Un article publié par Le Monde – Les Décodeurs
Parfois présentée comme toute-puissante, l’UE dispose toutefois d’un budget limité, qui s’est élevé à 160 milliards d’euros pour 2018. Explications avant les élections européennes de 2019.
Idées reçues sur l’Europe (1/6). 160 milliards d’euros. C’était le budget total de l’Union européenne (UE) pour l’année 2018. Une manne considérable, qui vient soutenir les politiques de financement de l’agriculture et de l’environnement des vingt-huit pays membres à hauteur de 59 milliards d’euros par an environ. Mais que pèse réellement cette enveloppe à l’échelle du continent ? Et par rapport au budget français ?
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Un budget difficilement comparable à celui des Etats membres
A lui seul, le budget général de l’Etat français était de 446 milliards d’euros en 2018, soit près de trois fois plus que celui de l’UE. Si on rapporte ces deux enveloppes respectivement aux populations concernées, on s’aperçoit que l’Etat français dépense en moyenne autour de 6 700 euros par habitant, quand l’UE dispose d’un peu plus de 300 euros par citoyen.
Les deux budgets sont par nature difficilement comparables. Les compétences exclusives de l’UE comme l’union douanière ou l’établissement des règles de concurrence du marché intérieur ont beau être d’importance, elles ne sont pas associées à des sommes colossales.
Le budget européen repose surtout sur deux grands piliers, l’agriculture et l’environnement (59 milliards d’euros en 2018) ainsi que la cohésion sociale et territoriale (56 milliards d’euros), qui représentaient à eux seuls plus de 70 % du total en 2018.
1 % du PIB européen environ
Le budget de fonctionnement de l’UE, qui inclut les frais liés à la Commission de Bruxelles, au Parlement européen et au Conseil de l’Union européenne, était quant à lui d’un peu moins de 10 milliards d’euros la même année, soit environ 6 % du total.
A l’inverse, les Etats membres conservent des prérogatives budgétaires de premier plan. Les enveloppes consacrées en France à l’enseignement scolaire (72 milliards d’euros en 2018), à la défense et à la sécurité (63 milliards d’euros) ainsi qu’aux retraites et pensions (58 milliards d’euros) dépassent à elles seules le budget total de l’UE.
Autre point de comparaison pour jauger le budget européen : le produit intérieur brut des Etats membres, qui était de 15 300 milliards d’euros sur l’ensemble des Vingt-Huit en 2017. Les 160 milliards dont dispose Bruxelles ne représentent donc qu’autour de 1 % des richesses produites chaque année par les Vingt-Huit.
Des ressources qui viennent principalement des Vingt-Huit
En 2018, plus de la moitié (71 %) des ressources propres de l’UE venait de la « ressource RNB », qui est en fait une contribution des Etats membres prélevée en fonction de leur revenu national brut. Elle représentait pas moins de 103 milliards d’euros, loin devant les droits de douane sur les importations issues de pays extérieurs à l’UE et les prélèvements agricoles (23 milliards d’euros) et la contribution des Vingt-Huit sur la TVA (17 milliards).
Bien que l’on parle de ressources propres à l’UE, il s’agit en fait majoritairement de fonds redirigés par les Etats membres vers Bruxelles. Même en écartant les droits de douane, les contributions des Vingt-Huit représentaient autour de 83 % de l’ensemble en 2018.
Le prélèvement sur le revenu national brut est de loin la première source de financement de l’Union européenne
Principaux revenus propres de l’UE en 2018, en pourcentage du budget total
Source : Vie-publique.fr
Crédits photos : AGATHE DAHYOT / LE MONDE