SOTEU 2023 : Ursula von der Leyen maintient son cap lors du discours sur l’état de l’Union 2023

Pour la quatrième et dernière fois de son mandat, la présidente de la Commission Ursula von Der Leyen s’est prêtée au traditionnel exercice de la rentrée européenne ce mercredi 13 septembre. A neuf mois des élections, elle a tenté de se montrer conciliante avec les différentes sensibilités du Parlement européen, tout en défendant son bilan, mais en donnant des perspectives sur le travail (encore) à accomplir.

Le discours en intégralité : State of the Union Address by President von der Leyen (europa.eu) et [Live] Discours sur l’état de l’Union : « C’est le moment pour l’Europe de répondre à l’appel de l’histoire » – Touteleurope.eu

[Podcast] Discours sur l’état de l’Union : le grand oral de la Commission européenne – Touteleurope.eu

Plus de 90 % des engagements pris dans le cadre des orientations politiques de 2019 ayant été honorés et étant donné qu’il ne reste que quelques mois avant les élections européennes de 2024, les nouvelles initiatives décrites dans le programme de travail se limitent à celles qui sont encore nécessaires pour respecter les engagements de la Commission ou relever les défis émergents. Les nouvelles initiatives proposées s’appuient sur le discours sur l’état de l’Union de 2023 de la présidente von der Leyen et sur la lettre d’intention.

eAprès son discours, la présidente de la Commission européenne a répondu aux questions et remarques des eurodéputés présents dans l'hémicycle

Après son discours, la présidente de la Commission européenne a répondu aux questions et remarques des eurodéputés présents au Parlement européen à Strasbourg, mercredi 13 septembre – Crédits : Christophe Licoppe / Commission européenne

Le secret avait été bien gardé jusqu’au dernier moment. En dehors de quelques proches conseillers d’Ursula von der Leyen, personne ne savait quelle allait être la teneur du discours sur l’état de l’Union prononcé ce mercredi 13 septembre.

Pour la quatrième et dernière fois de son mandat, et pendant un peu plus d’une heure, la présidente de la  s’est prêtée à cet exercice censé donner le ton pour l’année à venir. En 2022, le SOTEU (pour State of the European Union en anglais) avait ainsi été particulièrement scruté, notamment les annonces en faveur du soutien à l’Ukraine après l’agression russe et celles en faveur de la réduction de la dépendance énergétique.

Mais à neuf mois des prochaines élections européennes, la donne était cette fois un peu différente. Le bilan y prenait plus de place, l’Allemande assurant avoir traduit en actions “plus de 90 %” des orientations présentées en 2019.

I – Le bilan du mandat

Sans trop de surprises, Ursula von der Leyen a rappelé dès le début de son intervention la tenue prochaine du scrutin européen, du 6 au 9 juin 2024. L’occasion pour les citoyens “de décider du type d’avenir et du type d’Europe qu’ils souhaitent”.

Sur le , la défense de la démocratie ou l’élargissement de l’Union, les eurodéputés des différents groupes politiques attendaient des réponses. Si la présidente n’a sans doute pas levé toutes ces interrogations, elle a tenté de ménager le plus grand nombre de sensibilités. En témoigne l’utilisation fréquente du mot “dialogue” lors du discours.

En listant les avancées de son mandat, Ursula von der Leyen est longuement revenue sur la question de l’égalité femmes-hommes, évoquant par exemple la ratification par l’UE de la Convention d’Istanbul ou l’adoption de la  sur la représentation des femmes dans les conseils d’administration des grandes entreprises.

Puis la présidente de la Commission européenne a fait passer un message clair : “Non, c’est non”. Cette dernière souhaite inscrire “dans la loi ce principe fondamental de lutte contre la violence à l’égard des femmes”. Etats membres et eurodéputés discutent actuellement d’une proposition visant à protéger les femmes victimes de violences. Mais les Vingt-Sept ont exclu le viol du texte, au grand dam du  pour qui il s’agit d’une ligne rouge. Avec cette déclaration, Ursula von der Leyen a donc pris clairement position.

Garder le cap du Pacte vert…

Après un été record en termes de chaleur et des catastrophes naturelles d’ampleur (incendies, inondations) dans le sud du continent, qu’allait déclarer Ursula von der Leyen au sujet de son Pacte vert, la feuille de route environnementale de l’Union européenne ? D’autant qu’il a été récemment marqué par un épisode difficile : en juillet, l’un de ses principaux textes – la loi sur la restauration de la nature – avait failli dérailler, contesté par le Parti populaire européen (PPE), la propre famille politique de Mme von der Leyen.

Si elle n’a évoqué cet épisode qu’entre les lignes en “[rendant] hommage aux agriculteurs”, la présidente de la Commission a surtout insisté pour continuer à déployer le Pacte vert et maintenir le cap de la transition écologique. “Nous restons ambitieux. Nous nous en tenons à notre stratégie de croissance. Et nous nous efforcerons toujours d’assurer une transition juste et équitable”, a-t-elle souligné. Dans le détail, elle a notamment annoncé la mise en place d’un train de mesures en faveur de l’énergie éolienne.

Dans la foulée, elle a formulé la “promesse solennelle de ne laisser personne de côté”. Une déclaration qui fait écho aux craintes formulées par plusieurs membres de sa famille politique, à l’image de la présidente du Parlement européen Roberta Metsola (PPE). Dans une interview, la Maltaise avait récemment émis des craintes sur l’éventuel impact des règlementations environnementales sur le vote populiste.

… sans compromettre les entreprises et les agriculteurs

Consciente de ces critiques, Ursula von der Leyen a notamment tenté de rassurer les entreprises européennes. Dans le cadre du Pacte vert, elle a par exemple évoqué le lancement “dès ce mois” de dialogues sur la transition énergétique avec chaque filière industrielle.

Mais l’annonce la plus forte de ce discours intervient quelques secondes plus tard. Accusée par certains de se montrer trop clémente avec la Chine et ses pratiques anti-concurrentielles dans de nombreux secteurs, la présidente a expliqué qu’elle lançait “une enquête antisubventions sur les véhicules électriques en provenance de Chine”. “Les marchés mondiaux sont désormais inondés de voitures électriques chinoises moins chères. Et leur prix est maintenu artificiellement bas par d’énormes subventions publiques. Cela fausse notre marché”, avance-t-elle pour justifier cette décision.

Ursula von der Leyen a aussi consacré une importante partie de son discours à la transition numérique. Elle a notamment appelé de ses vœux la création d’un panel mondial sur l’intelligence artificielle, sur le modèle du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).

En dehors des aspects de concurrence et du Pacte vert, la présidente de la Commission a identifié plusieurs problèmes majeurs pour l’industrie européenne, auxquels elle souhaite répondre au cours des neufs prochains mois. Consciente des pénuries de main d’œuvre et de compétences dans certains domaines, elle explique vouloir trouver des solutions en convoquant en début d’année prochaine les partenaires sociaux pour un sommet à Val Duchesse en Belgique, là où le dialogue social européen est né en 1985 sous l’impulsion de Jacques Delors. La cheffe de l’exécutif européen a également souligné l’impact de l’inflation sur les entreprises, notamment les PME, qu’elle souhaite accompagner. Elle veut ainsi diminuer de 25 % les obligations de déclaration qui pèsent sur ces dernières, tant au niveau européen que national.

Lors du vote sur la restauration de la nature, les tracteurs avaient pris place devant l’hémicycle strasbourgeois pour protester contre ce texte. Là encore, Ursula von der Leyen a voulu se montrer rassurante en exprimant “[sa] reconnaissance à nos agriculteurs” et en les remerciant “de nous nourrir jour après jour”. Elle souhaite impliquer ces derniers, particulièrement concernés par les impacts du réchauffement climatique, au sein d’un dialogue stratégique sur le futur de l’agriculture européenne.

Les questions migratoires devraient figurer à l’agenda européen dans les prochains mois. Dans son discours, Ursula von der Leyen a ainsi défendu le Pacte sur la migration et l’asile, actuellement en phase de négociation. “Un accord sur le pacte n’a jamais été aussi proche” a-t-elle déclaré, enjoignant au Parlement et au Conseil de le faire aboutir.

En outre, la présidente de la Commission européenne a indiqué que la Roumanie et la Bulgarie étaient, selon elle, prêtes à intégrer l’espace , alors que les deux pays avaient été recalés en décembre dernier.

II – Engagements : une Europe élargie et approfondie ?

Elément central du discours d’Ursula von der Leyen l’année dernière, l’Ukraine a également fait l’objet de déclarations durant cette édition. Après avoir rappelé l’ensemble des décisions prises par l’Union en faveur du pays et annoncé la prolongation du système de protection temporaire pour les réfugiés ukrainiens, la présidente de la Commission a souhaité lancer un message d’espoir.

Elle a ainsi souligné les “énormes progrès” effectués par l’Etat ukrainien en vue de rejoindre les Vingt-Sept. “Le futur de l’Ukraine est dans notre Union”, tout comme celui des Balkans occidentaux et de la Moldavie, a-t-elle martelé. “Dans un monde où la taille et le poids comptent, il est clairement dans l’intérêt stratégique et sécuritaire de l’Europe de compléter notre Union”, a ensuite répondu Ursula von der Leyen à ceux qui l’attendaient sur l’élargissement, sans donner plus de précisions sur un éventuel calendrier. Mais elle n’a pas caché que le principe d’une Europe à “30 ou à 35″, demain, était une réalité à prendre en compte, impliquant sans doute une évolution de la gouvernance européenne.

L’élargissement est-il l’ennemi de l’approfondissement de l’intégration européenne ? Pour Ursula von der Leyen, la réponse est claire : “nous pouvons et nous devons faire les deux”. Se déclarant ouverte à une modification des traités “si nécessaire”, elle a expliqué que son institution allait travailler “sur toute une série d’examens […] pour déterminer comment chaque domaine pourrait être adapté à une Union élargie”.

Dans sa conclusion, l’Allemande a affirmé que “l’avenir du continent dépend[ait] des choix que nous faisons aujourd’hui”. Un avenir (post-élections) avec ou sans Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne ? Si certains ont tenté de déceler ses intentions entre les lignes de son discours, la principale intéressée est (sans surprise) restée silencieuse sur cette question. Réponse définitive dans un peu plus de neuf mois. Pour le moment, le secret reste bien gardé.

III – Analyse et réactions politiques en vue des élections 2024

Le débat s’invite à Paris

L’hémicycle du Conseil économique, social et environnemental (CESE) a accueilli une retransmission du discours de rentrée de la présidente de la Commission européenne, mercredi 13 septembre à Paris. Retour sur les réactions à une prise de parole projetée vers l’avenir du continent.
Valérie Drezet-Humez et Jessica Larsson, cheffe et cheffe adjointe de la Représentation de la Commission européenne en France, ont accueilli les participants aux côtés de Christophe Préault, directeur de la rédaction de Toute l'Europe
Valérie Drezet-Humez et Jessica Larsson, cheffe et cheffe adjointe de la Représentation de la Commission européenne en France, ont accueilli les participants aux côtés de Christophe Préault, directeur de la rédaction de Toute l’Europe – Crédits : Toute l’Europe

Mesdames et Messieurs les députés”. Les mots d’Ursula von der Leyen retentissent dans l’hémicycle du , à Strasbourg, ce mercredi 13 septembre.

Au même moment, le discours de la présidente de la  résonne dans une autre assemblée. Au Palais d’Iéna, à Paris, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a accueilli plus de 170 personnes pour assister à une retransmission sur écran géant du dernier discours sur l’état de l’Union de ce mandat 2019-2024. Invités par la Représentation de la Commission en France, jeunes étudiants, syndicalistes, membres d’associations, think-tanks, professeurs, personnels d’ambassades ou d’institutions ont réagi à l’événement de la rentrée politique européenne. Ils étaient notamment accueillis par Jessica Larsson, responsable adjointe du bureau parisien de la Commission.

Bilan et “projection vers l’avenir

, soutien aux PME, réaction à l’invasion russe en Ukraine… Pendant plus d’une heure d’allocution, les sujets abordés par Ursula von der Leyen s’apparentaient à une synthèse de ses quatre années passées à la tête de l’exécutif européen.

Tout juste sortie du plateau de France info sur lequel elle a commenté le discours, la cheffe de la Représentation de la Commission en France Valérie Drezet-Humez a rejoint le débat au Palais d’Iéna et salué le “message très fort” de la présidente face aux eurodéputés. “Ce n’est pas seulement un bilan, mais aussi une projection vers l’avenir”, a-t-elle ajouté. En témoignent les annonces phares d’Ursula von der Leyen. A l’instar du lancement d’une enquête sur les subventions de la Chine aux véhicules électriques, pointées du doigt parce qu’elles fausseraient ce marché d’avenir.

La matinée a été marquée par des échanges cordiaux entre les participants à cet événement parisien. D’aucuns ont trouvé le discours “complet”, là où d’autres ont estimé qu’Ursula von der Leyen était “optimiste” quant à l’avenir du continent. Et tandis qu’à Strasbourg l’hémicycle rendait hommage à Victoria Amelina, une écrivaine ukrainienne tuée par un missile russe, en juillet 2023, les participants à Paris ont salué les émouvants témoignages de Viktoriia et Anna, deux jeunes réfugiées ayant fui la guerre. Aujourd’hui scolarisées en France, elles comptent poursuivre leurs études dans leur pays d’accueil.

Economie, inflation et social

Les questions économiques ont ensuite pris une place importante dans les débats sous les ors du Palais d’Iéna. Chef du bureau de la  (BEI) en France, Grégoire Chauvière Le Drian a assuré que le bras financier de l’UE répondrait présent pour soutenir les futures priorités de l’UE. Il a rappelé que son institution avait déjà soutenu la production et le développement de méga-usines pour les batteries, un secteur stratégique dans la transition écologique. L’intervention a fait écho à celle de Vivien Henryon, créateur d’Activation. Cette société utilise l’intelligence artificielle pour le secteur de la chimie et a bénéficié de 2 millions d’euros du plan de relance français, lui-même alimenté par les fonds de Next Generation EU, le programme européen créé en pleine pandémie de Covid-19.

Dans un contexte d’inflation persistante en Europe, mentionné par Ursula von der Leyen, le président des Restos du cœur Patrice Douret a tiré la sonnette d’alarme. “Il n’y a pas de frontière à la pauvreté”, a-t-il souligné, rappelant que l’association soutenait 1,3 million de personnes cette année, soit 200 000 bénéficiaires de plus qu’en 2022. Un propos rejoignant celui de Christophe Rouillon, président du groupe socialiste au Comité européen des régions, qui a relevé l’absence de l’Europe sociale dans l’allocution de ce mercredi matin. Avec la nouvelle version du Fonds social européen (FSE+), “un repas que nous distribuons sur trois est aujourd’hui financé par l’Union européenne”, a par ailleurs rappelé Patrice Douret.

Après avoir salué la réponse de l’UE pendant la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, Christophe Rouillon a par ailleurs regretté l’absence de mention faite à la politique de cohésion, l’un des principaux postes de dépenses de l’UE. Il a aussi partagé ses inquiétudes sur l’avenir de ces financements européens, essentiellement gérés, en France, par les Régions. A l’écoute des réactions du public, Valérie Drezet-Humez a de son côté souligné que l’Europe “locale” était une priorité de la Commission en France.

Vers les élections européennes

A Paris comme à Strasbourg, une date était dans tous les esprits. “Dans un peu moins de 300 jours, les Européens se rendront aux urnes dans notre démocratie unique et remarquable”. Dès le départ, Ursula von der Leyen a rappelé la tenue des élections européennes du 6 au 9 juin 2024. Un moyen de lancer le compte à rebours pour boucler les derniers dossiers sur lesquels députés européens et Etats membres doivent se mettre d’accord, comme le Pacte asile et migrations ou le nouveau règlement sur l’intelligence artificielle.

Dans l’hémicycle du Palais d’Iena, deux tapisseries près de l’écran géant où était projeté le discours d’Ursula von der Leyen s’intitulent “L’automne” et “L’hiver”. Et avec les chantiers à venir cette année, on se dit que les prochaines saisons seront bien chargées pour les législateurs, avant le renouvellement du Parlement en juin 2024.

L’analyse de Jean-Dominique Giuliani

Beaucoup attendaient un bilan du discours sur l’état de l’Union que la présidente de la Commission européenne, Ursula van der Leyen, a prononcé au Parlement européen ce 13 septembre.

Ce fut plus que cela, un tableau des décisions européennes en cours et une projection vers l’avenir des politiques communes.

Le message devait être clair, décrivant les avancées de l’Union européenne en matière de mutualisation des forces nationales en Europe. Il l’a été. La réponse à l’épidémie de Covid a été un détonateur, l’agression russe de Ukraine un révélateur.

En égrenant toutes les politiques communes mises en œuvre, du numérique à l’énergie, en passant par la défense et la relance, elle a montré combien les Etats européens ont trouvé dans la dimension européenne de nouvelles occasions de coopérer : Achats de vaccins en commun, mutualisation des ressources énergétiques, soutiens multiples à des actions de sécurité économique et de préservation de nos approvisionnements et même, extraterritorialité de notre doit concernant le numérique et ses développements.

Ce qui a changé est, en effet, fondamental : désormais ce sont les Etats membres qui réclament des politiques communes pour relever des défis qu’ils ne parviennent pas à surmonter seuls.

Mais elle a aussi annoncé un virage qui ne doit pas être sous-estimé.
L’Europe veut être à la pointe de la lutte contre le changement climatique et elle a raison.
Elle a multiplié les objectifs ambitieux au prix d’interdictions et de contraintes. Le temps est venu de s’interroger sur la méthode et de mieux prendre en compte la faisabilité de ces accomplissements, c’est-à-dire leur calendrier, leur progressivité et leur accompagnement.

L’accent mis sur le soutien aux acteurs économiques, agriculteurs, industriels, citoyens en difficulté, démontre une prise de conscience de la nécessaire acceptabilité de ces réformes. C’est la condition de leur succès. Et une lecture seulement politique de ce vrai virage serait inexacte.

L’Europe ce ne sont pas des obligations en plus, ce sont des opportunités supplémentaires.

La réussite du continent implique une révision de nos politiques économiques vers plus de croissance que tous doivent partager, les salariés comme les entreprises.

L’anticipation de l’économie de demain est une priorité des institutions communes comme des gouvernements nationaux et c’est heureux. Il y a encore beaucoup de progrès à faire mais il n’y a aucune raison de ne pas s’y atteler résolument.

La presse européenne passe au crible le discours sur l’état de l’Union d’Ursula von der Leyen

La présidente de la Commission européenne a prononcé ce mercredi 13 septembre son quatrième discours sur l’état de l’Union européenne. Elle y a vanté son bilan sans se priver d’annoncer de nouveaux projets, plaidant même pour une accélération de l’élargissement de l’UE. Une allocution largement analysée par les médias européens.

« Un discours soigneusement calibré » pour La Libre, au cours duquel elle « a évité le langage de la technocratie« , se réjouit Politico. La quatrième allocution sur l’état de l’Union d’Ursula von der Leyen, prononcée ce mercredi 13 septembre devant le Parlement européen, a été globalement bien accueillie par l’ensemble des médias du continent.

Ceux-ci se sont particulièrement fait l’écho de ses annonces concernant le Pacte vert européen et de sa volonté d’élargissement à l’est de l’espace Schengen et de l’Union européenne. Autre sujet quant à lui non évoqué, son avenir à la tête de la Commission européenne suscite également la curiosité de la presse européenne.

Une main tendue au PPE

« Dans son discours sur l’état de l’Union, mercredi, la présidente de la Commission a longuement évoqué le Pacte vert, projet phare de l’Union européenne, mais a évité de mentionner les efforts législatifs, nouveaux ou en cours« , relève Politico. Elle s’est même employée à rassurer le secteur industriel, inquiet face aux réglementations environnementales adoptées à Bruxelles. « Alors que nous entrons dans la prochaine phase du Pacte vert européen, une chose ne changera jamais : nous continuerons à soutenir l’industrie européenne tout au long de cette transition« , a-t-elle affirmé [Malta Today].

Comme le souligne The Brussels Times, la feuille de route écologique de la présidente « se heurte à une opposition croissante de la part de son propre camp, le PPE [Parti populaire européen]« . Alors pour le dernier discours de son mandat, « en matière de politique climatique, Ursula von der Leyen a dit aux conservateurs européens ce qu’ils voulaient entendre« , résume Politico. Pour le média en ligne, il s’agit du « signe le plus évident que les efforts de l’UE en matière de climat passent de la réglementation à la mise en œuvre – un changement conforme aux demandes du PPE d’arrêter d’accabler l’industrie avec de nouvelles règles vertes« .

Le Financial Times va plus loin, considérant cette allocution de rentrée comme un « discours pro-business« . Une forme de main tendue de la présidente à destination de « son parti avant les élections [européennes] de l’année prochaine« . Pour le quotidien économique britannique, les promesses d’Ursula von der Leyen « de réduire la bureaucratie, de conclure de nouveaux accords commerciaux et de stimuler la compétitivité » sont « autant de tentatives pour satisfaire les députés [du PPE] qui ont critiqué sa présidence pour avoir été trop centrée sur la transition verte« .

Pour autant, la présidente de la Commission européenne a soigneusement omis d’évoquer son futur à la tête l’institution bruxelloise. « Dans les 300 prochains jours, nous devons terminer le travail que les Européens nous ont confié« , s’est-elle contentée de rappeler. « Vous pensiez vraiment que j’annoncerais aujourd’hui ma candidature à un second mandat ? Dans vos rêves« , traduit en sous-texte Politico dans un article intitulé « Ce qu’a dit Ursula von der Leyen vs. Ce qu’elle voulait vraiment dire ».

Accélérer l’élargissement

L’appel à l’élargissement de l’espace Schengen et de l’Union européenne a lui aussi largement été commenté par la presse européenne. Evoquant les efforts réalisés par l’Ukraine, mais également la Moldavie ou les pays des Balkans pour adhérer à l’Union européenne, « la présidente de la Commission européenne a averti les États membres de la nécessité d’être ‘à la hauteur de la détermination’ » de ces Etats, relate The Guardian. Ursula von der Leyen a invité les députés européens à réfléchir aux « questions pratiques sur la manière dont une Union de plus de 30 pays fonctionnerait« . El Pais y voit pour l’UE « une étape historique […] aussi immense que la chute du rideau de fer et la fin de la guerre froide« .

L’ancienne ministre allemande souhaite aussi accélérer l’élargissement de l’espace Schengen. « La Bulgarie et la Roumanie ont démontré, preuves à l’appui, qu’elles font partie de l’espace Schengen. Alors ne perdons plus de temps, ouvrons-leur la porte« , a-t-elle plaidé [BNR]. « Nous attendions cet appel d’Ursula von der Leyen et j’espère que les pays membres tiendront compte de ce qu’elle a dit« , a réagi Mariya Gabriel, ministre des Affaires étrangères bulgare et ancienne commissaire européenne citée par la radio nationale bulgare.

« L’Autriche et les Pays-Bas écouteront-ils ?« , s’interroge ainsi 24 Chasa. Rien n’est moins sûr. Le quotidien bulgare rappelle que jusqu’à présent, « Vienne s’oppose fermement à [l’adhésion de ces deux pays] à l’espace Schengen, arguant des problèmes de sécurité à [leurs] frontières et exigeant une réforme du système d’asile de l’UE« . Une fois de plus, « l’Autriche s’est empressée de rejeter cette demande » hier, note Euractiv« À ce stade, parler d’une extension de l’espace Schengen n’a pas de sens pour moi. Nous avons besoin de plus de contrôles, pas de l’inverse« , a déclaré le ministre autrichien de l’Intérieur, Gerhard Karner. « Inutile de parler d’élargissement« , en conclut, las, le quotidien roumain Adevarul.

[Infographie] Le collège de commissaires européens d’Ursula von der Leyen (2019-2024) – Touteleurope.eu

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https://www.touteleurope.eu/institutions/ne-laisser-personne-de-cote-ursula-von-der-leyen-defend-son-cap-lors-du-discours-sur-l-etat-de-l-union-2023/

Discours sur l’état de l’Union : le débat s’invite aussi à Paris – Touteleurope.fr