Sommet UE/US : de lourds enjeux

Les dirigeants des institutions européennes rencontrent le président américain Joe Biden, ce vendredi 20 octobre à Washington. Au programme de ce sommet US/UE attendu : les guerres en Israël et en Ukraine, les droits de douane sur l’acier et l’aluminium, ou encore l’éligibilité des entreprises européennes aux subventions américaines.

C'est le deuxième sommet de ce genre qui s'ouvre ce vendredi entre l'UE et les Etats-Unis, le premier s'étant tenu en juin 2021 - Crédits : Christophe Licoppe / Commission européenne

C’est le deuxième sommet de ce type qui s’ouvre ce vendredi entre l’UE et les Etats-Unis, le premier s’étant tenu en juin 2021 – Crédits : Christophe Licoppe / Commission européenne

Ce vendredi 20 octobre 2023 s’ouvre à Washington « un sommet Union européenne-Etats-Unis chargé de lourds enjeux économiques et suivi de très près par les industriels » [Les Echos].

« Un aréopage européen composé d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, Charles Michel, président du Conseil [européen], Josep Borrell, chef de la diplomatie et Valdis Dombrovskis, commissaire en charge du Commerce« , rencontre le président américain Joe Biden.

« Mais la guerre entre Israël et le Hamas menace d’éclipser le sommet, après une semaine de messages contradictoires de l’UE« , fait remarquer Euronews. Le rendez-vous a lieu au lendemain du « retour du président américain Joe Biden de Tel-Aviv, où il a assuré ses hôtes du soutien sans faille de son pays et annoncé un projet de loi d’aide exceptionnelle pour Israël et l’Ukraine« , précise Politico.

Livrer un message d’unité US/UE

« Liant la guerre menée par la Russie en Ukraine et celle du Hamas contre Israël, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a ainsi estimé dans un discours jeudi que ‘ces deux crises, aussi différentes soient-elles, appellent l’Europe et l’Amérique […] à prendre position ensemble’ afin de ‘protéger nos démocraties’« , relate Le Point.

Pour Sud Ouest, l’objectif de ce sommet est donc « de livrer un message d’unité sur Gaza comme sur l’Ukraine« .Une unité que les dirigeants européens peinent pourtant à afficher depuis une semaine, rappelle Politico : « [Ursula] von der Leyen, se rapprochant de la position américaine, a fait face à une rare réprimande de la part de [Josep] Borrell qui lui avait demandé d’exhorter Israël à respecter le droit international lors de son voyage là-bas la semaine dernière« .

Selon un responsable européen cité par Le Point, le rendez-vous à Washington permettra ainsi « d’envoyer des messages clairs et unifiés à toutes les parties du conflit« , à savoir le soutien à Israël et l’envoi d’aide humanitaire aux Palestiniens bloqués à Gaza.

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Après une première rencontre en juin 2021, cette nouvelle réunion entre le président des Etats-Unis et plusieurs hauts responsables de l’UE est aussi scrutée de près par les industriels européens, titrent Les Echos« Deux grands sujets complexes et aux ramifications multiples » doivent y être discutés : « les droits de douane sur l’acier et l’aluminium d’une part, les règles d’éligibilité aux subventions de l’IRA, le massif plan de verdissement de l’industrie américaine promulgué en 2022, d’autre part ».

Débloquer le dossier de l’aluminium et de l’acier

Au sujet des tarifs douaniers, l’UE et les Etats-Unis doivent trouver un accord d’ici la fin du mois ; « s’ils n’y parviennent pas, les droits de douane imposés par l’administration Trump en 2018 et les mesures de rééquilibrage introduites par la suite par l’Union devraient en théorie être automatiquement rétablies« , indique Le Grand Continent. »Les États-Unis lèveront définitivement leurs droits de douane sur les importations européennes d’acier et d’aluminium – suspendus depuis deux ans – seulement si Bruxelles accepte d’imposer des droits de douane similaires à la Chine, qui, selon Washington, inonde le marché de métaux à bas coût« , croit savoir le Financial Times.

Mais « l’UE insiste sur le fait qu’elle doit respecter les règles du commerce international, en menant d’abord une enquête pour prouver que la Chine subventionne ses producteurs« , poursuit le quotidien économique. « A la veille du sommet, les négociateurs n’étaient pas parvenus à un accord, ce qui rend peu probable qu’une avancée décisive soit annoncée« , écrit Politico.

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Lever les discriminations instaurées par l’Inflation Reduction Act

« La question sensible de l’accès aux entreprises de l’Union européenne aux subventions aux industries vertes dans le cadre de l’Inflation Reduction Act (IRA) sera également à l’ordre du jour« , poursuit Le Grand Continent. L’IRA est un « dispositif de nature protectionniste [qui] conditionne les subventions vertes américaines à des règles d’éligibilité strictes en termes d’assemblage ou d’origine des composants, par exemple pour les véhicules électriques« , rappellent Les Echos.

Ainsi, « les Européens espèrent signer un accord bilatéral qui lèverait les discriminations dont pâtissent les entreprises européennes au titre de l’IRA« , indique le quotidien français. Avec pour objectif l’obtention du « même statut que les pays d’Amérique du Nord ou le Japon« . « Les États-Unis pourraient en effet faire des concessions — notamment sur les véhicules électriques — pour permettre aux entreprises européennes d’accéder à certaines subventions« , ajoute Le Grand Continent.

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« Du fait de la quantité et de la diversité des dossiers discutés, auxquels s’ajoutera la question du conflit israélo-palestinien, ‘le sommet présente une caractéristique rare : il a de la matière’« , constate l’économiste Agathe Desmarais, interrogée par Le Grand Continent. Pour la revue, « le sommet qui s’ouvre ce vendredi représente une étape importante dans la construction et l’entretien de la relation transatlantique avant les élections américaines de 2024« .

EU struggles to ‘Trump-proof’ its relations
with Washington

Europeans are increasingly exploring how to ‘Trump-proof’ the recovered transatlantic relationship in case former US President Donald Trump – or another unpredictable candidate – wins next year’s US presidential election. But they’re likely to face one big obstacle: themselves.

When the first EU-US summit in the Biden era took place in Brussels in June 2021,  the sealing of a deal on aircraft was hoped to herald a phase of new trade – and transatlantic – cooperation.

The good intentions were put on the backburner the year after when both sides were forced to focus on crisis diplomacy over Russia’s invasion of Ukraine.

The idea at this week’s second summit was to deliver a message of unity on the Israel-Hamas and Ukraine wars, despite worries that political paralysis in Washington could hamper America’s aid for its allies.

Officials in both capitals these days insist relations between Brussels and Washington are closer than ever.

But with trade tensions simmering and Biden’s trade policy still having much in common with his predecessor’s America First approach, no observers really held their breath to see tangible outcomes of this week’s talks.

On the eve of Friday’s summit, both sides of the Atlantic had hoped to settle trade disputes, including on European steel imports, which were targeted by tariffs imposed in 2018 under then-president Trump. While Biden did suspend them in 2021, Europeans fear they could be reactivated if no deal is reached by year’s end.

The clock is also ticking on other crucial economic matters.

There was also no agreement on critical minerals — under Biden’s Inflation Reduction Act (IRA), companies must source a certain percentage of critical minerals for electric car batteries from the US or its free trade partners to be eligible for incentives.

Europe fears its subsidies for clean energy tech will enable US companies to out-compete their European rivals. Critics so far have pointed out that there is no overarching European strategy to counter the US subsidy package.

“We look forward to continuing to make progress on these important objectives in the next two months,” the final leaders’ summit communiqué stated.

But what happens after the November 2024 US presidential elections is less clear as increasing numbers of EU officials and diplomats these days are haunted by the spectre of what could happen when the US administration changes next November.

Over the past few months, European Commission officials and senior trade officials from EU member states have started discussing what it would take to ‘Trump-proof’  current standing deals, according to people with knowledge of the matter.

This would also include preparing for much tougher trade negotiations on the day ‘after’ should no deals be reached by the end of the current Biden administration, they said.

European governments, such as Germany, over the past months, have also increasingly started building ties with Republican officials and are trying to identify people who might end up being close to another Trump administration.

A second term, European top officials fear, could be worse than the first, also due to the prospect of a deteriorated inner-American political discourse.

The main trouble with a change in US leadership, however, might emerge elsewhere.

Brussels and Washington agree on helping Ukraine defend itself against Russia and supporting Israel in its fight against Hamas. They to some degree also converge on wanting to curb an increasingly assertive China and reach out to the Global South – for now.

Biden made a rare Oval Office address last night calling for the divided US Congress to commit to back a $106 billion aid package including military assistance for Ukraine and Israel.

“We stood together to support the brave people of Ukraine in the face of (Russian President Vladimir) Putin’s aggression,” Biden said. “We’re standing together now to support Israel in the wake of Hamas’s appalling terrorist attack.”

European Council President Charles Michel said the EU and US were “forging a united front”.

European Commission President Ursula von der Leyen, who gave a speech at the Hudson Institute, an American conservative think tank, said there was “no room for hesitation or half measures” in the West’s support for Ukraine and called on the EU’s allies “to double down — whether on finance or equipment”.

“Europe intends to step up,” she said, adding: “We recognise that US support should be one important piece of a global effort.”

But the US Congress has now been paralysed for more than two weeks as divided Republicans, who hold the majority in the House of Representatives, failed for a third time to elect a new House speaker. Congress also faces a 17 November deadline to act on the budget, so as to avoid a possible government shutdown.

For many, it’s the first taste of uncertainty looming next year on the other side of the Atlantic. But over the past year it has also become clear that to counter a Trump-led White House, Europe would need to speak with one voice, especially on geopolitical issues.

But the EU has been struggling to present a united front since the crisis erupted, with von der Leyen facing a backlash for not publicly calling for restraint from Israel as it responds to the Hamas attacks.

According to many EU capitals, the lack of coordination and the two past weeks of EU internal disarray over messaging on the Israel-Palestine conflict, have seriously damaged the bloc’s unity, so carefully crafted after Russia invaded Ukraine in February 2022.

“If we are to deal with Trump or the likes of him in the White House next year, we just can’t have a situation like over the last two weeks, where we send mixed messages to our partners worldwide,” one EU diplomat said.

Those divisions were also on display in Washington: Michel held a bilateral meeting with Biden in the Oval Office ahead of the summit talks, while von der Leyen joined Biden for a scheduled walk through the Rose Garden after the talks.

EU’s chief diplomat Josep Borrell, who had not originally been scheduled to attend Friday’s summit at the White House, joined the EU-US summit as Brussels sought to present a united foreign policy front.

But while tensions between von der Leyen and Michel are not confined to the current crisis in the Middle East – and have previously emerged over China and other matters – they could be there to stay with a second term of office for the former.

“It’s true that it has always been a problem to work out who speaks for Europe on foreign policy, but we might need to finally find a fix to this and streamline our processes if we want others to listen to us,” a second EU diplomat said.