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Le dialogue entre la Serbie et le Kosovo, parrainé par l’UE et paralysé depuis longtemps, pourrait se débloquer l’année prochaine si les déclarations relatives à l’existence d’un nouveau projet de l’UE, publiées dans certains médias régionaux, sont officiellement confirmées.
Les négociations sur la normalisation des relations entre les deux pays stagnent, et, sur le peu d’accords signés, encore moins ont été mis en œuvre. En onze ans de pourparlers, la reconnaissance du Kosovo par la Serbie n’a jamais été envisagée.
Un site web kosovar, l’Albanian Post, a rapporté qu’un nouveau projet sur la normalisation des relations avait été élaboré après l’engagement des émissaires allemands et français.
Selon ce site, le projet prévoit que Belgrade accepte l’indépendance du Kosovo, sans pour autant la reconnaître formellement, et qu’elle obtienne en contrepartie certains avantages financiers et la perspective d’une adhésion à l’UE.
Selon la même source, dans 10 ans, c’est-à-dire probablement lorsque le prochain lot de candidats à l’UE rejoindra l’Union, un accord formel de reconnaissance mutuelle serait conclu et activé avant l’admission de toute la région.
Cela impliquerait également la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo par les cinq pays de l’UE qui ne l’ont pas encore ratifiée (Grèce, Slovaquie, Espagne, Roumanie et Chypre), tandis que la Serbie bénéficierait d’une « aide financière considérable » et serait reconnue comme la « première puissance de la région ».
Si l’authenticité de ce projet n’est toujours pas confirmée officiellement, le président serbe Aleksandar Vucic a récemment déclaré avoir « lu ce document mais, sachant ce qui allait se passer, il a refusé de le reconnaitre » de la part de l’envoyé spécial de l’UE pour le dialogue, Miroslav Lajcak, lors de sa visite à Belgrade.
« J’ai suffisamment d’expérience pour savoir que je ne devais pas reconnaitre ce papier. »
Lors d’un débat sur le Kosovo au Parlement serbe, M. Vucic a déclaré que pendant son mandat, c’est-à-dire dans les quatre ans et demi à venir, l’ancienne province serbe qui a proclamé son indépendance en 2008 ne serait pas reconnue et ne rejoindrait pas l’ONU.
Quelques jours plus tard, lors de la promotion de la plus jeune génération d’officiers de l’Armée serbe dans le centre-ville de Belgrade, M. Vucic a déclaré que « nous ne donnerons le Kosovo ou toute autre partie de notre patrie à personne ».
« Ceux qui menacent la Serbie n’ont jamais compris à quel point nous sommes résolus et déterminés à garder ce qui nous appartient », a déclaré M. Vucic, sans préciser qui menaçait Belgrade et pourquoi il a ressenti le besoin de réaffirmer que la Serbie ne céderait pas le Kosovo.
Ce qui a également éveillé la curiosité du public, c’est que dans une chanson patriotique interprétée pendant une pause du programme, la strophe définissant le Kosovo « l’âme de la Serbie » a été remplacée par la phrase « à tous les héros de Serbie ».
L’auteur de la chanson a déclaré que le passage sur le Kosovo avait été supprimé à la demande du ministère de la Défense, une affirmation immédiatement démentie par le ministère, qui a déclaré qu’il existait différentes versions de la même chanson.
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L’UE s’engage plus profondément
L’Albanian Post a écrit que ce projet est « un nouveau cadre » résultant de l’implication directe du président français Emmanuel Macron et du chancelier allemand Olaf Scholz dans le dialogue, après que les dirigeants de l’UE ont apparemment conclu que « le Kosovo et la Serbie ne parviendront jamais à résoudre le problème par eux-mêmes ».
Au cours de la première décennie de l’accord, afin d’amortir le choc, Belgrade n’aurait pas à reconnaître l’indépendance mais uniquement à l’accepter. En effet, le statut du Kosovo reste un sujet très sensible en Serbie.
Cela serait suffisant pour les auteurs du projet, étant donné que la question de l’adhésion de la Serbie à l’UE ne sera pas à l’ordre du jour avant un certain temps.
Toutefois, cela impliquerait que Belgrade renonce à faire pression en faveur de la non-reconnaissance de l’indépendance du Kosovo, ainsi qu’à s’opposer à l’adhésion de Pristina aux organisations internationales.
Cela permettrait au Kosovo de rejoindre le Conseil de l’Europe, dans un deuxième temps, Interpol et l’UNESCO, puis l’OTAN et l’UE, et enfin les Nations unies.
Cette adhésion à l’ONU serait apparemment plus problématique car elle ne dépendrait pas uniquement de Belgrade mais aussi de la position de la Russie, Moscou continuant à se dire prêt à opposer son veto à toute initiative de ce type.
De son côté, Pristina accepterait de permettre la création de l’Association des municipalités serbes à la fin de la période de 10 ans, juste avant la reconnaissance mutuelle. Cette association verrait la création d’une structure serbe au Kosovo, soutenue par Belgrade, ce qui, selon Pristina, va à l’encontre de sa constitution et a d’ailleurs échoué dans d’autres pays, notamment en Bosnie-Herzégovine.
Le projet envisagerait également une procédure précise à suivre au cas où Belgrade ou Pristina n’accepteraient pas le document, mais ces détails n’ont pas été publiés.
Aucune confirmation claire de la fiabilité du document
Bien que presque toutes les parties mentionnées dans l’article, à l’exception de Pristina, aient commenté le document en question, son authenticité n’a jamais été confirmée ou démentie.
Les médias de Pristina affirment toutefois que le journaliste kosovar Baton Haxhiu, connu pour sa proximité avec le Premier ministre albanais Edi Rama, est à l’origine de l’article et du site Internet. C’est pourquoi on considère que le document est fiable.
L’UE a refusé de commenter, mais les experts politiques ont remarqué que ni le contenu ni l’authenticité du document n’ont été démentis.
Le porte-parole de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Peter Stano, a déclaré qu’en règle générale, l’UE ne commente pas les documents publiés par des sources non officielles.
Interrogé sur le projet en question, l’ambassadeur américain en Serbie, Christopher Hill, a déclaré que son pays soutiendrait l’UE dans ses efforts pour parvenir à une solution dans le cadre du dialogue entre Belgrade et Pristina, car ce problème durait depuis trop longtemps et devait être résolu.
Aucune position claire des analystes sur la mise en œuvre de ce projet
Les analystes politiques des deux camps ne s’accordent pas sur la fiabilité du document, mais encore moins sur la faisabilité de sa mise en œuvre, même s’ils conviennent tous que, pour la première fois depuis de nombreuses années, la communauté internationale est prête à faire bouger les choses.
L’analyste politique Dusan Janjic, basé à Belgrade, pense que plusieurs documents sont en circulation. Le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré que l’Occident préparait « de nouveaux renforts » pour le Kosovo, justement parce qu’il avait vu l’un de ces documents.
« Les États-Unis insistent sur un nouveau modèle, et ce document existe bel et bien. Le calendrier mentionné dans ce document correspond tout à fait à la méthodologie de fonctionnement de l’administration américaine », a déclaré M. Janjic.
Il a déclaré que si le document n’était pas accepté et si le conflit se poursuivait, Washington appliquerait le « plan B », qui implique une gestion du conflit et une déstabilisation contrôlée par les États-Unis, après quoi Washington imposerait une solution aux deux parties.
L’ancien ministre serbe pour le Kosovo, Slobodan Samardzic, a déclaré que le document publié n’est pas une base de travail pour une solution mais plutôt un moyen d’augmenter la pression sur Belgrade.
« C’est une pression basée sur un document. C’est une nouvelle phase sur le même sujet. Il n’y a rien de nouveau, mais ce si ce projet se concrétise, ce sera inédit », a déclaré M. Samardzic.
D’un autre côté, l’ancien vice-ministre des Affaires étrangères du Kosovo, Valon Murtezaj, estime que le projet a peu de chances de réussir en raison, comme il l’a dit, de « l’attitude destructrice de la Serbie », qu’il considère comme « un interlocuteur peu fiable ».
Selon lui, il ne faut pas attendre une décennie entière pour la reconnaissance du Kosovo car Belgrade utiliserait cette période pour faire pression contre le Kosovo à l’étranger.
L’ancien diplomate kosovar Lulzim Peci trouve certaines dispositions du projet très controversées et suspectes, notamment la suggestion que la Serbie soit reconnue comme le leader politique et économique.
« Cette terminologie n’existe pas dans les actes juridiques contemporains car elle implique la légalisation de l’hégémonie et la violation du principe de droit international de l’égalité des États… Cela ressemble davantage à un texte destiné à satisfaire l’ego de dirigeants régionaux qui pensent pouvoir dominer leurs voisins », a déclaré M. Peci.
Le volet le plus mystérieux de l’histoire est peut-être le comportement de Pristina, qui a gardé un silence complet sur le sujet. Toutefois, le Premier ministre kosovar Albin Kurti est connu pour être un partisan de la reconnaissance instantanée du Kosovo comme condition préalable à toute négociation avec la Serbie.
Les analystes pensent que cela pourrait indiquer que la communauté internationale lui a fait comprendre qu’il s’agit d’un projet sérieux et qu’il ne serait pas politiquement raisonnable pour lui de le rejeter, même s’il ne lui convient pas entièrement.
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