Face à la guerre en Ukraine, les Européens se rallient au Green Deal – EURACTIV.fr

[ad_1]

Alors que la guerre en Ukraine se poursuit et fait de nouvelles victimes, les Européens trouvent de nouvelles raisons de faire avancer le « Green Deal » de l’UE, qui constitue le moyen le plus sûr de mettre fin à leur dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles russes.

L’Europe dépend de la Russie pour environ 40 % de son gaz, 25 % de son pétrole et 45 % de son charbon.

Mais loin d’ébranler les convictions écologiques de l’Europe, la guerre en Ukraine n’a fait que les renforcer.

La semaine dernière, lors d’une réunion des 27 ministres de l’Environnement de l’Union européenne, les participants se sont montrés très favorables à l’accélération de la législation sur le climat afin de briser la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Russie.

« Le contexte international a radicalement changé, et notre débat s’inscrit désormais dans une situation très grave et prend une toute nouvelle teneur compte tenu de la menace qui pèse sur la souveraineté européenne », a déclaré la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, en ouvrant la réunion.

« Nous devons répondre à la crise [climatique], mais nous devons également nous pencher sur notre besoin d’indépendance énergétique », a-t-elle ajouté.

Chaque ministre présent à la réunion a mentionné la guerre en Ukraine au cours de son intervention, et presque tous ont répété la nécessité de se détacher des combustibles fossiles russes.

« Chaque fois que nous remplissons nos voitures de diesel russe et chaque fois que nous chauffons nos maisons avec du gaz russe, nous payons effectivement pour la machine de guerre de Poutine, et cela doit cesser », a déclaré le ministre letton de l’Environnement Artūrs Toms Plešs.

Même pour un pays comme la Bulgarie, qui dépend presque à 100 % du gaz russe, les énergies renouvelables deviennent désormais une priorité pour la sécurité.

« La Russie ne produit pas nos panneaux solaires ou nos éoliennes. Elle ne produit que des combustibles fossiles — nous devons les éliminer progressivement », a déclaré Borislav Sandov, vice-premier ministre et ministre bulgare de l’Environnement.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui défend son « Green Deal » depuis plus de deux ans, qualifie désormais de « politique de sécurité » la promotion des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique et de la réduction des émissions.

Ce discours est susceptible d’être repris lors du sommet des dirigeants européens qui se tiendra les 24 et 25 mars. Le projet de conclusions du sommet, vu par EURACTIV, réaffirme la détermination de l’UE à « éliminer progressivement sa dépendance aux importations de gaz, de pétrole et de charbon russes dès que possible. »

Accélérer la transition énergétique de l’Europe

Il y a quelques semaines, la Commission européenne a présenté des propositions visant à réduire de deux tiers la dépendance de l’UE au gaz russe avant la fin de l’année, dans le cadre d’un plan visant à devenir indépendant de tous les combustibles fossiles russes « bien avant 2030 ».

Des plans plus détaillés sont attendus d’ici à la fin du mois de mai, mais l’essentiel est déjà clair : « Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les arguments en faveur d’une transition rapide vers une énergie propre n’ont jamais été aussi forts et clairs », écrit la Commission.

Ce n’était pas gagné d’avance. Alors que la guerre en Ukraine se déroulait et faisait monter en flèche les prix de l’énergie, on craignait que les objectifs écologiques de l’UE ne soient retardés.

Mais lors de leur réunion de la semaine dernière, une majorité écrasante de ministres européens a appelé l’Europe à faire avancer ces propositions le plus rapidement possible.

Des pays comme l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la Grèce, la Lettonie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal et l’Espagne sont allés encore plus loin, affirmant que la transition énergétique de l’Europe devait être accélérée.

« Nous devons nous demander, honnêtement, si nos ambitions sont suffisamment grandes. Ne devrions-nous pas passer encore plus rapidement aux énergies renouvelables ? Ne devrions-nous pas adapter nos objectifs ? Devrions-nous prendre l’efficacité plus au sérieux ? » a demandé Leonore Gewessler, ministre autrichienne de l’Environnement, à ses collègues.

Ce sentiment d’urgence est repris par la Commission européenne, qui a appelé le Parlement européen et les pays de l’UE à envisager « des objectifs plus élevés ou plus précoces pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique » en réponse au changement de situation géopolitique.

« Cette guerre est le rappel le plus brutal de la nécessité urgente de réduire notre dépendance à l’égard des importations de combustibles fossiles… si tant est que la guerre soit une raison d’accélérer nos efforts », a déclaré aux ministres le commissaire à l’Environnement Virginijus Sinkevičius.

Des opinions qui changent

Même les pays du groupe de Visegrad  — Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie — ont atténué leurs critiques à l’égard de la politique climatique de l’UE.

S’ils ne sont toujours pas convaincus de certains aspects du Green Deal, ces pays soutiennent fermement l’effort visant à éliminer progressivement les combustibles fossiles russes, ce qui aiderait également l’Europe à atteindre ses objectifs climatiques.

« Je pense que le paquet “Fit for 55” représente un instrument crucial pour faire face non seulement au changement climatique, mais aussi à toutes nos dépendances énergétiques », a déclaré Michal Kiča, secrétaire d’État au ministère slovaque de l’Environnement. Il faisait référence à un paquet de mesures législatives européennes présenté l’année dernière, qui vise à réduire les émissions de l’UE de 55 % avant la fin de la décennie.

La Hongrie était l’une des voix les plus conservatrices de la réunion, mais même Budapest a rejoint l’appel à faire avancer les politiques vertes en réponse à la guerre en Ukraine.

« J’aimerais exprimer notre solidarité envers le peuple ukrainien et me joindre à ceux qui ont dit que nous devons faire face à une nouvelle réalité dans laquelle une réponse est apparemment l’accélération de la transition verte », a déclaré Gábor Baranya, de la représentation permanente de la Hongrie à Bruxelles. Il a toutefois ajouté que la position de la Hongrie en tant que pays de première ligne risque de créer des incertitudes et des turbulences.

La Pologne, elle aussi, s’est montrée prudente quant à la transition vers une économie durable, mais la guerre a eu un impact sur la vision de Varsovie concernant la transition énergétique.

« Il est clair, comme cela a déjà été dit, que l’objectif à long terme que nous avons est une Europe climatiquement neutre d’ici 2050. Cela va de pair avec la suppression de nos besoins en énergies fossiles, ce qui correspond à notre nouvelle préoccupation commune, à savoir la suppression des combustibles fossiles en provenance de Russie », a déclaré Adam Guibourgé-Czetwertyński, sous-secrétaire d’État polonais au ministère du climat et de l’environnement.

La Pologne a également profité de ce moment pour appeler à des sanctions contre le secteur énergétique russe. La meilleure façon de faire face à la guerre en Ukraine est « de réagir avec force au niveau européen par des sanctions strictes, en particulier dans le domaine qui nous préoccupe : l’énergie », a déclaré M. Guibourgé-Czetwertyński.

Le ministre polonais a également semblé défier l’Allemagne, affirmant que des experts allemands lui avaient dit que les sanctions contre la Russie coûteraient à l’économie 1 à 2 % du PIB. C’est, a-t-il ajouté, « à peu près ce que coûterait la transition énergétique à la Pologne, pour vous donner une idée des ordres de grandeur en jeu ».

Les sanctions à l’encontre du secteur énergétique russe pourraient être abordées lors de la réunion des dirigeants de l’UE plus tard dans la semaine. Toutefois, des pays comme l’Allemagne y sont toujours opposés en raison des craintes concernant la sécurité de l’approvisionnement de l’Europe.

[ad_2]

https://www.euractiv.fr/section/energie/news/face-a-la-guerre-en-ukraine-les-europeens-se-rallient-au-green-deal/