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Les États-Unis ont annoncé qu’il se retireraient du traité « Ciel ouvert », qui autorise les vols de surveillance non armés au-dessus des États signataires. Une nouvelle initiative de l’administration Trump pour sortir le pays d’un accord mondial majeur.
L’accord, signé en 1992 et en vigueur depuis 2002, permet à ses signataires d’effectuer, à brève échéance, des vols de surveillance non armés afin de recueillir des informations sur les forces et installations militaires de chacun, contribuant ainsi aux inspections de contrôle des armes conventionnelles et des armes stratégiques offensives. Ce qui réduit le risque de conflit.
L’idée est que plus les armées rivales se connaissent, moins il y a de risque de conflit entre elles.
La Russie et les États-Unis, les deux plus grandes puissances nucléaires du monde, ont utilisé le traité pour surveiller leurs activités respectives. Mais au cours des dernières années, de hauts fonctionnaires américains et des experts en matière de non-prolifération ont signalé que le président américain Donald Trump pourrait retirer les États-Unis du pacte.
Le préavis de Washington
Les responsables américains se plaignent depuis longtemps que la Russie ne respecte pas les termes de l’accord, en interdisant le survol de certaines régions stratégiques et d’exercices militaires clé. Ils accusent en outre Moscou d’utiliser ses vols pour recueillir des informations sensibles sur les infrastructures américaines.
Les États-Unis « ne peuvent pas continuer à être partie prenante d’accords de contrôle des armements qui sont violés par l’autre partie, et qui sont activement utilisés non pas pour soutenir la paix et la sécurité internationales, mais plutôt pour leur nuire », a déclaré le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, dans un communiqué publié le 21 mai.
Mike Pompeo a évoqué les restrictions russes sur les vols et affirmé que Moscou avait utilisé le traité comme « un outil pour faciliter la coercition militaire ».
« Moscou semble utiliser l’imagerie de l’accord « Ciel ouvert » pour soutenir une nouvelle doctrine russe agressive, consistant à cibler des infrastructures essentielles aux États-Unis et en Europe avec des munitions conventionnelles à guidage de précision » a-t-il ajouté.
« Au lieu d’utiliser le pacte « Ciel ouvert » comme un mécanisme destiné à améliorer la confiance par le bais de la transparence militaire, la Russie a ainsi « militarisé » le traité, le transformant en un outil d’intimidation et de menace », a-t-il ajouté.
Sans la valeur que ses alliés européens accordent au traité, Washington en serait « probablement sorti depuis longtemps », a-t-il poursuivi.
Selon la déclaration du secrétaire d’État, il n’est pas exclu que Washington « reconsidère » son retrait, pour autant que « la Russie se conforme à nouveau totalement au traité ».
La Russie ayant été officiellement avisée vendredi 22 mai, le retrait prendra effet six mois après cette notification.
« Ciel ouvert » est le troisième accord de sécurité majeur sur lequel les États-Unis ont décidé de tirer un trait au cours des dernières années. Ils avaient déjà dénoncé le traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), un pacte historique conclu en 1987 avec la Russie interdisant toute une classe de missiles de moyenne portée (500 à 5 500 kilomètres) à capacité nucléaire lancés au sol, ainsi que l’accord nucléaire avec l’Iran.
« Le retrait des États-Unis de ce traité serait non seulement un coup porté aux fondements de la sécurité européenne… mais aussi aux intérêts sécuritaires clés des alliés des États-Unis », a indiqué le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexander Grushko, à RIA-Novosti.
Alexander Grushko, qui est chargé des relations avec l’OTAN et l’UE, a affirmé que Donald Trump tentait de justifier l’abandon d’un « traité fondamental » par des « questions techniques » qui devraient être résolues dans le cadre du traité.
« Rien n’empêche de poursuivre les discussions sur les questions techniques que les États-Unis présentent à tort comme des violations par la Russie », a-t-il ajouté.
L’annonce a été saluée par les conservateurs américains qui expriment depuis longtemps leur frustration à l’égard des accords mondiaux de contrôle de l’armement. Elle a en revanche suscité une réprobation profonde parmi les anciens responsables des services de renseignement et de la sécurité nationale des deux côtés de l’Atlantique.
« C’est de la folie », a tweeté l’ancien directeur de la CIA, Michael Hayden.
Tensions en perspective en Europe
La décision de Donald Trump va probablement creuser un peu plus le fossé entre Washington et ses alliés de l’UE et de l’OTAN. Ces derniers s’appuient sur l’accord pour effectuer des survols du flanc Est de l’Europe, qui est vulnérable. Ces manœuvres sont jugées essentielles.
Les alliés de l’OTAN et des pays comme l’Ukraine, limitrophe de la Russie, avaient auparavant enjoint Washington à ne pas renoncer à l’accord, car le retrait américain va mettre fin aux survols de la Russie par les membres restants du pacte. La sécurité européenne va s’en trouver affaiblie, à un moment où des séparatistes soutenus par la Russie ont la haute main sur certaines parties de l’Ukraine et de la Géorgie.
« Tous les Alliés conviennent que le contrôle des armements, le désarmement et la non-prolifération apportent des contributions essentielles à la sécurité de l’Alliance », a souligné un responsable de l’OTAN après l’annonce, ajoutant que les dirigeants de l’organisation avaient exprimé à plusieurs reprises « leur préoccupation quant à la mise en œuvre sélective du traité « Ciel ouvert » par la Russie, ce qui nuit à notre sécurité ».
Interrogé pour savoir si l’OTAN avait reçu une notification préalable de l’intention de retrait, le fonctionnaire a simplement fait savoir que les alliés « continueraient à se consulter étroitement sur l’avenir du traité ».
En décembre, un porte-parole de l’UE avait confirmé à Euractiv que Bruxelles était au courant du débat sur le retrait. Les Européens avaient auparavant tenté d’influencer la position américaine par une lettre adressée au secrétaire américain à la Défense, Mark Esper. De leur côté, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne avaient conjointement rédigé un courrier.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a fait savoir qu’il « regrettait beaucoup cette annonce », soulignant que malgré les « difficultés qu’a suscité la mise en œuvre du traité par la Russie ces dernières années, cela ne justifie pas, selon nous, sa résiliation, comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises au ministre des Affaires étrangères [Mike] Pompeo avec mes collègues français, polonais et britanniques ».
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