Proche-Orient : Quelles relations l’UE entretient-elle avec Israël et la Palestine ?

Premier partenaire commercial d’Israël, premier donateur d’aide au développement à la Palestine au monde, l’Union européenne entretient d’importantes relations aves les deux parties. Engagée de longue date en faveur du processus de paix, elle tente tant bien que mal de faire entendre sa voix au Proche-Orient.

Réunis à Bruxelles jeudi 26 octobre, les chefs d’Etat et de gouvernement ont longuement évoqué la situation au Proche-Orient. Le compromis sur l’aide humanitaire européenne à destination de la bande de Gaza a été long à se dessiner.

Conseil européen : les Vingt-Sept appellent à des « pauses humanitaires » à Gaza – Touteleurope.eu

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'était rendu en Israël et en Palestine en juin 2022, où elle avait rencontré le Premier ministre israélien Yaïr Lapid puis son homologue palestinien Mohammad Shtayyeh - Crédits : Dati Bendo | Christophe Licoppe / Commission européenne
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’était rendu en Israël et en Palestine en juin 2022, où elle avait rencontré le Premier ministre israélien Yaïr Lapid puis son homologue palestinien Mohammad Shtayyeh – Crédits : Dati Bendo | Christophe Licoppe / Commission européenne

L’Europe se tient aux côtés d’Israël. Et nous soutenons pleinement le droit d’Israël de se défendre”. La déclaration de la présidente de la , Ursula von der Leyen, intervient quelques jours après le déclenchement d’une vague d’attaques terroristes en territoire israélien par le Hamas, à partir du 7 octobre.

Un jour avant cette prise de parole, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell appelait à une augmentation de l’aide humanitaire aux Palestiniens. Un appel motivé par la situation humanitaire “désastreuse” dans la bande de Gaza, d’où le mouvement islamiste a lancé son offensive contre Israël et que ce dernier a soumise à un siège total. Une mesure contraire au droit international, a rappelé Josep Borrell.

Est-il alors possible de placer l’Union européenne dans le camp des pro-israéliens ou des pro-palestiniens ? En réalité, elle entretient de fortes relations avec Israël, dont elle est notamment le premier partenaire commercial, comme avec la Palestine, dont elle est le premier donateur mondial d’aide au développement. Dans cette région du Proche-Orient, l’UE s’est de longue date engagée en faveur du processus de paix, prônant une solution à deux Etats. Une position qui se veut impartiale, et souvent difficile à tenir face à la fréquente radicalité des parties prenantes du conflit israélo-palestinien.

Israël : proche partenaire de l’UE

La base légale des relations entre l’UE et Israël repose sur un accord d’association entré en vigueur en juin 2000. Celui-ci permet notamment des échanges commerciaux dans un cadre de libre-échange dans plusieurs secteurs, industriel et agricole notamment. Les liens économiques entre les deux parties sont importants, l’UE étant le premier partenaire commercial d’Israël, avec environ un tiers des importations israéliennes qui proviennent des Vingt-Sept.

Israël est intégré à la politique de voisinage de l’UE, qui vise à assurer de bonnes relations politiques et économiques avec les voisins des Etats membres. Le pays est plus précisément inclus dans le Partenariat Euromed, le volet de la politique de voisinage destiné aux pays du pourtour méditerranéen. Dans ce cadre, des jeunes Israéliens bénéficient par exemple de programmes d’échange avec l’Europe. Aux côtés des Vingt-Sept mais également de la Palestine et de 14 autres pays, Israël est membre de l’Union pour la Méditerranée (UpM), organisation ayant notamment pour objectif de renforcer Euromed.

La coopération entre l’UE et Israël concerne aussi le domaine scientifique. Le pays participe à , programme de l’UE pour l’innovation et la recherche doté de plus de 95 milliards d’euros pour la période 2021-2027. Israël est aussi partie prenante de Galileo, l’équivalent européen du GPS.

Enfin, désireuse de réduire sa dépendance aux énergies fossiles russes après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, l’UE s’est également rapprochée de l’Etat hébreu dans le but d’augmenter ses importations de gaz en provenance du pays.

L’UE, première donatrice d’aide au développement de la Palestine

Dès 1975, l’UE amorce des relations avec l’organisation de libération de la Palestine (OLP). Des liens qui s’inscrivent dans le dialogue euro-arabe, initiative visant une coopération accrue entre l’Europe et les Etats arabes, lancée au début des années 1970 par la France.

Au sein de l’Union européenne, les approches des Etats membres concernant la Palestine, pays observateur à l’ONU depuis 2012, diffèrent sensiblement. Notamment du point de vue de la reconnaissance diplomatique de l’Etat. Neuf pays parmi les Vingt-Sept, le plus souvent en Europe centrale et orientale, reconnaissent la Palestine. Un héritage de leur passé communiste, l’URSS et ses Etats satellites s’étant positionnés en faveur du camp palestinien.

La Roumanie, la Bulgarie, la Slovaquie, la Pologne, la République tchèque et la Hongrie ont ainsi établi des relations diplomatiques avec la Palestine, de même que la Suède, Chypre et Malte. Si le premier groupe de pays les avaient initiées lors de la Guerre froide, certains parmi eux, la Hongrie et la République tchèque notamment, comptent aujourd’hui parmi les plus fervents soutiens d’Israël au sein de l’UE.

Celle-ci est le premier fournisseur d’aide au développement de la Palestine. Pour la période 2021-2024, 1,117 milliard d’euros sont prévus par l’UE à destination des Palestiniens. Des sommes qui permettent à la Palestine, très dépendante de l’aide internationale, de financer des secteurs clés tels que l’éducation ou encore la santé.

L’engagement de l’UE en faveur du processus de paix au Proche-orient

L’UE a toujours indiqué qu’elle ne reconnaîtrait aucun changement aux frontières de 1967, qui attribuent la Cisjordanie et la bande de Gaza à la Palestine, et prône une solution à deux Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien. De fait, elle ne considère pas les territoires occupés par Israël en Palestine, et les colonies qui s’y trouvent, comme étant israéliens. Ce qui a notamment conduit l’UE à exclure les produits issus des colonies du champ d’application des accords commerciaux avec Israël.

L’UE s’est aussi montrée critique vis-à-vis d’Israël en matière de respect des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, de même que lors des opérations militaires dans la bande de Gaza dirigée par le Hamas, dénonçant à plusieurs reprises un usage “disproportionné” de la force. En décembre 2022, les eurodéputés ont par exemple adopté une résolution appelant à une initiative européenne de paix, condamnant tous les actes de violence émanant des deux camps, y compris l’usage disproportionné de la force par l’armée israélienne.

Proche partenaire d’Israël mais soucieuse de favoriser la paix avec la Palestine, l’UE maintient une position en quête d’équilibre, n’hésitant pas s’opposer à des situations contraires au droit international. De quoi provoquer des tensions avec l’Etat hébreu, avec lequel les rapports se sont dégradés au cours des années 2010. Le Conseil d’association UE-Israël, né en 1995 et permettant de rassembler responsables européens et israéliens, ne s’est ainsi pas réuni une seule fois entre 2012 et 2022. Et la réunion en 2022, en octobre, a notamment été permise par l’arrivée au pouvoir de Yaïr Lapid, aux positions plus modérées vis-à-vis de la Palestine que son prédécesseur Benyamin Netanyahou.

Mais ce dernier ayant retrouvé son poste de Premier ministre, l’UE doit de nouveau poursuivre le dialogue avec un leader israélien qui compte dans son gouvernement des ministres d’extrême droite, lesquels militent pour la poursuite de la colonisation en territoire palestinien. Et le dialogue avec les Palestiniens est également complexe, la Cisjordanie étant dirigée par une Autorité palestinienne au pouvoir très relatif et la bande de Gaza par le Hamas, mouvement islamiste classé comme organisation terroriste par l’UE.

Guerre Israël-Hamas : Thierry Breton enjoint à Elon Musk de modérer les contenus illégaux sur X

Le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton a demandé au magnat américain d'apporter une réponse dans les 24 heures

Nouvelle passe d’armes entre la  et Elon Musk. Dans une lettre diffusée sur X, Thierry Breton a sommé le patron du réseau social de rendre des comptes sur la circulation de fausses informations concernant la guerre en Israël et dans la bande de Gaza.

A la suite des attaques terroristes du Hamas contre Israël, nous avons des indications selon lesquelles X/Twitter est utilisé pour diffuser des contenus illégaux et de la désinformation dans l’UE”, écrit le commissaire européen au Marché intérieur.

Thierry Breton fait référence au Digital Services Act (), la nouvelle réglementation européenne du numérique qui vise à limiter la diffusion de contenus illicites en ligne. Entré en application fin août pour les 19 plus grosses plateformes, le texte prévoit notamment une meilleure transparence sur les conditions d’utilisation ainsi que l’obligation de retirer les vidéos ou les textes haineux lorsqu’ils sont signalés. Avec le DSA, les réseaux sociaux doivent aussi étudier les risques liés à leurs algorithmes, dont le fonctionnement peut alimenter la désinformation.

Notre politique est que tout est open source et transparent, une approche que l’UE soutient, je le sais”, a répondu Elon Musk. “Veuillez lister les violations auxquelles vous faites allusion sur X, afin que le public puisse les voir”, a-t-il ajouté. L’échange public entre les deux hommes s’est finalement achevé par un “Vu, merci” du commissaire français : “Vous êtes bien au courant des rapports de vos utilisateurs – et des autorités – sur les faux contenus et la glorification de la violence. A vous de démontrer que vous prêchez par l’exemple”, a-t-il conclu. Pour l’instant.

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