L’Ecosse ne veut pas subir le chantage de May sur le Brexit

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Theresa May dispose de deux semaines pour rallier les députés sceptiques à l’accord sur le Brexit. Le Parti national écossais ne se laissera pas convaincre.

« Nous ne subirons pas de chantage », a déclaré la ministre écossaise des Relations extérieures, Fiona Hyslop. « Il existe toujours une autre manière de faire les choses et il n’y a pas de majorité pour un Brexit sans accord. »

Les Écossais ont voté à 62 % pour rester dans l’UE en 2016, et le gouvernement écossais n’en démord pas : quitter l’UE sera terrible, tant politiquement qu’économiquement.

Le 27 novembre, un document du gouvernement écossais estimait que l’accord sur le Brexit conclu par Theresa May fera perdre 10 milliards d’euros à l’économie britannique d’ici à 2030, soit l’équivalent de 1 800 euros par personne.

« L’un des problèmes de l’accord est qu’il restreint la liberté de circulation », déplore-t-elle. Selon elle, la réduction de 50 % du nombre de migrants européens arrivant en Écosse entraînera un déclin de 1 % de la population du pays et réduira le nombre d’enfants de 4,3 %.

« [L’accord] rendra l’Écosse plus pauvre, et il est hors de question que le gouvernement écossais vote pour quelque chose qui le rende plus pauvre », a affirmé la ministre.

L’appel de Nicola Sturgeon pour une politique d’immigration différenciée a tout simplement été ignoré par Londres, et Fiona Hyslop espère que le gouvernement de May publiera un document sur l’immigration avant le 11 décembre dans le but de rassembler du soutien pour l’accord de retrait.

Le Comité consultatif sur l’immigration (MAC), qui conseille le gouvernement britannique sur l’avenir de la politique migratoire en dehors de l’UE, a déjà rejeté d’un revers de main les intérêts écossais.

Ses recommandations, qui incluent une obligation de salaire de 30 000 livres, soit 34 000 euros pour obtenir le visa de travail, rendraient 75 % des Européens vivant actuellement au Royaume-Uni inéligibles à un tel statut.

Pour Fiona Hyslop, le rapport du MAC est consternant. « Le MAC est venu devant le parlement écossais et a déclaré que nous devrions dépendre moins du tourisme car c’est un secteur à faible productivité. Dire que l’industrie du tourisme écossais devrait fermer boutique est tout simplement effroyable. »

Lors des deux prochaines semaines, le Parti national écossais, qui détient 35 sièges dans la Chambre des communes et qui est donc le troisième plus grand parti, livrera bataille à l’accord de Theresa May à Westminster.

« Nous essayons de monter une coalition contre l’accord de retrait mais nous voulons être clairs sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un choix entre ‘cet accord’ et ‘pas d’accord’ », explique Fiona Hyslop, qui plaide pour une révision de l’accord de Theresa May plutôt que des mesures de rafistolage.

« Si nous réussissons à former une coalition pour vaincre le gouvernement, nous avons la responsabilité de proposer autre chose. »

Une alternative serait de proposer l’adhésion au marché unique et à l’union douanière. Une autre serait d’organiser un second référendum, précise-t-elle. « Une majorité des députés est contre un Brexit sans accord, mais une majorité est pour l’adhésion au marché unique. »

« Nous savons aussi que nous aurons besoin de plus de temps et d’une prolongation de l’article 50, avec l’accord de l’UE à 27. Nous n’abandonnons pas. »

La pêche troquée

Outre la liberté de circulation et l’accès au marché unique, un autre des points les plus brûlants du Brexit est l’industrie écossaise de la pêche.

Les conservateurs écossais sont opposés à la position du SNP qui laisserait l’Écosse dans une politique commune de la pêche de l’UE très impopulaire.

« Nous ne sommes pas ceux qui ont promis monts et merveilles et rien fait du tout », a rétorqué Fiona Hyslop avant d’ajouter : « l’industrie de la pêche a été troquée tant dans l’accord de retrait que dans la déclaration sur l’avenir des relations. »

« Theresa May a conclu un accord de retrait qui donne accès aux eaux de pêche écossaise et aux marchés alors que les députés écossais conservateurs avaient dit qu’il s’agissait pour eux d’une ligne rouge. »

Le 28 novembre, le ministre des Finances, Philip Hammond, a reconnu que le Royaume-Uni serait perdant économiquement avec le Brexit, même si un accord de libre-échange ambitieux est conclu avec l’UE.

« L’idée selon laquelle un accord de libre-échange serait mieux que la situation actuelle est fausse », a affirmé Fiona Hyslop.

« À un moment donné, nous allons devoir nous demander pourquoi nous faisons ça, et c’est à ce moment-là que nous aurons le potentiel d’organiser un second référendum et que certains faits et arguments basés sur des preuves déboucheront sur un résultat différent. »

Changement d’humeur

Selon la ministre écossaise, le nombre d’Écossais en faveur d’une adhésion continue à l’UE est encore plus élevé qu’en juin 2016 et monte aujourd’hui à 70 %. Quant au Pays de Galle, qui a voté de peu pour quitter l’UE, il aurait lui aussi changé de bord.

« Je ne prétends pas que les sondages ont changé de manière substantielle mais je pense que l’humeur a changé », a-t-elle commenté.

« C’est surement dû à une meilleure compréhension de la valeur de la liberté de circulation au Royaume-Uni. Certaines personnes croient surement à la légende selon laquelle il suffit d’élever des frontières et que ça n’affectera pas le système de santé ou l’économie. »

Une des plaintes exprimées par les gouvernements gallois et écossais est qu’ils ont été exclus des négociations dans le processus de l’article 50. Pour Fiona Hyslop, l’accord de retrait en est un ultime exemple.

« Vous avez un accord de retrait de 585 pages qui ne mentionne absolument pas l’Écosse. Ça fait surement partie de l’exercice de haute voltige de Theresa May, mais il y aura des conséquences. »

Le Brexit est-il encore réversible ?

Les négociations sur les termes de la sortie britannique de l’Union européenne avancent et le scénario du No Deal (sortie « nette », sans accord sur la relation future entre Londres et l’Union) fait l’objet de débats intenses à Londres et à Bruxelles. À l’inverse, peut-on alors imaginer que les Britanniques fassent demi-tour ?

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