L’UE dit au revoir au plan Juncker, bonjour à « InvestEU »

La Commission européenne veut rassembler tous les instruments d’investissement de l’UE existants sous la bannière d’un nouveau fonds appelé « InvestEU », qui succèdera au plan Juncker.

« Grâce à un meilleur environnement économique, les investissements reprennent », a déclaré le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen, aux journalistes le 6 juin alors qu’il présentait le nouveau fonds. Même si « plus d’investissements sont nécessaires » et que l’UE a les instruments pour les encourager.

InvestEU prendra la suite du plan Juncker, qui vise à mobiliser des capitaux privés et publics pour combler le déficit d’investissement en Europe.

Sous la bannière de InvestEU, l’exécutif rassemblera 14 instruments financiers existants en un seul règlement uniforme et les 13 services d’assistance fusionneront pour devenir une seule et unique plateforme de conseil.

La Commission maintiendra le portail InvestEU pour aider les projets européens à gagner de la visibilité internationale et attirer des investisseurs potentiels.

« Par conséquent, nos instruments financiers sont plus faciles à utiliser pour les bénéficiaires », souligne Jyrki Katainen. La simplification permettra par ailleurs de faire plus avec moins, puisque « rassembler les instruments existants peut déboucher sur plus d’investissement », a-t-il déclaré.

Quatre domaines de politique

La Commission veut que le fond InvestEU fournisse une garantie de 38 milliards d’euros pour soutenir les investissements à travers l’UE. La garantie sera alimentée à 40 %, ce qui veut dire que 15,2 milliards d’euros du prochain budget de l’UE à long terme (CFP) y seront dédiés.

L’exécutif européen affirme que cette garantie mobilisera 650 milliards d’euros d’investissement supplémentaires à travers l’UE sur une période de sept ans.

InvestEU sera géré par la Commission avec le soutien de partenaires financiers. La banque européenne d’investissement restera le partenaire principal, mais des banques régionales et nationales ou d’autres institutions pourraient aussi devenir partenaires.

Une autre nouveauté est que l’instrument se concentrera sur quatre domaines de politiques qui sont des priorités pour l’UE. Jusqu’à 11,5 milliards d’euros seront alloués à l’investissement dans l’infrastructure durable ; 11,25 milliards d’euros seront dédiés à la recherche, l’innovation et la numérisation et la même somme sera réservée aux petites et moyennes entreprises. Enfin, 4 milliards d’euros seront dédiés à l’investissement social.

Par ailleurs, l’initiative offre aux États membres la possibilité de transférer jusqu’à 5 % des fonds de cohésion par domaine politique à la garantie européenne.

Le plan Juncker a fait l’objet de critiques, qui lui reprochaient de manquer de dimension régionale. La Commission estime donc que le fait d’inclure de nouveaux partenaires financiers – des banques nationales et régionales – devrait faciliter les choses pour mieux répondre aux besoins locaux.

L’exécutif espère aussi contribuer à la dimension régionale du projet en fournissant de l’aide aux bénéficiaires en termes de renforcement et développement des capacités grâce à la plateforme de conseil.

L’argent n’est toutefois pas le seul moyen d’améliorer les conditions d’investissement dans l’UE. « Nous devons continuer d’avancer sur les réformes structurelles », a précisé le vice-président, Jyrki Katainen qui a fait l’éloge du nouveau programme de soutien aux réformes présenté par la Commission il y a quelques jours.

Réactions largement positives

Le nouveau fonds InvestEU a été accueilli favorablement par le Comité économique et social européen (CESE), l’organe consultatif de l’UE représentant les partenaires sociaux. « Le programme InvestEU est un exercice gagnant-gagnant pour le monde de l’innovation, pour les PME et pour l’investissement social », a déclaré Luca Jahier, président du CESE.

Luca Jahier a tout particulièrement salué les efforts de la Commission pour rationaliser et simplifier une grande variété d’instruments financiers et « pour capitaliser l’expertise locale, nationale et européenne ». La proposition de l’exécutif européen, estime-t-il, « est un exemple de quand et où l’Europe peut faire la différence ».

Les ONG environnementales ont quant à elles exprimé plus de réserves. « Pour InvestEU, la Commission européenne propose un objectif de 50 % en matière de climat, d’environnement et de durabilité, ce qui semble excellent, mais cela ne s’appliquera qu’au financement des infrastructures, et il y a peu de détails sur la manière dont la durabilité sera assurée », a déclaré Sébastien Godinot, économiste au Bureau de la politique européenne du WWF, qui a demandé à la Commission de confirmer que le nouveau fonds de garantie ne soutiendra pas les combustibles fossiles.

Un article publié par notre partenaire Euractiv.