Pesticides : des règles communes et la fin de l’exportation de produits interdits – EURACTIV.fr

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Réunis à Amiens du 20 au 22 janvier, les ministres européens de l’Environnement ont partagé leur vision sur la réduction des pesticides en Europe. La France prône l’importance de la cohérence aux niveaux européen et international et de l’accompagnement des agriculteurs.

Si le but est clair, le chemin ne l’est pas encore : d’ici à 2030, l’Union européenne veut réduire son recours aux pesticides de moitié.

Mais comme le montrent les revirements et tergiversations en France, l’écart entre ambitions affichées et réalité reste large. Le gouvernement se dit notamment favorable à une ré-autorisation du glyphosate, herbicide controversé et potentiellement cancérogène, au niveau européen et est en train d’envisager une nouvelle ré-autorisation de plusieurs néonicotinoïdes (insecticides formellement interdits dans l’UE depuis 2018).

Alors que la Commission européenne s’apprête à proposer une révision de la directive européenne sur l’utilisation durable des pesticides (Sustainable Use of Pesticides Directive, SUD) en mars, la question des mesures nécessaires pour réduire l’usage des produits phytosanitaires en Europe était ainsi au menu d’une réunion informelle des 27 ministres de l’Environnement, réunis à Amiens du 20 au 22 janvier.

Premier constat : trouver des alternatives aux produits phytosanitaires nécessiterait un « effort coordonné » des 27, selon la ministre française de la Transition écologique, Barbara Pompili, qui a présidé les échanges dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’UE (PFUE).

« Nous avons besoin d’une action européenne pour mettre en cohérence et faciliter les initiatives » visant à diviser par deux l’utilisation de pesticides chimiques et dangereux, a-t-elle souligné à l’issue des échanges.

Constat qui vient appuyer celui de son collègue Julien Denormandie, ministre français de l’Agriculture. Lors d’un Conseil des ministres de l’Agriculture, le 17 janvier, M. Denormandie avait, lui aussi, affirmé la nécessité d’« utiliser, partout en Europe, les mêmes standards de production » agro-alimentaire.

Ne plus « exporter ailleurs ce que nous jugeons néfaste pour nous ».

Au-delà d’une harmonisation des règles au niveau européen, la ministre de la Transition écologique a souligné l’importance d’une plus grande cohérence au niveau international également.

D’une part, il fallait « être attentifs à ce que les produits importés en Europe ne constituent ni une menace pour notre santé, ni une concurrence déloyale pour l’agriculture européenne », selon Mme Pompili. Ce serait là tout le sens des « mesures miroirs » pour lesquels la France souhaite s’engager pendant la PFUE.

D’autre part, l’échange des ministres de l’Environnement aurait « fait ressortir le souhait de nombreux collègues de travailler à mettre fin à l’exportation de produits phytopharmaceutiques qui sont aujourd’hui interdits dans l’Union européenne », a fait savoir la ministre.

Ce serait là « une question d’exemplarité et de cohérence de notre action », selon Mme Pompili : « Nous ne pouvons pas exporter ailleurs ce que nous jugeons néfaste pour nous. »

Enfin, la ministre a affirmé la volonté des 27 à mieux prendre en compte la voix de la science : « L’importance d’adapter nos normes aux données scientifiques les plus récentes est partagée », selon Mme Pompili.

Pas de transition sans accompagnement

« Prérequis » incontournable à la réduction effective des pesticides, la ministre a en outre souligné la nécessité d’accompagner les agriculteurs. « Si nous voulons réussir une transition [agro-écologique] socialement juste, les efforts que nous demandons à nos agriculteurs ne doivent pas les mener dans des impasses ou les affaiblir face à la concurrence internationale », a rappelé Mme Pompili.

Encore une fois, ces propos reflètent ceux du ministre de l’Agriculture qui prône, encore et toujours, la doctrine du « pas d’interdiction sans alternative ».

À l’occasion du débat sur une proposition de loi visant à interdire le glyphosate en France, le 13 janvier dernier, M. Denorandie avait ainsi prévenu que « la transition agroécologique ne se décrète pas par injonction ».

Au contraire, elle ne serait possible que « si on ne laisse personne sans solution », affirmait le ministre, appelant à « remettre la science et la raison au centre des débats » et d’arrêter à employer des pesticides controversés uniquement « là où il y a de véritables alternatives, viables économiquement et faisant sens sur le plan environnemental ».

En France comme en Europe, des niveaux d’ambition divergents

Cette position ne fait pour autant pas l’unanimité. En France, les appels à un engagement plus ambitieux pour la diminution des pesticides – et l’interdiction définitif de produits controversés comme le glyphosate – se sont ainsi multipliés ces derniers mois.

Pas plus tard que le 10 janvier, des ONG ont en outre attaqué l’État français en justice pour faire reconnaître la part qu’il joue dans l’effondrement de la biodiversité en continuant à autoriser le recours « immodéré et systématique » aux pesticides, malgré les promesses contraires.

En Europe aussi, les niveaux d’ambition varient d’un pays à l’autre.

La France fait ainsi partie, avec la Hongrie, les Pays-Bas et la Suède, du groupe d’évaluation du glyphosate favorable à sa ré-autorisation (en juin dernier, le groupe avait conclu dans un rapport que le produit « répond aux critères d’approbation » européens en termes de santé humaine et environnementale).

Le nouveau gouvernement allemand se veut, au contraire, plus ambitieux : les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement – deux postes désormais occupés par des écologistes – ont annoncé leur volonté de plaider pour une réglementation européenne plus stricte sur les pesticides. Celle-ci devrait notamment inclure une meilleure analyse des effets des substances sur la biodiversité, a déclaré la ministre de l’Environnement, Steffi Lemke, à l’occasion du congrès agricole à Berlin, le 18 janvier.

Le gouvernement a également annoncé vouloir retirer le glyphosate du marché d’ici fin 2023 (l’autorisation actuelle au niveau européen expire au 31 décembre 2022).

Le Luxembourg reste, quant à lui, le pays européen à être allé jusqu’au bout : le glyphosate y est interdit depuis le 1er janvier 2021.

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