Les dernières décennies ont été témoins de nombreuses attaques terroristes qui ont suscité l’émotion de millions d’Européens, mais qui ont également placé l’espace Schengen au cœur de tous les débats notamment en remettant en question sa capacité à faire face à cette menace.
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La liberté de circulation favorise-t-elle le terrorisme ?
Il y a plus de 30 ans, la France, l’Allemagne et le Benelux signaient à Schengen, petite bourgade luxembourgeoise, les accords à qui elle a donné son nom et qui jetaient les bases de la libre-circulation en Europe telle que nous la connaissons aujourd’hui. Depuis, de nombreuses attaques terroristes ont également placé l’espace Schengen au cœur de tous les débats, notamment en remettant en question sa capacité à faire face à cette menace.
Pourtant, si l’espace Schengen a bien supprimé les frontières entre les pays membres, il a également renforcé les frontières extérieures et leur coopération policière et judiciaire. Peut-on alors affirmer que la libre-circulation des personnes favorise le terrorisme en Europe et par conséquent que la lutte antiterroriste se résume à la seule fermeture des frontières ?
En 2017, 68 victimes personnes ont perdu la vie à la suite d’attaques terroristes dans l’Union européenne. Même si le nombre de victimes a diminué par rapport à 2016, le nombre d’attaques sur le sol européen lui a augmenté. Pire encore, celui d’attaques djihadistes a plus que doublé. Selon le rapport 2018 d’Europol sur la situation et les tendances du terrorisme dans l’UE[, neuf États membres de l’UE ont signalé un total de 205 attaques terroristes déjouées, ratées ou hélas réussies en 2017. Il s’agit là d’une augmentation de 45% par rapport à 2016.
Restitution des frontières nationales : une solution inefficace
Dans ce cadre, plusieurs partis politiques d’extrêmes droites européens ont proposé une restitution des frontières nationales pour lutter contre le terrorisme en Europe, notamment en France avec Marine Le Pen et le Front National. Serait-ce une solution efficace ?
Ce n’est pas l’avis de la Commission Européenne qui évoque parmi plusieurs autres raisons qu’il existe plus de trois cents points de passage rien qu’entre la France et la Belgique. Elle soutient qu’une surveillance de ces frontières demanderait des ressources financières et humaines qui pourraient s’avérer plus utiles au sein des villes et sur des enquêtes policières. Les coûts directs pour une réinstauration complète des contrôles permanents aux frontières au sein de l’Union Européenne sont évalués entre 7 et 17 milliards d’euros.
D’ailleurs, suite aux attentats de 2015 et la déclaration de l’état d’urgence par les autorités françaises, les contrôles aux frontières ont été rétablis durant près de deux ans. Le dispositif n’a malheureusement pas été d’une grande efficacité puisque deux attentats ont eu lieu durant cette période à Nice et à Bruxelles.
Par ailleurs, on peut également noter que le Royaume-Uni, faisant partie de l’Union Européenne, mais non membre de l’Espace Schengen, a été le pays qui a subi le plus grand nombre d’attaques en 2016 en Europe.
Des terroristes nationaux et isolés souvent issus de populations marginalisées
La logique des partis d’extrême droite soutient que la menace provient principalement de pays tiers. Cependant, une enquête menée par le journal Le Monde en 2016, ayant classé l’ensemble des terroristes coupables d’attentats sur le sol français depuis 2012 par nationalité et lieu de naissance, affirme que la majorité des auteurs étaient Français, nés en France.
Parmi la grande variété d’attaquants, certains étaient connus de la police, mais pas pour des activités terroristes, et la plupart n’avaient aucun lien direct avec une organisation djihadiste. Les terroristes djihadistes sont souvent des acteurs isolés, se préparant seuls ou animés par leurs amis et leurs proches. La connaissance souvent rudimentaire de l’islam rend les attaquants potentiels vulnérables à l’influence et à la manipulation.
La libre circulation ne semble donc pas arrêter le terrorisme puisque les acteurs de ces attentats sont pour la plupart, nés et ont vécu toute leur vie dans les pays occidentaux.
La vraie problématique, et elle est complexe et sensible, est celle de l’intégration des jeunes les plus exposés, issus de quartiers défavorisés et se marginalisés.
Un article rédigé par des étudiants ESSEC du cours Droit et politiques européennes 2018-2019 de Viviane de Beaufort : AIT MOUSSA Hedi, BENABDELJALIL Noufissa, DIOURI AYAD Mohamed, EL KAHLAOUI Noaman, ESSAKALI Ahmed, GOMEZ Brad Yohan Hervé.
Un travail à lire en intégralité en format PowerPoint.