Ukraine : un impact la production de semi-conducteurs – EURACTIV.fr

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Alors que l’UE veut faire du continent un des leaders sur le marché des semi-conducteurs, qui connaît déjà une pénurie depuis 2020, la guerre entre la Russie et l’Ukraine pourrait bien venir bousculer ces ambitions.

Sans surprise, l’attaque de l’Ukraine engagée par la Russie le 24 février dernier devrait s’accompagner de nombreux effets secondaires, à moyen ou à long terme, notamment sur l’industrie des semi-conducteurs, mise à l’honneur récemment par Bruxelles.

Selon le cabinet de conseil Techcet, la production de trois matériaux critiques à la fabrication de ces puces électroniques pourrait être impactée par la situation : il s’agit du néon, du palladium et du C4F6. « Ces matériaux sont essentiels au développement des semi-conducteurs et sont irremplaçables », expliquent les analyses de Technet à EURACTIV.

Le néon, par exemple, est un gaz indispensable au fonctionnement des lasers pour graver les puces et est quasiment exclusivement utilisé à cette fin. Il est présent en infime quantité dans l’air et nécessitent donc de traiter de très grands volumes.

La Russie produit beaucoup de néon, car elle dispose d’une grande industrie sidérurgique, très gourmande en oxygène. Le pays l’envoie ensuite en Ukraine où le néon sera extrait et purifié pour être exporté.

« Si la situation actuelle s’aggrave, les fabricants de puces américains pourraient subir des interruptions de l’approvisionnement en matériaux », prévenait déjà la présidente de Techcet, Lita Shon-Roy, début février, alors que les tensions étaient déjà hautes et que les États-Unis dépendent presque exclusivement du tandem Ukraine/Russie pour ses besoins en néon.

La Russie est également une des plus grandes productrices de palladium dans le monde, un métal rare également utilisé dans la fabrication de certains semi-conducteurs. Selon les chiffres de Techcet, la Russie fournirait 37 % de l’offre mondiale, en seconde position après l’Afrique du Sud (40 %).

Impact immédiat « faible »

Si les experts de Techcet jugent l’impact immédiat sur l’industrie européenne « faible », ils notent que « la chaîne d’approvisionnement en semi-conducteurs est déjà mise à rude épreuve par l’augmentation de la demande de puces » et que « toute perturbation de l’approvisionnement en matériaux peut avoir un impact négatif sur la production de puces dans les 6 à 12 prochains mois ».

Selon eux, la situation devrait ainsi « certainement ralentir la trajectoire de croissance que l’industrie européenne des puces espère voir se dessiner ».

On estime que le marché mondial des semi-conducteurs représente aujourd’hui plus de 500 milliards d’euros – un chiffre qui devrait doubler d’ici à 2030. L’Europe compte pour 10 % des capacités de production mondiale (contre 24 % en 2000 et 44 % en 1990).

Les conséquences de la guerre dépendront « du degré de préparation de chaque fabricant de puces, en termes de pouvoir d’achat, et s’ils ont déjà mis en place des sources d’approvisionnement alternatives », soulignent les analystes de Techcet.

Pour l’instant, pas d’inquiétude du côté des industriels. « Aucun de nos fournisseurs n’a signalé d’impact potentiel. Nous continuons à suivre de près la situation avec nos fournisseurs et nos partenaires », a indiqué un porte-parole de STMicroelectronics, un des champions européens du secteur, à EURACTIV.

L’entreprise a reçu début mars un prêt de 600 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement pour qu’elle développe des lignes de production pilotes pour des semi-conducteurs de pointe sur ses sites italiens d’Agrate et Catane et son site français de Crolles.

La Semiconductor Industry Association (SIA), qui représente l’industrie américaine des semi-conducteurs, a quant à elle fait savoir que « l’industrie des semi-conducteurs dispose d’un ensemble diversifié de fournisseurs de matériaux et de gaz clés, de sorte que nous ne pensons pas qu’il existe des risques immédiats de rupture d’approvisionnement liés à la Russie et à l’Ukraine ».

Au-delà des perturbations engendrées dans les chaînes de production par la guerre, Moscou pourrait également couper son approvisionnement en matériaux critiques en réponse aux sanctions prononcées par l’UE et les États-Unis.

« Nous allons limiter l’accès de la Russie à des technologies cruciales dont elle a besoin pour construire un avenir prospère, comme les semi-conducteurs ou les technologies de pointe », a prévenu Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, au lendemain de l’invasion.

Même son de cloche de l’autre côté de l’Atlantique alors que Washington a prononcé plusieurs sanctions contre Moscou, interdisant notamment l’exportation de technologies, semi-conducteurs inclus, qui pourraient servir au développement d’armes russes.

Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), le leader mondial en matière de semi-conducteurs, a annoncé qu’il se plierait à la décision américaine et a arrêté les exportations vers la Russie, pourtant très dépendante des produits de l’entreprise taïwanaise pour fabriquer ses ordinateurs portables ou smartphones, en plus des équipements militaires de pointe.

Si les embargos sur les exportations technologiques contre la Russie ne semblent pas aussi radicaux qu’une éviction du système interbancaire SWIFT par exemple, les conséquences devraient être lourdes, à terme, pour Moscou qui est très dépendante sur le plan électronique et devrait ainsi accumuler beaucoup de retard en matière d’innovation.

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https://www.euractiv.fr/section/economie/news/la-guerre-en-ukraine-pourrait-impacter-la-production-de-semi-conducteurs/