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La Commission européenne a présenté les grands axes de sa stratégie numérique pour son nouveau mandat, qui court jusqu’en 2024. Son but : rattraper le retard accumulé face aux géants américains et chinois. Un article de notre partenaire La Tribune.
Face aux mastodontes américains et chinois, l’Europe veut construire un numérique « responsable » et « digne de confiance » pour conserver sa souveraineté. La Commission européenne a dévoilé ce mercredi 19 février sa stratégie numérique – un secteur défini comme une priorité parmi les orientations politiques de la nouvelle présidente Ursula von der Leyen, jusqu’en 2024.
« Je souhaite que l’Europe numérique reflète le meilleur de notre continent : l’ouverture, l’équité, la diversité, la démocratie et la confiance », affirme Ursula von der Leyen dans un communiqué de presse.
Sur la base de ses premières propositions, la Commission veut mener diverses consultations pour présenter un projet définitif d’ici à la fin de l’année. Les propositions législatives devront alors être approuvées par les États membres et ratifié par le Parlement européen.
Création d’un « marché unique des données »
Le partage de données est envisagé comme la pierre angulaire de cette stratégie. C’est pourquoi la Commission propose la création d’un « espace européen des données et un marché unique des données ». Dans le détail, elle souhaite établir un nouveau cadre réglementaire pour autoriser la libre circulation des données dans l’Union entre les entreprises. Elle propose également de faciliter ce partage entre sociétés privées et organismes publics.
« Nous avons perdu la première bataille de la donnée : celle des données personnelles. Celle-ci a été gagnée par les grandes plateformes qui ont émergé au cours des quinze dernières années en Asie et aux Etats-Unis », a reconnu le commissaire chargé du marché intérieur, Thierry Breton, lors d’une conférence de presse à Bruxelles.
« Mais nous avons appris du passé. L’Europe a devant elle une nouvelle ère, où la plus grande production de données proviendra du marché B2B », avec le développement de nouveaux usages comme la 5G ou la multiplication d’objets connectés, par exemple.
Pour « mener cette course aux mégadonnées », l’Europe veut donc miser sur son industrie. « Notre société génère une masse considérable de données industrielles et publiques, qui transformeront notre manière de produire, de consommer et de vivre. Je veux que les entreprises européennes et nos nombreuses PME aient accès à ces données et créent de la valeur pour les Européens, notamment en développant des applications d’intelligence artificielle », détaille dans un communiqué de presse Thierry Breton.
4 à 6 milliards d’euros pour les infrastructures
Reste à convaincre les entreprises européennes de donner accès à leurs précieuses données – le cadre réglementaire ne devant pas être contraignant. Les nouvelles règles devront ainsi statuer sur « la gouvernance des données, leur accessibilité et leur réutilisation entre entreprises, entre entreprises et administrations, et au sein des administrations », selon la Commission.
« Cela implique d’instaurer des mesures d’incitation visant à promouvoir le partage des données, en déterminant l’accessibilité et l’utilisation des données à l’aide de règles pratiques, équitables et claires. »
Qui dit données, dit infrastructures. Actuellement, le cloud est aux mains d’Amazon, Microsoft, le chinois Alibaba, Google et IBM. Ces cinq acteurs se partagent à eux seuls près de 77% des parts du marché mondial, selon une étude Gartner publiée en juillet dernier. Pour mettre en place des infrastructures, notamment dans le cloud, la Commission espère obtenir une enveloppe de 4 à 6 milliards d’euros à compter de 2022 – provisionnée par l’Europe, les États membres et les entreprises privées. « L’idée, entre autres, est de fédérer les initiatives nationales, comme le projet de cloud allemand Gaïa-X », précise une source européenne proche du dossier. À titre de comparaison, le leader mondial Amazon a déboursé près de 26 milliards de dollars en 2019 (environ 24 milliards d’euros) pour ses simples charges d’exploitation de cloud.
L’accès aux données, condition sine qua non pour l’IA
Si un meilleur accès aux données est crucial, c’est parce qu’il conditionne la création d’applications d’intelligence artificielle puisque cette technologie repose sur le traitement massif de données par des algorithmes. La Commission européenne en a donc profité pour publier le 19 février un livre blanc sur l’intelligence artificielle. Ce dernier est soumis à consultation jusqu’au 19 mai (entreprises, syndicats, société civile, États membres…).
« L’intelligence artificielle n’est ni bonne, ni mauvaise intrinsèquement : tout dépend du pourquoi et du comment elle est utilisée », a martelé la vice-présidente de la Commission Margrethe Vestager, lors de la conférence de presse, en défendant la vision d’une intelligence artificielle éthique.
Le livre blanc repose ainsi sur deux piliers principaux : favoriser l’innovation et développer la confiance des citoyens et des entreprises dans cette technologie. La Commission souhaite promouvoir la coopération entre les États et le privé pour obtenir « à terme un budget annuel commun de 20 milliards d’euros dédiés à l’intelligence artificielle » au sein de l’Union européenne. La création d’un fonds de soutien à l’innovation, doté dans un premier temps de 100 millions d’euros, est aussi à l’étude.
Pêle-mêle, Bruxelles propose de créer plusieurs centres de recherche d’envergure mondiale et de lancer dans chaque États membres des centres d’innovation numérique pour aider les PME à tester et déployer des solutions d’intelligence artificielle.
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