Erika : A quoi sert l’Europe ? A éviter ça !

Le 12 décembre 1999, le pétrolier ERIKA s’est cassé en deux à 40 milles des côtes de la Bretagne (France). Il a déversé plus de 10 000 tonnes de pétrole lourd, créant ainsi une grave catastrophe écologique. La pression de l’opinion publique a alors conduit la Commission à proposer une action sur le plan communautaire alors même que la répartition des compétences entre l’UE et les Etats impliquait qu’elle ne pouvait prendre d’iniative directement. Mais le sacro saint principe de subsidiarité a alors permis une intervention au nom de la préservation des ressources halieutiques et un peu plus tard de la préservation de l’environnement.

Le choc Erika et l’action européenne

Selon la Commission, à l’époque son action « amène un changement de mentalité dans le secteur du transport maritime du pétrole. Il faut des incitants plus puissants pour inspirer le souci de la qualité aux transporteurs, aux affréteurs, aux sociétés de classification et aux autres organismes jouant un rôle important. Simultanément, il faudrait resserrer les mailles du filet sur ceux qui poursuivent les bénéfices économiques personnels à court terme au détriment de la sécurité et de l’environnement marin ».

L’arsenal législatif imposé par l’exécutif européen tient alors en trois séries de mesures. Adopté en décembre 2001 et entré en application en juillet 2003, le « paquet « Erika » I » a puissamment contribué au rajeunissement de la flotte mondiale, en fixant un calendrier d’élimination des navires pétroliers à simple coque en Europe. Calendrier qui a pu être étendu au monde entier grâce à un compromis trouvé entre l’Union européenne et l’Organisation maritime internationale, l’émanation de l’ONU pour tout ce qui touche à la mer.

Ce premier paquet de mesures réglementaires de court terme » a également renforcé la possibilité de contrôle de tout navire arrivant et séjournant dans un port de l’UE par l’Etat d’accueil, et permis de mieux encadrer les sociétés de classification qui vérifient l’état des navires.

Approuvé en juin 2002 et à portée de long terme, le « paquet « Erika » II » a quant à lui notamment permis de renforcer la surveillance du trafic dans les eaux européennes et donné naissance à l’Agence européenne de la sécurité maritime.

Six nouvelles directives
Enfin, le « paquet « Erika » III », constitué de six directives et deux règlements communautaires est à son tour entré en vigueur. Ce troisième paquet fixe un objectif de contrôle de 100 % des navires touchant les côtes européennes et prévoit des interdictions d’entrée dans les ports européens pour les navires sous normés. Il permet à Bruxelles de remettre en question à tout moment l’agrément donné à une société de classification. Et il améliore la protection des victimes d’accidents maritimes dans le transport de passagers.

Hors des normes européennes, les drames se poursuivent : marée noire à Trinité-et-Tobago

L’état d’urgence a été déclaré. En pleine saison du carnaval, une importante marée noire menace l’archipel de Trinité-et-Tobago, après le naufrage au large d’un navire non-identifié, le 7 février. Au moins une quinzaine de kilomètres de côte ont été touchés à Tobago. Alors que Trinité-et-Tobago s’apprête à accueillir des milliers de visiteurs à l’occasion de la saison du carnaval, l’archipel doit faire face depuis plusieurs jours à une impressionnante marée noire après le naufrage d’un bateau au large de ses côtes, le 7 février dernier. Selon les autorités, cette marée noire ne serait toujours “pas sous contrôle”.

“Le nettoyage et la réhabilitation ne pourront commencer que lorsque la situation sera sous contrôle. Pour l’instant, elle ne l’est pas”, a déclaré le Premier ministre Keith Rowley, en décrétant officiellement l’état d’urgence. Depuis jeudi, des centaines de volontaires tentent de contenir la progression de la tâche d’hydrocarbures, et des plongeurs tentent de colmater la fuite sur le bateau, mais cela est insuffisant. Au total, près de 15 kilomètres de plages ont été souillés sur Tobago, l’une des deux îles de cet archipel de 1,4 million d’habitants, proche du Venezuela.

Un naufrage à l’origine de cette marée noire

Un mystérieux navire, nommé “Gulfstream” et au pavillon non identifié, est à l’origine de cette marée noire. Parmi les faits troublants, ce bateau n’a émis aucun appel d’urgence et son équipage n’a pas été retrouvé. “Nous ne savons pas à qui appartient ce bateau. Nous n’avons aucune idée d’où il venait, pas plus que sur ce qu’il contenait”, a indiqué le secrétaire en chef de la Chambre de l’Assemblée de Tobago (THA), Farley Augustine.

Mais les autorités n’excluent pas que l’embarcation ait pu servir à des trafics. Ce dernier était censé initialement transporter du bois et du sable. Pour le moment, “tous les efforts des garde-côtes visent à contenir la marée noire. Il faudra un certain temps avant d’analyser les raisons, de savoir d’où venait le navire et où il allait”, a précisé une source gouvernementale.

Un coup dur pour l’industrie du tourisme

Pour le député d’opposition Dave Tancoo, “l’actuelle marée noire au large de Tobago menace non seulement les précieux écosystèmes marins de l’île et les moyens de subsistance d’un grand nombre de ses petites entreprises, mais elle met également en évidence les failles béantes de sécurité à notre frontière”.

Outre les dommages à l’écosystème local, cette marée noire est également un énorme coup dur pour le secteur du tourisme car cette catastrophe survient à quelques jours de l’ouverture de la saison très touristique du carnaval, qui débute ce mardi 13 février avec le “Mardi gras”. Le traditionnel carnaval des enfants a d’ailleurs été annulé à Scarborough, la capitale de Tobago, en raison de la présence de nappes d’hydrocarbures sur la plage. Et de nombreux complexes et hôtels en bordure de mer, comme le Magdalena Grand, sont également touchés. En attendant, les autorités ont demandé aux touristes d’éviter les zones contaminées.