement de ses propres sources d’énergies renouvelables. De même que durant la crise de la Covid, elle a organisé, avec une plateforme dédiée, un achat groupé de gaz à meilleur prix. Cette politique a incontestablement porté ses fruits : les prix du gaz et de l’électricité étaient au printemps 2024 près de dix fois inférieurs à leur pic de l’été 2022 et les installations d’énergie solaire et éolienne européennes avaient augmenté, au printemps, de 35% par an depuis la mise en place du dispositif.
Le Collège des Commissaires a porté un programme audacieux
Ces trois crises inattendues autant que telluriques ont incontestablement marqué le mandat d’Ursula von der Leyen et tôt affermi des sentiments positifs à l’égard de son action. Elles ne doivent pas pour autant faire oublier le programme dûment délimité et audacieux que portait le Collège des Commissaires autour de six priorités, parmi lesquelles on trouvait bien sûr le « Pacte vert » et l’avènement d’un « leadership » numérique pour l’Europe, mais aussi le soutien à l’industrie européenne, la préservation de l’économie sociale de marché, la lutte contre la migration irrégulière et la défense de la démocratie et de l’état de droit. Si l’ambition affirmée de la Commission était d’être « géopolitique », marquant en cela un pas de côté par rapport à l’approche « politique » de Jean-Claude Juncker, son positionnement se voulait pour le moins à l’écoute des préoccupations et attentes des opinions et des États.
L’ambition climatique et environnementale portée par la Commission a sans doute été le projet le plus structurant de la législature. Le « Pacte vert » portant l’objectif cardinal de faire de l’Union le premier continent neutre en carbone à l’horizon de 2050 s’est traduit par des dizaines de mesures législatives majeures mêlant incitations, règlementations et investissements dans une variété considérable de secteurs. Il a constitué un projet tout à la fois politique (répondre aux attentes exprimées en 2019, assurer la cohésion de la coalition parlementaire) ; économique (développer des technologies et une industrie propres au service de la compétitivité européenne) ; et géopolitique (assoir le rôle multilatéral exemplaire de l’Union à l’heure où les ambitions de ses partenaires s’amenuisaient). Cependant, les coûts de la transition, la lourdeur règlementaire et la contrainte des échéances ont suscité de vives contestations.
Le soutien au déploiement du numérique a été presque aussi fort mais moins remarqué, à l’exception peut-être de la période de la Présidence française du Conseil en 2022, qui a permis d’engranger des résultats conséquents. Elle comprenait une dimension concurrentielle consistant à limiter le pouvoir des géants numériques (Digital Markets Act) et une autre, démocratique et civique, comportant diverses mesures visant à contrôler la diffusion des contenus, à lutter contre la désinformation, ou à garantir les droits des usagers (Digital Services Act). La Commission a également accru les efforts précédemment engagés sur les compétences et déployé une partie de ses programmes d’investissements (NGEU et InvestEU) en soutien aux entreprises du secteur. Elle a, enfin, été pionnière dans la régulation de l’intelligence artificielle (Artificial Intelligence Act), même si sa charge règlementaire représente un fardeau.
La Commission s’est aussi fortement investie dans la politique industrielle. Ce volet a été marqué par le déploiement du dispositif sur les projets d’intérêt industriel européen commun (PIIEC) relâchant le cadre des aides d’États en soutien à des filières innovantes telles que les batteries automobiles, l’énergie éolienne ou les semi-conducteurs. Sur le plan extérieur, l’exécutif communautaire s’est soucié de constituer une alliance d’approvisionnements de matières premières critiques. Des proportions importantes de deux plans d’investissement novateurs, « InvestEU » et celui propre au « Pacte vert », viennent utilement appuyer ces ambitions, de même que le « Chips Act ». L’imbrication de l’industrie et du social n’a pas non plus été oubliée : durant le mandat, la Commission s’est efforcée de donner corps, au travers d’un plan d’action présenté en mars 2021, au Socle européen des droits sociaux signé en 2017.
Des maladresses, des erreurs et des lacunes
Si le mandat von der Leyen a délivré nombre de ses promesses, avec un taux d’approbation des initiatives législatives de 75%, il n’en a pas pour autant été exempt de maladresses. La première d’entre elles est son tropisme atlantiste, qui s’est manifesté dans une réaction faible au plan « IRA » déployé par l’administration Biden, par la nomination prévue, et finalement avortée, de Fiona Scott-Morton au poste de chef économiste de la DG Concurrence, ou encore par la conclusion d’un accord de partage transatlantique de données individuelles manifestement liberticide et contesté par le Parlement (Data Privacy Framework). Un deuxième faux pas a été réalisé avec le soutien hâtif, unilatéral et non coordonné à Israël au début du conflit avec le Hamas. Enfin, dans l’exercice de son pouvoir, von der Leyen a été très solitaire, peu transparente et collégiale, et parfois peu respectueuse du Parlement.
De façon plus inquiétante, le contenu de certains dossiers majeurs parait assez critiquable. En matière économique, le « Net Zero Industrial Act » (NZIA) adopté au printemps 2024 en réponse à l’IRA et ayant pour ambition de développer des technologies propres, contient des mesures à la fois inabouties, mal financées et protectionnistes. La liberté que le texte laisse en matière d’aides d’État expose aussi à un risque de divergence entre les pays qui en ont les moyens et ceux qui n’en ont pas. De même, la « Stratégie de sécurité économique » (SSE) présentée à l’été 2023 afin de « dé-risquer » la relation avec la Chine semble rompre excessivement avec une logique de libre-échange et d’investissements libres. En conséquence, tant le « NZIA » que la « SSE » pourraient, en réalité, obérer le développement de technologies propres et entrer en contradiction avec l’ambition de neutralité climatique.
Un autre dossier problématique est celui du « Pacte asile et migration », finalement adopté en fin d’année 2023. S’il est très louable que la Commission ait réussi à relancer une dynamique politique aboutissant à mieux traiter des problèmes liés à la gestion des frontières, au traitement des demandes d’asile, et au manque cruel d’entre-aide entre États, l’équilibre entre les volets « responsabilité » et « solidarité » du dossier est mal assuré. En effet, dans l’accord, le système de Dublin n’a pas été réformé et les mécanismes de solidarité demeurent assez limités. Au surplus, les déboutements facilités des demandeurs d’asile éconduits pourraient être très hasardeux. Enfin, si le Pacte instaure des progrès en matière d’immigration légale pour les travailleurs qualifiés et les « métiers en tension », il manque d’une approche plus large et davantage coordonnée en matière d’intégration des immigrés.
Enfin, la Commission von der Leyen n’a pas apporté de réponses suffisamment ambitieuses sur certains dossiers. Dans le champ économique et financier, la réforme de l’Union économique et monétaire a été laissée en jachère et les progrès proposés sur l’Union bancaire n’ont malheureusement pu aboutir. L’Union des marchés de capitaux n’a connu que des réformes incrémentales. En matière de défense de l’état de droit, le nouveau mécanisme de conditionnalité, associé à la distribution des fonds du budget de l’UE, représente certes une avancée, mise en œuvre avec la Hongrie, mais elle reste soumise au contexte politique, en l’occurrence l’enjeu d’un soutien à l’Ukraine. Or, la défense de l’état de droit devrait reposer sur des principes solides et objectifs au risque, en étant dévoyés, de perdre en crédibilité. En matière sociale, la régulation de l’emploi des plateformes numériques reste limitée.
Conclusion
La Commission présidée par Ursula von der Leyen a incontestablement révélé sa qualité dans la gestion des crises et dans ses acquis sur plusieurs dossiers emblématiques, au premier rang desquels le « Pacte vert », le déploiement de programmes d’investissements conséquents, et certaines mesures de politique industrielle. Elle a aussi su faire preuve de réalisme géopolitique dans sa réponse à la guerre en Ukraine, dans le déploiement de partenariats énergétiques et dans le maintien d’une ligne réaliste vis-à-vis de la Chine. Ses acquis sont certainement déterminants dans la perspective d’un second mandat davantage axé sur les enjeux de défense, sur une meilleure articulation de l’écologie avec la compétitivité des entreprises et sur les avancées numériques. Cependant, les défis de la croissance, des avancées sociales et de la préparation de l’élargissement seront majeurs et nécessiteront une forte cohésion.
26 juillet 2024. Par Olivier Marty, président d’Educ-EU, société de formation et de conseil sur les politiques publiques de l’Union européenne. Extrait de la Newsletter de confrontations Europe de septembre 2024.
Les priorités 2024-2029
Le mandat 2024-2029.
La stratégie géopolitique européenne présentée dans les lignes directrices politiques d’Ursula Von der Leyen pour la Commission européenne 2024-2029 est construite sur l’idée que le monde est plus dangereux qu’il ne l’a été depuis des générations. Dans ce contexte, l’UE doit s’affirmer davantage dans la poursuite de ses intérêts stratégiques.
ELARGIR
Le premier axe développé dans la stratégie est celui des élargissements qui sont perçus comme un impératif pour stabiliser les régions voisines. Sans surprise, Ursula von der Leyen réaffirme son soutien continu à l’Ukraine « aussi longtemps que nécessaire ». Cela s’accompagne d’une approche plus ciblée en ce qui concerne le voisinage élargi, avec un point d’attention sur la Méditerranée.
U. Von der Leyen a d’ailleurs proposé de nommer un “commissaire pour la Méditerranée.”
Le nouveau “pacte pour la Méditerranée” vise à remodeler les relations et à renforcer les partenariats dans cette région stratégique et instable.
La volonté est enfin d’œuvrer pour une solution fondée sur la coexistence de deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien.
Autonomie économique et stratégique
Vient ensuite la politique économique étrangère, dans un contexte où l’ouverture commerciale engendre des risques pour les entreprises du continent.
Il s’agit d’abord d’œuvrer pour le renforcement de la sécurité économique avec plusieurs leviers comme le filtrage des Investissements Directs Étrangers. Sur la partie commerciale, la volonté première est de sécuriser les chaînes d’approvisionnement et notamment l’approvisionnement en minerais et matières critiques.Enfin, U. Von der Leyen souhaite investir dans des partenariats en se tournant notamment vers la zone Indo-Pacifique.
Defense
Avec le retour de la realpolitik et la guerre sur le continent européen, Ursula Von der Leyen veut œuvrer pour une Union européenne de la Défense. La priorité affichée, plus que d’avoir une capacité militaire autonome, est de construire une base industrielle commune, encourager l’innovation et développer le marché unique sur le plan de la défense.
nommer un commissaire chargé de la défense.
des priorités sectorielles stratégiques affichées : l’aérien (bouclier aérien européen) et la cyberdéfense.
Plusieurs voix s’élèvent d’ailleurs pour aller plus loin en ce qui concerne l’autonomie stratégique. Pascal Canfin (FR-RE) indiquait ainsi que « La France veut un vice-président exécutif de la Commission européenne, en charge de l’autonomie stratégique ».
Green deal porté à l’extérieur : la diplomatie verte
L’UE doit aussi se repositionner dans un ordre mondial contesté par les puissances émergentes en le « verdissant » : U. Von der Leyen souhaite renforcer la diplomatie verte de l’UE et argue pour le maintien du leadership européen dans les négociations internationales sur le climat.
L’idée est de s’appuyer sur les initiatives récentes de l’UE sur des questions clés (méthane, tarification du carbone, etc.).
Une réflexion qui est au coeur du débat européen sur l’action climatique de l’UE. Ce nouveau mandat vise également à préserver les acquis de la Commission « géopolitique » en maintenant l’influence internationale de l’Europe, notamment en matière de normes environnementales. La nouvelle Commission Von der Leyen ambitionne également de renforcer la diplomatie verte européenne et de renforcer l’engagement de l’Europe avec les Etats tiers de l’UE sur les aspects extérieurs des politiques européennes. L’Europe entend ainsi définir sa vision mondiale sur le climat et l’énergie avant la COP30, qui se tiendra au Brésil en 2025.
Dans ses “guidelines”, U Von der Leyen pose aussi les bases de la redéfinition de ses relations politiques et économiques avec les principales puissances et les pays voisins : elle souhaite renforcer ses liens avec ses alliés traditionnels : les Etats du G7 qui partagent les valeurs européennes et, plus spécifiquement, le Royaume-Uni. À l’inverse, l’idée est de montrer plus de fermeté vis-à-vis de la Chine, avec le constat d’un basculement de la relation de coopération à la concurrence, parfois déloyale.
Elections obligent (cf. EIH 23/6/24), les grandes lignes politiques publiées par la Commission pour le nouveau mandat Von der Leyen 2024-2029 n’affichent pas la même teinte verte que le premier mandat. Cependant, les Verts font partie de la majorité qui la soutient. En échange, la dimension environnementale reste très présente, bien que de manière plus discrète, puisqu’il ne faut pas effaroucher les conservateurs du PPE qui avaient fait campagne contre le Green Deal (cf. EIH 29/5/23).
On la retrouve donc dans chacun des principaux piliers mis en avant par la commission : la réindustrialisation, l’agriculture, le numérique et l’énergie. Avons-nous enfin compris que la question environnementale doit être au centre de toutes les préoccupations sans devenir un fardeau, ou met-on, une fois de plus, nos ambitions climatiques sous le tapis ?
« Clean Industrial Deal »
Pilier vert des ambitions de compétitivité et de réindustrialisation de l’UE, constitue la priorité de l’agenda de la nouvelle Commission. Ce plan doit être mis en place dans les 100 premiers jours du mandat et s’articule autour des objectifs suivants :
- Faciliter et pérenniser l’accès des entreprises aux énergies renouvelables et aux matières premières durables, tout en en réduisant les coûts ;
- Investir dans les infrastructures et les technologies énergétiques propres :
- technologies à faible teneur en carbone ;
- infrastructure de réseau ;
- capacité de stockage et infrastructure de transport pour le CO2 ;
- numérisation du système énergétique et déploiement d’un réseau d’hydrogène.
- Adopter une loi visant à accélérer la décarbonation industrielle pour soutenir les secteurs à forte consommation d’énergie dans leur transition verte.
- Le but de ces mesures est d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de carbone de 90 % d’ici 2040, conformément à la « Loi européenne sur le climat ».
- Selon la nouvelle Commission, la décarbonation doit également s’accompagner d’un effort particulier dédié à l’économie circulaire.
- Une nouvelle loi sur l’économie circulaire, visant à créer une demande pour les matériaux secondaires et un marché unique pour les déchets, notamment concernant les matières premières critiques sera proposée.
- Un nouveau paquet pour l’industrie chimique sera également défendu.
- Son objectif est de simplifier REACH et clarifier la réglementation sur les « substances éternelles » (PFAS).
- La Commission a également communiqué ses intentions concernant l’évolution du marché de l’énergie. L’idée est simple : la production d’énergies propres devient de moins en moins coûteuse, tandis que l’inflation a réduit le pouvoir d’achat des consommateurs. Il est donc crucial que ces derniers profitent de la baisse des coûts de production d’énergie propre. Pour y parvenir, la Commission continuera à réduire les prix de l’énergie en s’éloignant des combustibles fossiles. Cela aura également un impact positif sur le bilan carbone européen.
- En termes de mobilité, le travail à faire est encore immense. En effet, les transports étaient responsables de 31% des émissions carbone en Europe en 2021.
- Les voyages en train transfrontaliers doivent être simplifiés grâce à des systèmes de réservation ouverts permettant l’achat de trajets trans-européens, tout en conservant les droits au remboursement et aux voyages compensatoires. Une réglementation unique sur la réservation et la billetterie numérique sera ainsi proposée par la nouvelle commission pour offrir un billet unique sur une seule plateforme.
- Les e-carburants auront également un rôle majeur à jouer selon la Commission dans la réalisation de la neutralité climatique à horizon 2050.
- Enfin, le dernier pilier du “nouveau green deal” se concentrera sur la PAC et l’agriculture.
- L’idée est de garantir la sécurité alimentaire, la qualité des aliments, ainsi que le bien-être des sols et de nos agriculteurs qui font face à une compétition internationale déloyale.
- Dans les 100 premiers jours, une vision sera présentée pour concilier compétitivité et durabilité du secteur agricole.
- L’idée est là encore de récompenser les agriculteurs protégeant la biodiversité et travaillant avec la nature.
- L’idée est de garantir la sécurité alimentaire, la qualité des aliments, ainsi que le bien-être des sols et de nos agriculteurs qui font face à une compétition internationale déloyale.
- U. Von Der Leyen a également pour intention de nommer un commissaire à la pêche et aux océans afin de veiller à ce que le secteur de l’économie bleue reste durable, compétitif et résilient.
- A cela s’ajoute la volonté répétée d’œuvrer pour la protection des forêts, des régions boisées, des zones humides et des prairies. Cela est d’autant plus difficile à réaliser selon la commission que dans l’avenir le changement climatique va s’intensifier et la hausse des températures va porter ses premiers effets destructeurs sur le continent, faisant émerger la question du stress hydrique et de la qualité de l’eau. Ainsi la commission entend mettre en place deux plans :
- Stratégie européenne pour la résilience de l’eau ;
- Plan européen d’adaptation au climat.
Son discours (VF) : https://ec.europa.eu/commission/presscorner/home/en
La composition de la prochaine Commission: casse tête en perspective
Réélue le 18 juillet à la tête de la Commission européenne, Ursula von der Leyen va devoir marcher sur un fil pour constituer sa nouvelle équipe, en respectant les équilibres politiques et les désidératas des pays de l’Union, ainsi que l’égalité entre hommes et femmes.Dans une lettre envoyée aux États-membres, la présidente reconduite de la Commission européenne demande à chaque capitale de proposer deux candidats d’ici le 30 août pour rejoindre le Collège des commissaires. Elle passera l’été à s’entretenir avec les femmes et les hommes qui formeront sa nouvelle équipe pour les cinq années à venir, et les premiers entretiens devraient se tenir dans la seconde moitié du mois d’août, selon des personnes au fait du dossier. Il lui faudra tenir compte de trois paramètres : la parité des genres de ses collaborateurs, leur affiliation politique et leur origine géographique. Ursula von der Leyen a composé son équipe sans grandes difficultés en 2019, mais cette fois-ci, elle risque de passer un été difficile.
Plus d’hommes que de femmes
À l’instar de son premier mandat, Ursula von der Leyen demande aux États membres proposer deux candidats chacun, un homme et une femme, afin de faciliter l’équilibre des genres au sein du nouveau collège de 26 commissaires. « Il y aura une parité entre les hommes et les femmes », avait-elle d’ailleurs annoncé à la presse, après son élection de la semaine dernière à Strasbourg. « La seule exception est […] lorsqu’un commissaire en exercice reste », a précisé la responsable allemande, rapporte l’AFP, même si le but reste d’avoir un collège paritaire, a-t-elle insisté.Ursula von der Leyen risque pourtant de ne pas recevoir assez de noms pour constituer une équipe équilibrée. De premières candidatures sont déjà arrivées ces dernières semaines — de République tchèque, de Finlande, de Lettonie, d’Irlande, des Pays-Bas, d’Espagne, de Suède, de Slovénie et de Slovaquie — et toutes ne contiennent qu’un seul nom.
Et comme le montre la carte ci-dessous, la plupart sont des hommes, à quelques exceptions près.
https://e.infogram.com/42856a11-4876-4acf-b341-8317d8c5a136?parent_url=https%3A%2F%2Fwww.euractiv.fr%2Fsection%2Fcommission-europeenne%2Fnews%2Fequilibres-politiques-et-parite-des-genres-les-defis-dursula-von-der-leyen-pour-la-prochaine-commission%2F&src=embed#async_embed
« Selon les règles des traités, les États membres doivent fournir un nom […] et non pas deux »,explique à Euractiv un diplomate européen d’un pays qui a décidé de proposer un seul candidat. « Certains pays font le choix de ne pas proposer deux candidats. Ils décident en toute connaissance de cause et conformément à ce qui a du sens pour eux, politiquement parlant », ajoute-t-il.
Le PPE en position de force
Au vu des équilibres politiques au sein de l’Union européenne, la future Commission devrait être largement dominée par les conservateurs du Parti populaire européen (PPE), ce qui n’empêche pas certains conflits politiques internes dans différents États membres. Par exemple, Manfred Weber, chef de file du PPE, a publiquement soutenu le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, mais ce dernier est en conflit ouvert avec le président du pays, Gitanas Nausėda, qui pourrait être tenté de lui barrer la route. Le commissaire à l’Emploi sortant, Nicolas Schmit, membre du Parti ouvrier socialiste luxembourgeois (LSAP, Socialistes et Démocrates européens/S&D), devrait quant à lui ne pas être reconduit, le gouvernement conservateur du Luxembourg envisageant de proposer Christophe Hansen comme nouveau commissaire. Ce dernier est affilié au Parti populaire chrétien-social, affilié au PPE. Nicolas Schmit, qui entretient de bonnes relations avec Ursula von der Leyen, serait pourtant un bon candidat. La présidente de la Commission a d’ailleurs appelé le Premier ministre luxembourgeois, Luc Frieden, pour lui demander d’envisager d’autoriser Nicolas Schmit à rester en poste à Bruxelles, ce qui permettrait par ailleurs un meilleur équilibre des partis au sein de la nouvelle équipe.
Une lutte pour les portefeuilles
Les États de l’UE ont déjà commencé à marchander les portefeuilles, dans l’espoir d’obtenir un poste important pour leur candidat ou candidate. Pour espérer hériter des dossiers les plus convoités, il est aussi déterminant de proposer quelqu’un qui entretient de bonnes relations avec Ursula von der Leyen, sans toutefois que cette personne ne fasse concurrence à la présidente de la Commission elle-même.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni est déjà sortie des rangs, clamant haut et fort que « l’Italie doit être reconnue » et recevoir les portefeuilles de « l’industrie, de la compétitivité et de la cohésion ». Son homologue tchèque de droite, Petr Fiala, a quant à lui déclaré qu’il souhaitait « un portefeuille fort, de préférence un portefeuille économique ». D’autres poids lourds du PPE, comme la Pologne et la Grèce, attendent également des portefeuilles importants en échange de leur soutien à la candidature de la présidente. Dans plusieurs États, comme l’Espagne dirigée par les socialistes, le choix du candidat commissaire — dans ce cas, l’ancienne ministre de l’Énergie Teresa Ribera — est orienté en fonction du portefeuille souhaité.En la matière et comme toujours, beaucoup de pays se disputent les portefeuilles considérés comme les plus importants, comme la concurrence, le commerce, l’industrie et la politique économique.
Comme Euractiv l’a rapporté précédemment, l’un des portefeuilles les plus prisés est celui de l’élargissement, qui a pour but de préparer les adhésions de neuf pays candidats, et de définir les réformes internes de l’UE qui devront être mises en place dans les prochaines années. L’agriculture devrait être un autre dossier important sous la prochaine législature. Le PPE a fait campagne en s’identifiant comme le « parti des agriculteurs » et à récemment fait savoir qu’il avait ce portefeuille en ligne de mire. L’agriculture, après avoir été cinq années dans les mains d’un commissaire polonais, devrait selon la tradition être attribué à un « petit » pays. L’Autriche, la Croatie et le Portugal semblent être en mesure de pousser pour ce poste. La politique de cohésion et la politique régionale sont également susceptibles d’être convoitées, puisque le nouveau budget de l’UE et les modalités de distribution des fonds de l’Union doivent bientôt être négociés. Enfin, de nouveaux portefeuilles s’adressent à des pays spécifiques, comme celui de la Méditerranée, celui de l’industrie de la défense ou celui du logement. « C’est un peu comme Hunger Games — il y a beaucoup d’exigences et d’ambitions partout, mais certains devront faire face au fait qu’ils finiront enterrés avec un portefeuille moins attrayant, comme celui de la culture », explique un autre diplomate de l’UE. « Nous aimerions tous penser qu’il n’y a pas de hiérarchie entre les pays, mais la réalité prouve qu’elle existe, et la répartition des portefeuilles tend à le démontrer. »
Ursula von der Leyen devrait par ailleurs simplifier la hiérarchie de la Commission, en passant de trois niveaux à l’heure actuelle (commissaire, vice-président et vice-président exécutif), à simplement deux niveaux, ont indiqué des personnes proches du dossier.
Composition du colllège, des auditions difficiles au Parlement en perspective
Une fois sélectionnés, les candidats devront ensuite passer devant les eurodéputés, qui seront ensuite appelés à voter. Les auditions des commissaires en devenir devant les commissions parlementaires liées à leurs portefeuilles devraient commencer fin septembre ou début octobre, avant la plénière de décembre du Parlement. Les candidats seront soumis à des questions écrites et à des auditions publiques, en fonction de leurs domaines d’expertise. Les observateurs s’attendent à ce que les auditions soient encore plus ardues que lors de la dernière mandature. De quoi compliquer encore un peu plus les efforts d’Ursula von der Leyen pour voir ses candidats conformés. L’extrême-droite a par ailleurs été tenue à l’écart cette semaine lors des élections des présidents et des vice-présidents des commissions du Parlement européen, mais reste à voir « à quel point le cordon sanitaire posera problème durant les auditions », explique une source à Euractiv. « Il est possible que certains griefs refassent surface à ce moment-là, d’autant plus que [le groupe d’extrême droite des Patriotes pour l’Europe] est le troisième groupe en importance et que ses membres voudront montrer les dents, une fois que les travaux parlementaires commenceront en septembre. »