Le débat sur l’Ukraine dévoile les limites du Conseil de sécurité de l’ONU – EURACTIV.fr

[ad_1]

Jeudi (22 septembre), près de sept mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba, ses partenaires occidentaux et le ministre russe des Affaires étrangères Sergey Lavrov ont eu une rare confrontation diplomatique en personne.

Lors d’une session spéciale du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), les trois diplomates en chef de l’Ukraine, de la Russie et des États-Unis ont surtout fait part de leurs griefs et échangé des piques, tandis que d’autres membres du Conseil ont évoqué les répercussions de la guerre sur leurs pays.

La mission principale du Conseil de sécurité de l’ONU, composé de 15 membres disposant chacun d’une voix, est le maintien de la paix et de la sécurité internationale. La Russie est l’un des cinq membres permanents du CSNU, avec les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Chine, et dispose d’un droit de veto.

La confrontation a eu lieu le lendemain de la décision du président russe Vladimir Poutine de mobiliser des centaines de milliers de Russes pour combattre en Ukraine, d’annexer des pans entiers du territoire ukrainien et sa menace de recourir aux armes nucléaires.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a demandé, en s’adressant à la chambre, que ces « menaces nucléaires irréfléchies » cessent immédiatement, ajoutant que le fait que Vladimir Poutine ait choisi « d’alimenter le feu qu’il a lui-même allumé » montre son profond mépris pour les Nations unies.

« L’ordre international que nous sommes réunis ici pour défendre est en train de voler en éclats sous nos yeux — nous ne tolérerons pas que le président Poutine s’en tire impunément », a-t-il déclaré.

« Un seul homme a voulu cette guerre. Un seul homme peut y mettre fin », a ajouté M. Blinken. « Parce que Si la Russie arrête de se battre, ce sera la fin de la guerre. Mais si l’Ukraine arrête de se battre, ce sera la fin de l’Ukraine. »

Une sortie hâtive

M. Lavrov, qui a affronté ses homologues ukrainiens et occidentaux, dont M. Blinken, est arrivé en retard, n’apparaissant que pour son propre discours, qui a duré environ 20 minutes, et est parti immédiatement après.

Le chef de la diplomatie moscovite a défendu la guerre menée par son pays et a accusé Kiev et l’Occident de s’ingérer directement dans cette guerre en « pompant des armes en Ukraine et en entraînant ses soldats ».

« Nous n’avons aucun doute sur le fait que l’Ukraine est devenue un État totalement totalitaire de type nazi, où les normes du droit humanitaire international sont bafouées », a déclaré le diplomate en chef de Moscou lors de la réunion.

« La décision de mener une opération militaire spéciale était inévitable », a déclaré M. Lavrov, utilisant l’euphémisme de Moscou pour désigner la guerre.

Sergey Lavrov a déclaré que l’Ukraine menaçait la sécurité de la Russie, ajoutant que la Russie « ne l’acceptera jamais ».

Après que le ministre Lavrov a quitté la salle, M. Kuleba, qui a pris la parole après lui, a rétorqué qu’il avait « remarqué que les diplomates russes s’enfuient tout autant que les soldats russes ».

Des responsables ayant assisté à la rencontre ont ensuite dit à la presse que le refus de M. Lavrov de rester dans la pièce était dû au fait qu’« il ne pouvait pas supporter d’entendre les messages clairs » de ses homologues.

Le diplomate russe doit s’adresser à l’Assemblée générale des Nations unies samedi dans ce qui est devenu le discours le plus attendu de la semaine, car beaucoup s’attendent à ce qu’il envoie des messages subtils sur la manière d’interpréter la dernière action de Vladimir Poutine.

« Les diplomates russes sont directement complices car leurs mensonges encouragent ces crimes et les couvrent », a déclaré M. Kuleba.

Le diplomate ukrainien a accusé la Russie de soumettre le monde à sa version des « Hunger Games ».

L’insécurité alimentaire et énergétique causée par l’invasion russe devrait inciter les autres nations à se tenir aux côtés de l’Ukraine, a déclaré Kuleba.

« Nous devons affronter ces menaces ensemble. La neutralité n’a pas sa place », a-t-il ajouté, en référence aux nombreux pays d’Afrique, d’Amérique latine, entre autres, qui ont jusqu’à présent évité de prendre parti.

Certains membres sont réfractaires

Le diplomate en chef de l’UE, Josep Borrell, a déclaré que l’UE « fera tout ce qu’il faut pour que ceux qui ont souffert pendant la guerre rendent des comptes ».

M. Borrell a également accusé la Russie « d’entraîner le monde dans une récession économique et une crise alimentaire mondiale », ajoutant que Moscou avait déjà perdu la guerre « moralement et politiquement » et qu’elle échouerait également sur le champ de bataille.

Pendant ce temps, les ministres des Affaires étrangères chinois et indien ont appelé à la négociation et au dialogue sans prendre une position claire contre la Russie.

Mais pas plus tard que la semaine dernière, le Premier ministre indien Narendra Modi et le président chinois Xi Jinping ont fait part à M. Poutine de leur inquiétude quant à sa récente escalade militaire.

Les diplomates occidentaux disent que cela a été largement perçu comme une rupture publique avec Moscou et une marque de l’isolement croissant de la Russie, même avec ses alliés perçus.

Des limites flagrantes

Si la réunion de jeudi a été l’occasion d’une confrontation publique, elle a également montré les limites de cette institution.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’organe s’est réuni au moins vingt fois et n’a pu prendre aucune mesure significative concernant l’Ukraine, la Russie étant un membre permanent qui dispose d’un droit de veto.

Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février, les divisions étaient profondes entre les membres permanents du Conseil de sécurité, et certains pensaient que la guerre en Ukraine pourrait déclencher un débat sur de nouvelles règles au sein de l’organisation.

« L’ONU est probablement à la croisée des chemins, et l’Ukraine pourrait changer la donne », a déclaré à EURACTIV le représentant français au Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), Nicolas de Rivière, en marge de l’assemblée générale de l’ONU à New York.

Cette semaine, certains délégués à New York ont réitéré leur soutien au projet de réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, mais ont reconnu que toute modification prendrait des années à être actée.

[ad_2]

https://www.euractiv.fr/section/l-europe-dans-le-monde/news/le-debat-sur-lukraine-devoile-les-limites-du-conseil-de-securite-de-lonu/