Industrie : la stratégie de coproduction d’équipements militaires de l’Ukraine

2 octobre 2023 

(B2) Après le déstockage d’armements, la livraison expresse ou les commandes groupées, voici venu le temps de la coopération industrielle et de la production sur place. Le troisième étage du soutien militaire à l’Ukraine. Le lancement de l’Alliance des industries de défense, vendredi (29 septembre), en est le symbole. 

(Photo : présidence Ukrainienne) 

Le président ukrainien a rencontré la veille, jeudi (28 septembre) les ministres de la Défense britannique, Grant Shapps, et français, Sébastien Lecornu, avant d’ouvrir le premier forum international des industries de défense (DFNC). 

Un nouvel arsenal en Ukraine 

252 entreprises de 30 pays différents étaient représentées lors de ce forum. Avec un objectif clair explicité par le président ukrainien : « Produire des armes de défense aérienne et d’autres armes avancées » sur place en Ukraine. L’enjeu est concret. Bien au-delà du symbole politique. Il s’agit de « bâtir un nouvel arsenal avec l’Ukraine et en Ukraine », en coopération avec des industriels européens et alliés. « C’est la seule façon

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de garantir la sécurité de l’Ukraine. » L’aide actuelle ne suffit plus sur le temps long : « L’Ukraine se trouve à un stade du marathon de la défense où il est absolument essentiel d’avancer sans reculer. » 

Relocaliser la production et l’industrie

L’industrie ukrainienne n’a pas à rougir, selon Volodymyr Zelensky, qui a vanté le savoir faire ukrainien dans la technologie, la cybersécurité ou la production de munitions (type 155 mm notamment). Il a aussi mis l’accent sur les capacités d’innovation ukrainiennes 

dans les drones maritimes comme dans les missiles. « Nous créons la première flotte au monde de drones navals qui rendent les navires militaires russes inefficaces et les obligent à se cacher ». Quant à « nos systèmes de missiles guidés antichar, (ils) ont une portée plus longue et sont plus sûrs à utiliser que toute une série d’autres systèmes analogues. » L’enjeu maintenant est clair pour les Ukrainiens : assurer « localement la production des équipements et de chacun des systèmes de défense de pointe » nécessaires sur le champ de bataille. 

Une alliance industrielle 

Une « Alliance des industries de défense » a ainsi été officiellement lancée, déjà rejointe par 38 firmes de 19 pays (1), d’après le ministère ukrainien de la Défense. Vingt accords de partenariat ont été signés par des industries ukrainiennes avec des partenaires étrangers, notamment pour la fabrication de drones, la réparation et la production de véhicules blindés ou encore la production de munitions, selon la même source. C’est une « nouvelle étape dans la mobilisation d’une plus grande capacité industrielle » pour produire les munitions, les armes et les défenses aériennes nécessaires », s’est félicité le secrétaire de l’OTAN, Jens Stoltenberg. 

Les Français en première ligne 

Présent à Kiev, jeudi (28 septembre), le ministre français des Armées n’est pas venu seul. Sébastien Lecornu était accompagné de représentants d’une vingtaine d’entreprises françaises spécialisées dans la production de matériel militaire (blindés, artillerie, drones, cyber, déminage). Des représentants qui ont signé « une dizaine d’accords ou de lettres d’intentions » avec leurs homologues ukrainiens. Nexter, le fabricant du Caesar, Thales, Turgis & Gaillard, et Vistory (pour l’impression 3D) ont ainsi mis leur signature au bas d’un document.

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Industriels Français de la Défense présents à Kiev autour des ministres français et ukrainiens de la Défense et de leurs responsables chargés du développement industriel (E. Chiva de la Dga pour la France) (Photo : MOD France) 

Du SAMP/T au SCALP/EG ? 

L’Ukraine est très intéressée par « les systèmes de missiles anti-aériens SAMP/T, les systèmes d’artillerie automoteurs Caesar et les missiles longue portée SCALP-EG » dont elle a apprécié « l’efficacité », a confirmé le président ukrainien V. Zelensky, soulignant son ambition « de lancer une production conjointe de certains types d’armes » avec les Français. Nous voulons « passer d’une logique de cessions à partir de nos stocks, à celle de partenariats industriels », lui a fait écho le ministre S. Lecornu. 

Un régime économique favorable 

Le président ukrainien a profité de la réunion pour annoncer la mise en place d’un « régime économique spécial » pour l’industrie de défense, permettant d’attirer des investisseurs étrangers. L’Ukraine créera également un Fonds de défense spécial, qui fournira « des ressources supplémentaires, notamment pour le développement de la production militaire et le soutien de collaborations pertinentes, pour la création de nouvelles installations et programmes militaires nécessaires à assurer la défense », a-t-il assuré. Un fonds reconstitué grâce aux « dividendes provenant des actifs de défense appartenant à l’État et aux bénéfices provenant de la vente des actifs russes confisqués ». 

(Nicolas Gros-Verheyde) 

1. Le principal groupe industriel polonais PGZ n’était pas présent. Absence dont Varsovie et Kiev se rejettent la faute. 

Documents :

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Mis à jour avec quelques noms des industriels français signataires.

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club.bruxelles2.eu/2023/10/actualite-la-strategie-de-coproduction-dequipements-militaires-de-lukraine-pour-durer dans-le-temps 

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