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Plusieurs dirigeants d’industrie soutiennent l’idée d’une économie zéro émission d’ici 2050. Un projet qui supposerait de rehausser l’ambition climatique pour respecter l’accord de Paris.
Les PDG d’Unilever, d’ Allianz SE, d’Engie et d’ EDF ont envoyé une lettre commune au commissaire au climat, Miguel Arias Cañete, pour lui demander que la Commission envisage une option zéro émission pour 2050.
Le commissaire doit présenter la stratégie de long terme cette semaine. Les États membres pourront choisir l’un des huit scénarios proposés, d’après les informations obtenues par Euractiv.
Selon des sources européennes, la stratégie a survécu à son premier grand test le 22 novembre, quand les spécialistes des 28 pays ont approuvé le texte sans y faire de modification substantielle.
La stratégie sera examinée par les chefs d’État le 26 novembre, puis par les commissaires lors de leur réunion du 28 novembre, avant d’être rendue publique le jour même.
Si une option zéro émission pour 2050 est réclamée par le Parlement européen et au moins dix pays européens, sa présence parmi les huit scénarios n’est pas encore garantie.
Dans leur lettre, envoyée via l’initiative The B Team, les dirigeants d’entreprise préviennent que « nous ne pouvons pas faire des affaires dans les conditions » qui accompagneraient la trajectoire climatique actuelle, qui devrait générer un réchauffement d’au moins 3°C d’ici la fin du siècle. L’accord de Paris prévoit un réchauffement d’entre 1,5 et 2°C.
En septembre, le Groupe international d’experts sur le climat (GIEC) a publié un rapport alarmant sur les effets dévastateurs qu’aurait un réchauffement aussi modeste que 1,5°C.
Des entrepreneurs comme Richard Branson, Paul Polman, patron d’Unilver, Sharan Burrow, secrétaire général de la Confédération syndicale internationale, et Emmanuel Faber, PDG de Danone, ont tous signé la lettre. Outre leur souhait de voir une option à zéro émission d’ici 2050 figurer dans la stratégie, ils insistent également l’augmentation de 5 % de l’objectif actuel de réduction des émissions de l’UE à l’horizon 2030, qui est de 40 %.
Cet objectif semble être celui qui a été pris comme base pour tous les scénarios, étant donné que les projections de la Commission montrent que les nouvelles règles énergétiques devraient « de facto » réduire les émissions de l’UE de 45 %.
Le coût de l’inaction
Les signataires de la lettre incluent aussi 21 personnalités, dont Christiana Figueres, ancienne haute responsable de l’ONU en matière de changement climatique. Ils soulignent que « le coût de l’inaction serait bien supérieur au coût de l’action » et qu’un objectif d’émissions nettes nulles permettrait à toutes les entreprises de faire des projets à long terme sans incertitudes.
« Le statu quo n’est pas une option. Nous ne pouvons pas nous permettre le prix de l’inaction », a assuré Brook Riley de Rockwool International, une société d’isolation.
« L’Europe subit 13 milliards d’euros de dommages climatiques chaque année. N’importe quel chef d’État et ministre des Finances doit être en mesure de faire le calcul et de comprendre que son inaction coûte plus cher que l’action », renchérit Roland Joebstl, du Bureau européen de l’environnement (BEE).
La lettre a été chaleureusement accueillie par le groupe de dirigeants d’entreprise Corporate Leaders Group (CLG) du Prince de Galles. Le groupe avait déjà appelé les ministres de l’Environnement à faire en sorte d’éliminer les émissions d’ici 2050.
« Le CLG a appelé à plusieurs reprises à un engagement décisif en faveur d’émissions nettes nulles d’ici 2050 afin de garantir un avenir qui promet plus d’emplois, de meilleures habitations, de l’air pur, des forêts restaurées et des économies de milliers de milliards de dollars sur les énergies importées », a déclaré Eliot Whittington, directeur du CLG à Euractiv.
« Toute stratégie ne permettant pas d’atteindre l’objectif de zéro émission d’ici 2050 est insuffisante, et ceux qui tentent de ralentir le rythme du changement seront finalement laissés pour compte », a-t-il ajouté.
Toutefois, la stratégie de la Commission ne permettra pas d’établir le coût exact d’une inaction politique, puisqu’elle ne devrait apparemment pas lister le coût des dommages climatiques dans ses scénarios.
Sans action supplémentaire, ces dommages pourraient coûter des milliards, voire des milliers de milliards dans les décennies à venir. Les modélisateurs climatiques de la Commission jugent qu’il est impossible de les prédire avec plus de précision, en raison du grand nombre de facteurs totalement imprévisibles.
Les États membres devraient se mettre d’accord sur l’un des huit scénarios à suivre, mais sans doute pas avant la fin de l’année prochaine. Ils pourraient cependant inclure un passage sur la stratégie dans les conclusions du sommet de décembre. C’est en mars dernier qu’ils ont chargé l’exécutif européen de rédiger cette stratégie.
La Commission n’a pas indiqué si son président, Jean-Claude Juncker, présenterait sa stratégie lors de la COP24, en Pologne, mais il est probable que celle-ci fasse partie de la campagne électorale européenne. Elle sera aussi examinée lors du sommet sur l’avenir de l’Europe à Sibiu, en Roumanie, en mai.
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https://www.euractiv.fr/section/climat/news/big-business-backs-eu-climate-neutrality-goal/