l’UE précise ses pistes pour réduire les émissions de CO2 – EURACTIV.fr

L’Union européenne a commencé jeudi 17 septembre à dérouler des pistes pour réduire de 55% ses émissions de gaz à effet de serre, pointant des efforts accrus dans l’industrie et le secteur aérien, mais surtout un élargissement des « droits à polluer » au transport routier et au bâtiment.

Dans une étude d’impact, la Commission européenne a justifié l’objectif d’une baisse des émissions d’au moins 55% en 2030 par rapport à 1990 proposé mercredi par sa présidente Ursula von der Leyen.

C’est le seul « chemin équilibré, réaliste et prudent » pour atteindre la « neutralité climatique » en 2050 — une ambition que les Etats membres ont validé fin 2019. Les Vingt-Sept doivent désormais approuver l’objectif 2030, alors que la Pologne exprime déjà sa « préoccupation ».

L’exécutif européen présentera « des propositions législatives concrètes » d’ici juin 2021, a rappelé le vice-président de la Commission chargé du Pacte vert Frans Timmermans, lors d’une conférence de presse.

Pour lui, l’une des recettes-clés passe par le marché du carbone européen, le système d’échanges de quotas d’émissions (ETS selon l’acronyme anglais) qui régit les émissions des industries lourdes et des centrales électriques: un outil capable d’apporter « de la visibilité » aux entreprises.

Ce marché carbone « a prouvé son efficacité pour réduire les émissions. Nous allons réfléchir à l’étendre au transport routier et au bâtiment, cela peut être encourager au changement », a-t-il observé. La Commission voulait déjà y inclure le transport maritime.

En même temps, « cela exige des conditions de marché équitables mondialement. On doit donc se doter d’un +mécanisme d’ajustement aux frontières+ », qui taxerait les importations de pays où les règles d’émissions sont moins strictes, détaille M. Timmermans.

Alors que l’industrie automobile s’alarme d’un objectif 2030 jugé intenable, Frans Timmermans tempère: « Dans certains secteurs, ce sera un lourd fardeau car ils devront investir. Mais ils auraient besoin d’investir, de se restructurer de toute manière! (…) Nous entrons dans une révolution industrielle, c’est de cette ampleur ».

Le commissaire néerlandais vise aussi l’aviation: « On peut exiger la suppression des liaisons courtes remplaçables par des trains; on peut demander d’investir dans des carburants plus propres (…) on peut demander aux avionneurs de construire des appareils moins gourmands ».

« Nous aurons toujours besoin d’un secteur aérien, mais il devra être plus durable. On peut l’y encourager en l’intégrant au marché du carbone (…) C’est un secteur qui devra se restructurer », a-t-il martelé. Ces transformations seraient potentiellement douloureuses pour un secteur laminé par la crise du Covid-19.

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