Lors de la session plénière du Parlement européen sur la présentation du nouveau collège des commissaires et de son programme, la Présidente a prononcé le discours suivant, un an après son discours 2023 sur l’état de l’Union.
A Strasbourg, les eurodéputés ont validé la composition de la future Commission européenne. Le nouvel exécutif européen entrera en fonction ce dimanche 1er décembre 2024.
Mercredi 27 novembre, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a présenté au Parlement européen à Strasbourg son nouveau collège des commissaires et les grandes priorités de son mandat pour faire face à une Europe marquée par des crises.

Le programme du nouveau collège des commissaire européens est enfin sur les rails. Mercredi 27 novembre, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a présenté au Parlement européen à Strasbourg sa nouvelle équipe et les grandes priorités de son mandat. Son discours, marqué par des références historiques et un appel à l’unité, met en lumière une vision économique ambitieuse pour l’avenir de l’Union européenne dans un contexte marqué par les crises économiques et géopolitiques. “Notre génération d’Européens doit à nouveau se battre pour la liberté”, a-t-elle affirmé, insistant sur l’importance de garantir la sécurité, l’accès équitable à l’énergie et la stabilité économique pour tous les citoyens.
Après un débat, les députés ont élu le collège des commissaires dans son ensemble, mais à une faible majorité.
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Innovation et compétitivité : les piliers du programme
L’innovation constitue l’un des axes stratégiques du nouveau collège des commissaires. Ursula von der Leyen a dévoilé le projet de Boussole de compétitivité, une initiative phare visant à renforcer les startups et les technologies innovantes dans l’ensemble des Etats membres. L’objectif est clair : positionner l’Union européenne comme un leader mondial de l’innovation tout en assurant une transition numérique et technologique inclusive. Elle s’appuiera sur les trois piliers du rapport de Mario Draghi à qui la présidente a demandé de “tracer la voix à suivre” : l’innovation pour “combler l’écart qui nous sépare des États-Unis et de la Chine”, la décarbonation et la compétitivité, ainsi que la sécurité.
Cinq ans après le lancement du Pacte vert pour l’Europe, cette stratégie s’accompagne d’un engagement pour une industrie compétitive et durable. Dans les 100 premiers jours du mandat, un Pacte pour une industrie propre sera également présenté. Pensé pour pour atteindre les objectifs climatiques de l’Union, l’instrument vise à concilier la lutte contre le changement climatique avec le soutien aux entreprises et aux travailleurs, en favorisant une transition équitable vers une économie décarbonée. Ursula von der Leyen a souligné qu’il serait coordonné par une équipe qui “travaillera main dans la main”, composée de Teresa Ribera, vice-présidente exécutive pour une transition propre, juste et compétitive, Stéphane Séjourné, chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle et Wopke Hoekstra, chargé du climat, de la neutralité carbone et de la croissance propre.
Chaque secteur économique devra définir sa propre trajectoire pour allier compétitivité et durabilité. Cela passera par des dialogues stratégiques avec les industries clés, comme le secteur automobile, qui joue un rôle central dans la transition énergétique de l’Union.
Sécurité économique et réduction des dépendances stratégiques
“Notre liberté et notre souveraineté dépendent plus que jamais de notre puissance économique. Notre sécurité est tributaire de notre capacité à nous montrer compétitifs, à innover et à produire”, a souligné la présidente de la Commission. Face à un monde de plus en plus instable, Ursula von der Leyen a mis en avant l’importance de renforcer la sécurité économique de l’Union. Cela implique une diversification des chaînes d’approvisionnement et une réduction des dépendances stratégiques, en particulier pour les matières premières critiques. Ces efforts visent à protéger l’économie européenne de ses vulnérabilités tout en favorisant une autonomie stratégique.
La présidente a par ailleurs appelé l’Europe a jouer un rôle fort face aux “conflits et la souffrance humaine [qui] se poursuivent sans relâche dans notre voisinage – de l’Ukraine au Moyen-Orient, et dans certaines régions d’Afrique”. “Renforcer notre sécurité est d’autant plus crucial dans un monde aussi contesté et fragile qu’aujourd’hui”, a insisté Ursula von der Leyen.
“Nous devrons également accorder une attention particulière aux régions avec lesquelles nous sommes liées par l’histoire et la géographie – à commencer par notre voisinage méridional”, a insisté la cheffe de l’exécutif en se réjouissant de la création d’un nouveau portefeuille pour la Méditerranée confiée à la Croate Dubravka Šuica.
Une Europe diverse mais unie
La présidente a réaffirmé l’engagement du nouveau collège des commissaires à servir une Europe unie dans sa diversité. “La liberté ne sera pas gratuite”, a rappelé Ursula von der Leyen, insistant sur la nécessité de choix difficiles et d’investissements conséquents pour garantir la prospérité et la sécurité de l’Union.
La présidente a lancé un appel aux députés européens pour soutenir cette vision ambitieuse, soulignant que son nouveau collège incarnait la diversité de l’Europe tout en partageant une détermination commune à défendre la démocratie, la liberté et les intérêts des citoyens européens.
Devant les eurodéputés, Ursula von der Leyen a évoqué l’importance de travailler collectivement. “Nous ferons équipe avec les citoyens européens, en restant à leur écoute et en cherchant à mieux appréhender les réalités auxquelles ils sont confrontés au quotidien. Nous ferons également équipe avec vous et avec les États membres”, a expliqué l’Allemande. Les commissaires européens devraient ainsi être davantage présents lors des sessions plénières et des réunions des commissions parlementaires. Une réforme institutionnelle de l’accord-cadre entre la Commission et le Parlement devrait pour cela être lancée.
La nouvelle Commission entrera officiellement en fonction le 1er décembre prochain.
Quelle continuité avec les actions du mandat 2019/2024 ?
Le mandat 2019-2024 a installé des orientations durables qui devraient demeurer, à l’image du Green Deal, de la transition numérique et ou d’une politique commerciale plus protectrice. Pour autant, les évènements mondiaux ont placé cette commission face aux incertitudes : Ukraine, Chine, Etats-Unis. Comment ces contingences géopolitiques seront-elles prises en compte par la nouvelle Commission ?
Des orientations fortes qui devraient se réaffirmer avec la nouvelle mandature
Faire de l’Europe le leader mondial de la lutte contre le réchauffement climatique
L’un des projets phares de la Commission von der Leyen I est le Pacte vert pour l’Europe, lancé dès décembre 2019. Ce plan ambitieux vise à faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre d’ici 2050. A cette fin, il prévoit des réformes majeures dans plusieurs secteurs comme l’énergie, les transports, l’industrie et l’agriculture[10].
Frans Timmermans, premier vice-président, a été l’artisan de la conception et de la mise en œuvre du Pacte vert, priorité initiale de la Commission, comme en témoigne sa lettre de mission. Il est non seulement responsable de la supervision des politiques environnementales et climatiques, mais est surtout chargé d’un rôle transversal impliquant la coordination de différentes politiques et initiatives au sein de la Commission pour assurer la cohérence du Pacte vert. En effet, le Pacte se présente comme un plan de transformation radicale de l’économie européenne, visant à concilier croissance économique et réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, tout en assurant une transition juste pour les citoyens et les industries.
C’est ainsi qu’en 2021, la Commission fait adopter la Loi sur le climat fixant l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 et l’ « Ajustement à l’objectif 55 », visant une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Dans ce cadre, plusieurs dispositions ont pu être adoptées : réformes du système d’échange de quotas d’émission (ETS) afin de renforcer la tarification du carbone ; promotion d’énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique ; stratégies pour l’hydrogène et des technologies vertes pour décarboner les secteurs difficiles, comme l’industrie lourde ou l’aviation.
L’objectif affiché est de faire en sorte que l’Union européenne soit à la pointe de la lutte contre le changement climatique. Frans Timmermans affiche une volonté forte dans son action, en jouant un rôle de premier plan dans la diplomatie climatique. Ainsi, il représente l’Union européenne lors des négociations internationales sur le climat, notamment lors des Conférences des Nations unies sur le climat (COP), où il affirme vouloir positionner l’Europe comme un leader mondial dans la lutte contre le changement climatique.
Malgré son intention affichée de ne laisser personne de côté dans cette transformation verte, la principale difficulté est de faire face aux résistances. Celle de la Pologne d’abord, malgré le Mécanisme pour une transition juste, qui vise à soutenir les régions les plus touchées par la transition énergétique, en particulier celles dépendantes du charbon. La crise dite de l’azote dans son pays d’origine durant l’année 2023 illustre particulièrement ce défi global qui a eu raison des ambitions, tant au niveau européen que national, portées par Frans Timmermans. Quand il quitte la Commission européenne en 2023[11], son portefeuille est réparti entre Maroš Šefčovič et Wopke Hoekstra. Mais, à un an de la fin de la mandature, la mécanique du Pacte vert se grippe et la commissaire désignée Teresa Ribera en a fait les frais durant son audition.
Ériger une souveraineté numérique
La mandature 2019-2024 est marquée par la transformation numérique de l’Europe, avec l’adoption de plusieurs initiatives dans le cadre de la stratégie pour la « Décennie numérique » de 2021. L’objectif est de renforcer la souveraineté numériquede l’Europe, notamment en matière de protection des données avec le Règlement général sur la protection des données et en développant une infrastructure numérique européenne, incluant la technologie 5G et les semi-conducteurs[18].
Margrethe Vestager et Thierry Breton jouent un rôle central dans cet objectif visant à faire de l’Europe un leader mondial dans la transformation numérique d’ici 2030. Leur action porte sur quatre axes. D’abord, développer les compétences numériques chez les citoyens et les travailleurs : 80 % de la population européenne doit disposer des compétences de base d’ici 2030. Ensuite, développer une connectivité numérique robuste, avec la couverture 5G pour tous les citoyens européens, ainsi que l’expansion des capacités de cloud[19] et de traitement des données, y compris les infrastructures de nouvelle génération comme les supercalculateurs. Puis, encourager l’adoption de technologies numériques par les entreprises, y compris les PME avec l’objectif de rendre 75 % des entreprises européennes utilisatrices de technologies comme l’intelligence artificielle, la blockchain et les données massives. Enfin, dernier axe : promouvoir la numérisation des services publics afin de garantir que tous les citoyens européens aient accès à des services publics en ligne d’ici 2030. Le tout en assurant la protection des droits des citoyens, l’égalité d’accès à la technologie, et ce que l’on peut appeler la souveraineté numérique. En d’autres termes, la nécessité pour les Européens d’avoir le dernier mot, quand cela les concerne, dans le domaine numérique.
En sa qualité de commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager manifeste une approche proactive dans la régulation des grandes plateformes technologiques. Ses actions en exécution visent à garantir un environnement numérique compétitif, en évitant que des géants de la tech ne dominent trop le marché et ne nuisent à l’innovation européenne. C’est au titre de ces fonctions qu’elle supervise plusieurs enquêtes antitrust et inflige des amendes importantes à certaines de ces entreprises pour abus de position dominante. Elle apparaît comme la grande gagnante des contentieux qu’elle oppose aux entreprises américaines. Cette stratégie s’inscrit dans la volonté de créer un cadre plus juste pour les acteurs du marché européen, en particulier les petites entreprises et les start-ups. Les impulsions législatives, connues sous le nom de DMA, DSA, AI Act, Data governance Act, les initiatives tenant à la cybersécurité et l’Internet des objets (IoT)[20], font que ces technologies ne sont pas réservées aux grandes entreprises, mais bénéficient à l’ensemble du tissu économique européen. Ses attributions spécifiques sont particulièrement bien interconnectées avec celles de Thierry Breton et reflètent leur approche complémentaire de la transformation numérique.
La fin de la mandature est marquée par le départ de Thierry Breton en septembre 2024 et sa défiance affichée à l’égard de la présidente von der Leyen mais il ne doit pas nous amener à oublier que le binôme qu’il a formé avec Margrethe Vestager s’est montré efficace dans l’élaboration des outils permettant la souveraineté numérique européenne. En tant que commissaire au Marché intérieur, Thierry Breton est responsable de la souveraineté technologique de l’Europe, des infrastructures numériques critiques, de la politique industrielle numérique et de la mise en œuvre des nouvelles technologies (intelligence artificielle, cloud, 5G, cybersécurité). Son rôle se concentre alors sur les infrastructures, la numérisation des entreprises, les chaînes de valeur technologiques et le soutien à l’innovation industrielle, afin d’assurer l’autonomie stratégique dans les technologies clés. Son action s’est concentrée sur la construction d’une Europe technologiquement indépendante dans les domaines de l’intelligence artificielle, du cloud computing, et des infrastructures numériques.
En matière de production législative, il lance en particulier le règlement sur les semi-conducteurs (Chips Act) visant à renforcer la production européenne et réduire la dépendance de l’Union aux fabricants non-européens. Il supervise l’allocation des fonds de relance pour soutenir la transformation numérique des entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises, et pour financer des projets d’infrastructures numériques, dans le cadre du plan NextGenerationEU. Il se prononce enfin en faveur d’une industrie de défense solide.
Les deux commissaires ont d’ailleurs donné plusieurs conférences de presse ensemble tout au long de la mandature. Si Thierry Breton communique sur la création d’un environnement favorable à l’innovation, à l’investissement dans les infrastructures et à la réduction de la dépendance de l’Europe aux technologies non européennes, Margrethe Vestager veille à ce que cet environnement numérique reste équitable et concurrentiel, en réglementant les excès de pouvoir des grandes plateformes technologiques non européennes et en promouvant un marché plus transparent et juste. Ils se sont prononcés d’une seule voix sur les besoins en matière de protection cyber, dans cette mandature marquée par l’émergence d’ennemis multipliant les violations du droit international
Garantir l’État de droit
En 2019, l’élargissement est au point mort. Lors du Conseil du 15 octobre 2019, la France, les Pays-Bas, le Danemark et l’Espagne se prononcent contre l’ouverture des négociations avec l’Albanie. La question des négociations pose alors problème. Ainsi, à la demande de la France, la Commission adopte une nouvelle méthodologie en matière d’élargissement afin de redynamiser le processus. Pour pallier un manque de vision stratégique, la nouvelle méthodologie prévoit un regroupement et une hiérarchisation des chapitres : les trente-cinq chapitres de négociation existants sont réunis en six groupes. Le groupe de chapitres dits « fondamentaux », sur l’appareil judiciaire et les droits fondamentaux (chapitre 23), la justice, la liberté et la sécurité (chapitre 24), les marchés publics (chapitre 5), les statistiques (chapitre 18) et le contrôle financier (chapitre 32), doit être ouvert en priorité et n’être fermé qu’à la toute fin de la négociation, les progrès dans les chapitres de ce groupe conditionnant l’ouverture des autres groupes.
La communication « Renforcer le processus d’adhésion – Une perspective européenne crédible pour les Balkans occidentaux », validée en mars 2020 par le Conseil, prévoit que seul un élargissement pour deux États semble alors envisageable. L’offensive russe en Ukraine vient changer la donne. Dès le 28 février 2022, Kiev dépose sa candidature d’adhésion à l’Union européenne. Le 3 mars, la Moldavie et la Géorgie font de même. Consécutivement à l’avis positif de la Commission, l’Ukraine et la Moldavie reçoivent le statut de candidat en juin 2022. La Géorgie n’obtient pas cet avis positif car des efforts supplémentaires sont nécessaires[28]. Pour marquer le coup, la présidente de la Commission européenne s’engage à faire de l’adhésion de l’Ukraine, en particulier, une réussite. Le commissaire à l’élargissement, Oliver Varhélyi[29], se prononce à peine, voire brille par son absence.
L’année 2022 remet donc l’élargissement sur le devant de la scène avec le dépôt de candidature de trois anciens États issus de l’ancienne Union soviétique (URSS), puis du Kosovo. Quatre nouveaux États viennent donc s’ajouter aux « anciens » candidats : Turquie, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie et Albanie. La Bosnie-Herzégovine se voit reconnaître le statut de candidat fin 2022. A la fin de la mandature, la Commission a rendu un rapport sur dix États qui voudraient rejoindre l’Union et sur leur état d’avancement[30].
Les « six pays des Balkans occidentaux » ne semblent plus avoir la cote en cette fin de mandature. La Commission se montre particulièrement ferme en ce qui concerne le respect de l’État de droit[31]. Ceci va de pair avec la nouvelle méthodologie et ce sentiment désagréable que les États, une fois dans l’Union, pourraient adopter des mesures contraires. En cela, la Commission affiche une certaine cohérence. Si elle évalue les manquements des candidats en matière d’État de droit au moment des négociations, elle fait de même avec ses États membres. Depuis 2020, elle présente son rapport annuel sur l’État de droit et, en 2022, elle décide de conditionner les fonds de relance au respect des règles en la matière[32], dans la continuité des décisions de la Commission Juncker prises au nom de l’article 7 du TUE, à propos de la Pologne et de la Hongrie. Cette dernière entame ainsi un jeu de poids et contrepoids pour conditionner son blocage des décisions en faveur de l’Ukraine.
En parallèle, le commissaire à la justice, Didier Reynders, passe à l’action en 2020 en réponse aux réformes législatives et décisions gouvernementales perçues comme des atteintes à l’indépendance de la justice, à la liberté des médias et aux droits fondamentaux. A l’issue de l’examen de ces réformes judiciaires, il notifie à la Hongrie ses préoccupations en ce qui concerne la nomination des juges ou les restrictions sur la possibilité de contester la légalité des décisions judiciaires et des mesures qui ont permis des interférences politiques dans le système judiciaire. Un nouveau litige s’ouvre à propos d’un paquet législatif supposé garantir la Hongrie contre les interférences étrangères, en cette fin de mandature.
Une Commission 2019-2024 qui a dû répondre aux évènements : quelle continuité ?
Répondre à la crise pandémique
La pandémie de Covid-19 a été un test sans précédent pour la Commission. Tout au long de la crise, Ursula von der Leyen, qui est médecin, se pose en figure publique de la réponse européenne en multipliant les interventions pour communiquer sur la gestion de la pandémie, promouvoir les mesures de santé publique et défendre les initiatives prises par la Commission. Certes, la santé publique demeure une compétence principalement nationale, mais l’urgence de la situation oblige à mobiliser les institutions européennes et coordonner les efforts des États membres face à une situation où des réponses initialement fragmentées menaçaient l’Union[12].
Plus discrète mais non moins efficace, Stella Kyriakides, commissaire à la Santé et à la Sécurité alimentaire, dirige, dès le début de la pandémie en 2020, le groupe de coordination entre les États membres (EU Health Security Committee) pour échanger des informations sur l’évolution de la pandémie et harmoniser les mesures prises pour protéger la santé publique.
Une des réalisations les plus notables est la stratégie de vaccination de l’Union, lancée en juin 2020, afin de garantir l’accès équitable aux vaccins pour tous les États membres[13]. Stella Kyriakides se présente comme ayant supervisé les négociations centralisées avec les grandes entreprises pharmaceutiques, pour regrouper les achats de vaccins[14], dans des Accords d’achat anticipé (Advance Purchase Agreements), permettant à l’Union européenne de garantir des centaines de millions de doses de vaccins à des prix négociés et de sécuriser l’approvisionnement de tous les États membres. Ce qui lui permet ensuite d’envisager l’initiative COVAX, une plateforme internationale visant à garantir un accès équitable aux vaccins pour les pays à revenu faible et intermédiaire, car elle insiste pour faire preuve de solidarité mondiale en contribuant financièrement et en leur fournissant des doses de vaccins.
Elle a également joué un rôle dans le suivi des variants du virus et la mise en place de capacités de test, en collaboration avec l’agence européenne des médicaments (EMA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), pour surveiller l’apparition de nouveaux variants et ajuster la réponse européenne en conséquence. Elle œuvre aussi à la mise en place d’un programme pour accélérer la recherche génomique afin de détecter et suivre les variants, tout en coordonnant la distribution de kits de tests et de matériel médical à travers l’Europe par le mécanisme de protection civile. Par extension, la lutte contre la désinformation sur les vaccins et la confiance dans la vaccination ont constitué un pan essentiel de sa mission, en s’appuyant sur des données scientifiques et des évaluations rigoureuses effectuées par l’Agence européenne des médicaments, en publiant les résultats des essais cliniques[15].
Enfin, sont prévus des fonds supplémentaires pour les systèmes de santé des États membres grâce aux programmes comme REACT-EU, qui a fourni un financement aux pays pour soutenir leurs réponses sanitaires et économiques à la pandémie et des mesures pour mieux se préparer aux crises futures. Avec la création de l’Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA), l’objectif est de garantir que l’Europe puisse anticiper, réagir rapidement et coordonner les réponses aux futures crises sanitaires, notamment en s’assurant que l’approvisionnement en vaccins, médicaments et équipements médicaux devienne plus rapide et plus efficace.
La création d’un emprunt européen
Malgré ces avancées majeures en matière de construction de l’Europe de la santé, les observateurs se concentrent sur le plan de relance – historique – de 750 milliards €, en juillet 2020, financé par des emprunts communs au nom de l’Union européenne, pour permettre aux acteurs économiques de se remettre de la crise liée à la pandémie. Ce plan marque une étape importante vers une solidarité budgétaire accrue au sein de l’Union européenne. En effet, pour faire face à l’impact économique majeur de la pandémie, des mesures exceptionnelles sont prises, notamment la clause dérogatoire du Pacte de stabilité et de croissance, qui permet aux États membres de dépasser les règles strictes en matière de déficit budgétaire pour investir massivement dans le soutien à leurs économies[16]. Toute chose inimaginable en temps normal, notamment pour les Allemands. Cette suspension donne aux États membres la flexibilité budgétaire nécessaire pour soutenir les entreprises et les travailleurs durement touchés par les confinements et les restrictions économiques, tout en lançant des programmes d’aide économique au niveau national. Margrethe Vestager, vice-présidente chargée de la concurrence, veille à ce que la législation reste stricte pendant cette période, en contrôlant les fusions et acquisitions susceptibles de désavantager le marché européen. Thierry Breton, chargé du marché intérieur, est présent sur tous les fronts. Il supervise l’accélération de l’adoption du télétravail, de l’enseignement à distance et des services publics numériques en plus du renforcement de la production industrielle de fabrication vaccinale. Tout n’aurait toutefois pas été possible sans l’excellence européenne en matière de recherche[17].
Contrer l’agression russe en Ukraine
La première manifestation de volonté de nuire, en provenance de Russie en février 2020, est une cyberattaque qui paralyse les urgences d’une clinique de Düsseldorf[21]. Ces cyberattaques russes dans les pays de l’OTAN se multiplient ensuite pour enregistrer une augmentation de 300% entre 2020 et 2022, et de 250% en Ukraine. Les opérations soutenues par le Kremlin montent en puissance pendant l’année 2021. Ilya Vitiuk, chef du département de cybersécurité au service de sécurité de l’Ukraine, explique qu’elles ciblent en particulier le secteur de l’énergie, la logistique, les installations militaires, ainsi que les bases de données gouvernementales et les ressources d’information dans les mois précédant l’invasion russe.
Au matin du 24 février 2022, alors que les troupes russes prennent le contrôle de la centrale de Tchernobyl, d’un aéroport militaire situé à 25 kilomètres de Kiev et bombarde les centres urbains, la Commission européenne adopte immédiatement une position ferme et unie, à la fois pour soutenir l’Ukraine financièrement, militairement et politiquement, mais aussi pour imposer des sanctions économiques massives, en coordination avec les alliés non européens. Malgré la participation du budget de l’Union au financement des industries de défense – un fléchage déjà mis en place sous Jean-Claude Juncker – et l’adoption de 14 trains de sanctions, l’absence de vision stratégique sur le long terme semble avoir privé l’Union européenne, qui n’est pas un État, d’une voix forte face au conflit qui a éclaté à ses portes[22].
Josep Borrell, Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission, s’active pour élaborer la réponse diplomatique et sécuritaire de l’Union européenne à l’invasion russe de l’Ukraine. Dès les premiers jours de l’invasion, il condamne fermement l’attaque russe et plaide pour une réponse européenne unie. Il travaille avec les représentants des États membres pour coordonner l’application des sanctions et mettre en place en urgence des actions dans le domaine de défense. La Boussole stratégique est adoptée en mars 2022. Il utilise la facilité européenne pour la paix, initiée en mars 2021, pour financer l’envoi d’équipements militaires à l’Ukraine. Une Action de soutien à la production de munitions (ASAP) : destinée à stimuler la production de munitions et de missiles dans l’Union est mise en place en juillet 2023 et des règles visant à encourager les acquisitions conjointes dans l’industrie de la défense de l’Union (EDIRPA) sont approuvées en octobre 2023. Après deux ans de guerre en Ukraine, la Commission européenne a dévoilé en mars 2024 la première stratégie industrielle de défense (EDIS) et un nouveau programme pour l’industrie de la défense (EDIP). En juillet 2024, l’Union européenne décide d’utiliser les intérêts des avoirs russes gelésen Europe pour aider l’Ukraine. Sous sa direction, l’Union européenne met en place une mission de formation des forces armées ukrainiennes, (EUMAM), afin de renforcer leurs capacités à faire face à l’agression russe,
Enfin, il soutient les efforts européens d’accueil des millions de réfugiés ukrainiens fuyant les combats. Il plaide en faveur d’une solidarité entre les États membres pour partager le fardeau de l’accueil des réfugiés, tout en veillant à ce que l’Union européenne mette à disposition des fonds pour les soutenir. Ce retour de la directive 2001/55/CE, dès le 2 mars 2022, remet– dramatiquement – au cœur du débat la question migratoire en Europe. En effet, l’Union européenne se retrouve rapidement et directement confrontée à un défi d’une ampleur sans précédent, à savoir l’accueil d’un nombre élevé́ de personnes déplacées en provenance d’Ukraine, dans un laps de temps très restreint.
Repenser la migration et l’asile
Trois mois avant le début de l’offensive russe, la Pologne et la Lituanie s’étaient retrouvées face à un flux inhabituel de migrants en provenance de Biélorussie. Les représentants de ces États, responsables de cette frontière extérieure de l’Union, dénoncent alors une tentative de déstabilisation. Cette instrumentalisation, à l’approche de l’hiver, pousse la Commission à proposer un règlement, dans les jours qui suivent, comportant des mesures visant à prévenir et à restreindre les activités des opérateurs de transport pratiquant ou facilitant le trafic de migrants ou la traite des êtres humains à destination de l’Union européenne. Cette prise de conscience de l’instrumentalisation des flux migratoires[23], associée au besoin de renforcer le Régime d’asile européen commun, conditionne profondément l’adoption du nouveau Pacte sur la migration et l’asile en avril 2024. Pourtant annoncé dès juillet 2019 comme une priorité, l’objectif est explicite dans la lettre de mission adressée à Ylva Johannson, avec la sécurité interne par la prévention du terrorisme ; ce sera l’un des derniers textes adoptés de la 9e législature.
Les dix textes visant à réformer les règles en matière d’asile sont examinés par le Conseil et aboutissent en décembre 2021 à l’adoption du règlement relatif à l’Agence de l’Union européenne pour l’asile[24]. En avril 2024, le Parlement européen vote en faveur du paquet législatif sur la migration et l’asile et, le 14 mai, le Conseil l’adopte. L’objectif est de rendre le droit d’asile en Europe « plus juste et plus solide » eu égard aux défis liés à l’augmentation des flux migratoires et des demandes d’asile. Le pacte propose de renforcer les frontières extérieures de l’Union et d’améliorer les retours des migrants en situation irrégulière. Son objectif consiste aussi à renforcer la coopération entre les États membres tout en garantissant des procédures d’asile équitables et efficaces. Il inclut des mécanismes pour une meilleure répartition des demandeurs d’asile au sein de l’Union et un soutien accru aux pays, dits en première ligne, autour de la mer Méditerranée. Cependant, le Règlement relatif à la gestion de l’asile et de la migration ne prévoit pas une refonte des règles du système Dublin comme annoncée au départ[25], mais il introduit un partage équitable des responsabilités entre les États membres. C’est là que des désaccords demeurent. Le règlement sur les conditions nécessaires pour les demandeurs d’asile fixe les règles d’octroi d’une protection internationale au sein de l’Union. Le règlement sur la procédure de retour à la frontière fixe les conditions de retour des personnes dont la demande d’asile a été rejetée. La directive fixe les règles concernant les conditions d’accueil des demandeurs d’asile. Les questions tenant aux conditions d’accueil et d’admission humanitaire ne sont pas en reste, elles sont pourtant invisibilisées par la crainte d’un flux migratoire non maîtrisé qu’il soit issu d’une attaque hybride[26] ou non. En effet, la gestion de la migration et des frontières fait partie d’un domaine de dépense prioritaire : en 2023, le budget dédié à la gestion de la migration a augmenté de 2 milliards €, notamment en raison de l’intensité des flux migratoires en provenance d’Ukraine.
La mandature 2019-2024 s’ouvre et se clôture avec une attention particulière portée à Frontex. L’Agence, mise en cause à plusieurs reprises, se voit renforcée par un règlement en novembre 2019[27] et à l’automne 2024, il est question de procéder à une nouvelle réforme.
Ainsi, le Conseil, a estimé en octobre 2023 « que les motifs de la protection temporaire persistent » et décidé de prolonger son application d’une année, jusqu’au 4 mars 2025, puis de nouveau d’une année jusqu’à la date du 4 mars 2026. Par conséquent, la protection temporaire est maintenue à l’égard des personnes déplacées d’Ukraine, et pourrait être encore prolongée si le Conseil l’estime nécessaire.
Le discours prononcé par la Présidente
«Seul le texte prononcé fait foi»
Madame la Présidente Metsola,
Mesdames et Messieurs les députés,
Avant de vous présenter ma nouvelle équipe, j’aimerais remercier les membres du Collège sortant. Il y a cinq ans, personne n’aurait pu imaginer tout ce que l’Europe allait traverser. Et je n’aurais pu rêver une équipe plus dévouée et plus tenace pour m’accompagner dans toutes ces épreuves. Merci du fond du cœur pour les services que vous avez rendus à l’Europe.
Mesdames et Messieurs les députés,
Lorsque je me suis adressée à vous, il y a exactement cinq ans, pour vous demander de m’accorder votre confiance, je vous ai parlé des événements de 1989. De la génération qui a rendu la liberté et la démocratie au peuple européen. Du courage des gens ordinaires, comme ceux de Bratislava ou de Timisoara, qui se sont battus pour leur liberté. De dirigeants comme Lech Walesa et Vaclav Havel, qui ont inspiré des pays entiers et ont contribué à la réunification de tout un continent. Je repense à ces images fortes montrant 2 millions de personnes se tenant la main à travers les pays baltes.
Ou à ceux qui, pour la première fois, ont goûté à la liberté à la frontière entre la Hongrie et l’Autriche. C’est donc avec beaucoup d’émotion que j’ai assisté à la cérémonie bouleversante organisée à Prague il y a tout juste dix jours. Pas seulement à la vue des personnes qui ont honoré et célébré les 35 années écoulées depuis la révolution de velours. Mais aussi des personnes endeuillées, réunies devant le collège universitaire Hlavka. Un lieu qui symbolise les événements survenus exactement 85 ans plus tôt. Ce jour où les troupes nazies ont assassiné des étudiants, fermé les universités et aboli les libertés civiles.
Si j’évoque d’emblée ces histoires, c’est parce qu’elles incarnent le combat et le sacrifice éternels de l’Europe pour préserver la liberté et la démocratie. Parce que la lutte pour la liberté est ce qui nous relie en tant qu’Européens. Notre passé et notre présent. Nos nations et nos générations. Pour moi, c’est ce qui fait la raison d’être de notre Union et qui constitue son moteur, aujourd’hui plus que jamais. C’est cette Europe-là que j’aime. Et c’est à cette Europe que ma Commission sera toujours dévouée. Car j’ai la conviction que notre génération d’Européens doit une fois de plus défendre la liberté et la souveraineté. La liberté pour laquelle le peuple ukrainien se bat avec héroïsme.
La liberté de façonner notre propre avenir, dans un monde conflictuel et instable. Mais cette liberté n’est pas qu’un concept. La liberté, pour les Européens, c’est savoir que leurs familles seront en sécurité. Que leur pays sera protégé. Qu’ils auront les moyens de se nourrir ou de se chauffer, grâce à des salaires décents et à des prix équitables. Qu’ils pourront saisir leur chance. C’est aussi avoir le sentiment de maîtriser les changements qui traversent actuellement la société – et d’en maîtriser le rythme. Notre lutte pour la liberté peut sembler différente de celle des générations passées.
Or les enjeux sont tout aussi élevés. Et ces libertés, Mesdames et Messieurs les députés, auront un coût. Des choix difficiles s’imposeront, de même que des investissements massifs dans notre sécurité et notre prospérité. Surtout, il faudra que nous restions unis et fidèles à nos valeurs. Que nous trouvions des moyens de travailler ensemble – et que nous surmontions les divisions. C’est à ces tâches que moi-même, et l’ensemble de mon équipe de 26 femmes et hommes, nous emploierons chaque jour. Nous sommes prêts à nous mettre au travail sur-le-champ.
Mesdames et Messieurs les députés,
Ces dernières semaines, vous avez soumis chaque membre de ce Collège à un examen minutieux. Vous avez testé leur aptitude à remplir les fonctions qu’ils s’apprêtent à exercer. Je sais que cela n’a pas été une tâche facile. Mais surmonter les divisions et trouver des compromis est la marque même de toute démocratie vivante. Le message que je souhaite vous transmettre aujourd’hui est que nous voulons travailler avec vous dans cet esprit. Nous serons guidés dans cette voie par les orientations politiques votées au sein de cette assemblée.
Nous le serons également par les lettres de mission, dans lesquelles je répondrai aux préoccupations que vous avez soulevées lors des auditions. Par ailleurs, comme je l’avais déclaré avant l’élection de juillet, nous travaillerons avec toutes les forces démocratiques pro-européennes de cette assemblée. Et comme je l’ai fait durant mon premier mandat, je travaillerai toujours en partant du centre. Parce que nous voulons tous ce qu’il y a de mieux pour l’Europe et ce qu’il y a de mieux pour les Européens. Le moment est donc venu de nous rassembler.
Mesdames et Messieurs les députés,
Cette unité sera d’autant plus importante sur le terrain disputé qu’est notre monde aujourd’hui, un monde où toute faiblesse est instrumentalisée, où tout désaccord est détourné et où toute relation de dépendance est exploitée. Notre liberté et notre souveraineté dépendent plus que jamais de notre puissance économique. Notre sécurité est tributaire de notre capacité à nous montrer compétitifs, à innover et à produire. Notre modèle social, quant à lui, a besoin d’une économie florissante dans un contexte de changements démographiques.
C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à Mario Draghi de tracer la voie à suivre. Son diagnostic est tout aussi sévère que sa feuille de route est ambitieuse. Bon nombre de ses propositions ont été reprises dans les lettres de mission. Les dirigeants ont approuvé son travail lors du Conseil européen qui s’est tenu au début du mois. Par ailleurs, j’ai écouté les auditions avec attention. J’ai entendu vos appels répétés à mettre en œuvre les changements substantiels qu’il propose. Rapidité et ambition sont au cœur de cette entreprise. Je peux dès lors vous annoncer que la première initiative majeure de la nouvelle Commission sera une boussole pour la compétitivité.
Celle-ci nous fournira un cadre tout au long du mandat. Cette boussole s’appuiera sur les trois grands piliers qui se dégagent du rapport Draghi. Le premier consiste à combler l’écart qui nous sépare des États-Unis et de la Chine en matière d’innovation. Le deuxième est l’élaboration d’un plan conjoint pour la décarbonation et la compétitivité. Troisièmement, il s’agit de renforcer la sécurité et de réduire les dépendances.
Mesdames et Messieurs les députés,
Le premier pilier consiste à combler l’écart en matière d’innovation. Permettez-moi de commencer par les bonnes nouvelles. La part de l’Europe dans les demandes de brevets à l’échelle mondiale est comparable à celle des États-Unis et de la Chine. Cependant, seul un tiers de ces brevets sont exploités commercialement. Nous faisons à peu près aussi bien que les États-Unis pour ce qui est de créer des start-ups. Cependant, en ce qui concerne nos entreprises en expansion, nous sommes largement devancés par nos concurrents. Il nous faut combler cet écart. Pour ces raisons, nous placerons la recherche et l’innovation, la science et la technologie au cœur de notre économie. Nous investirons davantage et adopterons une approche plus ciblée.
De plus, nous veillerons à ce que nos petites entreprises, nos start-ups et nos entreprises en expansion puissent prospérer ici, en Europe. Nous savons quelles actions sont à mener. Une start-up californienne peut se développer et lever des fonds partout aux États-Unis. Une start-up européenne, par contre, doit faire face à 27 obstacles nationaux différents. Nous devons faciliter la croissance des entreprises en Europe. Pour ces raisons et bien d’autres encore, Ekaterina Zaharieva sera la toute première commissaire aux start-ups, à la recherche et à l’innovation. Son leadership et son expérience constitueront un apport précieux pour faire passer davantage de technologies de pointe du laboratoire au marché.
Ces aspects revêtent une importance particulière dans le domaine des technologies numériques. L’Europe, pour être compétitive, doit être le berceau de la prochaine vague de technologies de pointe. Je ne connais personne de plus qualifié pour montrer la voie à cet égard que Henna Virkkunen en tant que vice-présidente exécutive. Vous la connaissez. Elle ne ménagera aucun effort pour que l’Europe puisse s’appuyer sur les technologies numériques afin de renforcer sa prospérité, de stimuler l’innovation et d’améliorer la sécurité des citoyens. Elle est la candidate idéale pour faire en sorte que la souveraineté technologique de l’Europe se construise ici, sur notre continent.
Mesdames et Messieurs les députés,
Le deuxième pilier, c’est le plan conjoint pour la décarbonation et la compétitivité. Il y a près de cinq ans, nous avons lancé le pacte vert pour l’Europe – notre stratégie de croissance et feuille de route pour zéro émission nette. Les raisons qui nous ont incités à être aussi ambitieux à ce moment-là sont encore plus impérieuses aujourd’hui. Dès lors, je vous le dis tout net: nous devons tenir le cap vers nos objectifs du pacte vert pour l’Europe, et nous le tiendrons.
Mais si nous voulons réussir cette transition, nous devons être plus souples et mieux accompagner les citoyens et les entreprises tout au long du processus. Et nous devons jouer nos atouts traditionnels – nos industries et PME, nos innovateurs et nos travailleurs. C’est pourquoi nous présenterons le pacte pour une industrie propre au cours des 100 premiers jours du mandat. L’ensemble du Collège y sera associé. Et nous disposerons d’une équipe qui travaillera main dans la main pour coordonner notre proposition.
Nous aurons Teresa Ribera Rodríguez, notre première vice-présidente exécutive, pour une transition propre, juste et compétitive. Elle a les moyens de nous doter d’une politique de concurrence moderne au service de nos ambitions. Elle est une Européenne sincère et dévouée. Et, ensemble, nous travaillerons toujours dans l’intérêt européen. Nous aurons Stéphane Séjourné. Vous le connaissez tous très bien ici au Parlement. Il travaillera sans relâche en tant que vice-président exécutif pour rapprocher les dimensions de l’industrie et du marché intérieur.
Et nous aurons Wopke Hoekstra, notre négociateur principal lors de la COP29. Il est déjà engagé sur la voie d’une croissance «zéro net» et propre. Ensemble, ils nous permettront de relever les plus grands défis auxquels sont confrontées nos entreprises. Et nous savons que le défi le plus important est celui des prix élevés de l’énergie. Nous avons fourni beaucoup d’efforts pour contrer le chantage énergétique de la Russie et l’inflation importante qui a suivi.
Mais les prix de l’énergie doivent baisser encore. C’est ce à quoi s’emploiera Dan Jørgensen, en s’appuyant sur son expérience passée. Réduire les coûts pour les ménages et les entreprises. Investir dans l’énergie propre. Et remplacer les importations de gaz naturel liquéfié russe. Il est grand temps de le faire. Et je sais que cette assemblée nous soutiendra dans cette voie.
Mesdames et Messieurs les députés,
Chaque industrie a des besoins différents. Et chaque secteur suivra sa propre voie pour être non polluant et compétitif. C’est pourquoi je me félicite que pour accompagner ce processus, Apostolos Tzitzikostas soit chargé des transports et du tourisme. Sa vaste expérience des régions européennes sera inestimable pour le développement de la connectivité. À l’appui de ces travaux, j’ai décidé d’organiser un dialogue stratégique sur l’avenir de l’industrie automobile en Europe.
Le dialogue et son suivi seront placés sous ma direction. Nous réunirons toutes les parties prenantes autour de la table. Pour nous écouter les uns les autres. Et élaborer ensemble des solutions, étant donné que l’industrie connaît une transition profonde et déstabilisante. L’industrie automobile européenne est une fierté européenne. Des millions d’emplois en dépendent. Et ensemble, nous devons veiller à ce que l’avenir de l’automobile continue de s’écrire en Europe.
Mesdames et Messieurs les députés,
Le troisième et dernier pilier est le renforcement de notre sécurité économique. Nous savons que les dépendances excessives peuvent rapidement se transformer en vulnérabilités. C’est pourquoi des chaînes d’approvisionnement stables et sûres sont si importantes. Les matières premières critiques en sont l’exemple le plus évident. La demande en minéraux critiques nécessaires pour la transition vers une économie propre a déjà doublé au cours du dernier mandat, et elle pourrait tripler d’ici la fin du prochain.
Nous avons donc besoin d’un commerce libre et équitable nous permettant de diversifier nos fournisseurs. Personne n’est mieux placé pour ce faire que Maroš Šefčovič. Il mettra en place davantage de partenariats – pour le commerce et les investissements et aussi pour protéger notre sécurité économique contre les plus grands risques pour nos intérêts stratégiques et notre souveraineté. Et il nous faudra aller plus loin.
Le rapport du Président Niinistö sur l’état de préparation a appelé à un examen systématique de toutes nos dépendances. Pour accroître notre résilience, il a défini une approche pangouvernementale et englobant l’ensemble de la société. C’est pourquoi j’ai demandé à Hadja Lahbib de s’atteler à la réponse aux crises et à l’état de préparation. Son travail sera soutenu par l’HERA.
Olivér Várhelyi dirigera nos travaux sur les biotechnologies et sa première priorité sera la loi sur les médicaments essentiels. Enfin, Jessika Roswall travaillera au développement d’une économie circulaire compétitive. C’est essentiel pour nous donner une plus grande indépendance. Notre choix de remettre notre avenir entre les mains d’un seul fournisseur nous a coûté cher. Nous ne referons pas la même erreur. La souveraineté européenne n’est pas à vendre.
Mesdames et Messieurs les députés,
La guerre et les conflits se poursuivent sans relâche et la souffrance humaine perdure dans notre voisinage, de l’Ukraine au Moyen-Orient ainsi que dans certaines régions d’Afrique. L’Europe doit jouer un rôle plus important dans toutes ces zones. Nous avons le devoir d’aider à mettre fin aux destructions et aux pertes. Le renforcement de notre sécurité est d’autant plus important dans ce monde aussi fragile et en proie aux rivalités qu’est le monde d’aujourd’hui. Un monde dans lequel, j’en suis sûre, l’Europe est plus nécessaire que jamais.
Le multilatéralisme et les partenariats, le développement durable et l’aide humanitaire, la sécurité et les droits de l’homme sont plus importants que jamais. Et ils continueront d’être le pivot de notre action extérieure. Cela nécessitera beaucoup de travail et des efforts inlassables dans notre rôle de chef de file. Je sais que nous pouvons compter sur Kaja Kallas en tant que haute représentante et vice-présidente. Elle est la bonne personne au bon moment pour la diplomatie et les intérêts de l’Europe dans le monde.
J’ai choisi Jozef Síkela pour travailler sur le développement durable, les partenariats internationaux et les investissements par l’intermédiaire de la stratégie Global Gateway. Il apportera sa mentalité et son expérience d’homme d’affaires pour développer l’approche véritablement stratégique dont nous avons besoin. Nous devrons accorder une attention particulière aux régions avec lesquelles nous sommes liés par l’histoire et la géographie, à commencer par notre voisinage méridional. Je suis ravie que Dubravka Šuica soit notre toute première commissaire pour la Méditerranée. Nous partageons les mêmes rivages, les mêmes défis et les mêmes chances. Nous savons aussi que nous partageons le même destin.
Mesdames et Messieurs les députés,
Ces partenariats gagneront en importance dans un monde de plus en plus dangereux. La guerre fait rage aux frontières de l’Europe. Nous devons être prêts à affronter ce qui nous attend, en travaillant main dans la main avec l’OTAN. Nous savons que nous devons agir beaucoup plus à l’unisson en tant qu’Européens. Je ne citerai qu’un chiffre: la Russie consacre jusqu’à 9 % de son PIB à la défense. L’Europe, elle, y consacre 1,9 % en moyenne. Il y a quelque chose qui ne va pas dans cette équation. Nos dépenses en matière de défense doivent augmenter. Nous avons besoin d’un marché unique de la défense. Nous devons renforcer la base industrielle de la défense.
Nous devons améliorer notre mobilité militaire. Et nous avons besoin de projets européens communs en matière de défense. C’est pourquoi Andrius Kubilius sera le premier commissaire européen à la défense. Nous n’avons pas de temps à perdre. Et notre ambition doit être à la hauteur de la gravité des menaces. Nous présenterons donc un livre blanc sur l’avenir de la défense européenne dans les 100 premiers jours. Je peux vous assurer que la sécurité de l’Europe sera toujours la priorité de cette Commission.
Mesdames et Messieurs les députés,
Ce combat pour la liberté ne concerne pas seulement nos 27 États membres. Le rêve de l’Europe s’étend aux Balkans occidentaux, à l’Ukraine, à la Moldavie et au-delà. Nous avons vu le courage du peuple ukrainien dans la poursuite de son cheminement vers l’Europe. Nous avons vu la résilience du people moldave, qui s’accroche à son avenir européen. Nous avons vu l’engagement des Balkans occidentaux à se réformer, à se développer et à se préparer à rejoindre notre Union. Dans le même temps, nous avons vu que la Russie ne recule devant rien pour les empêcher d’avoir un avenir européen.
Mais, Mesdames et Messieurs les députés, l’engagement de l’Europe envers ces pays sera toujours plus fort. Il ne fait aucun doute que nous voulons que l’Ukraine fasse partie de l’Union européenne. Nous resterons donc aux côtés de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra. Nous nous préparons aux réformes dont nous avons besoin de notre côté. Et nous soutiendrons ces pays à chaque étape de leur processus fondé sur le mérite jusqu’à ce qu’ils soient prêts à rejoindre notre Union. Marta Kos, riche de sa vaste expérience, est la personne idéale pour ce travail.
La vision d’un continent uni par la démocratie, l’état de droit et le respect des libertés fondamentales guidera toujours notre travail. Car les habitants de ces pays méritent un avenir de paix, de progrès et de prospérité. Et nous ferons en sorte que cet avenir puisse être en Europe.
Mesdames et Messieurs les députés,
Les budgets publics ont une portée limitée. Nous avons besoin de toute urgence d’investissements privés supplémentaires. En Europe, les dépenses des entreprises consacrées à la recherche et au développement représentent environ 1,3 % du PIB, contre 1,9 % en Chine et 2,4 % aux États-Unis. Ce déficit de capitaux privés est la principale raison pour laquelle nous sommes à la traîne en ce qui concerne les dépenses globales de R&D, et donc en matière d’innovation.
C’est pourquoi nous avons proposé la création d’une union européenne de l’épargne et de l’investissement, tâche que j’ai confiée à Maria Luís Albuquerque. Elle veillera à ce que les entreprises européennes puissent trouver les capitaux dont elles ont besoin ici, en Europe. Grâce à son expérience, je sais que Maria est la personne qu’il faut pour cette tâche.
Mesdames et Messieurs les députés,
Pour permettre à l’Europe de rattraper ce retard, nous allons également devoir faciliter la vie de nos entreprises. Elles nous disent que la charge réglementaire qu’elles supportent est pesante. Trop de rapports, trop de doublons. Trop de complexité et des coûts de mise en conformité élevés. Il nous faut rationaliser nos règles pour réduire la charge qui pèse sur les entreprises. Et ancrer nos attentes envers elles dans la sécurité juridique. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à l’un des plus expérimentés de nos commissaires, Valdis Dombrovskis, d’assurer un rôle de chef de file en matière de simplification et d’application de la législation. Ses responsabilités s’étendront également à la stimulation de l’économie et de la productivité de l’Europe.
Je peux d’ores et déjà vous annoncer qu’une de nos premières mesures au cours de ce nouveau mandat sera un nouveau règlement «Omnibus». Nous allons examiner différents secteurs et évaluer la législation européenne. Notre marché unique a toujours été le plus formidable moteur de croissance. C’était le message d’Enrico Letta dans son rapport. Et la plus grande force du marché unique, c’est de remplacer la myriade de normes et usages nationaux par un ensemble unique de règles. Nous devons donc revenir à ce que le marché unique fait le mieux. Et faire en sorte qu’il soit facile de faire des affaires dans toute l’Europe.
Mesdames et Messieurs les députés,
Le fondement de notre économie, ce sont les personnes. Leur travail acharné, leur talent et leurs compétences. La compétitivité aujourd’hui, ce n’est pas tant une affaire de coût du travail que de connaissances des travailleurs. Et c’est là que nous pouvons surpasser nos concurrents. Ici, en Europe, les entreprises peuvent recruter des travailleurs hautement expérimentés et des diplômés en technologie de premier ordre. Mais nous n’en avons pas assez. Et cela constitue un frein à notre compétitivité.
C’est pourquoi j’ai désigné en tant que vice-présidente exécutive Roxana Mînzatu, qui sera chargée de mener nos travaux en matière de compétences et de préparation. Elle veillera à ce que nous placions le citoyen au centre de nos préoccupations. Car la productivité est tributaire de bonnes conditions de travail. D’un salaire équitable. D’un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée. D’accès à une crèche pour les enfants, et à des soins de qualité pour les parents âgés. Et d’accès à un logement décent et abordable.
Mesdames et Messieurs les députés,
C’est ainsi que nous préserverons la qualité de vie unique des Européens – partout en Europe. Que ce soit au sein d’une communauté côtière ou vivant de la pêche, dans une zone rurale ou une communauté agricole, sur une île ou dans une région ultrapériphérique, en ville ou dans une des régions uniques et variées d’Europe.
Nous devons œuvrer pour résoudre les problèmes auxquels sont confrontées les régions, qu’il s’agisse de l’évolution de la démographie, du changement climatique ou des besoins en infrastructures modernes. Et cela touche au cœur même de la liberté que j’évoque aujourd’hui. Car, pour beaucoup, la liberté, c’est pouvoir choisir où vivre, travailler et étudier. Choisir d’élever leurs enfants ailleurs en Europe ou là où ils ont grandi.
Comme l’a dit Enrico Letta : «la liberté de rester». Je tiens à ce que les régions et les communautés aient la haute main sur leur propre destinée – et qu’elles contribuent à l’élaboration de nos politiques. Ce sera le travail de la cohésion et des réformes, que j’ai confié à Raffaele Fitto, en tant que vice-président exécutif. C’est un choix que j’ai fait. Car je sais également à quel point il est essentiel de donner aux régions le poids politique qu’elles méritent.
C’est notamment le cas de nos communautés rurales et côtières. Les agriculteurs et les pêcheurs nous fournissent les denrées alimentaires de la plus haute qualité au monde. Ils sont touchés par le changement climatique plus durement que quiconque. Ils méritent de bénéficier de conditions équitables et d’être récompensés pour leur dur labeur. Nous devons faire en sorte que nos agriculteurs et pêcheurs disposent de revenus équitables et suffisants. Qu’ils bénéficient des incitations appropriées pour contribuer à protéger notre nature.
C’est pourquoi j’ai choisi Christophe Hansen comme commissaire à l’agriculture et à l’alimentation. Il apportera les mêmes compétences nécessaires pour trouver des compromis que celles qu’il a toujours apportées au sein de cette assemblée. Et il dirigera le suivi du dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture en Europe.
Et j’ai choisi Costas Kadis comme commissaire à la pêche et aux océans. Son expertise académique et professionnelle contribuera à apporter les bonnes solutions. Christophe et Costas veilleront à ce que nos communautés d’agriculteurs et de pêcheurs puissent prospérer. Tout comme elles l’ont fait depuis des générations. L’Europe se tiendra toujours à leurs côtés. Et c’est ce que fera cette Commission.
Mesdames et Messieurs les députés,
Depuis le début de mon premier mandat, j’ai pris l’engagement d’adopter une approche de la migration qui soit à la fois juste et ferme. Une telle approche, s’appuyant à la fois sur des règles plus strictes et sur des garanties accrues en matière de droits individuels, constitue un gage de souveraineté et de solidarité. Et nous nous emploierons à ouvrir des voies légales d’accès. Cette approche est désormais au cœur du pacte sur la migration et l’asile. Magnus Brunner est précisément la bonne personne pour préserver cet équilibre. Jour après jour, il s’emploiera à assurer la sécurité de nos frontières extérieures et à renforcer ainsi notre sécurité intérieure.
Mesdames et Messieurs les députés,
Les droits et les libertés dont nous jouissons aujourd’hui ont été acquis lentement, génération après génération. Nous sommes redevables aux combattants pour la liberté qui sont montés aux barricades, et aux syndicalistes qui ont tenu des piquets de grève. Aux femmes qui ont fait entendre leur voix, et aux réformateurs qui ont patiemment œuvré au changement. Aux mobilisations de masse, et aux militants solitaires qui ont eu le courage de remettre en cause le statu quo. Il a fallu des décennies pour conquérir les libertés dont nous jouissons aujourd’hui. Mais il suffit d’un instant pour qu’elles nous échappent. Notre vigilance ne doit jamais faillir. Aussi ai-je chargé Michael McGrath d’être le gardien inébranlable de nos valeurs et principes.
Et j’ai écouté le Parlement européen et ajouté la protection des consommateurs à son titre. Il consolidera les instruments liés à l’état de droit dont nous disposons déjà et s’attachera à en élaborer de nouveaux, notamment des propositions en matière de conditionnalité intelligente. Il veillera à ce que l’état de droit – et la justice pour tous – demeurent au cœur de notre projet européen. De plus, il renforcera l’application équitable de tous les instruments visant à garantir l’état de droit. Les valeurs que nous partageons sont à la fois notre socle et le ciment qui nous lie. Et elles le resteront.
Mesdames et Messieurs les députés, ce Collège est l’équipe dont l’Europe a besoin à ce moment de son histoire.
Je tiens à souligner ce terme «équipe». Nous ferons en effet équipe avec les citoyens européens, en restant à leur écoute et en cherchant à mieux appréhender les réalités auxquelles ils sont confrontés au quotidien. Nous ferons également équipe avec vous et avec les États membres. Nous savons combien votre confiance va devoir se mériter sans cesse. Non seulement pour le vote d’aujourd’hui, mais aussi pour les cinq années à venir. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé aux commissaires d’être davantage présents aux séances plénières et aux réunions de chacune de vos commissions. Afin de renforcer le dialogue et d’être plus transparents.
Nous nous attacherons à approfondir notre partenariat avec cette assemblée – en commençant par la réforme de notre accord-cadre. Vous pouvez avoir l’assurance que je m’attellerai à cette tâche dès le premier jour, avec Maroš Šefčovič et tous les commissaires. Ensemble, nous pouvons travailler au programme de réformes ambitieux dont l’Europe a besoin. Je crois que nous avons besoin d’une révision des traités lorsque cela est bénéfique pour notre Union et j’entends m’y atteler avec cette assemblée.
L’équipe sur laquelle vous allez vous prononcer aujourd’hui est véritablement européenne. Elle représente différentes nations et générations. Elle compte d’anciens Premiers ministres et ministres. Des maires et des élus locaux. Certains ont été PDG, tandis que d’autres ont travaillé au sein d’organisations à but non lucratif. Certaines ont exercé le métier de journaliste, tandis que d’autres ont été entrepreneurs. Certains sont biologistes ou physiciens de formation. Certains viennent de zones rurales et du secteur de l’élevage, tandis que d’autres sont issus de nos grandes villes. Certains ont connu la guerre, d’autres la transition vers la démocratie.
Je suis fière de toute la diversité qu’incarne cette équipe. Nous savons toutefois que nous devons poursuivre le travail engagé. Comme j’en avais fait la promesse en juillet, je me suis battue bec et ongles pour faire en sorte que onze femmes siègent au sein de ce Collège. En partant de cinq, lorsque la première série de nominations m’est parvenue. Nous n’atteignons hélas toujours pas la parité, et ce n’est certainement pas suffisant. Et nous avons accompli tant de choses. Nous nous sommes attaqués à l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes. Nous avons pris des mesures à l’échelle de l’Union contre la violence faite aux femmes.
Nous avons fait ce que d’aucuns avaient dit impossible en débloquant la question des femmes dans les conseils d’administration. Je tiens à vous remercier, toutes et tous, membres de cette assemblée, pour le soutien venu de tous les partis. Nous ne renoncerons jamais à lutter pour l’égalité. C’est pourquoi je suis très heureuse d’avoir Hadja Lahbib comme commissaire à l’égalité. Elle a elle-même réussi à briser tant de plafonds de verre.
Elle renforcera les droits des femmes et veillera à l’égalité pour toutes et tous. Nous nous attacherons de concert à améliorer le vivre-ensemble dans notre société. J’ai choisi Glenn Micallef – né l’année de la chute du Mur de Berlin – pour jeter des ponts entre les générations. Il soutiendra nos jeunes et assurera la solidarité intergénérationnelle.
Mesdames et Messieurs les députés,
La liberté et la démocratie sont des valeurs qu’il faut entretenir et défendre jour après jour. C’est de cette façon que nous pourrons les transmettre à la prochaine génération, de la même manière que nous les avons héritées de nos prédécesseurs. La semaine dernière, Strasbourg a célébré un anniversaire important. Elle a en effet commémoré les 80 ans de sa libération, le 23 novembre 1944. Après cinq années d’annexion par les nazis, Strasbourg avait enfin recouvré sa liberté. La ville a ainsi connu un nouveau départ et a suscité l’espoir en Europe.
Les événements qui ont suivi n’ont cependant pas été faciles. Les Européens s’étaient livré bataille depuis si longtemps. Il a fallu une génération de dirigeants armés du courage de panser toutes les blessures endurées et d’imaginer un avenir différent. C’est cet esprit qui a fait avancer notre continent depuis lors. À maintes et maintes reprises, nous avons eu le choix — de nous engager sur la voie de la division et du déclin, ou d’emprunter le sentier étroit nous menant vers une Europe plus unie. La force dans l’unité: tel a toujours été le choix plébiscité par l’Europe.
Je suis donc à la fois honorée et profondément émue de me trouver ici, à Strasbourg, 80 ans après ces événements. Dans cette Maison de la démocratie européenne. Au cœur d’une Europe libre. Pour vous demander d’accorder votre confiance à cette équipe. Pour vous demander de faire le choix d’un avenir plus fort et plus uni. Pour vous demander de choisir un avenir de liberté pour l’Europe. Cette voie n’a jamais été la plus simple. Mais ensemble, nous savons que nous pouvons y arriver.
Alors, mettons-nous de ce pas au travail.
Es lebe Europa, vive l’Europe, long live Europe.