En dépit du confinement total de la population, qui a démarré lundi, la présence de camps de demandeurs d’asile surpeuplés et sans accès aux soins constitue une menace supplémentaire pour la Grèce dont le système de santé est laminé par des années d’austérité.
La Grèce n’a pas tardé à se prémunir contre le coronavirus. Dès qu’elle a eu à déplorer son premier mort le 11 mars et alors qu’elle ne comptait que 117 cas avérés de maladie, le gouvernement s’est mis en ordre de bataille fermant d’abord écoles et facultés, puis bars, restaurants, musées et sites archéologiques . Lundi, à 6 heures, le pays a plongé dans le confinement total et partage désormais le sort de six autres pays européens. Les mesures sont comparables à celles en vigueur en France. « Ne peuvent circuler que ceux qui vont à leur travail, chez le médecin ou chez une personne ayant besoin d’aide, ceux qui vont à la banque ou acheter de la nourriture ou des médicaments, ceux qui promènent leur animal domestique ou qui font de l’exercice physique tout seul ou avec une autre personne au maximum », a précisé le Premier ministre Kyriákos Mitsotákis dimanche soir dans son allocution télévisée.
Si les autorités grecques ont réagi sans tarder à la menace de l’épidémie – le dernier bilan fait état de 8 morts et de 495 cas- c’est d’abord parce qu’elles redoutent, plus encore que d’autres pays, que son système de santé , saigné à blanc durant presque une décennie d’austérité, soit incapable de supporter un afflux important de malades
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Eviter l’implosion du système de santé
« L‘objectif est de gagner du temps avec des mesures sévères pour éviter la multiplication soudaine des cas de coronavirus » et éviter « l’écroulement » du système de santé, explique à l’AFP Penny Zorzou, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital de l’île de Chios. Le pays ne dispose que de la moitié de la moyenne européenne du nombre de lits dans les unités de soins intensifs.
L’inquiétude de ne pas pouvoir endiguer à temps l’épidémie se double d’un autre risque sanitaire : la présence de 118.000 demandeurs d’asile sur les îles de la mer Egée et sur le continent. Les conditions déplorables d’hygiène et de promiscuité dans lesquelles vivent ces migrants les rendent particulièrement vulnérables à l’épidémie, même si à l’heure qu’il est, aucun cas de Covid-19 n’a été enregistré dans les camps en Grèce.
« Une catastrophe »
Des mesures de confinement partiel ont été prises par le gouvernement grec dès la semaine dernière, limitant strictement les déplacements dans les camps installés dans les îles de la mer Egée. « Si les gens ne sont pas évacués des îles, cela va mener à une catastrophe à moyen terme », explique l’eurodéputé vert Eric Marquardt qui s’est rendu sur l’île de Lesbos.
Le Haut-commissariat aux réfugiés a demandé à plusieurs reprises au gouvernement grec d’améliorer les conditions d’accueil sur les îles surpeuplées de Lesbos et de Chios et de transférer sur le continent « au moins 20.000 demandeurs d’asile dans des hébergements appropriés. Les transferts ont commencé, notent les personnels du HCR,mais « ils doivent augmenter de toute urgence ». Difficile de croire qu’ils vont s’accélérer alors que le confinement vient d’être généralisé à l’ensemble du pays. Le HCR et les ONG présentes en Grèce demandent au gouvernement d’inclure les migrants dans le programme national de protection contre le virus.