Des élections au PE qui confirment un virage à droite

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Grain de sel VDB : Un vote de protestation (ainsi, parmi les agriculteurs une part a vire d’un vote traditionnel PPE a la droite souverainiste par exemple) ou de peur (très forte mobilisation dans les Etats les plus proches des tristes évènements en Ukraine), mais surtout indéniablement un vote sur des problématiques nationales plus qu’européennes, un pour ou contre l’action du gouvernement en place.

Honnêtement je me demande qui a lu les Manifesto des familles politiques? Pire qui sait que ce document existe? Chaque famille tente pourtant d’élaborer de maniere collective donc en travaillant sur leurs dissenssions ou nuances , une série de priorités conforme aux valeurs privilégiées par ladite famille. A titre d’information ces Manifestes sont sur le site de chaque « Parti européen » depuis le début de la campagne, dotés d’un titre plus ou moins alléchant, ils éclairent sur les priorités possibles de la prochaine mandature en fonction des rapprochements possible ou non entre programmes.

Sur la base de l’article de  Max Griera d’Euractiv.com | traduit par Jeanne Manikieu

Comme les premiers résultats des élections du Parlement européen le montrent, les électeurs à travers l’Europe ont majoritairement privilégié les partis de droite. Parallèlement, les partis socialistes, écologistes, libéraux et d’extrême gauche ont, dans l’ensemble, perdu des sièges.

Si la participation aux élections européennes a connu une légère hausse par rapport à 2019 (+ 0,3 points de pourcentage), le taux a considérablement varié dans plusieurs pays. En Hongrie, en Slovénie, en Slovaquie et à Chypre, celui-ci a bondi d’une dizaine de points, tandis qu’il s’est effondré de moitié en Lituanie par rapport à 2019.

  • Le Parti populaire européen (PPE) de centre-droit a obtenu 184 sièges, conservant ainsi sa position de première force au Parlement européen et gagnant 9 eurodéputés de plus qu’au terme des élections de 2019.
  • Les Socialistes et Démocrates européens (S&D) arrivent en deuxième position avec 139 sièges.
  • Le groupe libéral Renew se trouve pour l’instant à la troisième place. Il passe cependant de 102 à 80 sièges sous la précédente législature. Les analystes craignaient qu’il ne perde sa position de troisième force politique, les groupes d’extrême droite Conservateurs et Réformistes européens (CRE) et Identité et Démocratie (ID) étant censés monter en puissance.

Les pertes enregistrées par Renew peuvent en partie être attribuées à la disparition du parti libéral espagnol Ciudadanos, et à l’affaiblissement profond de la coalition du président français Emmanuel Macron, qui a perdu dix sièges par rapport à 2019, pour passer à 13.

Quelques enseignements

Le premier enseignement est celui de la participation.

Deuxième enseignement : la vague brune a gonflé, mais elle n’a pas déferlé.

  • Enfin, le virage à droite a sans nul doute été accompli, mais c’est surtout le PPE d’Ursula von der Leyen qui en a profité.
    • Bastion des partis libéraux, les pays baltes (cf. ci dessous) ou la Finlande font ainsi le choix d’une stabilité politique et d’une confiance dans les orientations stratégiques du PPE, en particulier dans le soutien sans faille à l’Ukraine, le lien transatlantique et la défense européenne.  
    • Comme l’a exprimé la candidate du PPE, Ursula von der Leyen, le “centre a tenu”.
  • La victoire du RN en France, ou des Fratelli d’Italia en Italie est sans appel.
    • L’extrême droite arrive aussi deuxième en Allemagne (AfD) ou aux Pays-Bas (PVV), mais le visage de l’UE est celui du pluralisme (cf. la carte ci-dessous).  
  • On aperçoit quelques taches vertes ou jaune, témoignage de retournements étonnants (victoire des écologistes au Danemark ou des libéraux en Slovaquie).  
  • Il y a même des pays dans lesquels la droite radicale recule – et ce sont, ce n’est pas un hasard, celle où elle a sévi, en Europe centrale, tout particulièrement. 

BALTIC STORIES

Estonie 

  • Le parti Koos, pro-Kremlin, a remporté moins de 5% des voix.
    • Après des mois d’un feuilleton politique où ses dirigeants, Aivo Peterson et Oleg Ivanov, ont respectivement été arrêtés par les forces de l’ordre estoniennes et émigré en Russie, les 3% remportés au suffrage, dans un pays où la population russe représente la même part. 
    • Cela démontre l’échec du gouvernement à rallier ces russophones à la position européenne en soutien à l’Ukraine, à intégrer cette minorité antagonisée et stigmatisée depuis l’invasion russe en février 2022, et à combattre la propagande russe sur son territoire. 
  • Le parti de droite conservateur Isamaa (Patrie), actuellement dans l’opposition, réalise son meilleur résultat aux élections européennes,récoltant 21,5% des voix contre 10% en 2019, où le parti n’avait pu obtenir l’un des six sièges au Parlement européen.  
  • La liste perdante de ce scrutin est celle de la Première ministre estonienne Kaja Kallas, le Parti de la Réforme (ER), qui n’a obtenu que 18% des voix contre 26% en 2019.
    • Rétrogradé de première en troisième place, le parti centriste actuellement au pouvoir en Estonie ne conserve qu’un de ses deux sièges au Parlement, où il siège pour Renew Europe (RE). 
    • Cette défaite du parti au pouvoir au profit de l’opposition dans ce scrutin européen pourrait être un signe que la population estonienne soutient moins fermement le gouvernement de Kaja Kallas, qui a depuis 2022 gagné en visibilité dans le reste de l’UE pour son opposition farouche à la Russie de Poutine et son soutien à l’Ukraine et à une défense européenne commune. 

Lettonie 

  • Le parti de centre-droit Jaunā Vienotība (La Nouvelle Unité) conserve ses deux sièges et sa première place, avec 25% des suffrages exprimés (siège pour le PPE).
    • Comme chez ses voisins Baltes, le sentiment anti-Russie se confirme en Lettonie : la formation d’extrême-droite Nacionālā apvienība (NA – Alliance nationale) suit de près avec 22% des voix, une montée en puissance pour le parti qui avait récolté 16% des voix en 2019.  
    • La popularité grandissante de ce parti nationaliste anti-immigration et anti-Russie s’inscrit dans la lignée des forces d’extrême-droite qui accroissent leur audience et leurs sièges au Parlement européen (NA siège pour l’ECR avec deux sièges, un de plus qu’en 2019) partout en Europe. 
  • Le groupe des Verts/ALE affaibli par ses pertes spectaculaires en France et Allemagne, pourra compter sur une heureuse surprise, avec un siège apporté par le parti des Progressistes, qui compte 7% des suffrages exprimés.  

Lituanie 

  • En Lituanie, les résultats de ce scrutin sont sensiblement les mêmes qu’en 2019 : le parti des Chrétiens-démocrates lituaniens (TS-LKD) au pouvoir conserve trois sièges (groupe du PPE) et 20% des voix, le Parti socialiste conserve ses deux sièges (S&D) ; de même Renew, les Verts et l’ECR continueront à avoir respectivement deux, deux et un eurodéputés lituaniens.
    • Le parti nationaliste et eurosceptique LCP (Parti Lituanien du Centre) remporte son premier siège au Parlement, seule indication qu’une partie de l’électorat (5% des suffrages exprimés) se tourne vers le nationalisme à l’instar des autres pays de l’UE.  
  • C’est un résultat particulièrement troublant mais non surprenant en Lituanie, un pays ayant accueilli nombre de réfugiés politiques de Biélorussie fuyant le régime de Loukachenko et de réfugiés ukrainiens fuyant le conflit depuis 2022.
    • Selon l’UNHCR, les réfugiés ukrainiens représentent plus de 2% de la population lituanienne.  
    • Dans ce petit pays balte ayant fait preuve de solidarité avec les Ukrainiens dès le début du conflit, le terreau est fertile pour la montée en puissance de partis eurosceptiques et nationalistes dans les prochaines années. 

Italie, Groupes,

TROOPS 

A l’approche de la finalisation des décomptes, le Parti populaire européen (PPE) enregistre une des plus fortes progressions, passant de 176 à 186 sièges. Deuxième formation, l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) recule légèrement de 139 à 134 sièges. Le plus important recul concerne le 3e groupe des Libéraux-démocrates (Renew) passant de 102 à 79 sièges. Les Verts, enfin passeraient de 71 à 53 sièges. 

  • Pour rappel, les membres du Parlement européen sont répartis par groupe.
    • Pour former un groupe, il faut réunir au minimum 23 députés issus de 7 Etats membres (cf. EIH du 14.04.2024).
      • On compte actuellement 7 groupes remplissant ces conditions et la prochaine législature s’annonce similaire sur ce point. 
      • Cependant, la progression des listes se situant très à droite de l’hémicycle en inspire certains.
    • Les Conservateurs et réformistes européens (CRE) passent de 69 à 73 sièges, tandis que les membres d’Identité et démocratie (ID) passent de 49 à 58 sièges.
      • Cette évolution est notamment permise par la victoire du RN français. 
    • En ce qui concerne une union des deux groupes extrémistes CRE et ID – souhaitée par le Hongrois Viktor Orban (V. EIH 03.06.2024) – qui pourrait occuper plus du quart des sièges difficile de l’imaginer.
      • En effet, des divergences tenant à l’aide à l’Ukraine ou le principe de solidarité entre Etats membres dans la gestion des flux migratoires, cheval de bataille de Giorgia Meloni et son parti Fratelli d’Italia, membre du CRE, vont vite se poser. 
      • Difficile, en particulier pour les élus Fidesz ou RN, de justifier leur appartenance à un groupe favorable à la répartition des responsabilités en matière de migration. 
  • Nous l’avions annoncé à plusieurs reprises : c’est la présidente du Conseil italien qui se fait encore remarquer sur la scène politique européenne. Les résultats en Italie, répartissant les 76 sièges, en témoignent tout particulièrement. 
    • Pour ce scrutin, étalé sur deux jours, sur cinq circonscriptions, entre le samedi 8 juin à 15h et le dimanche 9 juin à 23h, le taux de participation s’approche des 50%, selon les données du ministère de l’Intérieur, Eligendo
      • Le taux d’abstention varie nettement selon les circonscriptions :  
      • Si l’Italie du Nord-Ouest voit 55,09% de ses inscrits se rendre aux urnes, ils sont 53,96% dans le Nord-Est, 52,54% dans la circonscription centrale, 43,72% au Sud et seulement 37,77% dans îles. 
    • La liste présentée par le parti de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia,remporte ce scrutin avec 28,81% des votes et 24 sièges dans le groupe des CRE. 
      • Interviewée par RTL 102.5Giorgia Meloni se félicite du résultat : son Gouvernement apparaît comme étant le plus renforcé en Europe. 
    • Cette liste est suivie par le Parti Démocratique (24,08%), parti en tête des Italiens expatriés (29,88%), qui obtient 22 sièges dans le groupe S&D.
      • Elly Schlein, déclare : « C’est un beau jour pour le parti. La distance avec Fratelli d’Italie s’est raccourcie de manière notable »
    • Plus loin, se trouvent le Mouvement 5 étoiles (M5S) avec 9,99% des votes et 9 sièges (a priori non inscrits), Forza Italia, allié avec le parti Noi Moderati (Les modérés), obtient 9,61% soit 8 sièges (a priori PPE), tandis que la Lega de Matteo Salvini remporte 9,01%, 6 sièges (ID).  
    • Enfin, l’Alleanza Verdi e Sinistra (Les Verts) obtient 6,73%, soit 6 sièges (Verts ALE)
      • Le quotidien Il Fatto Quotidiano note que la progression est permise par les votes des étudiants – 40,35% des votes- et des expatriés 16,95%.  

L’analyse du Grand continent :

  • Équilibres politiques. Avec 184 sièges, le Parti populaire européen (PPE) demeure le premier parti au Parlement, devant les sociaux-démocrates de Socialisme et démocratie (S&D), qui affichent 139 députés. Les 2 groupes perdent cependant un total de 3 et de 9 sièges respectivement par rapport à 2019.
  • Virage à droite? Malgré les rumeurs et les sondages défavorables, le groupe centriste Renew demeure le 3e groupe au Parlement et assure au tripartisme PPE-S&D-RE un total de 403 sièges (sur 720). Il est cependant suivi de très près par les Conservateurs et réformistes européens (CRE), qui gagnent 4 sièges et  dont la principale force politique devient Fratelli d’Italia, devant le parti polonais Droit et justice. Le groupe d’extrême-droite Identité et démocratie (ID) gagne 9 députés.
  • La fin des “-exit” ? Entre 2019 et 2023, dans la plupart des pays européens, le soutien à la sortie de l’Union a considérablement diminué. Seul Chypre a vu ce soutien augmenter de plus de 10 points. La croissance de forces à la droite du PPE s’accompagne de leur paradoxale conversion à l’Union qui s’apparente, par certains côtés, à «une ruse de la raison». Lire plus
  • Prochaines étapes. Au Parlement, les députés élus auront jusqu’à la première séance plénière de la nouvelle législature, le 16 juillet, pour composer leurs groupes. Ils éliront alors le nouveau président du Parlement. La nomination du président de la Commission sera abordée par les chefs d’État et de gouvernement des 27 dès le Conseil européen informel du 17 juin, et encore au cours du Conseil européen des 27-28 juin, avant que le nom ne soit proposé au Parlement pour un vote à bulletin secret. En parallèle, la course aux top jobs se poursuivra jusqu’à l’automne, qu’il s’agisse des commissaires ou du nouveau président du Conseil européen, qui doit prendre ses fonctions le 1er décembre.
  • En Allemagne, entre la débâcle de Scholz et la victoire des conservateurs, l’AFD est le deuxième parti du pays. Lire plus
  • En Belgique, les élections fédérales qui se tenaient le même jour ont donné la première place au de droite flamand Nieuw-Vlaamse Alliantie (CRE, 19%), qui devance le parti flamand d’extrême-droite Vlaams Belang (ID, 16%), mettant en péril la coalition “Vivaldi” actuelle, dont l’avenir est incertain. Le Premier ministre de Croo a annoncé sa démission. Lire plus. Les Belges ont fait mentir les sondages: la Nouvelle alliance flamande est victorieuse en Flandreet le Mouvement réformateur s’impose en Wallonie et à Bruxelles
  • En Bulgarie, les sixièmes élections législatives en 3 ans ont encore été marquées par la victoire du parti de droite GERB, qui engrange 26% des suffrages, sans résoudre les problèmes d’instabilité politique du pays.
  • En France, le mauvais score de la majorité présidentielle (15%), qui représente la moitié de celui du Rassemblement national (32%), a poussé le président de la République dans une annonce particulièrement impressionnante à dissoudre l’Assemblée nationale. Les Français voteront pour leurs députés les 30 juin et 7 juillet. Lire plus

Le Parlement européen 2024-2029

La composition du nouvel hémicycle repose sur les résultats publiés par le Parlement européen et mis à jour à 17h00 (Paris) lundi 10 juin. Le centre-droit s’est notamment distingué en Espagne (Parti populaire, 22 sièges ) et le centre-gauche en France (PS-Place publique, 13), Proportionnellement, les pertes sont plus importantes, pour les libéraux, en net recul en France (Renaissance et alliés, 13 sièges) et en Espagne (Ciudadanos n’obtient aucun député). Le groupe national-conservateur des Conservateurs et réformistes européens (CRE) arrivé en quatrième position avec 73 sièges, 6 sièges derrière les libéraux, un écart légèrement plus important que celui indiqué par les sondages.

Le groupe enregistre des hausses notamment en Italie (Fratelli d’Italia, 24 sièges), en Roumanie (Alliance pour l’unité des Roumains, 6), en France (Reconquête, 5) et en Espagne (Vox, 6), qui compensent largement les pertes accusées par le groupe en Pologne (Droit et Justice, 20) et aux Pays-Bas (Forum pour la Démocratie, aucun député). L’autre groupe d’extrême droite, Identité et Démocratie (ID), progresse dans une majorité d’États, et principalement en France (Rassemblement national, 30), aux Pays-Bas (Parti pour la Liberté, 6), au Portugal (Chega, 2) et en Autriche (Parti pour la Liberté d’Autriche, 6). Mais les pertes de la Lega (8 sièges) et l’exclusion de l’AfD ne donne au groupe ID actuel que 58 élus.

Sièges par État membre

Le centre-droit s’est notamment distingué en Espagne (Parti populaire, 22 sièges) et le centre-gauche en France (PS-Place publique, 13). Proportionnellement, les pertes sont plus importantes, pour les libéraux, en net recul en France (Renaissance et alliés, 13 sièges). Le groupe national-conservateur des Conservateurs et réformistes européens (CRE) arrivé en quatrième position avec 73 sièges, 6 sièges derrière les libéraux, un écart plus important que celui indiqué par les sondages. Le groupe enregistre des hausses notamment en Italie (Fratelli d’Italia, 22), en Roumanie (Alliance pour l’unité des Roumains, 9), en France (Reconquête, +5) et en Espagne (Vox, 6), qui compensent largement les pertes accusées par le groupe en Pologne (Droit et Justice, 19) et aux Pays-Bas (Forum pour la Démocratie, 1).

L’autre groupe d’extrême droite, Identité et Démocratie (ID), progresse dans une majorité d’États, et principalement en France (Rassemblement national, 31), aux Pays-Bas (Parti pour la Liberté, 9), au Portugal (Chega, 3), en Autriche (Parti pour la Liberté d’Autriche, 6) et en Bulgarie (Renaissance, 3). Mais les pertes de la Lega (7) et l’exclusion de l’AfD ne donne au groupe ID actuel que 59 élus en.

Le Conseil européen, qui réunit les 27 chefs d’État et de gouvernement, a un rôle central dans la nomination de la présidence de la Commission européenne

La première mission du Conseil européen qui se réunira dès le 17 juin de manière informelle, sera de proposer/élire les top jobs, en cherchant à respecter un complexe équilibre politique et géographique. Le PPE est actuellement le plus représenté au Conseil, 11 chefs d’État ou de gouvernement étant politiquement affiliés au groupe. Toutefois, parmi les 5 premiers pays par poids économique ou démographique, seulement le chef du gouvernement polonais appartient au PPE. Il est suivi par Renew qui peut compter sur la présence du président français et le S&D sur celle du chancelier allemand et du président espagnol.

Le groupe CRE, qui devrait connaître une augmentation de son nombre de sièges par rapport à 2019 lors du scrutin des 6-9 juin, est représenté notamment par Giorgia Meloni et Petr Fiala. Un point d’attention important : des partis affiliés au groupe sont membres des coalitions de gouvernement dans deux autres pays (Finlande et Suède). Aucun chef d’État ou de gouvernement n’appartient au groupe ID mais deux partis d’extrême droite non affiliés sont actuellement dans des coalitions de gouvernement et Croatie et Slovaquie.

La dynamique de la hausse de participation de 2019 légèrement maintenue

La participation aurait pu être un élément déterminant. En 2019, le taux de participation aux élections avait atteint son plus haut niveau depuis 1994, s’établissant à 50,7 % — renversant ainsi le déclin constant remarqué depuis la première élection de 1979. En 2024, le taux de participation s’est élevé à 51%. Des disparités importantes existent toutefois entre les États-membres : si en Hongrie le taux de participation a bondi de plus de 15 points de pourcentage (59,3 % contre 43,3 % en 2019), contribuant probablement au déclin du parti de Viktor Orban, en Lituanie il a baissé de plus de 25 points de pourcentage, se situant à 28,35 %.

Le grand contexte : le Frexit a disparu

Il s’agit d’une des tendances les plus conséquentes et les moins fondamentalement prises en compte de cette étonnante phase politique en Europe : entre 2019 et 2023, dans la plupart des pays européens, le soutien à la sortie de l’Union européenne a considérablement diminué. Seul Chypre a vu le soutien augmenter de plus de 10 points. La Bulgarie, l’Estonie, l’Allemagne, Malte et les Pays-Bas de moins de 5 points. La croissance de forces à la droite du Parti populaire européen s’accompagne de leur paradoxale conversion à l’Union qui s’apparente, par certains côtés, à «une ruse de la raison».
Cette tendance doit être étudiée en se concentrant sur l’évolution de la demande politique.

Elle est portée par une confiance accrue dans l’euro et dans l’action de l’Union européenne, confrontée depuis 2008 à une série de crises-mondes. Les fluctuation des attentes des citoyens vis-à-vis des priorités de l’Union européenne esquisse une chronologie problématisée : situation économique et chômage après la crise zone euro ; terrorisme et immigraiton après la guerre en Syrie et la crise de l’accueil de 2015 ; santé et de nouveau économie après la crise pandémique ; le retour de l’immigration et de la géopolitique après l’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine en 2022.

Les Conservateurs et réformistes européens (CRE) accueillent de nouveaux eurodéputés, dont Marion Maréchal, et revendiquent d’être le troisième groupe du Parlement européen

La Première ministre italienne d'extrême droite, Giorgia Meloni, est issue des Conservateurs et réformistes européens (CRE)
La Première ministre italienne d’extrême droite, Giorgia Meloni, est issue des Conservateurs et réformistes européens (CRE) – Crédits : Conseil européen

Les tractations continuent. Après les élections européennes qui se sont tenues du 6 au 9 juin, les groupes politiques se reconstituent au Parlement européen. Sur les 720 eurodéputés élus, une centaine n’appartenaient à aucun des sept groupes de la précédente législature (2019-2024).

Du côté de l’extrême droite, les Conservateurs et réformistes européens (CRE) ont annoncé mercredi le ralliement de plusieurs députés européens. Sans surprise, les eurodéputés français Marion Maréchal, Guillaume Peltier et Laurence Trochu rejoignent le groupe dans lequel siège le parti Fratelli d’Italia de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni. Le sortant Nicolas Bay, réélu le 9 juin, en faisait déjà partie.

Nulle trace cependant de la cinquième eurodéputée élue en même temps que ses colistiers de Reconquête, Sarah Knafo. Cette proche d’Eric Zemmour soutient le fondateur du mouvement dans sa volonté de présenter des candidats autonomes aux élections législatives anticipées en France, tandis que Marion Maréchal défend l’union de la droite et de l’extrême droite autour de Jordan Bardella. Cinq élus de l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), un Danois, un Bulgare et un Lituanien figurent parmi les nouveaux venus chez les CRE.

Avec 83 eurodéputés, les Conservateurs revendiquent désormais d’être la troisième force du Parlement européen, loin derrière la droite (189 élus) et les sociaux-démocrates (136), mais devant les centristes de Renew Europe (81). Présidé par la Française Valérie Hayer, le groupe libéral a annoncé jeudi 20 juin l’arrivée dans ses rangs du Belge Yvan Verougstraete. Le nouvel élu est issu des Engagés, un parti initialement rattaché au Parti populaire européen (PPE) de centre droit.

L’extrême droite divisée au Parlement européen

D’abord créé par les conservateurs britanniques, le groupe CRE a glissé vers la droite, sous l’influence du mouvement de Giorgia Meloni et du parti polonais Droit et Justice (PiS). Au pouvoir entre 2015 et 2023 en Pologne, ce dernier a remis en cause l’indépendance des tribunaux et le droit à l’avortement.

Au Parlement européen, l’extrême droite est divisée entre deux groupes politiques. A côté des CRE, le groupe Identité et démocratie(ID) réunit notamment les élus du Rassemblement national (RN) ou les Néerlandais du Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders. Plusieurs eurodéputés de droite radicale ne sont pas encore rattachés à l’un de ces groupes. C’est par exemple le cas des élus de l’AfD allemande, dont le parti a été exclu d’Identité et démocratie, ou des Polonais de la Confédération, une alliance de formations nationalistes.

En milieu de semaine dernière, les Conservateurs et réformistes européens avaient fait savoir que la composition finale du groupe serait décidée le 26 juin, lors de l’élection de son bureau. Le groupe Identité et démocratie devrait se constituer début juillet. La première session plénière du Parlement européen se tiendra du mardi 16 au vendredi 19 juillet. D’ici-là, le nombre d’eurodéputés dans chaque groupe peut donc encore changer, mais à la marge.

https://www.touteleurope.eu/institutions/les-conservateurs-et-reformistes-europeens-cre-accueillent-de-nouveaux-eurodeputes-dont-marion-marechal-et-revendiquent-d-etre-le-troisieme-groupe-du-parlement-europeen

https://legrandcontinent.eu/fr/elections/europeennes-2024/

Les résultats des élections confirment le virage à droite de l’UE