Brexit so what ? L’analyse de Viviane de Beaufort sur les conséquences du Brexit pour le Royaume-Uni et l’Europe

Ainsi, les citoyens du Royaume Uni ont décidé de sortir ? À une faible majorité certes mais elle est suffisante… Mais au fait, étaient- ils vraiment en Union européenne avec une situation d’opting out largement généralisée ? Le Royaume-Uni ne participe déjà pas à l’Euro, à Schengen, ni à la la coopération policière et judiciaire et, pour la défense participe en outsider.
Oui mais me direz-vous la livre sterling et la bourse dévissent ? Certes, c’est un phénomène assez spectaculaire, mais prévisible et qui relève de l’émotion. Ce qui est vraiment important c’est la manière de gérer la sortie. A Bruxelles, elle a déjà été anticipée comme scénario. Il y aura un accord de divorce à l’amiable… Le gouvernement britannique va faire jouer pour la 1ère fois l’article 50 du traité de Lisbonne qui envisage une sortie d’État membre

Le Royaume-Uni et l’Union européenne doivent continuer à commercer et à se financer et la City a besoin des débouchés du continent, il n’y a pas le choix. Le cadre de l’AELE (Association européenne de libre-échange) parait adapté pour assurer de continuer les effets Marche intérieur (autrement dit la libéralisation du marché). L’accord ne sera sans doute pas “so easy” car il s’agit de reprendre chapitre par chapitre ceux de l’accord d’adhésion et voir ce qui peut continuer à s’appliquer et ce qui est out.

Ce qui est certain c’est que l’Union doit exiger que la négociation intervienne vite car il serait dangereux de laisser planer l’incertitude. Les investisseurs étrangers au Royaume-Uni doivent savoir à quoi s’en tenir: je rappelle qu’un certain nombre de filiales américaines sont pour leurs activités Europe/Afrique localisées à Londres et que les secteurs importants de l’économie britannique sont ceux des finances, commerce maritime et l’immobilier.

Quid d’un effet de contagion ? On ne peut jamais prévoir avec certitude qu’une sortie symbolique n’entraine pas de remue-ménage au sein d’autres pays, mais le Royaume-Uni avait une place très à part. Et puis j’aime à me demander si ca peut avoir lieu dans le sens inverse? Je me prends à rêver que l’Écosse ait une raison de plus de gagner son indépendance et rejoindre le giron de l’UE. Je me prends à exiger surtout, que l’Union européenne utilise cet évènement comme un signal fort des citoyens pour mieux les associer et que délestée d’un pays qui s’arcboutait contre plus d’intégration européenne « passe à la vitesse supérieure qui consiste à plus d’intégration pour protéger les peuples » (Jean-Marie Cavada). Il est plus que temps d’intégrer davantage nos politiques sur des enjeux fondamentaux et urgents : frontières extérieures, sécurité intérieure, défense, mais aussi des défis économiques et sociétaux : transition énergétique, l’harmonisation fiscale et sociale, convergence économique, innovation …

Alors au final Brexit , good news ? Tout dépend de ce qu’en feront les pays de l’Union européenne.

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