Italie : l’extrême droite au pouvoir

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UE, immigration, politique familiale ou énergétique : voici les principaux points du programme de la coalition entre l’extrême droite et la droite en Italie, vainqueure des législatives de dimanche (25 septembre).

Ces points sont listés dans l’accord électoral signé entre deux formations d’extrême droite, Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni et la Ligue de Matteo Salvini, et le parti conservateur Forza Italia de Silvio Berlusconi.

Politique étrangère

Respect des engagements pris dans le cadre de l’Alliance atlantique.

Soutien à l’Ukraine face à l’invasion russe et soutien à toute initiative diplomatique pour trouver une solution au conflit.

Pleine adhésion au processus d’intégration européenne, avec la perspective d’une Union européenne plus politique et moins bureaucratique.

Révision des règles du Pacte de stabilité et de la gouvernance économique.

Défense et promotion des racines et identité historiques et culturelles judéo-chrétiennes de l’Europe.

Économie et social

Pleine utilisation des ressources du plan de relance, en comblant les retards actuels de mise en œuvre.

Accord avec la Commission européenne, comme prévu par les règlements européens, pour une révision du plan de relance en fonction des conditions, des nécessités et des priorités nouvelles.

Réduction de la pression fiscale pour les familles, les entreprises et les travailleurs indépendants.

Suppression du revenu universel minimum.

Revalorisation des minima retraite, sociaux et invalidité

À la suite de la victoire dimanche (25 septembre) de l’alliance des droites et de l’extrême droite menée par Giorgia Meloni en Italie, Luis de Guindos, ancien vice-président espagnol de la Banque centrale européenne (BCE), a exprimé lundi (26 septembre) son espoir de voir le pays méditerranéen poursuivre sa trajectoire économique actuelle.

[L’article a été modifié à 10:52 pour préciser que M. de Guindos est ancien vice-président de la BCE, et non actuel]

Au cours d’une conférence organisée à Madrid, M. de Guindos a déclaré que, selon lui, un futur gouvernement avec Mme Meloni comme Première ministre « va suivre la même voie (économique) » qu’actuellement.

Il a estimé que la victoire de l’alliance de droite en Italie était « le résultat d’un processus démocratique » et a souhaité « bonne chance » au nouveau gouvernement.

Il a également profité de l’occasion pour saluer la « bonne évolution » de l’économie italienne grâce à la présence de l’ancien président de la BCE, Mario Draghi, au poste de Premier ministre italien.

L’économie italienne « a fait mieux que la moyenne européenne au cours des deux dernières années », a souligné M. De Guindos, en soulignant le fait qu’elle a déjà retrouvé son niveau de revenus d’avant la pandémie et que le pays applique les fonds du plan de relance de l’UE « NextGenerationEU » « avec un grand professionnalisme », a rapporté le quotidien économique Cinco Días.

La situation du système bancaire italien « s’est améliorée » et le niveau des créances douteuses n’est que de 3 % environ, a-t-il ajouté.

L’ancien vice-président de la BCE et ancien ministre des Finances du Parti populaire de centre droit (PP/PPE) en Espagne, a toutefois reconnu que l’Italie « a un problème de dette publique ». Il a par ailleurs réaffirmé que le meilleur moyen de relancer la croissance économique dans l’UE était de maîtriser rapidement l’inflation.

La BCE a annoncé le 8 septembre une hausse record de ses taux afin de tenter de modérer l’inflation record dans la zone euro et de nouvelles hausses de taux sont attendues avant la fin de l’année.

Le Conseil des gouverneurs de la BCE a procédé à la mise à jour de ses projections macroéconomiques trimestrielles au début du mois, dans lesquelles il indique, sans le mentionner expressément, que la zone euro entrera dans ce que l’on appelle la « stagflation », c’est-à-dire la stagnation de l’économie.

Face à cette situation, M. De Guindos a souligné l’urgence de mettre en œuvre des mesures palliatives pour les personnes à faibles revenus, particulièrement touchées par la forte inflation. Ces personnes consacrent en effet presque 100 % de leur revenu total à la consommation, a-t-il ajouté.

Institutions

Élection du président de la République au suffrage universel direct.

Poursuite du parcours engagé pour la reconnaissance des autonomies régionales, en garantissant les mécanismes de péréquation.

Familles

Plan de soutien à la natalité qui prévoit des crèches gratuites, crèches dans les entreprises, ludothèques.

Réduction de la TVA sur les produits et services pour la petite enfance.

Introduction progressive du quotient familial.

Sécurité, immigration

Lutte contre toute forme d’antisémitisme et d’intégrisme islamique.

Lutte contre l’immigration irrégulière et gestion ordonnée des flux légaux de l’immigration.

Favoriser l’inclusion sociale et au travail des immigrés réguliers.

Défense des frontières nationales et européennes.

Blocage des bateaux pour empêcher, en accord avec les autorités nord-africaines, la traite des êtres humains.

Création de hot-spot sur les territoires extra-européens, gérés par l’Union européenne, pour examiner les demandes d’asile.

Énergie et environnement

Transition énergétique durable.

Augmentation de la production des énergies renouvelables.

Diversification des approvisionnements énergétiques et mise en oeuvre d’un plan pour l’autosuffisance énergétique.

Évaluation du recours au nucléaire propre et sûr.

Respecter et actualiser les engagements internationaux pris par l’Italie pour lutter contre le changement climatique.

Quelle légitimité européenne ?

Le parti Fratelli d’Italia (Frères d’Italie) de Giorgia Meloni a clairement remporté les élections italiennes et les observateurs prévoient déjà un changement dans les équilibres politiques de l’Union européenne. Toutefois, il reste à voir si elle cherchera à se rapprocher de la droite traditionnelle de l’UE — le Parti populaire européen (PPE) — pour « légitimer » son parti ou si elle se rapprochera plutôt du front anti-UE — Identité et Démocratie (ID).

Alors que le décompte des voix est toujours en cours, Mme Meloni est considérée comme la « véritable » gagnante des élections, son parti Fratelli d’Italia (FdI) ayant obtenu plus de 26 % des voix, suivi de la Lega (la Ligue) avec 8 % et de Forza Italia (Allez l’Italie).

Les analystes estiment que l’une des voies à suivre pour la présidente des Conservateurs et Réformistes européens (ECR) et candidate pressentie pour devenir Premier ministre en Italie est d’accroître le poids d’ECR dans la prise de décision.

Selon Arturo Varvelli, chef du bureau de Rome du Conseil européen pour les relations internationales (European Council on Foreign Relations, ECFR), il existe deux options viables : « Elle peut continuer à s’aligner sur [Viktor] Orbán, ou elle peut prendre une voie plus institutionnelle et modérée et poursuivre une ligne politique conservatrice dans un sens plus traditionnel ».

Toutefois, il est trop tôt pour dire ce qui va changer pour l’UE et l’équilibre des pouvoirs au sein de celle-ci, estime M. Varvelli.

« Les alliés européens pourraient voir Giorgia Meloni avec beaucoup de suspicion. Son insistance rhétorique sur l’intérêt national de l’Italie et d’autres pays glorifie une notion d’intégration européenne qui ne contribuera guère à renforcer la souveraineté européenne », a-t-il expliqué.

Pour Edoardo Bressanelli, professeur associé de sciences politiques à l’École supérieure Sainte-Anne de Pise, « la position du groupe ECR à droite du PPE le rend pertinent sur le plan politique ».

Il y a une convergence substantielle entre le centre-droit et la droite en termes de changement climatique, de migration et d’une position ferme vis-à-vis de la Russie, ce qui rend la collaboration facile, a-t-il déclaré.

Un parti comme FdI pourrait être intéressé par un rapprochement avec le PPE tout en restant en dehors de celui-ci afin de se « légitimer » aux niveaux européen et international.

Le type d’alliés que Mme Meloni aura en fin de compte dépend de l’agenda qu’elle mettra en avant.

« Le prochain gouvernement italien sera confronté à des défis majeurs : l’invasion russe de l’Ukraine et sa propre situation économique et financière, mais il pourrait également décider d’introduire de nouveaux dossiers tels qu’un agenda pour la migration et l’État de droit », explique Teresa Coratella, responsable de programme du bureau de l’ECFR à Rome.

Des sujets tels que la migration ou l’État de droit séduiront les groupes eurosceptiques, notamment ceux qui se sont empressés de la féliciter pour ses victoires électorales, comme le parti d’extrême droite espagnol Vox, le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen en France, le parti Fidesz de l’actuel Premier ministre hongrois Viktor Orbán ou encore le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki.

En juillet 2021, les partis d’extrême droite de seize États membres de l’UE, dont le RN en France, le parti Droit et Justice (Prawo i Sprawiedliwość, PiS) en Pologne, le Fidesz en Hongrie et la Lega en Italie, ont signé un document faisant référence à des « partis de droite » unissant leurs forces pour réformer l’UE.

Il n’en reste pas moins que traiter avec les partis eurosceptiques ne sera pas une tâche facile.

En avril dernier, après sa victoire électorale dans son pays, M. Orbán s’est rendu à Rome pour rencontrer l’ancien vice-premier ministre et leader de la Lega, Matteo Salvini. Ils ont discuté d’un nouveau « centre-droit » en Europe pour lutter contre la montée des socialistes, mais la dirigeante du parti FdI, Giorgia Meloni, n’était pas présente à la réunion.

https://www.euractiv.fr/section/institutions/news/difficile-pour-giorgia-meloni-de-trouver-une-legitimite-au-niveau-europeen/

https://www.euractiv.fr/section/elections/news/ue-immigration-energie-le-programme-de-la-coalition-dextreme-droite-en-italie/

Banque centrale européenne : l’Italie ne changera pas sa politique économique sous Giorgia Meloni