[ad_1]
En qualité de membre de l’OTAN, la Turquie a soumis une demande pour participer au projet européen sur la mobilité militaire, malgré les tensions avec Athènes. Si la requête est en cours d’examen, la participation éventuelle d’Ankara suscite des dissensions.
D’après un rapport du Welt am Sonntag, la Turquie a officiellement déclaré sa volonté de participer au projet de mobilité militaire de l’UE dans le cadre de la coopération structurée permanente (CSP) – un cadre permanent de coopération en matière de défense permettant aux États membres qui le souhaitent et qui le peuvent de développer conjointement des capacités de défense, d’investir dans des projets communs et de renforcer l’état de préparation opérationnelle et la contribution de leurs forces armées.
La mobilité militaire vise à soutenir l’engagement des États membres à faciliter et normaliser les procédures transfrontalières de transport militaire. Le projet est perçu comme la solution miracle pour la coopération UE-OTAN en matière de défense, car il a été conçu pour garantir la circulation harmonieuse des équipements militaires à travers l’UE en temps de crise.
Les Pays-Bas, qui coordonnent le projet, ont reçu la demande officielle du gouvernement turc, a confirmé un porte-parole du ministère néerlandais de la Défense dans un entretien avec EURACTIV.
« En effet, la Turquie nous a fait part de sa volonté de participer au projet de mobilité militaire. En tant que coordinateurs dudit projet, nous suivons soigneusement la procédure de candidature établie par le Conseil de l’UE », a indiqué le représentant.
En mai, les ministres européens de la Défense ont autorisé les États-Unis d’Amérique, la Norvège et le Canada à rejoindre l’initiative, une première pour l’UE et ses projets militaires. Cette démarche inscrit officiellement la présence déjà bien marquée de ces membres sur le territoire européen.
Les valeurs posent-elles problème ?
En octobre, l’UE s’est accordée sur une série de conditions strictes de participation de pays tiers à ses projets de défense.
À l’époque, la présidence allemande du Conseil de l’UE avait négocié un ensemble de critères politiques à respecter pour les pays tiers. Ceux-ci limitent leur participation à des affaires où ils apportent une véritable valeur ajoutée au projet militaire et partagent les valeurs de l’UE – autrement dit, ne pas entraver sa sécurité et ses intérêts en matière de défense.
Plusieurs acteurs européens étaient alors d’avis que ces exigences excluaient efficacement la Russie, Chine et Turquie, dans un contexte d’exacerbation des tensions entre Bruxelles et Ankara au fil des années.
En novembre, la Turquie demeurait « outsider » du cadre de la CSP, du moins jusqu’à tant que les conflits avec Chypre, la Grèce et la France s’apaisent.
Les représentants turcs signalaient que « si la CSP commençait sur un mauvais bien et créait de nouvelles divergences, elle ne porterait pas ses fruits et ne contribuerait pas à l’architecture de sécurité transatlantique ».
Interrogé sur la façon dont la demande turque s’imbrique aux conditions soumises aux pays tiers pour rejoindre la CSP, le porte-parole du Service européen de l’action extérieure (SEAE) Peter Stano a répondu que « les Pays-Bas, en tant que coordinateur du projet, avaient soutenu que la candidature serait examinée par les membres dudit projet, conformément aux procédures établies ».
« Les démarches internes sont en cours », a-t-il ajouté.
À cette même question, le politique néerlandais questionné a déclaré que « les pays tiers étaient libres de formuler des demandes pour participer aux projets de la CSP ».
« Faisant suite à une telle demande, les États membres du projet doivent décider à l’unanimité de la conformité au non du pays concerné avec les conditions établies », a-t-il renchéri.
Néanmoins, aucun des deux représentants n’était en mesure de s’exprimer sur la position de la demande turque face aux critères politiques afférents.
Un « cheval de Troie »
Le projet CSP compte actuellement 24 États membres de l’UE. Il est vraisemblable que Chypre et la Grèce s’opposent à la requête turque, la percevant comme un « cheval de Troie ».
Toutefois, selon plusieurs cercles diplomatiques cités par le Welt am Sonntag, d’aucuns espèrent que la coopération éventuelle de la Turquie dans la CSP améliore non seulement les liens entre l’UE et l’OTAN, mais entraîne également une normalisation des relations entre Ankara, Nicosie et Athènes.
Lors de leur sommet à la fin mars, les dirigeants européens avaient promis à la Turquie d’améliorer les relations économiques, de mettre en place une exemption de visa et de lui octroyer une aide financière considérable pour soutenir les quelque 3,5 millions de réfugiés. Les relations entre Bruxelles et Ankara devraient figurer à l’ordre du jour lors du prochain sommet européen en juin.
« Si la situation politique s’améliore à l’avenir, la participation turque dans le projet [de mobilité militaire] sera indubitablement bénéfique », a fait valoir llke Toygür, de l’Institut allemand pour les relations internationales et la sécurité (SWP) auprès d’EURACTIV.
« Toutefois, en prenant en compte les tensions entre la Turquie, la Grèce et Chypre dans la Méditerranée orientale ainsi que le recul turc sur le plan démocratique, le moment n’est peut-être pas des plus opportuns pour une telle coopération », a-t-elle poursuivi.
De plus, si la Turquie venait à être admise dans le projet, certains acteurs de l’UE craignent que l’approche « libre pour tous les pays tiers » porte atteinte aux « conditions politiques » pour d’autres initiatives plus délicates de la CSP et sape « l’idée initiale visant à façonner une identité européenne de défense unique », a révélé un représentant du bloc.
[ad_2]