Rapport Draghi – so what ?

Grain de sel : L’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi surnommé « Super Mario » et connu pour avoir « sauvé » la zone euro, présente son rapport très attendu sur l’avenir de la compétitivité de l’Union européenne (UE) le 4 septembre;

Il avait déjà esquissé les orientations dans un récent discours le 14 juin : stimulation et financement de l’innovation, urgence de recouvrer une souveraineté économique et renforcement de la compétitivité.

Si le rapport établit un constat sans appel, que la littérature économique documente désormais largement, et de manière structurée et détaillée, les propositions concrètes laissent un avant goût de pas assez .

Par ailleurs il intervient dans un contexte politique tendu et certaines propositions ou orientations font dejà l’objet de vives critiques ou refus caractérises:

Les questions de transition écologique, de spécialisation des Etats, d’interconnexion et de coopération esquissent les grands défis de l’Europe sans toutefois convaincre sur les recommandations.

Des oppositions :

Le brief d’Euractiv: Draghi, entre urgence et manque de concret.

Breaking news : Quel impact sur la relation entre l’Europe et les Etats-Unis ?

Selon Mario Draghi, « Les États-Unis mettent en place une politique industrielle à grande échelle pour attirer des capacités productives à l’intérieur de leurs frontières, y compris celles des entreprises européennes, tout en utilisant le protectionnisme pour exclure leurs concurrents et leur pouvoir politique pour réorienter et sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement » et « Nous ne voulons pas devenir protectionnistes en Europe, mais nous ne pouvons pas rester passifs si les actions des autres menacent notre prospérité ». Aussi, « les États-Unis sont devenus un concurrent de l’UE », ce qui interroge sur la souveraineté économique européenne.

Les analyses du Grand continent :

L’ancien Premier ministre italien Mario Draghi assiste à la présentation du livre du journaliste italien Aldo Cazzullo « Quand nous étions les maîtres du monde » (« Quando eravamo padroni del mondo ») à Rome, Italie, le 29 novembre 2023. [EPA-EFE/MASSIMO PERCOSSI]

Un diplomate européen a confirmé à Euractiv que Mario Draghi devrait expliquer ce mercredi aux représentants permanents des États membres auprès de l’Union les principales conclusions de son rapport à 9 h 30. Il en présentera une analyse plus détaillée aux présidents des groupes parlementaires européens à 16 h.

Le rapport élaboré par Mario Draghi sur la compétitivité a été commandé par la Commission européenne. L’exécutif de l’UE avait également sollicité un rapport sur l’avenir du marché unique de l’Union, rédigé cette fois par Enrico Letta et dévoilé en avril.

Mario Draghi a déjà présenté publiquement les grandes lignes de ses propositions politiques à plusieurs reprises au cours de l’année.

En février, il a suggéré que l’Europe devait trouver une « énorme quantité » d’argent — environ 500 milliards d’euros par an — pour financer les transitions écologique et numérique. Une proposition qui a suscité l’ire des partisans de la rigueur budgétaire, inquiets des niveaux déjà élevés de la dette publique sur le continent.

Quelques mois plus tard, en avril, il s’est montré très sévère à l’égard de la Chine, l’accusant, de même que les États-Unis, de refuser de « jouer selon les règles » du commerce international, et a lié la capacité de l’UE à atteindre ses objectifs climatiques à ses efforts pour « réduire les risques » face à Pékin en diminuant sa dépendance à son égard dans certains secteurs stratégiques.

« Nous avons, à juste titre, un programme de politique climatique ambitieux en Europe et des objectifs stricts pour les véhicules électriques. Mais dans un monde où nos rivaux contrôlent une grande partie des ressources dont nous avons besoin, un tel programme doit être associé à un plan visant à sécuriser notre chaîne d’approvisionnement — des minéraux essentiels aux batteries en passant par l’infrastructure de recharge [des véhicules] », a-t-il déclaré.

À Bruxelles, nombreux sont ceux qui estiment que l’avenir du Pacte vert pour l’Europe (Green Deal) pourrait être un point central du rapport de Mario Draghi. Et les récentes remarques de l’ancien président de la Banque centrale européenne laissent à penser qu’il n’est pas enchanté par tous les aspects du Green Deal.

Dans un discours en avril — qu’il a explicitement présenté comme un premier aperçu de son rapport — et dans un autre discours en juin, l’Italien a reconnu la nécessité d’une action en faveur du climat. Cependant, il s’est uniquement concentré sur les implications économiques et géopolitiques de la décarbonation, plutôt que sur l’atténuation des impacts du changement climatique sur les sociétés humaines.

L’économiste a par exemple souligné que les énergies renouvelables pourraient réduire les coûts énergétiques pour l’industrie et améliorer la sécurité d’approvisionnement de l’Europe. Dans aucun de ces deux discours il n’a fait référence à la nature ou à l’environnement.

Pour sa part, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, avait insisté, lors de son discours devant le Parlement européen avant sa réélection de juillet, sur la nécessité d’atteindre les objectifs du Green Deal « avec pragmatisme ».

L’Europe va devoir investir « massivement », prévient Mario Draghi

L’Europe va devoir investir « massivement » en peu de temps et mobiliser de nouveaux financements publics et privés, a déclaré samedi l’ancien chef du gouvernement italien Mario Draghi, qui prépare un rapport sur la compétitivité de l’Union européenne.

Une réunion controversée à l’origine du report du rapport ?

Initialement attendu avant les élections européennes, le rapport a finalement été reporté à septembre.

Pour certains, la présidente de l’exécutif européen voulait éviter que celui ne soit présenté avant les élections européennes, craignant que l’appel de Mario Draghi à une augmentation des fonds publics — comme ses appels répétés à un financement commun de l’UE — ne renforce le discours de l’extrême droite et ne mette en colère le nord de l’Europe.

Pour d’autres, une réunion des commissaires européens avec l’ancien président de la BCE en janvier dernier en Belgique, qui ne s’est pas très bien passée, en serait la raison. Le technocrate italien aurait critiqué lors de cette réunion l’impact du cadre actuel du Green Deal sur la compétitivité de l’Europe. Selon une source, Ursula von der Leyen aurait demandé à son Collège de commissaires de ne pas divulguer les détails de la rencontre.

La source a expliqué que la responsable politique allemande voulait éviter une confrontation  avec les socialistes européens et les Verts avant les Européennes, leur soutien étant nécessaire à sa reconduction à la barre de l’exécutif européen.

Si pour les socialistes européens la mise en œuvre du Green Deal doit rester intacte, les Verts ont quant à eux mis en garde contre tout « retour en arrière ».

Les parties prenantes reconnaissent qu’il sera difficile pour Ursula von der Leyen d’identifier la fine ligne entre l’avancement des politiques environnementales de l’UE — comme le souhaitent les autres partenaires de la coalition européenne — et le maintien du soutien de sa propre famille politique le Parti populaire européen (PPE) de centre droit.

Certains insistent sur le fait qu’Ursula von der Leyen pourrait utiliser le rapport de Mario Draghi comme un « héritage » pour faire avancer l’agenda du centre droit de l’UE, qui appelle à une mise en œuvre « réaliste » des politiques environnementales.

https://www.euractiv.fr/section/economie/news/mario-draghi-presente-son-rapport-tant-attendu-sur-lavenir-de-la-competitivite-de-lue/?_ga=2.269092339.304981637.1725609063-56892602.1725609063

Complément podcast : Draghi: The EU to consider report’s proposals or face ‘slow agony’

Mario Draghi handed his highly anticipated report on European competitiveness to European Commission President Ursula von der Leyen, outlining the urgent need to boost productivity to achieve the EU’s political and economic goals. Without significant progress, Europe risks falling further behind global competitors, particularly in the tech sector. The report highlights the importance of a well-coordinated transition to climate neutrality, ensuring that decarbonisation also supports growth. With calls for stronger EU regulation and investment in tech innovation and clean energy, Draghi outlines a path to secure Europe’s future on the global stage. To break down the Draghi report, we are joined by our economy reporter, Thomas Moller-Nielsen.

À écouter sur Apple Podcasts : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/today-in-the-eu/id1556058575?i=1000668968755